dimanche 21 février 2010
Mieux vaut tard que jamais...
Faire des collectivités des pôles de résistance à la politique dévastatrice de Sarkozy…
La campagne des régionales a été révélatrice pour beaucoup à gauche et même d'élus de gauche de la faiblesse du mandat précédent :
Toutes les régions sauf deux dirigées par la gauche, et on parle aujourd'hui de faire des collectivités territoriales des pôles de résistance ! C'est bien le moment d'y penser !
Toutes les collectivités territoriales, et en particulier les régions et les départements gémissent face aux difficultés budgétaires insurmontables que leur fait l'Etat dans sa pratique de transfert de compétences sans compensation de ressources fiscales équivalentes. Les un font s'égrener les millions d'euros manquants au fronton du Conseil Général, d'autres vont en justice pour en récupérer, tous le disent et l'écrivent… Cette situation n'est guère surprenante, elle était inscrite dans le processus de décentralisation porté par l'idéologie du "moins d'Etat" partagée par la droite et le pôle réformiste social démocrate.
Mais les collectivités n'ont-elles pas été satisfaites d'augmenter leur périmètre de compétences dans l'illusion qu'elles conforteraient par là même le pouvoir local et la responsabilité des élus. La déception est grande aujourd'hui lorsque ces derniers font le constat amer qu'ils n'ont plus de prise sur presque rien et que la politique qu'ils mènent leur est largement dictée par les contraintes du désengagement de l'Etat.
Sacrée découverte !
Dans le seul domaine des transports, on peut se féliciter de certains progrès dans un paysage d'une grande diversité ; … de grand désordre pourrait-on dire parfois lorsqu'on constate les articulations hasardeuses des communications inter régionales. Avec la privatisation en perspective serions-nous très loin de la mosaïque des réseaux multiples d'un siècle en arrière ? Une époque où le tortillard des chemins de fer économiques avait son utilité pour les gueux des campagnes sans partager la gloire du « train bleu ». Aujourd'hui Thalys ou Eurostar font figure de trottoirs roulants entre les quartiers d'affaires de Paris, Londres ou Bruxelles, quand nos campagnes ont quelques cars poussifs en guise de TER.
Est-il vraiment idiot de penser que l'organisation des transports tiendrait sa cohérence et fournirait un service égal et équitable aux citoyens de ce pays dans la mesure où elle s'opère à l'échelle du pays sous une maîtrise publique. Sauf à abandonner d'idée d'une péréquation effective entre des régions de développement et de ressources très inégales la réflexion devrait plutôt porter dans ce sens. L'échelle européenne est aussi pertinente pour asseoir le maillage de plus grande échelle et une organisation cohérente et efficace de l'inter modalité des transports aériens, ferroviaire, fluvial, maritime et routier.
Le processus de démantèlement des bases de la démocratie républicaine à la française est si bien engagé que les élus qui l'ont accompagné au fil des restructurations territoriales, communautés de communes, d'agglomérations, pays, etc., ne prennent conscience des dégâts qu'après qu'ils soient faits. Tout ça a conduit à une république de sénateurs dans laquelle les choses sérieuses se traitent entre élus d'élus, de plus en plus loin des citoyens et de leur contrôle. C'est une autre façon de conforter un comportement qui privilégie l'entre soi dans une multitude de structures supra locales et d'associations d'élus de toutes sortes (associations basées sur les territoires d'élection, sur les obédiences politiques, sur la taille des collectivités, etc.) tout en négligeant jusqu'à les oublier entre deux échéances électorales les organisations politiques. Les partis dont la constitution consacrait le rôle essentiel d'animation de la vie démocratique, ne survivent aujourd'hui que rangés au rang des accessoires au service des élus, et ceci quels que soient les courants politiques, à gauche comme à droite ou au centre. Aujourd'hui la réforme territoriale de Sarkozy, avec les effets délétères qu'elle prépare n'est que l'aboutissement d'un processus piège posé depuis longtemps, mais qui est en train de se refermer.
Que les conseillers territoriaux soient à la fois conseillers généraux et régionaux arrive comme une forme de consécration du cumul des mandats... Qui n'a pas entendu soutenir qu'un mandat départemental, régional, national ou européen se concevait bien appuyé sur l'expérience et la complémentarité d'un mandat plus local ? La situation parlementaire française l'illustre bien : 259 des 577 députés sont maires, 21 sont présidents de conseil général, 8 sont présidents de conseil régional; 121 des 331 sénateurs sont maires, 32 sont présidents de conseil général, 3 sont présidents de conseil régional et pratiquement tous les parlementaires sont conseillers municipaux, généraux ou régionaux. De plus, 85 % des députés et 81 % des sénateurs exercent un autre mandat électif et seuls 68 députés (12%) et 68 sénateurs (21%) ne disposent d'aucun autre mandat (15% de l'ensemble des parlementaires).
Pour s'en inquiéter vraiment peut-être encore faut-il se souvenir des phases d'élaboration des candidatures aux élections à quelque niveau que ce soit ?
Quant à la réduction du nombre des collectivités, c'est un autre débat sur le même thème... Mais dans quel état sont elles rendues aujourd'hui dans les territoires ruraux et dans les grandes banlieues ?
Besoin de changement ? Oui mais du vrai, à gauche, et vraiment à gauche !
Les vitamines et autres médecines dont la démocratie a besoin aujourd'hui ne se trouvent pas dans les produits de synthèse consensuelle des alliances toujours conclues sur le plus petit commun dénominateur dans la fièvre des échéances électorales. Elles résident plus surement dans la réhabilitation du débat politique, de l'espace de culture idéologique que constituent les organisations et qui est aujourd'hui livré à la friche.
Les supporters ont peut-être leur place dans les tribunes des stades, pour la démocratie en politique c'est autre chose, on a besoin de citoyens et de militants qui réfléchissent avant d'applaudir. C'est à ce prix que la démocratie redeviendra participative ou active comme on l'invoque parfois.
Communiste dans tout ça... Les partis politiques dans leur ensemble ont mal vieilli dans le dernier demi-siècle. Le seul qui ait tenu le coup plus longtemps était le Parti Communiste Français. Toutes les autres formations importantes avaient changé au gré des appétits de leurs leaders, chacun se forgeant l'outil de sa prise de pouvoir. De Gaulle, Giscard, Mitterand, Chirac et Sarkozy en furent d'illustres artisans. Dans la dérive monarchique de la république les élus de tous les niveaux ont asservis les formations politiques aux besoins de leur petite aristocratie avec tous les attributs des conflits de cour, petites trahisons et alliances opportunistes. Pour sa part, le parti communiste souffre aujourd'hui d'une difficulté plus grande dans le rôle subalterne qu'il se donne au niveau national, contraint dans une stratégie dite d'ouverture de s'attacher quelques prothèses pour équilibrer l'assemblage incertain des tendances qui l'animent, il voit son fond idéologique s'effilocher pour ne pas déplaire aux marges qu'on convoite, et en l'absence de gouvernance nationale il entretient des comportements dissonants dans les temps d'élection. Il serait grand temps de redonner au communisme -qui n'est pas d'un autre âge- l'organisation capable de le promouvoir et de rassembler celles et ceux qui veulent vraiment changer la vie hors des sentiers capitalistes.
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