lundi 22 février 2010

Rien ne va plus, faites vos jeux !


 ... et faites vos comptes ! En 2008, 60 % de la population française âgée de plus de 18 ans a pratiqué les jeux d’argent, ce qui représente environ 29 millions de joueurs. Ils ont joué un peu plus de 9 milliards au PMU, un peu plus de 9 milliards à la Française des Jeux et plus de 18 milliards d'euros dans les casinos... Plus de 36 milliards d'euros mis sur le marché du jeu (moyenne de 1200 € par joueur).

Le hasard m'a mis sous les yeux un morceau de choix de la presse hippique qui guide les parieurs vers les espoirs de gains les plus mirobolants.
On commence avec un grand papier sur la retraite à 60 ans considérée comme dépassée, tous les poncifs y passent et les "solutions" sarkozystes y sont propulsées avec l'onction du parti socialiste et bien sûr des avis qui ne peuvent qu'émaner de spécialistes : travailler plus longtemps, cotiser plus quand on est travailleur... quant aux espoirs de revenus des pensions ? Et puis comme l'opinion est présentée avec quelques sondages majoritairement maintenant prête à ces nouveaux sacrifices... pardon, réformes incontournables voudrait-on qu'on dise !

J'en passe beaucoup d'autres tout aussi solide en argumentaire que l'horoscope du jour.
Plus loin on passe aux choses sérieuses, les courses et les pronostics.
Loin de moi l'idée de fustiger la pratique de loisir de tant de français attachés à leur PMU. Et comme je n'y connais pas grand chose je peux faire des erreurs d'appréciation. Je ne demande qu'à comprendre mieux.
Un premier constat : le nombre de pronostics différents sur la même course est si important qu'il serait bien miraculeux que l'ordre d'arrivée ne figure pas dans tout ça... Encore faut-il reconstituer le bon puzzle.
Les indications techniques sont nombreuses et je soupçonne les plus fins amateurs de connaître par coeur la généalogie de tel ou tel cheval, ses proueses et ses ratages. Cet exercice de la mémoire est vraisemblablement intéressant pour un vieillissement serein à l'abri d'Elzheimer.
Et puis je me suis arrêté sur des indications libellées en euros : les gains des chevaux.
Mon inculture dans ce milieu me laisse cependant penser qu'il s'agit des sommes récoltées par les chevaux en question tout au long des victoires de leur carrière.
Que m'enseignaient les chiffres en question pour la quinzaine de chevaux concernés, un peu plus de douze millions et demi d'euros, un peu moins d'un million par bête avec des écarts qui vont du simple à dix fois plus. La moyenne ne veut donc pas dire grand chose, mais ça aide à prendre la mesure : de l'ordre de 115 000 euros de gain par an, près de 10 000 euros par mois.
Ce que j'en retiens :
le monde des chevaux est assez semblable au monde qui l'entoure quand il fait se "côtoyer" le sans le sous et le multi milliardaire, un monde qui enseigne la fatalité de l'inégalité, le perdant n'a pas de chance, au jeu c'est comme ça !
Pas habitué à manipuler de si grand nombres... d'euros j'ai le vertige à la seule pensée qu'un cheval puisse gagner autant à son propriétaire, à qui je suppose qu'il coûte aussi très cher avec les multiples emplois qu'il exige et les soins qui vont avec... C'est bien sûr l'exception, et pour une bête en compétition, combien d'autres dans les élevages qui coûtent sans rapporter grand chose ?
Mais quand même les sommes englouties dans le PMU laissent rêveur : 40 millions d'euros mis par les parieurs le 31 janvier pour le Prix d'Amérique ! 9 milliards et demi d'enjeux en 2008, les parieurs qui gagnent en récupèrent 7, l'Etat un peu plus d'un milliard, le double des Dotations des prix de courses et primes aux éleveurs qui s'élève à peine à 500 millions d'euros.

Le Pari Mutuel : à lire en détail ICI.

S'agit-il de jeu ou de loisir... pas si sûr. On est là dans le monde d'un service industriel axé sur le profit, des clients, une offre diversifiée d'une dizaine de formules de paris...

Sur 6 millions et demi de parieurs,  ils sont 2,8 millions à tenter leur chance au moins une fois par semaine mais ils ne sont plus que 81 qui ont remporté plus de 150 000 € au Quinté+ en 2008.

D'autres indications globales à La Française des jeux ICI.
Et un coup d'oeil sur l'offre de la Française des jeux ICI.

Les marchands de rêve sont bien des marchands et leur commerce s'inscrit pleinement dans les lois du marché et du profit capitaliste dans un marché qui s'ouvre avec l'internet.
Les marchand d'illusion sont bien des marchands du temple et les jeux d'argent jouent un rôle non négligeable dans la démobilisation sociale des plus modestes misant sur leur chance d'individu pour sortir, peut-être un jour, de leurs difficultés.

"du pain et des jeux", ce que les romains de l'antiquité demandaient selon Juvénal !
Aujourd'hui ceux qui jouent ont-ils toujours du pain ?

Plutôt que de libéraliser le marché des jeux, ne devrait-on pas attendre de l'Etat dans la situation économique et sociale que nous connaissons une régulation plus grande et une action pédagogique démystifiant les illusions du jeu d'argent ?

Communiste dans tout ça... La religion a longtemps accaparé l'espace de cerveau disponible que la télé de Bouygues rêve d'offrir aux VRP du capital. Le jeu d'argent représente aujourd'hui ce dérivatif à la pression de la misère et du désespoir dans l'illusion de la sauvegarde de soi par soi et sa chance... Alors pourquoi pas supprimer tout ça ! Sans que les rayons des libraires ne soient garnis que de chef-d'oeuvres, ne vaudrait-il pas mieux acheter des livres, des places de spectacles, voyager un peu pas très loin de chez soi... Et jouer, en se retrouvant dans les initiatives des associations du quartier !

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