lundi 28 octobre 2019

Défense d'ivoire

Autant il est glorieux dans les allées du pouvoir et sur les tapis des beaux quartiers de s'insurger contre le coût exorbitant de la fonction publique et des services publics en général en soulignant leur incurie et leur inefficacité, autant la grande muette reste muette, et on n'en parle pas.
Jadis la gloire de la guerre étincelait sur les poitrines maréchalesques. Et l'accusation de traîtrise n'était pas loin pour qui prônait la "victoire par la paix" plutôt que "la paix par la victoire"... Alex Blanc, Raffin-Dugens et Pierre Brizon en savait quelque chose en votant contre les crédits militaires après leur retour de Kienthal en avril 1916, réhabilitent l'élan pacifiste brisé par l'assassinat de Jaurès et l'asphyxie de l'Union Sacrée.
Aujourd'hui, ne doit-on pas toujours s'interroger en rapprochant le refus obstiné du pouvoir de réhabiliter dans la mémoire collective de notre nation les "fusillés pour l'exemple" de 14-18 et les efforts budgétaires consentis à l'armée dans la loi de programmation militaire 2019-2023 ?
Et pour densifier l'interrogation, ne doit-on pas y ajouter la volonté toujours présente de la confusion de toutes les mémoires de guerre dans une sorte de "memorial-day" qui scelle la gloire militaire au cortège de ses morts.
Ainsi la commémoration des horreurs du passé servirait bien opportunément à masquer l’indifférence à celles du présent dans un consensus lénifiant d'union sacrée. 
Et pendant ce temps là, l'armée de notre République, sans que notre République n'ait déclaré la guerre à qui que ce soit, se projette sur tous les continents au prétexte que faire la guerre ailleurs préserve notre sécurité intérieure. 
L'engrenage mortifère des attentats terroristes et des ripostes alliant engagements extérieurs et renforcement de la surveillance intérieure crée une ambiance bien peu propice à la tranquillité et à la co-existence pacifique entre les peuples comme à l'intérieur des peuples : l'insupportable déchirement de notre nation dans l'enchevêtrement imbécile de la religion et du politique en est un triste exemple aujourd'hui.
La professionnalisation des armées, faisant un corps étranger à la nation des civils, éloigne le danger pour le pouvoir d'une contestation populaire des engagements militaires comme les guerres coloniales avaient pu en susciter en leur temps au siècle dernier autour des soldats conscrits du contingent.
De la même façon le phénomène guerre, en un siècle, a tant évolué qu'il ne fait désormais guère plus que des victimes civiles très loin des nations des militaires projetés en opérations extérieures. Les actualités ne présentent-elle pas un ou deux soldats victimes des "rebelles" qu'ils pourchassaient au même titre que la masse indifférenciée des centaines de civils victimes d'écarts de bombardements ?

"Si vis pacem, para bellum."
Préserver la paix en se préparant à la guerre... Si, de l'histoire millénaire des peuples, cet adage avait pu être vérifié, peut-être aujourd'hui n'en serions nous pas à compter plus de 15 crise majeures dans les dix dernières années ensanglantant tous les continents.
Dans les cinq ans qui viennent la France envisage de faire progresser ses crédits militaires d'une vingtaine de pour cents (8 milliards d'euros) et d'un peu plus encore (+250 millions)pour ce qui concerne le financement des opérations extérieures...

Anatole France ne disait-il pas :
"On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels !".

A force de fabriquer et de vendre des armes au prétexte de la défense, aurait-on  oublié que l'arme est aussi l'instrument de l'attaque dans une dialectique impitoyable qui ne fait guère de victimes que dans le ballon-prisonnier des cours de récréation.
Est-on bien regardant sur les clients de nos marchands d'armes ? Qu'en font-ils ? Où les oublieront-ils pour que d'autres s'en servent ? N'auraient-ils pas mieux à faire de la richesse de leurs peuples trop souvent miséreux ?
Ajoutant à cela le décervelage obstiné des jeux guerriers -soit-disant virtuels- banalisant la mort et instituant la nécessité d'identifier l'autre dans son rôle de méchant pour s'assurer l'illusion de celui du bon... Triste civilisation de l’exacerbation des différences dans la religion de l'individualisme, de l'ostracisme, du repli communautaire, de la violence sous toutes ses formes, de la méfiance instituée en vertu... Une société de premiers de cordée seuls perchés pour mieux tirer la couverture à eux ! ... à vomir.

Ne serait-il pas temps de déclarer la PAIX en osant éradiquer la guerre, et ses outils et ses carnages ?

Sinon, quel nouveau Jaurès va devoir succomber à la folie des hommes en armes comme on en voit désormais partout, pour notre sécurité ! pour le maintien de l'ordre, de quel ordre ? De quel ordre des choses quand on voit resurgir de partout les nostalgiques de l'ordre vert de gris en Allemagne et bien ailleurs ?

mercredi 23 octobre 2019

La bourse ou la vie ?

Depuis le début de l'année la bourse de Paris a progressé de plus de 20% comme celle de Francfort ou de New-York...
Michelin a vu sa valeur en bourse progresser de 21% depuis le début de l'année, et l'entreprise ferme des sites de production en France au prétexte d'une "compétitivité" insuffisante...
Les maisons de retraite ORPEA progressent de 20%... et les pensions des résidents ?

Du côté du luxe et de la mode, LVMH gagne 45%; Dior ou Hermès progressent de 30%... Et ce ne sont pas les bénéficiaires des Restos du cœur  ou du Secours Pop qui forment leur clientèle...
Dans la maison France sous la coupe du majordome Macron, les maîtres de la finance sont aux anges, plus la misère et la précarité progressent pour le plus grand nombre et plus la fortune de la petite caste de privilégiés enfle et s'exagère.
Le président des riches ne préside rien, garde chiourme de la prison du peuple, petit valet au château de ses maîtres argentiers, il ne fait que régler le ballet des opulences.

Tout ça n'a-t-il pas déjà trop duré... le temps ne serait-il pas venu d'en changer ?

Quant à l’épouvantail de l'extrême droite, comme tout épouvantail qu'il est, n'épouvante-t-il pas que celles et ceux qui alimentent la peur ?
Hier c'était le rital ou le juif... Aujourd'hui c'est le musulman ou le noir...
Plus facile de s'en prendre à eux qu'aux boursicoteurs ! Non ?