mardi 28 janvier 2020

Start-up du nouveau monde


Dans la période de grande mutation engendrée par la crise d’un système à bout de souffle, ce n’est pas de solution alternative que l’ancien monde accouche, mais de sa survivance maquillée.
La « start-up nation » de Macron n’échappe pas à la logique qui l’a fait naître, et, contrairement à ce que beaucoup auraient tendance à penser, il ne s’agit pas là d’un prototype encore mal réglé de la nouvelle machine politique. Ce n’est que le triste avatar de l’interminable agonie du capitalisme, une figure qui rejoue bien maladroitement la petite musique du petit chaperon rouge.
Pour s’en convaincre, rien ne vaut l’usage de la réflexion qui anime cette démarche : un cabinet de conseil en stratégie d’entreprise la ferait sienne, mais elle vaut aussi bien pour une formation politique, une association, ou toute formation en équipe.
Le propos d’appuie sur une situation dans laquelle chaque stade de développement d’un projet se construit sur la base d’un précédent incontournable : les 5 doigts de la main.
Premier temps : le rassemblement.
C’est la confiance qui va sceller la formation d’un ensemble, le lien primordial qui doit s’établir dans un collectif susceptible de produire.
2ème temps : la tension
Dans les débuts d’une formation de groupe, l’observation réciproque des parties fait osciller entre confiance et défiance sur la seule base de l’interrogation sur la motivation du rapprochement et de la préfiguration de l’étape suivante qui va susciter l’établissement du leadership.
3ème temps : l’engagement
C’est le moment où le « faire » va catalyser les énergies, nécessiter naturellement l’organisation, la détermination des rôles, et donner à voir une forme d’équipe en action. Le choix d’un chef n’a rien d’anodin entre la satisfaction d’une ambition et le choix d’un homme de paille…
4ème temps : la responsabilité
Dans sa phase de maturité l’équipe renvoie chaque acteur à son positionnement dans le collectif. C’est le moment où peut se dessiner le bénéfice individuel des interactions dans l’action : faire ensemble accroît la capacité de chacun (cf. la dialectique de l’école et du préceptorat).
5ème temps : le résultat
Ce dernier temps de la marche n’est pas une fin en soi, mais plutôt un aboutissement d’étape qui en se partageant va constituer la base d’un nouveau cycle basé sur la confiance.
Si on s’accorde sur cette grille de lecture du fonctionnement collectif, deux cas de figure peuvent se profiler, celui d’un cercle vertueux conduisant à la réussite, et celui du cercle vicieux de l’échec.
Si l’échec pour finir peut intervenir après un dysfonctionnement intervenant à n’importe quel temps du cycle, la réussite n’est possible qu’au terme d’un parcours sans accroc.
Au premier temps du processus de la formation du groupe, si la confiance ne s’installe pas durablement la vulnérabilité est assurée et le second stade ne produira qu’une harmonie artificielle pour masquer les tensions plutôt que les résoudre en communiquant.
Au second stade, l’affichage d’une entente artificielle ne fera qu’exposer des ambiguïtés qui seront autant de freins à l’action. Pourquoi faire quelque chose si on n’a pas d’objectifs clairement partagés ?
Au troisième stade, la résolution des ambiguïtés s’opère dans la fuite ou dans la composition de postures de complaisance. A défaut de faire, on fait semblant, et personne n’est redevable à personne de quoi que ce soit, aucune responsabilité n’est prise.
Au quatrième temps la situation se fige sur des résultats le plus souvent maquillés et que personne ne voudra assumer et partager en se réfugiant derrière son statut. C’est le temps du repli sur l’ego.
Quand on observe la macronie, le premier temps de la confiance a occupé toute la campagne présidentielle avec une teinte d’acceptation qui caractérise l’adhésion aux tribuns populistes. Venus de nulle part à défaut de savoir d’où l’ensemble se forme en donnant une existence à chacun avec une forme de revanche pour ceux qui désertent un autre camp moins reconnaissant…
Depuis, le fonctionnement jupitérien du président a fait basculer la start-up politique dans le cercle vicieux de l’harmonie artificielle de « l’en même temps carpe et lapin ». Cette culture assumée de l’ambiguïté affichée cache de plus en plus mal une orientation à droite désormais aussi bien assumée qu’elle s’impose à des troupes de « godillots » obligés
Fuite ou complaisance sont les deux mamelles du pouvoir dans les périodes pré-électorales avec dissidences et ralliements qui obscurcissent le paysage et qui réduisent la perception des enjeux à la seule dimension des ego et à l’artificialité d’une légitimité élective contestable.
Se croire invulnérable et se prévaloir d’une image, cultiver l’ambiguïté en étant faible et flou sur l’organisation au seul bénéfice d’une figure tutélaire d’apparence auto-proclamée, mais le plus souvent promue par les forces occultes qui l’exploitent, tous les ingrédients de l’échec.



vendredi 24 janvier 2020

Pour ou contre

De la réforme des retraites à l’installation d’une porcherie, ou la réforme du Bac… Les sujets de polémique ne manquent pas dans l’actualité !
L’observation des faits et comportements conduit assez systématiquement au constat que les commentateurs décrivent comme un processus de radicalisation. Et les plus "radicaux" ne sont pas nécessairement les opposants qui tentent de se défaire des pièges qui leur sont tendus !
Et tout aussi systématiquement on a l’impression que l’expression du désaccord éclot à retardement, alors qu'il serait trop tard, après un temps de flou ou d’occultation qui éloignait la préoccupation du champ d’une réflexion concertée.
La divergence des opinions n’a rien d’inquiétant, bien au contraire ! C’est bien dans la confrontation des idées que s’affûtent les arguments et que se solidifient les convictions qui sont les moteurs de l’engagement et de l’action.
Alors, comment se fait-il qu’il faille aujourd’hui, dans nombre de conflits, en arriver à un constat de désaccord indépassable ?
L’éveil de l’opposition à un projet conduit d’autant plus à cette situation qu’il survient brutalement dans le paysage, un peu comme un vice caché. Ce fut le cas de phénomène Macron qui a défié la marche ordinaire d’une alternance centre gauche-centre droit et qui s’est imposé dans la logique du moindre mal du « tout sauf Le Pen » tout en affichant l’image d’une nouveauté balayant un vieux monde politicien déconsidéré par ses errements.
A vouloir bousculer le vieux monde des acquis sociaux bâti à force de luttes récurrentes depuis des siècles, et qui toutes peuvent s’inscrire dans une volonté d’émancipation des peuples des oppressions qui les corsètent, le pouvoir se heurte à des oppositions de plus en plus larges et fortes tout en durcissant la protection policière de ses projets. C’est une forme de repli derrière les remparts du château ou des institutions, laissant au peuple l’occupation des faubourgs, comme ronds-points aux Gilets Jaunes.
L’expression de l’opposition ne s'inscrit plus dans l’équité du débat démocratique, mais dans un affrontement existentiel qui met en péril la nature même du lien social. Sur la petite musique de l’individualisme et du communautarisme qui l’accompagne si bien, la légitimité de toute opposition se heurterait désormais aux exigences nouvelles d’une liberté circonscrite à soi-même.
Ce phénomène se double d’une recrudescence de l’instrumentalisation des masses par des groupes de pression qui masquent leurs véritables commanditaires et leurs intentions aux yeux de ceux qu’ils circonviennent pour aboutir à leurs fins.
C’est ainsi que les peuples européens élisent des députés siégeant dans leurs parlements…  Mais ce sont des milliers de lobbyistes au service des grandes puissances économiques qui font la loi en dictant aux parlementaires la plupart des termes de la loi.
L’actualité, de Davos à Versailles, n’est pas avare d’exemples du lien indéfectible du monde politique et des intérêts économiques particuliers qui s'accaparent les richesses de la nature et le fruit du travail des hommes.
A une autre échelle, mais sur le même modèles, les marchands du temple de la consommation aujourd’hui se paient le service d’armées d’influenceurs actifs sur les réseaux sociaux pour conformer les comportements des consommateurs aux appétits de leur marché.
Par ailleurs, les travailleurs, celles et ceux qui vont le devenir, ou ceux qui n’en sont plus pour une raison ou pour une autre, ne disposent d’aucun de ces conseils utiles au développement de leur cause pour mieux vivre, ou tout simplement exister.
Les lois inspirées par les lobbys ne conduisent pas seulement à faire parcourir les mers du monde aux containers de pacotilles chinoises vers l’Europe ou des poubelles de plastiques européennes vers la Malaisie… elles ne conduisent pas seulement à augmenter de plus de 20% la consommation agricole de pesticides en 2018 quand on aurait dû la réduire drastiquement depuis 20 ans… elles ne conduisent pas seulement à faire travailler les gamins d’Inde ou d’Afrique orientale pour fringuer les gamins français à bon marché… Elles ne conduisent pas seulement les normes européennes à s’assouplir pour autoriser l’élevage des cochons bio sur caillebottis ou pour tolérer la présence de pesticide en label Bio avec une diminution des contrôles quand la société attend mieux…
Elles conduisent parfois à l’engrenage d’un cercle vicieux où les acteurs directement concernés sont conduits à contribuer activement aux dégradations qui les touchent. C’est ainsi qu’avec une des manifestations du réchauffement climatique, les agriculteurs ont été amenés à réclamer l’assouplissement de règles communautaires fixant les dates limites de semis l'été dernier… tout ça à cause du manque d’eau dans des parcelles drainées à grands coups de subventions… Favoriser l’écoulement de l’eau, et se plaindre qu’elle ne soit plus là… Ne  devrait-on pas supprimer l'ENA agricole ?
Et il arrive un jour que les puissances économiques gravitant autour du monde agricole arrivent à leurs fins en asservissant l’ensemble du processus de production ; la terre et les hommes qui la travaillent ne sont plus alors que les accessoires d’objectifs qui les dépassent, réduit à l’état de ressources dans un dispositif dont ils ne maîtrisent plus la conduite. Les contrats liant agriculteurs et groupes de l’agro-alimentaire leur laissent généralement la charge des investissements dont l’amortissement est calculé au plus juste pour limiter la part de profit revenant au producteur.
Le terme même de « ressources » humaines » n’a rien d’anodin, il signe l’exploitation des uns par les autres dans une relation sociale de domination attribuant aux uns les devoirs et aux autres les droits.

C’est dans le chaos d’un tel paysage que les tensions s’exacerbent et qu’à défaut de réflexion on mobilise à l’affect en suscitant des émotions faciles à partager. Les réseaux dits « sociaux » sont les vecteurs privilégiés de ces emballements sollicités pour tenir lieu d’argumentaire.
C’est ainsi que des salves d’applaudissements vont souligner tel ou tel propos ou déclencher une bronca désapprobatrice… Dans un cas comme dans l’autre la seule certitude porte sur l’incapacité des uns à écouter les autres qui au mieux les auraient entendus.
Et, dès lors que l’effort de tout échange est condamné à l’échec, ce ne sont alors qu’expression de postures et recherche pressante du prétexte à la dérobade en déplaçant le sujet : information trop tardive, absence de contact, cible inappropriée, respect de normes, attentes sociétales, choix d’un moindre mal, responsabilités extérieures…
Au bout du compte il se dégage une masse d’approbateurs béats faite de ceux qui « marchent avec le courant ».
En d’autres temps ce sont aussi ces « Mitläufer » dont les rangs s’étaient grossis dans les années 30 pour accompagner la montée du nazisme qui confortèrent la position d’Hitler au pouvoir jusque dans ses pires agissements.
Cette forme de panurgisme insupporte toute opposition aux évolutions contestables, c’est la base d’un « populisme » mortifère pour la démocratie.
Face à la force qui impose et s’impose comme une évidence incontestable, c’est la résistance qui doit s’organiser et prendre la responsabilité d’agir.
Cette dialectique de l’autorité et de son opposition a toujours suscité des vocations de collaborations face à l’émergence de la résistance. L’histoire en est aussi pleine que les bribes de l’actualité conflictuelle du moment, qu’il s’agisse de la réforme des retraites, un projet de grande porcherie, de la réforme du bac...
Le confort paresseux de la collaboration expose malgré tout au désagrément du désaveu quand la force du nombre en prise avec l’intérêt général vient à bout des mercenaires des intérêts particuliers.
Les nostalgiques de la monarchie, comme ceux du pétainisme ou du temps des colonies en sont encore les preuves vivantes.
Des « grands » projets comme Europa City, le Center Parc de Roybon, l’aéroport de Notre Dame des Landes, la ferme des mille vaches ont suscité des résistances… Beaucoup d’autres l’auraient dû pour le bien de l’humanité et de la planète qui la porte dans le microcosme local comme à l’échelle de la planète.
Le bon sens suffit : il suffit de dire NON à la démesure et à l'accaparement particulier, de s’assurer de l’innocuité de l’action dans son environnement pour l'intérêt commun, c'est le prix du bien public porté par toutes les révolutions populaires comme en avait accouché la Résistance...
Il ne faut pas désespérer de la jeunesse, et les vieux grisons pourfendeurs de Greta Thunberg feraient bien de soigner leur ankylose intellectuelle dans les coulisses des chaines d'info qui les nourrissent.

Résister, c'est créer... Résister c'est exister...

jeudi 16 janvier 2020

Compromis

Retraite à points ?
NON, NON et NON !
Depuis longtemps la CFDT est embauchée pour servir dans l’arrière cuisine de l'Elysée et de Matignon...
Dans compromis, il y a aussi promis !

samedi 4 janvier 2020

Bonne ânée en état policier

C'était l'année dernière, le lundi 30 décembre, l'Humanité publiait en page 10 un article sous la rubrique des libertés publiques qui annonçait la chose : "Le gouvernement veut pister les voyageurs".
Il aura fallu attendre toute la semaine pour que d'autres média s'en emparent et que la télé publique l'évoque timidement.
Depuis longtemps il est de bon ton macronien de fustiger les insupportables atteintes aux libertés commises en Chine par le truchement des progrès technologiques de la reconnaissance faciale...
Mais dans le "en même temps" macronien, le secrétaire d'Etat Cédric O qui avait travaillé avant d'être au gouvernement, pour le groupe SAFRAN qui développait les technologies de reconnaissance faciale, met en place une expérimentation de la reconnaissance faciale sur des systèmes de vidéosurveillance...
Et donc désormais un service de collecte des données de voyage sera à la disposition de la police (et de la gendarmerie ?)... Le miracle du numérique et l'évolution des services qui exigent maintenant la réservation ouvrent la voie à cette intrusion policière dans la vie privée de tout un chacun. La puissance des machines peut aujourd'hui permettre d'exploiter des données massives pour en extraire l'aiguille dans la botte de foin. Et derrière le prétexte de la lutte anti-terroriste se profile l'habituation sournoise à l'amputation progressive des libertés individuelles.
C'est l'histoire de la grenouille qu'on a mise dans l'eau fraîche de la marmite, quand l'eau tiédit elle se régale de bien-être, puis c'est trop chaud ! mais aussi TROP TARD.
Avec les mesures envisagées, la police n'est plus l'organe de sécurité dont un peuple libre est en droit de se doter pour assurer sa sécurité intérieure. Les scarabées noirs caparaçonnés d'aujourd'hui sont d'abord des garde-chiourmes plus enclins à réprimer les soubresauts populaires qu'à protéger des citoyens qui en ont désormais plus peur qu'ils ne sont confiants.
Ordinateurs, téléphones, carte de paiement et autres objets connectés mettent aujourd'hui les citoyens en résidence surveillée sous le bracelet électronique qu'ils se sont "librement" procuré... et tout ça en leur donnant le sentiment de se "libérer" d'une foultitude de pesanteurs de "l'ancien monde"...
Comme beaucoup d'autres concepts, la liberté n'est invoquée que pour masquer son agonie.
Imaginez un instant, 80 ans en arrière, qu'une telle panoplie eut été à la portée de la milice de Pétain ou des sbires de la gestapo...
Les flics d'aujourd'hui n'auraient même pas eu l'occasion d'accrocher quelques éborgnés à leur tableau de chasse dans une société conduite au pas de l'oie.
La liberté n'est pas une idée abstraite, c'est une quête permanente et indissociable de l'humanité. Et dans la supercherie macronienne de l' "en même temps esclave et maître" institue la violence comme monnaie d'échange "en même temps" qu'il claironne le dialogue...
Nelson Mandela ne manquait pas d'expérience en la matière pour en dire ceci :
"Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c'est l'oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l'opprimé d'autre recours que d'utiliser les méthodes qui reflètent celles de l'oppresseur."

L'opposition radicale de la liberté et de l'oppression n'a rien d'un mythe, c'est le passage obligé de l'intelligence dialectique de ceux qui ne se résolvent pas à subir.