Du côté de Thônes, des Aravis et du Val d'Arly, la tradition paysanne fromagère a conduit jusqu'à nos papilles un délicieux fromage : le reblochon. L'histoire veut que l'origine de ce fromage remonte sept ou huit siècles en arrière, quand les paysans devaient livrer le produit de la traite des vaches aux ordres religieux propriétaires des terres. Las de tout donner sans qu'il leur reste rien pour leur compte, les paysans faisaient une seconde traite de leurs vaches (blocher signifiant traire dans le dialecte local) ; ils "re blochaient" et faisaient du lait très crémeux qui restait après la première traite le fromage désormais appelé "reblochon".
La recette du reblochon aurait-elle inspiré nos généreux réformateurs du système des retraites qui envisagent de tondre une deuxième fois la laine sur le dos des travailleurs, les faire cotiser plus, plus longtemps... non pour se faire un fromage, mais pour toucher encore moins !
Les travailleurs ont déjà tout donné, leur force de travail, et la part du revenu qui leur était due pour la prévoyance des risques de la vie, la vieillesse entre autre mais aussi la maladie, l'accident du travail, la perte d'emploi ou la famille. C'est sur ces mécanismes de mutualisation des risques que la France a développé un système social très envié de beaucoup d'autres peuples livrés au marché de l'assurance privée pour la couverture de tous ces risques. Cette approche solidaire des difficultés de la vie s'est surtout cristallisée dans l'immédiat après-guerre sur les grandes orientations déclinées dans le programme du Conseil National de la Résistance. Le régime général de sécurité sociale nait ainsi sous le ministère du savoyard Ambroise CROIZAT, ministre communiste du général de GAULLE à la Libération.
Depuis quelques décennies les gouvernements successifs n'ont eu de cesse de mettre à mal ces acquis sociaux vieux de plus d'un demi siècle. Et lorsque nos politiciens d'aujourd'hui, bien dans la ligne de la sauvegarde individuelle qui fustige toute solution de solidarité collective, proposent de compléter les prestations devenus insuffisantes du régime par répartition par de l'assurance individuelles, c'est un peu comme s'ils demandaient de "re blocher" un porte monnaie déjà vide chez la plupart des gens.
Seuls quelques privilégiés peuvent envisager de la sorte de se protéger au prix de leur fortune, et surtout sans venir en aide à ceux qui en auraient besoin.
Ces solutions du "sur mesure" et "chacun pour soi" infiltrent des domaines comme l'assurance automobile où chacun peut s'assurer en fonction des kilomètres qu'il parcourt. Dès lors les assurances sociales comme les autres ne sont plus considérées come un acte collectif de protection sociale face à un avenir incertain, mais comme la petite réserve de noisettes dont l'écureuil garde jalousement la cachette... Sauf que cette solution des fonds de pension, que Laurence Parisot préconise avec le MEDEF ne font que le bonheur des banquiers qui jouent leurs valeurs en bourse, pressurant au passage une autre vague de travailleurs, pour ne rendre au bout de compte que des miettes... ou rien du tout !
Plus que la "réforme des retraites" qui se profile sous les ors de l'Elysée et avec la bénédiction de syndicats ramollis, c'est le système de protection sociale dans son ensemble qui est menacé. La droite et le patronat visent un nouveau gisement de profits pour l'assurance privée et la finance avec l'épuisement des régimes de solidarité privés de ressources et le reversement des systèmes de protection sur l'initiative individuelle garantissant à chacun pour soi, et surtout à chacun selon ses moyens.
Les exemples ne manquent pas des dégats provoqués par de telles orientations.
Pour bien mesurer les ravages du temps et mesurer la nécessité d'en mettre à la retraite d'office, et des politiques en particulier... Faites vous mal en visionnant ce morceau d'anthologie de Serge Dassault invité sur I télé :
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