L'énergie, un besoin vital, se devait d'intégrer la panoplie du gouvernement par la peur ; et après la moutarde, la pénurie de carburant vient s'ajouter à la peur de la maladie d'hier et à celle de la coupure d'électricité de demain...
Gaz, pétrole, depuis des mois l'actualité des crises pointe (entre autres) au chapitre de l'énergie...
Et pourtant le Quatar du pétrole est généreux ; ne vous en footez pas, ni avec l'organisation du Mondial, ni avec une vingtaine d'années de SMIC servies par jour à un des Princes du Parc...
Veau d'or et marchands du temple, ce monde est a-do-rable !
Hier on interdisait de brûler du bois dans les cheminées parisiennes et on le déconseillait aux savoyardes, aujourd'hui on s'extasie devant celui qui en achète trois stères hors de prix pour chauffer sa gentilhommière tout l'hiver... et vive les poeles à granulés... électriques !
Guerre en Ukraine et autres embarras, les prix de l'énergie s'envolent, et la puissance publique, plutôt que de s'attaquer aux causes du mal, distribue quelques chèques, boucliers et autres remises d'aspirine tranquilisantes à ses sujets nécessiteux. Il faut bien montrer qu'on s'en occupe...
Cautères sur jambes de bois !
L'exemple de l'électricité devrait illustrer la prochaine édition du Père Ubu.
La "libéralisation" du marché de l'énergie avait conduit EDF (déjà dépecée pour satisfaire l'appétit du marché) a céder à ses concurrents qui ne produisent rien, mais se contente de revendre, une électricité à très bas prix...
Dans ce joyeux modèle du capitalisme débridé, le marché "dérégulé" produit ses effets. Il met en difficulté l'entreprise ex-nationale qui doit acheter au prix fort en important ce que son outil de production mal entretenu ne peut pas produire pour le revendre à perte à ses concurrents.
Sans compter que la privatisation de la maintenance fait payer plus cher un résultat de moindre qualité...
Et au bout du compte les "fournisseurs alternatifs", ces marchands du temple qui viennent moissonner la clientèle de clients crédules sur les terres d'EDF sans avoir jamais rien semé, ne peuvent aujourd'hui plus servir leur clientèle avec des prix de marché qui les obligeraient à vendre à des tarifs impossibles...
Ils font donc naturellement faillite et renvoient leur clientèle chez le fournisseur "historique" ! Ce dernier ne va pas tarder à être à son tour en difficulté avec la prescription d'un Etat qui l'avait livré au marché dérégulé et qui a dû depuis lui imposer les limites du bouclier tarifaire pour que les factures des particuliers n'explosent pas... Plus de "clients" à servir à un tarif plafonné en se fournissant sur un marché spéculatif qui explose... ça ne peut durer qu'un temps !
Les clients deviennent embarrassants dès lors qu'il faut les servir à prix limités... La spéculation rapporte plus que le service au point que certains fournisseurs alternatifs sont soupçonnés de se débarrasser de leur clientèle pour revendre l'électricité cédée par EDF à bas prix sur le marché spéculatif au prix fort...
A côté de ça les entreprises, non éligibles au "bouclier tarifaire" des particuliers, sont confrontées à l'explosion de leurs dépenses énergétiques à un niveau si intenable que certaines sont d'ores et déjà obligées de cesser leur activité et que celles qui continuent augmentent leurs tarifs (spéculatiuon accesoirement aussi...) !
Belle réussite du modèle "libéral" qui sert de bible à la macronie comme depuis toujours à toute la droite jusqu'à la plus extrême ! Sans oublier que la social-démocratie l'avait bien alimenté dès 1983...
La nationalisation de 1946 avec la création d'EDF était sortie du creuset du Conseil National de la Résistance dont le programme économique et social s'articulait sur des orientation indissociables de la reconstruction de la démocratie républicaine.
Les services publics sont les pierres angulaires de ce modèle français qui n'a eu de cesse d'être détricoté dès l'après guerre par les nostalgiques du pouvoir de l'argent qui ont bien vite poussé les feux des guerres coloniales avant que leurs déroutes sanglantes les conduisent à s'engager dans la guerre économique...
Ce qui se passe aujourd'hui n'est rien d'autre qu'un nouveau soubresaut d'une société malmenée par les petits valets d'un capitalisme qui se voulait triomphant depuis les années 90 et qui, comme il l'a toujours fait, ne sait soigner ses fièvres que par la guerre.
Ne faudrait-il pas se prendre à rêver qu'il n'y ait plus de gasoil pour les blindés, plus d'électricité pour l'industrie de l'armement ?
Mais pour le moment ce sont des boulangeries qui ferment, des transports en ambulance qui sont contingentés et des transports scolaires annulés... à cause des grèves ? vraiment ? à moins que ce soit de la faute à Poutine ? ou à cause de l'Europe ? ou du Covid? ou de la faute à pas de chance si nous étions dans une cour de récrée...
Qui sait ? Ce serait plus surement de ma faute si je rejoignais demain la multitude des abstentionnistes.
- Des routes délabrées quand elles ne sont pas payantes, des transports ferroviaires démantelés, des services de télécom en vrac, des services de santé en réanimation, une école en souffrance, de l'énergie dans la foire d'empoigne, une industrie réduite en peau de chagrin qui fabrique plus de chômeurs que de marchandises, une agriculture qui n'est plus capable d'assurer la sécurité alimentaire du pays...
- Un patron de Total qui se fait 52% d'augmentation de salaire et qui refuse 10% à ses employés...
- Une indemnisation du chômage qui n'est servie qu'à un tiers des privés d'emploi et que Macron veut encore réduire...
- Une espérance de vie en bonne santé qui va bientôt être dépassée par l'âge de départ en retraite...
Tout ça pourquoi ? Parce qu'il est plus glorieux de faire du fric avec le fric dans la spéculation en boursicotant à la vitesse de la lumière, en gavant le peuple de jeux d'illusions et d'idoles à aduler, que de vivre ensemble pour le bien commun...
Tout ça dans une société où plus rien ne compte que l'individu... qui cherche désespéremment son image derrière l'écran miroir de son smartphone.
Alors ? Plus besoin des autres... autrement que pour s'en servir.
- Co-voiturez mes frères, on vous apprend à devenir autoentrepreneurs de transports en commun.
- Autoentreprenez toujours et on vous apprendra à vous assurer votre propre protection sociale... si vous en avez les moyens !
- Investissez dans les EHPAD avant de vous étonner de n'avoir pas les moyens d'y payer votre place quand ce sera le moment...
- Investissez dans les résidences étudiantes en vous étonnant que vos jeunes doivent travailler pour financer leurs études sacrifiées en payant des loyers scélerats...
- Vive Airbnb, louez votre bien immobilier à la semaine au prix du mois à ceux qui en ont les moyens et détournez votre regard de celui du bougre SDF qui mendie sa pitance...
- Commandez votre casse-croûte Fauchon sur Uber Eats, votre livreur passera chez Lidl en revenant chercher sa pizza à 1 euro...
- Dépéchez-vous d'aller passer les fêtes de fin d'année au soleil des Maldives avant que la hausse du niveau des mers ne vous en prive. Les Restos du Coeur, le Secours Pop et l'autre Catholique s'occuperont bien de ceux qui restent à quai devant leur crêche...
- Pénurie de professionnels de santé... qu'à celà ne tienne, , ce qui est rare est cher et la sécu va bien payer de l'interim hors de prix, le Téléthon sera toujours là pour financer les recherches sur les maladies rares...
- Vieux... Vous n'en savez rien ? Qu'à celà ne tienne, allez donc sur facebook, vous saurez que d'autres qui n'en savaient rien non plus sont désormais d'accord avec vous. Et surtout n'oubliez pas de leur dire que vous les aimez.
- Et Jeunes, dès que vous aurez un instant, postez votre meilleur profil sur Tik-tok, ça peut intéresser la multitude de ceux qui ne vous connaissent pas et que vous ne connaissez pas non plus. Pour vous ça va devenir un tic, mais ce sera toujours du toc.
- Etc.
Jadis c'était les marionnettes de "Bonne nuit les petits"... Oscar le marchand de sable, avec Nounours, invitait Nicolas et Pimprenelle à sombrer dans leurs rêves !
Aujourd'hui, ce sont des policiers gentils ou rigolos des séries télévisées qui veillent tous les soirs sur bien des chaines et vous enchainent dans l'addiction aux "séries" en X épisodes de Y saisons... ils veillent surtout sur votre tranquillité télévisée. Ce n'est que de la fiction ; restez tranquilles. Elle est juste là pour entretenir votre conviction que le monde est bien dangereux, et pas seulement dans la banlieue marseillaise, jusque dans les cours de châteaux et chez les derniers héritiers de "grandes familles"... Méfiez vous les uns des autres, soyez "voisins vigilants" et souriez en faisant coucou aux caméras de surveillance et en croisant les vigiles de la supérette...
Elle est belle la France du couple de duettistes Macron - Le Pen !!!
Pour ma part, je préfère celle de Ferrat !
... avec une chanson chargée d'espoir vieille de plus d'un demi-siècle.
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu'elle monte des mines, descende des collines
Celle qui chante en moi, la belle, la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
