dimanche 18 mars 2018

Souffrance

La République en Marge fêtera son premier anniversaire dans une France beaucoup plus riche pour quelques uns, et beaucoup plus pauvres pour beaucoup. Il n'aura pas fallu bien du temps dans la friche politique investie par la start-up de Macron à très bon marché pour que les faits soulignent le discours.
Plus d'ISF et la racaille friquée peut parader à bon compte.
Allègement des charges... Pas pour celles et ceux qui paient loyers, carburant, électricité ou gaz, transports en commun ou péages d'autoroute !
Explosion des profits au CAC 40 ! ah bon ? Du coup le plus gros milliardaire français bondit à la quatrième place du palmarès mondial avec plus de 70% de progression de sa fortune en un an... qui dit mieux chez les retraités ou les caissières de supérettes ?
Mais attention, le chômage baisse ! ... dans les statistiques à chaque fois que les entreprises dégraissent quelques centaines par-ci, quelques milliers par-là...
Le capital, à force de malbouffe boursière, avait amassé une couche de gras prolétaire par trop handicapante pour courir plus vite, valises bien pleines, planquer ses profits dans les paradis fiscaux.
Il faut alléger les charges de ces athlètes du profit, soulager les stars de la finance du fardeau du travail, le fric suffit à leur bonheur.
La première réussite de Macron et de sa cour aura bien été de faire le tri et de reconduire à la frontière de la Sous-France celles et ceux que la souffrance afflige.
Quand on meurt sur les brancards des Urgences avant d'avoir été examiné, c'est peut-être parce que les urgences sont saturées et leurs formidables personnels épuisés, mais c'est peut-être aussi parce que l'hôpital -comme tous les services publics-, est désormais bien plus loin... Et c'est aussi peut-être parce que les soins précoces et la prévention ne sont plus assurés avec une médecine de ville en mode oasis dans les grands déserts ruraux comme urbains où la misère et les économies parallèles prospèrent aussi vite que les valeurs République s'évaporent sur la braise des "réformes".

Martin Niemöller disait :
«  Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  »

Diviser pour mieux régner, les soit-disant jeunes novices de la République en marche n'ont pas d'autres recettes que celles des plus vieux réactionnaires que les ordres d'anciens régimes aient connu.

Quand ils ont cassé le statut des postiers, vous avez été nombreux à ne rien dire, vous qui n'étiez pas postiers... Aujourd'hui le courrier arrive moins souvent à l'heure que la publicité, et votre facteur fait passer le permis de conduire, règle la télé et va visiter vos vieux parents...
Quand ils s'attaquent au statut des cheminots, vous êtes encore nombreux à ne vouloir rien dire, vous qui n'êtes pas cheminots... et qui ne prenez plus le train puisque votre gare est déjà fermée... Ni le car Macron qui passe trop loin...
Quand ils vont s'attaquer au statut des enseignants, en recrutant à tour de bras des contractuels bouche-trous sans formation, vous êtes encore nombreux qui ne bougerez ni pieds ni pattes, parce que vous êtes désormais bien loin de ces privilégiés d'enseignants qui vivent à la ville pour préserver la scolarité de leur progéniture...
Quand ils s'attaqueront au statut des personnels hospitaliers, si vous n'êtes pas trop malades, il faudra que vous pensiez de prendre rendez-vous avec votre conseiller financier pour négocier l'emprunt utile au financement des soins, dépassements d'honoraires compris... si vous ne succombez pas avant votre rendez-vous dans deux ans !

Aujourd'hui, hausse de plus de 25% de la CSG pour les retraités et privatisation des aéroports e Paris...
Hier, (heureusement que Rocard avait déjà inventé la CSG !) Les socialistes avaient instauré la CASA en 2013, (du temps où Cahuzac s'occupait du budget !), une taxe prélevant dans la bourse de deux-tiers des retraités près de 750 millions d'euros par an... Et n'ont pas rechigné à la privatisation des autoroutes et Emmanuel Valls, petit joueur, n'avait bien vendu que les aéroports de Toulouse, Nice et Lyon...

Et si vous n'avez pas compris, en les suivant dans les magazines people à travers le plafond de verre de la Sous-France vous pourrez quand même vous apitoyer sur les misères des privilégiés, les sangsues qui vous sont prescrites par le docteur Macron.

vendredi 9 mars 2018

80 km / h

L'actualité fait se télescoper deux sujets intéressants : les 80 km/h sur routes secondaires et les démélées du groupe TF1 avec les diffuseurs Canal+, Orange, etc. Rien à voir ? Qoi que, pas si sûr !

Concernant le premier point il faudrait ressusciter Jean Yanne et passer en boucle son sketch du Permis de conduire...
Le prétexte de la sécurité routière a bon dos pour justifier des coups de menton d'un premier ministre en mal de gloire ; à 80 km / h plus besoin de boucher les nids de poule ou de corriger les accotements défoncés... Et si ça devient trop dangereux de rouler à tombeau ouvert à 80, il n'y aura qu'à passer à 70.
L'important est ailleurs. Il faut impérativement regonfler le rendement des radars, qu'ils soient fixes, gendarmesques, ou, et c'est quand même un progrès considérable sous l’œil gourmand des sociétés privées qui vont faire rouler les pièges ambulants des voitures banalisées... Les automobilistes cotisent à l'arrêt et en mouvement, et encore plus s'ils s'arrêtent trop longtemps ou s'ils sont pressés de bouger.
L'autre objectif vise tout simplement à blinder la fréquentation des autoroutes qui vont devenir, quitte à faire un grand détour pour y avoir accès, le seul moyen pour rallier une destination dans un délais raisonnable. Et au passage il va falloir cotiser pour les bonnes œuvres actionnaires des sociétés d'autoroute...

Concernant le second point la diffusion de la télévision par voie hertzienne perd du terrain de jour en jour depuis le passage au numérique... La grande majorité des foyers alimentent leur petite lucarne par le biais de leur "box", l'opérateur téléphonique étant devenu distributeur de contenus avant de devenir banquier (cf. orange dans la dernière période)... mais tout ça se paye, même si c'est traîtreusement inclus dans les forfait...
L'antenne rateau captait les ondes portant les contenus diffusés par les différentes chaînes... Ces dernières vivaient de la redevance pour les chaînes publiques, et de la publicité pour toutes... Hors des chaînes à péage, la perspective qui s'ouvre avec les tickets d'entrée réclamés aux diffuseurs est bien de faire porter sur l'utilisateur final la charge de l'accès au contenus.
Comme sur la route on dessine le paysage d'une société à deux vitesse, tout pour le fric, et les miettes quand il en tombe pour la piétaille.

Les images du départ en congés payés après 1936 en tandem ou en 4cv... l'accès à la culture pour tous via les ondes... c'est bon pour le musée.
T'as pas un cal... casse-toi pauv !

mercredi 7 mars 2018

For tunes

Pour des tunes qu'est-ce qu'on ne ferait pas...
Primo.
Quand je pense que le PSG avait "investi" 400 millions d'euros l'été dernier pour ne pas gagner hier soir face à une équipe espagnole entraînée par un marseillais ! Quelle honte ! Mais ça va continuer encore longtemps avec des tribunes mieux remplies que les boulevards jours de manif pour les retraites, les salaires d'Air France, le statut des cheminots ou les employés des EHPAD. Il y a bien ancore quelques pauvres à plumer pour faire briller les étoiles des jeux du cirque.
Les décervelés ont bien été assez nombreux pour élire Macron en faisant en sorte qu'au deuxième tour des présidentielles le choix soit réduit entre la peste et le choléra. Ils n'ont pas disparu depuis, et mieux encore, certains en redemande en s'imaginant que la casse du statut des cheminots va les rendre moins bougres !
... à la louche, cet "investissement" du PSG payerait la moitié de la mise à deux fois deux voies de la RCEA entre Montmarault et Digoin.
On a la République qu'on mérite. L'argent public a déjà financé une bonne part des travaux, et c'est la société d'autoroutes concessionnaire qui empochera péages et bénéfices... 

Secondo.
Quand je pense qu'il échoue à la quatrième place, la pire de toute au pied du podium...
Et pourtant il avait fait le nécessaire jusque dans la dernière ligne droite (à droite c'est naturel) avec une augmentation de plus de 70 % de sa fortune en un an ! Las rien n'y fit ; et il reste au vestiaire, sans médaille !
C'est d'autant plus rageant qu'il est devancé par un vieux monstre de la spéculation... au moins si le nouveau monde de Macron n'était pas atteint du syndrome du PSG Quatari il aurait pu faire flotter le drapeau bleu-blanc-rouge sous le plafond étoilé de la finance...
Quant aux deux premiers... Le mec qui vend n'importe quoi sans vendeurs en respirant l'air pur loin au dessus de la canopée de son Amazon,  ne connait pas plus ses clients que ses fournisseurs, quand les bataillons de ses serviteurs -qu'il ne connait pas mieux d'ailleurs- peinent à sortir la tête de l'eau des marécages de la misère des peuples ordinaires de la planète. L'autre grand détrôné surfait sur l'onde grise du numérique, tous ces machins qui ne connaissent que le zéro et le un, mais qui savent faire la différence entre l'UN milliardaire et les milliards de zéros sociaux qui font sa fortune.
Avec Bernard, nous sommes nés la même année, au siècle dernier... C'était à une époque où on sortait des restrictions héritées de la seconde guerre mondiale... une époque aussi où se construisait non sans peine les bonnes pratiques héritées du programme du Conseil National de la Résistance, la Sécu, un meilleur statut du fermage, les nationalisations dans le secteur bancaire ou de l'énergie, etc. et même de Renault pour punir sa collaboration !
Il a vécu si vite qu'aujourd'hui il est grosso-modo quatre cent mille fois plus riche que moi ! Ça donne le tourni ! Ça doit faire beaucoup, non ? Et personne ne se hasarde à dire "TROP" au risque de se trouver jaloux...

Quand la fortune d'un seul homme dépasse la recette de l'Etat avec l'impôt sur le revenu, n'est-il pas temps de dire STOP ?
La CSG des retraités "aisés" qui touchent plus de 1200 euros par mois augmentée de 25%, ça ne heurte pas plus  les commentateurs que d'annoncer le palmarès des milliardaires...
C'est le symptôme banal d'une société en mille morceaux dans laquelle la banalité des écarts de fortune est telle qu'il est facile d'obtenir que chacun se résolve à croupir dans son sort sans jamais réclamer justice.
Avec la République dite "en marche", la seule certitude jusqu'à présent assurée est bien que la devise est orpheline de l'égalité comme principe ou tout au moins comme espoir ; et ne parlons pas de la liberté, assurée pour le renard dans le poulailler, et de la fraternité désormais réduite au confinement communautaire : la république des banquiers est installée.


Les statistiques sont plus froides que la vie ; mais elles aident parfois à analyser et comprendre des situations et les travaux de l'INSEE y contribuent largement (un exemple parmi beaucoup d'autres)