vendredi 15 juin 2018

Sécurité routière

Depuis le 1er janvier 2017 la législation européenne autorise les tracteurs agricoles à rouler à plus de 40 km/h, voire à plus de 60 km/h pour peu qu'ils soient équipés d'ABS...
Les législations nationales n'ont pas encore toutes intégré ces dispositions, mais comme les fournisseurs de matériel, et les banques qui en profitent pour capter les flux financiers des aides publiques, ne manquent pas de jouer d'influence ça ne saurait tarder...
Ça nous promet de belles rencontres sur nos routes des campagne entre ces gros bijoux rutilants et les bus du transport scolaire qui promènent 40 places vides dans leurs 13,5 m !
Les facilités déjà ouvertes par la loi Macron ne présagent pas de difficultés à l'inscription de ces mesures dans la loi française.
En voilà une belle contribution à la sécurité routière sur les routes des campagnes de France !
Encore un petit effort et la baisse de la vitesse autorisée des automobiles en fera des obstacles à la progression rapide des attelages agricoles conduits par des jeunes de 16 ans au boulot sans permis et des voiturettes sans permis des accros du goulot !

Puisqu'on sait faire aujourd'hui...
Un petit dispositif électronique, radar mesurant l'écart avec un véhicule précédent, permet de ralentir jusqu'à l'arrêt le véhicule suiveur...
Il suffit de l'asservir au clignotant manifestant l'intention du dépassement pour préserver de beaucoup de carambolages... et ce serait peut-être une bonne manière de faire respecter les distances de sécurité... en particulier dan les "trains de poids-lourds"...

La technologie du radar ne sauverait-elle pas plus de vies et n'épargnerait-elle pas plus de blessures qu'embarquée dans les tirelires ambulantes des chasseurs de PV privés ?

80 km/h

La polémique suit son petit bonhomme de chemin depuis l'annonce du 1er ministre concernant la limitation de vitesse sur les routes ne disposant pas de terre-plein central. Au prétexte de sécurité routière l'argumentation sent l'arnaque quand on constate l'état du réseau routier, et tout particulièrement celui des routes secondaires, départementales depuis que l'Etat s'est dessaisi de ses Routes Nationales.
Qu'elles soient inadaptées au trafic actuel ne fait aucun doute sur des axes très fréquentés et aux abords des villes. Mais comment en être surpris quand depuis des décennies c'est le tout routier qui a pris le pas sur le transport ferroviaire et les transports en commun, depuis que la priorité à la métropolisation s'est accentuée avec les mouvement pendulaires qui y sont associés dès lors qu'habiter en ville est interdit, faute de moyens, aux travailleurs urbains ?
De ce fait, rigueur budgétaire et dislocation des services de l'Etat s'y ajoutant, le réseau routier est dans un état pitoyable et l'infrastructure elle même devient accidentogène.
Il suffit de voyager un peu pour s'en convaincre et mesurer les véritables motivations de la mesure gouvernementale.
Le renchérissement constant des péages autoroutiers dissuade de plus en plus les usagers qui recherchent des solutions alternatives. Cette stratégie d'évitement est aussi courante chez les professionnels de la route qui, pour zapper un péage vont transiter la nuit sur des itinéraires de campagne qui ne les retardent guère.
Redonner bonne conscience aux élus départementaux qui n'ont pas les moyens d'entretenir convenablement leur réseau routier en abaissant la vitesse maximale autorisée ne coûte pas cher... et ça peut même rapporter gros avec l'arsenal répressif des contrôles radars automatiques ou confiés à des sociétés privées ! La police de la route devient milice maintenant que le gardiennage et la sécurité privée sont entrés dans les mœurs.
Sur la plan économique la mesure gouvernementale a surtout pour objectif de réorienter le trafic sur les itinéraires à péage.
L'expérience de la route montre deux choses tout aussi évidentes l'une que l'autre :

  • sur un trajet la différence en temps de parcours théorique est faible, moins de 5 minutes pour une cinquantaine de kilomètres.
  • la vitesse moyenne sur un même trajet en situation de circulation rend des résultats bien différents avec des effets de ralentissement accrus.

Les milieux urbains et sub-urbains d'ores et déjà engorgés et familiers des ralentissements et des bouchons grands pourvoyeurs de pollution ne seront pas impactés par la mesure et aucun des dégâts environnementaux ou des effets néfastes sur la vie des gens n'y sera corrigé.
Les milieu ruraux peu familiers des gens qui nous gouvernent vont par contre bénéficier de cette attention toute particulière à leur soit-disant sécurité.
Et dans tout ça la plupart des élus jasent depuis quelques temps sur la petite musique des limitations à la carte en fonction de la dangerosité des parcours... et on les comprends ! la pose de deux panneaux réduisant la vitesse à 80, 70, 50 ou 30 km/h va coûter bien moins cher que la rectification du tracé d'un virage, comme elle sera meilleur marché qu'un revêtement de qualité pour corriger creux et bosses... C'est aussi se donner de l'importance à bon marché.
Dans tous les cas, qu'il s'agisse du discours gouvernemental ou des propos d'accompagnement faussement contradictoires, ce sont les citoyens usager du réseau routier qui sont une nouvelle fois infantilisés et d'abord considérés comme délinquants potentiels.
Pour des gens qui prônent la "responsabilisation" à tous les carrefours de leurs propos, n'y aurait-il pas là un petit hiatus soulignant le côté faux-cul d'un discours politique masquant une dérive sécuritaire toujours plus axée sur le volet répressif, une dérive économique toujours plus orientée vers les péages aussi bien pour circuler que pour s'arrêter, une dérive sociétale de sur-encadrement réglementaire creusant de plus en plus le fossés entre une élite décisionnaire et un monde soumis à l'obéissance ?
L'abstentionnisme politique, la désaffection organisée des corps intermédiaires, le mépris institutionnalisé des élites stigmatisant un peuple résistant dans le mot et les maux du "populisme"... trop de choses aujourd'hui sonnent le glas d'une démocratie toute entière à reconstruire, d'une République à ré instituer, d'une devise à reconquérir dans les trois dimensions de son triptyque : Liberté, Egalité, Fraternité.
Les 80 km/heure ne sont qu'un piteux avatar de la dévastation politique, économique et sociale engagée par les puissances d'argent qui tirent les ficelles de notre macrionnette.
A chacun son Trump ?