lundi 29 juillet 2013

T'as pas 100 balles ?

C'est la dernière commande de la patronne des patrons au gouvernement qui aura bien été entendue.
Parmi les dispositifs dits de "relance" le CICE (Crédit d'Impôt Compétitivité emploi) permet aux entreprises de réduire leur contribution fiscale en fonction du nombre de ses salariés rémunérés en dessous de 2,5 SMIC. 20 milliards sur deux ans de cadeaux fiscaux aux entreprises, ça sert à quoi ? Théoriquement cette mesure aurait dû aider les entreprises brisées par la concurrence à bas coût, empêcher des délocalisation, revitaliser le tissu productif français...
Heureusement que les gros cerveaux qui les conseillent et les élus qui font la loi ne sont pas surveillants de baignade !
Un coup d’œil sur les effets du CICE permet au Canard d'enfonce quelques portes ouvertes en révélant que ce fameux dispositif profite pour 80% à des entreprises de service qui ne craignent pas la délocalisation comme La Poste (230 000 des 268 000 salariés sont à moins de 2,5 SMIC) qui va empocher 500 millions d'euros en deux ans. Les grandes surfaces de la distribution ont aussi tiré la queue du Mickey... La SNCF, EDF et les marchands de gaz... Et là on est convaincu que ce dispositif est un bel outil de promotion des bas salaires : moins vous payez les travailleurs et moins vous payez d'impôts ! ... du coup l'Etat devra récupérer quelques euros supplémentaires dans la poche des travailleurs pour assurer le confort des parlementaires penseurs de lois.
Là où l'insupportable ne fait plus sourire de tant d'incompétence, c'est quand on constate que les établissements de santé public n'ont pas accès au bénéfice de cette mesure alors que les cliniques privées vont s'en gaver...
Là où l'insupportable exige une dénonciation radicale, c'est quand le ministère des finances déclare dans une note que "l'administration fiscale ne contrôlera pas l'utilisation du CICE" (cf. article du Canard) !
Après ça comment s'étonner que les Conseils Régionaux ou Généraux soient généreux de fonds publics avec les entreprises sans contrôle de leur usage ?
Et par dessus le marché il faudrait croire à la "dette publique" !

vendredi 19 juillet 2013

Valeurs

64 millions d'euros déboursés pour s'attacher les service d'un jeune footballeur...
Combien de jeunes sur-diplômés en CDI chez Paul Emploi ? Et les rapaces qui vont vouloir les "employer" après des années de galère vont avoir le culot de prétendre que leur "employabilité" n'est pas garantie par leur formation qui date... à mettre en formation à la charge de la collectivité avant d'en profiter à bon marché ! 
Mais de cela toutes les régions de France, quasiment toutes gouvernées par des socialistes, ne s'en émeuvent guère; elles en redemandent même en terme de "compétences formation" et d'action économique, juste histoire de faire migrer un peu plus des ressources publiques dans les coffres privés.
Il n'y a pas de "trou de la sécu", pas plus que de déficit des régimes de retraite, pas plus que de "déficit public" dans un monde où le seul sport qui vaille se joue entre les bourses à la vitesse de la lumière : la spéculation financière. Et la finance mondiale est dopée jusqu'à la moelle à coup de transfusions d'argent public, ici pour renflouer les banques, là pour abonder des trésoreries défaillantes ou simplement s'acheter les bonnes grâces de généreux donateurs ; les prochaines élections ne sont jamais loin.

Pour être généreux, mieux vaut donner l'argent des autres.

Aujourd'hui le monde est fou dans l’étiquetage des choses. 
Les crampons d'un homme sandwich vaudraient mieux que les doigts du pianiste...
Les pharmacies ambulantes des pistes d'athlétisme ou des routes à bécanes vaudraient mieux que l'engagement d'un enseignant ou d'une infirmière...
... et trois pétards bien plus que la retraite des vieux.

Dans ce monde du père Ubu, rien d'étonnant à ce que la banque consente l'équivalent d'un an et demi de retraite de mamie paysanne en subvention pour faire la fête... L'animation d'un jour vaut toujours mieux que le travail de tous les jours.

Dans le calendrier hexagonal, on n'est jamais bien loin d'une échéance... électorale.

Avec 64 millions d'euros on doit pouvoir paver plus de 250 kilomètres de route de pièces de 1 euro... et remplir les tribunes du Parc des Princes Quataris
Avec 5000 euros on n'en fait pas 20 mètres ! 
Le monde n'est-il pas fait que d'inégalité pour ceux qui ne savent définir leur liberté qu'au détriment de celles des autres. Quant à la fraternité... 

Marx avait bien raison :
« Il n’y a qu’une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts et toujours plus d’impôts.  »

mercredi 17 juillet 2013

L'empire du milieu

Le débat fait rage chez les élites politiciennes autour de l'acte III de la "décentralisation...
Sans avoir jamais osé réfléchir aux effets des mesures prises dans les deux premières phases du processus il est aisé de gloser sur le miracle ou le cataclysme du troisième... Du coup, on ne cause plus que de ça ; pas d'hier avec Raffarin ou  avant-hier avec Deferre, mais plutôt de demain.
L'effet lexical le plus flagrant est sans conteste l'assaisonnement à toutes les sauces, chaudes ou froides, salées, sucrées, du "territoire" ! aujourd'hui aucun discours ne peut passer la rampe des médias s'il ne conjugue pas toutes les trois virgules un "territoire".
"Notre territoire qui êtes aux cieux
que votre nom soit ..."
En un temps où le culte de la personnalité suffit au bonheur des politiciens de tout poil dès lors qu'ils ont marqué les quatre coins de leur "territoire" cette nouvelle entité mériterait bien d'être définie. Et pour commencer peut-être pourrait-on demander à nos édiles ce qu'ils entendent par territoire national... Non pas au sens des nostalgiques de Vichy qui faisaient commerce de barbelés pour tracer la frontière ; mais plutôt pour s'assurer que la puissance publique de l'Etat existe encore, ne serait-ce que pour garantir un soupçon de liberté pas trop surveillée, une once d'égalité preuve par l’arithmétique, et accessoirement le minimum de fraternité qu'un humain peut revendiquer sans bêler en troupeau.
Et c'est bien là que le bât blesse ; car le moins d'Etat, dogme commun de la droite à la gauche socialiste au moins paraît alors pour ce qu'il est, et n'a jamais cessé d'être, le dogme du patronat et du capital réunis qui fait courber l'échine aux peuples.
"L'Etat n'a plus d'sous !", c'est la ruine ma pauv' dame, il faudrait moins de fonctionnaires... La berceuse chantée par tout ce que le pays compte de réactionnaire, ringard et poussif du neurone a même endormis les plus braves. Il faut ainsi que le débat sur le troisième acte de la décentralisation qui porte entre autre sur la métropolisation, fasse découvrir à un responsable du parti de Mélenchon que "la compétition des territoires prend le pas sur la solidarité"...
Et Clémentine Autain de découvrir que "la ville est l'espace de politisation" !
Pauvrette ! Les campagnards sont rustres et suffisamment mal équipés pour avoir conservé une longueur de retard sur les politicien(ne)s d'opérette de "LA VILLE". Certains avaient jeté aux orties la lutte des classe il y a déjà bien longtemps ; cette grande dirigeante de la FASE invite maintenant à "ne pas ressasser juste le rapport capital travail" ! Peut-être faudra-t-il, dans la grande aventure de la ville comme espace de politisation confier les urnes au chef de tribu de la "fête des voisins".
En tout état de cause, et au risque d'une ringardise qui ne se décolore pas, il faut encore exiger que le travail alimente la pensée politique et que le lieu de travail, à la ville  comme à la campagne soit le premier laboratoire de l'idée politique.
C'est le travail qui fait société, et qui par la diversité fonctionnelle qu'il impose fait prendre conscience de la nécessité des mécanismes de "péréquation", de "mutualisation", de tout ce que doit faire lm"Etat en démocratie pour assurer l'égalité à ses citoyens, premier chaînon de leur liberté.
Sans cette exigence simple, la place est ouverte au nouveaux seigneurs d'un nouveau Moyen Age, en attendant une nouvelle Renaissance, un nouveau temps des Lumières et la Révolution qui s'en inspirera...
Et dans tout ça, n'en déplaise à Clémentine Autain, le sens politique poussant aussi dans nos prés et dans nos jardins, les oubliés de la République des campagnes de France feront savoir bientôt ce qu'ils pensent de ces gesticulations. Ce serait dommage qu'ils adoptent le plus beau modèle de la réussite de la politisation dans "La VILLE" dessiné l'évolution du taux d'abstention.
Aux urnes citoyens... Les urnes aux citoyens !
Des villes-Etat ? NON !
Des régions-Etat ? NON plus !
Des communautés, pays, bidules ? Pour quoi faire ? 
Un Etat maître et garant de l'égalité et de la liberté des citoyens... avec la proportionnelle intégrale à tous les niveaux sur des scrutins de listes... c'est pourtant simple, et à chaque échelon "territorial" le "territoire" prend son sens, non pas en opérant à la place de l'Etat et sans ses moyens, mais pour l'Etat et avec ses moyens.
Transports, logement, santé, énergie, culture... tous les incontournables du Service Public disparaîtraient des étals poussiéreux des brocantes du capital pour faire chanter les couleurs de la République.un soir de 14 juillet !


dimanche 14 juillet 2013

Un tour de tragédie

Parmi les festiv'étés certains passent par Avignon, par La Chaise Dieu ou par Arles. D'autres sacrifient à la communauté festive sur la route du Tour. 
Que n'a-t-on pas dit de "La grande boucle" et de ses "héros-forçats de la route" ?
La "petite reine" est un peu au monde sportif ce que "le piano à bretelles" est à celui de la musique, une conquête populaire. Un morceau d'émancipation.
Dans les loges du chœur de Rolland-Garros un silence religieux couvre de son blanc les "han !" et les "ploc !" des thuriféraires et de leurs hochets. Et quand bien même l'émotion gagnerait, le grand diacre perché qui prêche en chaire dans son code chiffré rappellerait bien vite les mécréants égarés à plus de discrétion.
Sur la route du tour le bruit est déjà dans les esprits avant de faire vibrer les bas-côtés, le paroxysme étant au passage aussi fugace qu'attendu des coureurs ; et ce n'est qu'après que le silence gagnera avec les sièges qu'on plie. Même les souvenirs des bouchons qui sautent, des chamailleries des gamins se disputant deux bricoles jetées en pâture par la caravane publicitaire, des coups de soleil, des coups de gueule vont faire du bruit sur la route du retour.
Evénement sportif, le Tour de France en vélo doit bien l'être un peu, un peu trop haut niveau même quand on voit les athlètes passer en belle côte à la vitesse que le quidam atteint péniblement en descente. Des hommes d'exceptions juchés sur des machines qui ne le sont pas moins font briller quelques éclats fugaces dans le déchaînement chamarré du spectacle. 
Aux jeux olympiques de la publicité les trois marches du podium sont raflées par le Tour avec la pub en vrai grandeur de la caravane, la noblesse des hommes sandwich en vélo et la foule des manants sur l'accotement qui s’accoutrent volontiers des mêmes armoiries que le seigneur dont ils brandissent fièrement l'oriflamme au passage.
Que se passe-t-il dans l'esprit de celle qui agite le fanion Cofidis pour oublier son surendettement ?
Qu'est-ce qui peut bien motiver celui qui porte fièrement le drapeau de la Française des Jeux en croyant qu'un jour viendra où il rejoindra Bernard Arnaud au firmament grouillant  des milliardaires sans se poser la question de la date de son départ en retraite de chez Wuitton ?
Et le gamin qui arbore fièrement le maillot à pois rouge sponsorisé par Carrefour sait-il comprendre pourquoi sa mère ne fait plus les course qu'au magasin discount quant elle n'est pas réduite à rejoindre les Restos du coeur ?
Le "Tour de France" est bien la plus grande manifestation populaire du pays et probablement une grande d'ailleurs aussi. D'inspiration sportive, elle est passée subrepticement dans le monde du spectacle, comme le foot et bientôt le rugby... L'alibi sportif ne masque plus de trop banales opérations financières, des machines à engraisser de fric, accessoirement sur de la chair humaine. Les affaires de dopages y sont aussi intimement liées que les trafics en tous genres à la misère.
Faut-il s'en satisfaire ? Faut-il rester indifférent ? Faudrait-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
Certainement pas en considérant celles et ceux dont la sueur perle longtemps dans l'ombre, les "régionaux de l'étape" comme ils disent, ceux qui rêve d'être en haut de l'affiche, celles et ceux sans qui les quelques uns qui sont promis à la victoire n'accompliraient pas leur exploit...
Le Tour a tout de la tragédie, son sens et son organisation.
Premier acte, c'est la présentation des personnages et de la situation, le prologue, le "village départ"...
Deuxième acte, c'est l’évènement qui perturbe, l'échappée belle...
Troisième acte, le peloton réagit, les maillots se ressaisissent, de nouvelles alliances se nouent...
Quatrième acte, l'écart s'étiole, le petit aventureux n'échappera pas plus à son destin de faiblesse que les puissants qui le coifferont sur la ligne, normalement vainqueurs.
Cinquième acte, c'est le temps du dénouement final, le spectateur peut reprendre sa respiration après qu'il soit maintenant sûr que personne n'a échappé à son destin, les "dieux" sont venus régler les choses, qui, même paraissant injustes devront être supportées.
C'est le rôle pédagogique de tous les grands cirques, de tous les grands jeux, de tant de manifestations aujourd'hui qui, comme hier, n'ont d'autre but que de chloroformer les consciences, et d'éviter la rébellion des faibles et des opprimés en leur inculquant la fatalité de leur triste destinée. 
Panem Panem et circenses...
Ils n'étaient pas si fous ces empereurs romains qui avaient compris qu'en donnant du pain et quelques distractions ils s'épargnaient les justes colères du peuple.



Tout compte fait, à 2000 euros la roue en carbone et quelques milliers de plus pour habiller un cadre de quelques accessoires, la machine n'est pas si chère... Sans moteur il est vrai qu'il est humain de payer par ailleurs ! Les voitures suiveuses des équipes portent sur leur toit pour plus cher qu'elles ne coûtent. C'est bien là le triste sort des bêtes de somme qui s'illustre ! La vie...
Et puis le vélo, ça ne se perd pas ! la première libération n'est-elle pas pour ceux qui passent par là de s'affranchir des "petites roues" pour gagner définitivement son équilibre dans le mouvement. Un raccourci de la vie en démocratie pour celles et ceux qui préfèrent la rude fraternité du peloton aux échappées solitaires sous les vivats de la foule spectatrice.
Mais aujourd'hui, dans la vie comme sur le tour les drapeaux ne sont-ils pas trop frileusement repliés pour ne pas effrayer l'ombre du sport qui passe devant les isoloirs vides de ceux qui scrutent un avenir aussi flou que l'image du pouvoir politique.