dimanche 30 avril 2017

Ca va bien en le disant.


Avec Jean-Luc Mélenchon, on ne parle pas pour ne rien dire.

Il n'a pas manqué de clarté dans ses réponses comme dans son analyse de la situation.


  • Ne pas confondre les deux échéances électorales...
  • Respecter des appréciations différentes sur la réponse à apporter au choix du second tour mais qui portent TOUTES le même REFUS IMPERATIF du vote Le Pen...
  • Bien caractériser  l'enjeu des législatives avec la formation d'une opposition majoritaire au projet libéral de Macron en faisant fructifier le score du premier tour des présidentielles et en fédérant toutes les forces résistantes à la dérive droitière amplifiée sous le quinquennat Hollande, en particulier avec le ministère Macron...
La difficulté et l'embarras de beaucoup d'électeurs de gauche s'explique aisément en observant le choix qui leur est offert.

Que préférer de la cause ou de ses effets ?
Impossible de trancher tel dilemme puisque l'un ne va pas sans l'autre.

Et, dans le ticket Macron / Le Pen, il n'est pas très difficile de lire dans les projets dits "progressistes" de Macron toutes les recettes libérales chérie des patrons et des financiers qui vont précipiter dans les bras de l'extrême droite les punis du libéralisme qui ont déjà fait l'expérience depuis des années et des années, ou dans le moins pire des cas dans l'abstention.
C'est d'ailleurs la réflexion de celles et ceux qui s'interrogent sur le risque de victoire du FN en venant sur le choix du vote Macron "pour faire barrage"... Ceux-là assortissent souvent leur réflexion d'une projection plus inquiétante encore à l'échéance de 2022.

En prenant un peu de hauteur, le véritable enjeu se dessine bien dans l'échéance législative dont la nature a été complètement pervertie par l'inversion du calendrier de 2002 sous Jospin. Aujourd'hui les partisans de Macron envisagent les législatives comme la confirmation naturelle des présidentielle, confondant des pouvoirs que la constitution sépare bien heureusement, le législatif et l'exécutif. Le président préside et son gouvernement gouverne à l'exécution de la loi... Et le législateur légifère !
Certes depuis des années et avec la présidentialisation qui s'est accélérée -cf. des godillots du grand Charles- les députés se laissent souvent dicter la loi par l'exécutif (quand ce n'est pas par les lobbys qui rôdent autour), mais la constitution n'en fait pas la chambre d'enregistrement des lubies gouvernementales...

Les choses ne vont pas d'elles-mêmes dans la simplicité et la multiplicité des candidatures qui signe plus d'appétits particuliers que d'intentions rassembleuses restera un obstacle majeur pour donner au mouvement populaire l'ampleur dont il a besoin pour peser dans la bataille. Au soir du premier tour il en est qui se sont hasardé à faire l'addition des suffrages de Hamon, de Poutou et Artaud aux quasi 20% de Mélenchon pour bâtir l'hypothèse d'un score de premier plan ouvrant la perspective d'un second tour victorieux... 
Las, la rigueur d'une opération arithmétique n'est guère à sa place ici. Et on pourrait ajouter quelques SI pour mieux en saisir la difficulté.

Si le Parti Communiste avait su résister à l'entreprise de démolition du Parti Socialiste, peut-être aurait-il pu accueillir en son sein  pour renforcer le pôle contestant la dérive libérale -en s'en enrichissant-, celles et ceux qui ont dû quitter le bateau comme Chevènement, quitter le pédalo comme Mélenchon, quitter le radeau de la Méduse comme...
Encore eut-il fallu qu'il ne se désagrège pas lui même en de multiples petites filiales dissidentes qui en parachèvent l’anéantissement. Robert Hue ne restera-t-il pas comme le triste emblème d'une organisation mise à mal par des siens qui font passer leur carrière d'élu bien avant l'intérêt de l'organisation et des intérêts qu'ils seraient sensés défendre ?

Des comportements individualistes et clientélistes font encore  obstacle  au rassemblement nécessaire ; mais la conscience collective peut aussi grandir et former quelques exigences qui imposent une vision nouvelle. Plus que la conscience des dangers brandis par les épouvantails, c'est la conscience des possibles qui peut utilement l'emporter.

Alors, il n'y a rien d'incongru à penser que, si les français prennent la mesure des dangers du projet Macron dans ce qu'il perpétue les pires dérives libérales du quinquennat Hollande pour les aggraver avec la bénédiction de ses ralliés du centre et de la droite, alors peut se dessiner une majorité parlementaire porteuse des justes revendications populaires.

Le changement reste à portée de main, demain, en commençant par dégager le front national pour ensuite s'opposer vigoureusement au libéralisme en coups de menton.

Et la clé incontournable restera toujours la mobilisation populaire, dans les urnes déjà, mais aussi et surtout dans les les luttes, des plus locales aux plus générales... 

Salaires, éducation, santé, retraites, services publics et développement culturel, respect de la nature & DES HOMMES... les chantiers ne manquent pas !

lundi 24 avril 2017

L'ordre des choses

Hier soir, après que les estimations du résultat du scrutin présidentiel aient donné leur verdict, tous les journalistes étaient plus pressés que ceux qu'il interrogeaient pour recueillir leur réactions. Bien souvent les mines en disaient plus long que les mots...
Mais il en est un qui aurait pu faire l'économie de son appréciation aussi précoce que personnelle, 

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, a appelé dimanche "à battre" Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle en utilisant "l'autre bulletin", celui d'Emmanuel Macron, sans pour autant "adhérer" au programme de ce dernier. "Nous prenons nos responsabilités parce que l'accession à l'Élysée de Marine Le Pen serait trop grave pour le pays, pour la sécurité du monde", a-t-il déclaré sur France 2, disant néanmoins ne "pas se reconnaître" dans le programme d'Emmanuel Macron qu'il "faudra combattre demain". "Nous ne partageons pas la vision libérale de son programme", a-t-il ajouté, disant qu'il fallait désormais "reconstruire la gauche". "Il y a une gauche qui se réinvente et qui a un avenir important", a-t-il encore dit, saluant la "percée spectaculaire" du candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, crédité d'environ 19,5% des votes, selon des estimations.

Il eut été plus judicieux, mais aussi et surtout plus respectueux d'attendre que le candidat se soit exprimé lui-même avant de poser publiquement son opinion. Les porte-parole de Jean-Luc Mélenchon manifestaient une retenue de bon aloi dans le concert des paroles préfabriquées des uns et des autres qui faisaient mousser l'écume des choses sans jamais une réflexion approfondie sur la situation.

La République en a encore pris un coup  hier dans un monde du prêt à penser réduit à l'alternative Macron/Le Pen ; un monde qui pour l'un comme pour l'autre est "un monde sans grand-mère", un monde qui satisfait à la perception étriquée de beaucoup d'une vie réduite au présent, un présent difficile dont on rend volontiers le passé qu'on oublie responsable.

Quel avenir pour le "poujadisme moderne" ? La gymnastique cervicale du prochain président ne masquera pas longtemps l'entourloupe du discours.

La démocratie politique a d'autres exigences ; et tout particulièrement celle d'intégrer l'histoire, le temps long qui rend modeste dès lors qu'on intègre des valeurs qui nous dépassent dès lors qu'on les fait vivre. Les guignols d'aujourd'hui s'en habillent pour paraître, ils en sont déguisés.
Les bus Macron ou la loi El Khomri n'ont pas leur place dans l'héritage républicain de nos révolutions ou du programme du Conseil National de la Résistance.


ite missa est

Le résultat est un résultat, il résulte... Étymologiquement c'est le rebond. Et donc pour rebondir, il a fallu bondir : c'est ce que Macron avait fait en sortant de la banque pour entrer à l'Elysée, puis en passant du cabinet au gouvernement, puis en sortant du gouvernement... le petit caillou blanc du libéralisme n'en finit pas de ricocher sur les eaux gris-rose du socialisme.

Tout naturellement les causes produisent des effets et le successeur désigné de François Hollande à la présidence de la République sortira du chapeau des urnes dans quinze jours, tout naturellement, puisque depuis 2016 les socialistes au pouvoir avaient écrit la recette de l'iniquité de la campagne présidentielle en terme d'expression des candidats.
Les médias n'en sont point la cause, mais le pitoyable instrument.
Comptabilisez les heures d'exposition médiatique des candidats, c'est édifiant.
Mais ce serait faire fausse route que de s'imaginer que la déception de certains peut s'y résoudre.
Le mal est plus profond.
Vous pensiez avoir touché le fond...
... Raté, ils creusent !

Alors la prochaine fois, qui sait ?

Le socle sur lequel Jean-Luc Mélenchon a construit le résultat de la "France insoumise" restera l'événement politique de cette élection.
L'effacement des deux grands partis qui se disent "de gouvernement", pourris par les turpitudes de leur caste dirigeante, et rompus à la confusion des genres loin de leurs bases idéologiques oubliées (la droite avec l'indépendance exigeante de De Gaulle... les socialistes avec des fondamentaux progressistes si régulièrement trahis...) dans la recherche de forces nouvelles sur leur droite (les socialistes avec le centre... et la droite en flirtant avec l'extrême droite de Sens Commun par exemple...).

Ce que confirme ce résultat c'est bien le glissement à droite accentué dans le quinquennat Hollande et dont Macron fut l'emblème gouvernemental.
Cette évolution pilotée par la tête de l'ex-parti socialiste autant que par celle de l'ex-UMP ne peut que renforcer l'extrême droite en lui livrant de nouveaux contingents de désenchantés.
Ils ont fabriqué l’épouvantail lepéniste et depuis maintenant un demi-siècle le refrain est le même : il faut "faire barrage..." Inconscients qu'ils sont qu'on n'élève pas des digues avec les sables mouvants de tous les renoncements qui ont englouti les espoirs de progrès social d'une société en charpie.
Les apprentis sorciers ne sont plus maître de leur marionnette d'épouvantail ; elle a pris son  indépendance et se retourne contre ses initiateurs tout comme les talibans enfantés par la CIA en Afghanistan ont pu devenir un danger face aux USA...

La position de Jean Luc Mélenchon dans le tumulte de la soirée électorale d'hier est heureusement la plus responsable et la plus digne, fidèle à la trame de la campagne et respectueux du vote de celles et ceux qui forment désormais la gauche. C'est la seule force d'opposition structurée et idéologiquement fondée face à l'auberge espagnole de Macron qui accueille depuis hier soir tout ce qui espère échapper aux poubelles de l'histoire en passant par la case recyclage qu'il leur propose.

Au final, le quinquennat Hollande aura permis de rattraper l'empêchement de Strauss Kahn en construisant la solution Macron pour assurer la survie du capitalisme au pouvoir en France sous les trait d'un social libéralisme qui ne va pas tarder à dévoiler la recette de son pâté d'alouette, une pincée de social dans la marmite libérale.

Face à cela il fallait consolider les fondations d'un espace de reconquête de l'opinion et de reconstruction d'une vraie gauche... Le score de Mélenchon l'établit.

Quant aux communistes, il va falloir qu'ils rompent avec une pratique mortifère de chien crevé au fil de l'eau hésitant dans la débâcle d'une gauche dont les soit-disant capitaines (élus de tout poil) avaient oublié qu'ils n'avaient pas la carrure pour naviguer sans équipage en se dorant la pillule sur le pont.

Mélenchon n'est pas communiste aujourd'hui... Mitterrand ne l'était pas non plus quand le PC n'avait pas posé de candidature face à lui...

L'élection législative qui se profile ne sera certainement pas le plus beau chantier de la clarification nécessaire aujourd'hui. Comme en vélo, pour ne pas mordre la poussière du chemin, il va falloir regarder loin devant, en sachant où on va... et s'y tenir !

mardi 18 avril 2017

Pourquoi pas...

Le seul fait de penser aujourd'hui ne suffit jamais à l'affichage du résultat demain... aujourd'hui encore plus qu'hier.
Mais que Monsieur Macron m'interroge  ce soir au téléphone pour me faire part de son programme...
Quel honneur !!!
Quelle connerie aussi que ce démarchage.anonyme ! 
N'aurait-il pas dans ses rangs -ce blanc-bec capital- le moindre soutien courageux dans cette ruralité dont il dit bien qu'elle ne mérite pas commisération, pour causer en direct pour convaincre ?
Il y aura, n'en doutons pas quelques bulletins Macron au fond des urnes dimanche soir... Autant que de fadas masochistes à qui n'ont pas suffi les punitions de la calotte sarkosiste et de la fessée socialiste.
Alors ?
On verra bien... Le seul fait que le doute s'installe et que les petites cervelles médiatiques tournent en bourriques, que les boursicoteurs trépignent, tout ça déjà commence de présenter l'hommage du vice à la vertu.
Et si ce n'est pas pour aujourd'hui, ce sera , NECESSAIREMENT, pour demain. Il suffit d'avoir lu Victor Hugo ou quelques autres victimes du despotisme pour s'en convaincre.

Après, on pourra toujours s'interroger sur l'apport qu'aurait pu constituer une véritable candidature communiste, vraiment !

Sarkocron

Depuis qu'il s'énerve face à des sondages trop plats le jeune énarque se laisse aller à une gestuelle qui reprend les soubresauts du petit Nicolas, cervicales déglinguées, coups de mentons et grandes brassées, inclinaison du minois faussement rigolard copiée sur Valls... tous les tics de l'insincérité.
Quand en plus on remet le son... ça ne change rien ! Tellement les propos sont creux, des enchaînements laborieux de poncifs, phrases toutes faites et généralités qui peuvent séduire, tout au plus les pèlerins de la Place Saint Pierre.
Le fils héritier de François Hollande est à la peine pour se donner une image de nouvelle donne avec tous les vieux briscards de droite ou du centre qu'il traîne sur son porte-bagage.

lundi 10 avril 2017

Bienheureux

Quelques paroles qui redonnent à la culture la raison d'être populaire...

Redonnons du souffle à la culture populaire !
L’écrivain Régis Debray et le plasticien Ernest Pignon-Ernest veulent contrer le séparatisme social, qui creuse le fossé entre ceux qui ont accès à la culture et ceux qui en sont dépourvus, en alliant artistes, intellectuels et syndicalistes.

Qu’il soit permis à un écrivain et à un plasticien, citoyens non inscrits, de vouloir relancer un dialogue depuis trop longtemps interrompu, entre les mains à plume et les mains à outils, entre les salariés d’un côté, les intellectuels et artistes de l’autre. Pas seulement par fidélité aux souvenirs du Front populaire et de la Libération, qui ne sont pas que légendes dorées, car c’est un fait : quand le mouvement ouvrier et les avant-gardes opposent un front commun aux égoïsmes de classe et à la xénophobie, quand le domaine de l’imaginaire et de la création rejoint celui des dignités revendicatives, c’est alors que se produisent des changements de fond dans la société. Mais d’abord par refus d’un monde où le tout-à-l’image et le tout-à-l’ego plongent dans le noir les collectifs qui n’ont plus droit à l’existence, un monde où l’obnubilation du gagnant et du rentable voudrait réduire la culture populaire à un consumérisme passif et sans débat. La diminution du temps de travail (onze ans sur une vie entière, en l’espace d’un demi-siècle), jointe à l’allongement de l’espérance de vie, ouvre un nouveau champ d’émancipation possible. Mais à quoi bon cet élargissement des loisirs si le salarié est laissé seul devant sa télé-réalité et le cadre sup avec les siens à l’Opéra de Paris ? Cette forme édulcorée d’apartheid n’est pas digne de la République qu’ont rêvée, et largement inaugurée, les Jean Zay, André Malraux, Jean Vilar ou Antoine Vitez.
Où sont les comités d’entreprise ?
On nous dit que l’entreprise est le cœur battant de nos sociétés. Gloire aux chefs d’entreprise et aux plus grands, mille mamours. Gloire aux fondations d’entreprise, inlassablement démarchées par une puissance publique aux abois, qui tend la sébile. Mais où sont donc passés les comités d’entreprise ? Ceux qui, dans les années 1970 et 1980, invitaient les peintres et les romanciers, finançaient modestement certains spectacles et amenaient au théâtre ou au ciné-club leurs abonnés ? Plus de la moitié des élus aux comités d’entreprise, et c’est bien heureux, sont des femmes. Mais une entreprise sur deux n’a pas en France de lieu de rencontre et d’ouverture sur le dehors.
Nous n’oublions pas les chômeurs, les migrants. Et nous savons bien qu’à l’ère numérique les mots " travail " et " culture " n’ont plus le même sens qu’en 1936 ou 1950. Mais, à gauche même, le sociétal en est venu à occulter le social, et l’invocation des valeurs, le soutien aux pratiques. La loi du marché a dévitalisé les associations d’éducation populaire, les groupes d’amateurs, tout ce qui faisait passerelle, en marge de la bourgeoisie, entre les " œuvres capitales de l’humanité " et " le plus grand nombre possible de Français " (Malraux). Et quand on se perd de vue, les stéréotypes prennent le dessus. Comme s’il n’y avait chez un bon quart de la population française, oublié et négligé, que des racistes, des beaufs et des violents. N’en croyons rien. L’histoire du siècle nous raconte autre chose.
Aussi participerons-nous, avec espoir et soulagement, à l’initiative prise par Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, de réunir le 29 mars, à la Bourse du travail de Paris, les créateurs de singularités et les artisans du quotidien, les expériences et les projets, qu’il s’agisse de cinéma, théâtre, photographie, lecture, musique ou arts plastiques.
Les syndicalistes s’occuperaient seulement des salaires et des retraites, les intellectuels, de leur promo et de leur carrière ? Chacun chez soi, et les vaches seront bien gardées ? Non. Dans l’Amérique de Trump, peut-être, mais pas dans une République " indivisible, laïque, démocratique et sociale ", digne de ce nom, pour autant que la formule soit plus que l’oblique génuflexion d’un candidat pressé. Il n’est que temps de reprendre le fil d’une fraternité trop oubliée.

Par RÉGIS DEBRAY et ERNEST PIGNON-ERNEST.
© Le Monde

dimanche 9 avril 2017

La différence, à la mesure de la foule.

Quand certains font du bruit, celui-là fait chanter la République, il porte la parole, celle du peuple, pour peu que ce peuple-là l'entende et ose la prendre avec un bulletin de vote qui, pour une fois, porte un espoir qui n'échouerait pas en trahison.



Rameau d'olivier le "jour des rameaux"... le symbole serait dérisoire sans l'hymne à la paix, avec un peuple auteur-compositeur aujourd'hui... et interprète le jour prochain du scrutin. Tribun de qualité, c'est sûr, homme de culture, mais aussi un semblable des gens, le candidat Mélenchon fait la différence dans un tel discours d'avec tous les babillards verbeux qui sont en piste. Face à un tel discours, les autres soit-disant "grands candidats" sont bien petits.

PS (ou plutôt NB !) : aux communistes qui mégotent encore leur soutien à celui qui leur demande un peu de discrétion du côté des drapeaux fleurissant les foules, recherchez, si vous en avez gardé, les affiches des campagnes passées d'où les élus-candidats, élus parfois, mais parfois pas, avaient fait disparaître l'emblème du parti qui les avait portés.
Jean-Luc Mélenchon n'est pas candidat communiste bien qu'il n'y en ait pas... puisqu'il n'y en a pas ! Tout comme au parti socialiste, l'accaparement de l'organisation par ses élus a asphyxié la dimension idéologique de l'activité militante pour la réduire à des pratiques courtisanes. La base si réduite met naturellement l'équilibre de l'édifice en péril à la merci de tous  les opportunistes ("empochistes" disait-on jadis !).
Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise, des gens qui renouent avec la parole politique et l'envie d'en faire dans une démarche constructive... Pourquoi faudrait-il renâcler ?
Ce n'est pas non plus que le moindre mal ; c'est celui, et le seul, qui entrebâille la porte d'un changement redevenu possible.

Après tout reste possible, y compris la restauration d'une forme de confiance dans des organisations politiques toujours nécessaires à l'exercice de la démocratie. Une opportunité pour que les communistes se réapproprient leur parti reste offerte. 

Aragon, extrait de la Diane Française, faisait l'éloge de la Résistance plurielle...
Rapprochement disproportionné, certes ! Mais fou quand même, celui qui fait le délicat quand la grêle menace les blés !


La Rose et le Réséda
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda

Louis Aragon 




N'oubliez pas que dans le costume, il doit y avoir LA VESTE.


Fillon en visite dans un EHPAD tente de défendre son programme face aux agents hospitaliers...

Il y a bien en France des gens qui vivent au-dessus des moyens du pays et de son peuple... 
Ce sont bien ces zombis d'un autre monde qui se sont gavés leur vie durant, faisant leur fortune de la crédulité des foules, des larmes, de la sueur et du sang des sacrifiés de partout.
S'ils vivent ailleurs, quelle insupportable prétention les porte à vouloir nous gouverner ici ?

Allez, dégagez ! et réapprenez à vivre, tout simplement en conformité avec vos slogans. 
Sans immunités, sans indemnités, sans commodités, sans féodalités, sans impécuniosité, sans rapacité, sans servilité, sans égalité, sans liberté...  C'est trop dur ? 
Curieux, c'était si bon pour les autres...

vendredi 7 avril 2017

Histoire et liberté

Vivre libre ! Cette aspiration universelle ne sera jamais satisfaite qu'au prix d'une éducation qui ouvre la voie du progrès, celle qui évacue la fatalité de la répétition, celle qui propose une appropriation du monde partagée entre citoyens émancipés de la tutelle d'une nature malmenée comme de minorités dominantes.
La clé de la liberté est forgée par la connaissance de l'histoire, d'une connaissance structurée du passée qui ouvre à la lecture du présent et oriente l'action projetant l'avenir.
Les débats liés aux échéances électorales prochaines sont autant d'entraves à la compréhension, reproduisant ainsi un phénomène qui s'amplifie depuis quelques décennies, le dessaisissement volontaire de la chose publique dans l'abstention. Le brouhaha médiatique nie l'historicité du champ politique et brouille le paysage politique en ruinant les liens du passé à l'avenir. Tous les candidats promettent le changement... Ils déclenchent désormais le réflexe suspicieux face à des promesses qui n'engagent toujours que ceux qui les croient. Les discours de l'extrême droite jusqu'au restes de la social-démocratie sont tous dans la tergiversation, recyclant de vieilles recettes, ménageant les puissants pour mieux contraindre les faibles.
Il leur manque la référence à leur histoire, celle qu'ils taisent tous, sentant plus ou moins confusément qu'elle dévasterait leur image dans leur perspective de victoire.
Et pourtant chacun peut décrypter dans les discours de l'extrême droite les relents des pires moments de notre histoire, des ligues factieuses, au pétainisme ou aux drames du colonialisme (repli identitaire, ostracisme, xénophobie, exclusion... tous les ingrédients de la recette sont présents)..
Et pourtant chacun peut déceler dans les discours de la droite la protection vigilante des puissances d'argent au prétexte qu'elles construiraient le cadre salvateur des miséreux dont elles entretiennent la misère... Largesses pour les grandes fortunes et les sociétés capitalistes chez Fillon ou Macron qui allègent l'ISF et l'impôt en général sur les plus fortunés tout en accentuant la pression du travail sans contrepartie rémunératrice, allongement du temps de travail, etc.
Et pourtant chacun peut entrevoir l'embarras démobilisateur de ce qui reste des forces socialistes, à la fois comptables satisfaits d'un bilan de quinquennat peu glorieux tout en se prétendant incarner un changement dont les points d'appui ne sont qu'emprunts disparates et mesurettes sans cohérence uniquement destinés à récupérer un électorat qui s'échappe...
Tous ont oublié d'assumer leur histoire et leur héritage tout en ignorant que la vie des citoyens n'est pas dissociable avec d'un côté une sphère culturelle, celle de la vie domestique, citoyenne et sociale qui serait détachable de celle qu'ils réduisent à la fourniture d'une force de travail, simple marchandise exploitable sur le marché du travail.
C'est le ressort du "modernisme" à la Macron qui délocalise les travailleurs détachés de Pologne en France avant qu'on aille chercher des Ukrainiens pour remplacer les polonais déjà venus de vendre à bon marché à l'ouest...
C'est le "modernisme" à la Fillon qui veut allonger le temps de travail en heures hebdomadaires comme en années pour ceux qui ne sont pas encore jetés à la rue de Pôle Emploi par l'appétit financier du patronat.
Leur erreur est à a mesure de leur sentiment de supériorité et d'omniscience, d'impunité légitime, et d'extériorité par rapport au monde qu'ils ambitionnent de diriger. Pour eux, les gens ce sont des "autres".
Ce sont les activités (ou désormais les inactivités) des hommes et des femmes qui font leur histoire dans des circonstances qu'il rencontrent plus qu'ils ne les choisissent, et c'est un passé commun qui les leur proposent. C'est ce qui fait la société et le lien social dont chacun peut aujourd'hui constater qu'il est d'autant plus distendu ou brisé que les politiques se sont employées à exploser la société au fil de mesures supposées salvatrices et qui ne font que renforcer la relégation et la discrimination.
C'est bien le "faire ensemble" qui fait la société commune des citoyens. Cet accomplissement se fait de façon indissociable dans tous les champs d'activité, travail, loisirs culturels ou sportifs, toutes formes de production personnelle ou collective...
Tout ce qui discrimine -fut-ce positivement-, tout ce qui "communautarise" sous l'étiquette d'une catégorie ruine le lien social que de multiples initiatives voudraient aujourd'hui s'employer à renouer... Impossible sans histoire. sans dépasser des mémoires nécessairement spécifiques et parfois antagonistes.
Emplois bleus ou jeunes, ou encore mieux dits d'Avenir... CMU, APA ou APL, la litanie des dispositifs ne cesse de se tricoter et de se détricoter dans une République qui tolère aujourd'hui que près de 3000 de ses citoyens meurent dans la rue chaque année.
Même le vocabulaire scelle le sort de la misère ; quand on banalise l'usage du terme "cas sociaux" on juge plus qu'on cherche à connaître ou à comprendre. Et le jugement est définitif, il classe, il enferme dans une vie de migrations aléatoires de HLM des villes en lotissements des campagnes, dans une société parallèle dont les beaux esprits vont se plaindre de comportements devenus coutumes se sont pas assimilés dans le patrimoine historique de ceux qui y échappent encore et qui vont pour les moins indifférents chercher un peu de conscience tranquille au travers d'un geste caritatif, Secours Pop ou Restos du Cœur en sont des catalyseurs efficaces.
Le seul projet dans l'éventail des présidentiel qui mettent les choses à plat et propose de reconstruire une société vivable est porté par Jean-Luc Mélenchon. Il tient tous les fils de la société à retricoter dans la perspective d'une 6ème République et la co-construction citoyenne de son projet en assure l'ancrage populaire.
Il propose aux femmes et aux homme de faire leur propre histoire, pas dans le vide du mythe du "ni droite ni gauche" de Macron, pas dans les vieilles lunes de la droite anesthésiée à la croyance, mais dans la vraie vie matérielle, en intégrant un passé historique dont la connaissance partagée n'a rien à voir avec le baratin de Macron qui réduit l'histoire à une cohabitation de mémoires antagonistes qu'il a la prétention de réconcilier... C'est dans l'enthousiasmante création intellectuelle que cela suppose que la société nouvelle peut se donner les outils de la maîtrise de son avenir : une constitution pour dresser la colonne vertébrale de la nouvelle République.
Tout comme la France , parfois en précurseur, parfois en accompagnant le mouvement, a su par le passé ouvrir au monde la perspective du progrès social... Du siècle des Lumières à ses Révolutions,,, du Programmes des "Jours Heureux" du CNR au bonheur bariolé du Mouvement de la Paix, les ressources n'ont jamais manqué. Et c'est face aux plus grands dangers que s'élèves les plus grands défis. 
Celui que les électeurs ont à relever est déterminant pour sortir le pays de l'engrenage de ses difficultés et donner à voir à l'Europe et au-delà qu'un autre monde est possible : un monde humaniste et respectueux de la planète, un monde vivable et durable, un monde capable de faire la paix et non la guerre sans fin, un monde du partage, de la coopération, du respect et de l'intelligence.

Dernière station avant le chaos ? Non, les artisans du cataclysme mortifère qui disloque notre société et met le monde à feu et à sang peut encore perdurer avec les purges et les lavements des Diafoirus d'aujourd'hui ; nous avons touché le fond, mais ils creuseront encore pour entretenir le chômage et la misère, la désertification des campagnes et l'asphyxie des villes,.. ils trouveront de nouveaux boucs-émissaires pour diviser les peuples et étouffer leurs cris de souffrance sous l'édredon de leurs privilèges.

La question des prochaines élections rejoint celle d'un jeu radiophonique : Stop ? ou encore !

Eh bien aujourd'hui, si vous ne considérez pas le travailleur comme une marchandise, c'est MELENCHON... ou encore ?
A vous de choisir ? mais, si vous en redemandez, dégustez bien le ragoût faisandé jusqu'au bout, et ne venez pas vous en plaindre.

lundi 3 avril 2017

PRAFistes ?



pas inintéressant...

Sondages


Faute d'avoir inversé la courbe du chômage, François Hollande a réussi à faire plonger celle de Benoit Hamon ! Après tout, chacun mérite ses victoires.
L'opinion est sondée... Des cohortes d'un millier de personnes échantillonnées selon des critères complexes sensés reproduire dans l'échantillon la nature de la société des électeurs.
Quelques biais peuvent se glisser avant même que les questions soient posées. L'épreuve des primaires de droite comme de gauche apportent la preuve de la fragilité de l'image sondagière, mais aussi de la volatilité des opinions. Ensuite la nature et la formulation des questions peut ajouter son lot de prescriptions subliminales dans la conformation des réponses attendues. Et surtout, l'obsession du choc final, conditionnant le choix du premier tour à l'issue supposée du second, brouille complètement les cartes.
C'est ainsi qu'en faisant monter ou descendre la température des intentions pour les uns ou les autres on déclenche, pour amplifier ou pour en ré-freiner les progrès, des glissements qui ne sont pas de l'ordre de l'assentiment ou du soutien, mais de la réaction à l'évolution adverse.
Face à cette situation le regard doit se concentrer sur les grandes tendances et le temps long plutôt que sur les ondulations quotidiennes du serpent des courbes.
Mélenchon arrive dans la zone des 15-20... Hamon plonge dans la zone des 5-10...
Rien n'est joué pour autant, pour l'un comme pour l'autre, puisque leurs électeurs respectifs ne sont pas des acquis de longue date dans un "fonds de commerce" bien établi ; et, l'un comme l'autre doit aussi se débattre avec des amis à ne pas perdre en en gagnant de nouveaux.
Ce dernier phénomène, à l'échelle de la bulle que les médias ont soufflée, est aussi propre à Macron, dont les grands écarts ne peuvent conduire à autre chose qu'au claquage. Plus la campagne avance et plus le temps d'après se dessine, plus le mariage de la carpe et du lapin va montrer son visage de mariage blanc, neutralisant la gauche la plus molle pour parachever le virage à droite du quinquennat Hollande. La victoire de Hamon à la primaire socialiste n'était rien d'autre que la confirmation de l'incapacité de l'équipe Hollande-Macron-Valls à faire passer ses lois scélérates autrement qu'à coups de 49.3 : Hollande se défile, il propulse Macron et sacrifie Valls,  simple comme bonjour.
L’épouvantail Le Pen bien entretenu et une usine à casseroles qui tourne à plein régime à droite et le tour est joué !
C'est encore à voir. Quand bien même l'électorat potentiel de la France Insoumise serait encore à moitié stabilisé, sa progression constante répond assez bien à la prise de conscience de la différence, tant sur le candidat et la sincérité de son engagement que sur le nature et le contenu du programme.
Reste-t-il assez de temps pour décrocher la qualification en finale au terme d'une campagne de conviction et de rassemblement ? Pourquoi pas !
Après tout il y a beaucoup plus de gens "normaux" qui ont tout à gagner que de "privilégiés" qui ont un peu à perdre des fortunes bâties à la sueur des autres. Macron, Fillon ou Le Pen, sont tous candidats du capital, en tailleur Chanel pour Macron, en costume cadeau pour Fillon et en camisole de force pour Marine.
Hamon en portant la besace de son calvaire a beau montrer dans la poche du devant quelques idées neuves de frondeur, mais il ploie sous le fardeau de la poche de derrière chargée de l'héritage de son engagement durable auprès de Hollande et du soutien du Parti socialiste qui fait office de corde pour le pendu.
Outre les qualité humaines, les talents de tribun et la culture du candidat Mélenchon qui le mettent bien à part des autres, c'est aussi le projet mis en chantier depuis bien longtemps qui fait la différence.
La victoire est-elle assurée pour autant ? Bien malin qui pourrait l'affirmer ! Dans le champ du possible assurément ; mais du chemin reste à faire pour éveiller les consciences troublées par le jeu politique malsain instauré depuis des décennies et qui réduit les électeurs au choix du moindre mal plutôt que de les orienter vers le plus grand bien.

Pour conforter le choix de la gauche, les communistes soucieux de préserver le peu d'influence qui leur reste à force d'auto censure dans les constructions fumeuses de la gauche plurielle ou du Front de Gauche auraient tout intérêt à faire l'effort du soutien à la candidature Mélenchon puisqu'ils ont été incapables d'en formuler une autre qui soit porteuse d'espoir.