mardi 12 janvier 2021

Démocratie des éoliennes






Ce n'est pas une nouveauté, certes, mais le recours au privé prend désormais des dimensions inquiétantes dans la conduite des affaires publiques.

Ce que révélait hier Julia Hamlaoui dans l'Humanité n'a rien de rassurant quant à l'issue de la crise sanitaire que nous traversons...

Le gouvernement a commandé à des cabinets de conseil privés Mc Kinsey & Company, Roland Berger et Boston Consulting group et Cie une assistance à la conception et à la mise en œuvre opérationnelle de ses projets de transformation de l'action publique. Rien moins que ça !

Or donc Macron et les siens confieraient au privé la privatisation de la fonction publique, logique !

Qui serait mieux placé que des intérêts privés, étrangers pour beaucoup, en effet pour décider ce qui serait bon pour le peuple de France...

!!! et ce seraient les mêmes qui conseilleraient en matière de gestion de crise sanitaire, politique des masques aux vaccins en passant par les tests...

Certes ce petit manège dure depuis une bonne vingtaine d'années au moins, mais quand même... On ne cesse de voir sortir des grandes écoles des têtes si petitement creuses dès qu'elles s'égarent en politique qu'elles n'ont d'autre solution que de faire appel à des "cabinets de conseil" pour qu'on leur dise ce qu'il convient de faire... La start-up nation macronienne se conduit comme une entreprise aux mains des fonds de pensions américains.

Et dans ce même temps on entend dire que les lourdeurs administratives entravent la bonne marche de la start-up Macron & Cie... Ne serait-ce pas plutôt l'effet délétère de l'asphyxie d'une fonction  publique dévastée par des pertes d'emplois et de compétences aussi bien dans la haute et très haute encadrée par des politiques aussi médiocres que carriéristes qu'au plus près du terrain dans des territoires désertés par les services publics avec des élus locaux friands de solutions de remplacement à la petite semaine...

Les brasseurs de vent ne trahissent pas leur ADN de girouette et peuvent se satisfaire de leur perchoir rémunéré, qu'ils soient à l'Elysée pour confier à des consultants américains les orientations des politiques publiques françaises ou à la tête d'une petite commune rurale pour confier à un bureau d'études le dessin de ses parterres et bientôt une proposition pour la couleur du ciel.

Jadis il y avait des services de l'Etat avec des fonctionnaires qui pouvaient  être d'autant mieux garants du bien public qu'ils n'avaient aucun bénéfice personnel à en tirer...

Aujourd'hui si on demande des déclarations d'intérêts aux grands politiques, on ne s'inquiète guère des conflits d'intérêts des Conseils qu'ils emploient quotidiennement pour leur souffler les idées qu'ils n'ont plus.

Au fait, ça sert à quoi des élus ? Jadis ça participait à l'attribution des marchés de la réalisation de ce qu'ils avaient décidé de réaliser pour le bien public... mandat électoral ?

Désormais ça commence par donner au privé le marché de la "pensée de ce qu'il faut faire"... mandat cash !

Après on s'étonnera qu'un marchand de clous conseille judicieusement aux élus qui l'interrogent qu'ils devraient s'orienter vers l'achat d'un marteau... qu'il lui vend par ailleurs !

Alors on ne s'étonnera plus de la désaffection des citoyens pour un processus électoral qui, désormais, ne promeut plus que les valets des intérêts qui les gouvernent. C'est une nouvelle phase du perfectionnement du lobbying qui met les politiques à la botte des intérêts économiques et qui fabrique les présidents des Etats-Unis et d'ailleurs à grands coups de millions de "généreux donateurs" dont le désintéressement est inversement proportionnel à la crédulité des électeurs.

Mais chut ! Si vous ne voulez pas être fiché comme dangereux mauvais citoyen mal-pensant politiquement, syndicalement ou même religieusement, il faut bien dire que la démocratie se porte bien pour ne pas déranger les "levées de fonds" qui vont bientôt permettre d'élever les tribunes sur lesquelles, les bras au ciel on vous gueulera "... parce que c'est notre projet !".

D'ailleurs, qu'on ne s'y trompe pas, tout ce qui est écrit plus haut, ce n'est pas moi qui le dit, le pense ou l'écrit, ce serait bien trop risqué ! C'est ce que j'ai entendu dire dans la file d'attente des Restos du Cœur en me dépêchant de rentrer hier soir avant le couvre-feu.