Dépêche de l'AFP
"PARIS — Marie-George Buffet n'a pas exclu mardi la possibilité que le Front de gauche, qui réunit le PCF et le Parti de gauche, présente un candidat commun à la présidentielle de 2012, ce qui correspondrait aux attentes des partisans de Jean-Luc Mélenchon, probable candidat.
..."
Pas d'inquiétude, on en discutera après les régionales...
Le front de gauche n'est pas un parti.
Le front de gauche présente des candidats aux élections européennes, aux régionales, bientôt aux présidentielles et aux législatives... en attendant la version light pour les élections cantonales et municipales.
Fédérant le PCF, le tout nouveau Parti de Gauche et la Gauche Unitaire, frange unitaire du NPA, le front de gauche est donc bien l'outil d'une stratégie politique de rassemblement à gauche.
Mais le cocktail n'est pas très équilibré dans sa composition. Bien qu'affaibli le PCF représente quand même une force politique considérablement plus conséquente que le parti de gauche, et encore bien plus que le courant unitaire du tout nouveau NPA.
D'un côté un très vieux parti, chahuté par l'histoire et qui doit regarder loin dans le rétroviseur pour retrouver son heure de gloire; de l'autre deux petites formations toutes neuves issues de scissions à la marge gauche du Parti Socialiste et à la marge unitaire de l'extrême gauche : l'assemblage est pour le moins déséquilibré; mais il est aisé de voir que le PCF charpente cette construction, ne serait-ce qu'avec le réseau de son organisation et de ses élus que ses partenaires du front de gauche sont bien en peine d'avancer. Il y a bien sûr plusieurs façons de voir les choses; le PCF en parent avisé peut tenir par la main deux jeunes enfants qui ne demandent qu'à grandir en apprenant de sa fréquentation. D'autres y verront le vieillard à la marche hésitante conforté dans sa démarche par les deux béquilles qu'il s'est procurées. D'autres encore y trouveront la recette du pâté d'alouette, l'oiseau Mélanchon se taillant la vedette sur le dos de son vieux partenaire (on entend plus souvent parler du Front de Gauche de Mélenchon que du front de gauche de Marie-George Buffet !).
Pour moi la bonne approche tient à la fois de toutes ces visions. Le Front de Gauhe est un peu la boule à facettes qui démultiplie les éclats lumineux, d'où qu'ils viennent, en les détournant au profit d'une ambiance captivante mais qui ne dessine pas d'image communément lisible.
Pour éviter qu'elle ne se transforme en miroir aux alouettes il est IMPERATIF pour toutes les parties prenantes de clarifier leurs positions idéologiques propres pour que le sens de l'union soit clairement décrypté et qu'il charpente l'argumentaire de l'adhésion au projet "front de gauche". En un mot qu'est-ce que chacun met dans le pôt commun qui identifie sa contribution d'une part (c'est ce qui fait qu'on existe par rapport aux autres dans l'assemblage), et qu'est-ce qui est apporté par chacun pour faire le neuf (c'est la part de matériaux et de méthode mise en partage pour produire la nauveauté commune)?
En disant cela je vous dis ma conviction de la nécessité des partis. Certains prétendent ringards et vieux pour s'affranchir de leur exigence d'engagement et de rigueur au profit de consensus mous à géométrie variable seuls propices à l'accaparement personnel du fait politique. Je vous dis aussi ma méfiance face aux "mouvements" donnés comme modèles "modernes" de la politique.
L'épisode "Programme commun" en 1972, et d'autres exemples en passant très récemment par l'opération "Bouge l'Europe" de Robert HUE, l'aventure des "collectifs anti-libéraux" encore dans toutes les mémoires, depuis un demi siècle la vie politique à gauche est rythmée par les hoquets de l'union. Le phénomène "Front de Gauche" en est un nouvel épisode. Et il faudrait faire preuve d'une prétention bien excessive pour considérer qu'on a trouvé là la "pierre philosophale" que des générations de niaises et de nigauds avaient foulée dans jamais se baisser pour la ramasser.
Miterrand avait ressorti le "socialisme" des miasmes de la SFIO pour s'en faire avec le congrès d'Epinay l'outil de conquête du pouvoir en passant par la FGDS... et en précisant à l'époque devant l'internationale socialiste à Vienne son intention de ramener l'influence du PCF en France à moins de 5%. Mission accomplie !
C'est toujours ça que Mélenchon n'aura pas à faire.
Que faudra-t-il en penser ?.
Je vous ferai part de mon avis ici bientôt, dès après le 21 mars !
En attendant, faites-vous votre opinion en lisant la dépêche de l'AFP ICI, et n'hésitez pas à poster vos commentaires.
Communiste dans tout ça... L'ouverture en grand des portes et des fenêtres de la maison commune risque fort de créer quelques courants d'air ! Le front de gauche porte le germe intéressant du rassemblement à gauche, mais la vertu électorale de l'objet en limite bien les perspectives.
A quoi ça sert d'être adhérent et militant du parti communiste dans un paysage où l'exercice électoral lui échappe ?
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