lundi 19 août 2019

Le grand géographe

Son éminence Macron 1er reçoit Wladimir (la moquette susurre qu'il le tutoie !)...
Et Poutine rencontre son homologue dans sa résidence d'été (le tapis dit qu'il le vouvoie !)...
Après tout, qu'ils soient à tu ou à vous... peut me chaut !

Mais, sans doute émoustillé par la fréquentation d'un de ses pairs maître d'un bien grand territoire, notre Jupiter national s'est fendu d'un compliment diplomatique sur fond d'assurance géographique qui doit rendre pantoise la tectonique des plaques.
Ne voilà-t-il pas que la Russie entre tellement dans le projet européen de Macron que désormais l'Europe se mesurera "de Lisbonne à Vladivostok" !!!

Quelle déception pour beaucoup qui vont désormais s'en sentir étrangers mais bénéficiaires à l'ouest dans les mangroves guyanaises, au sud dans la Plaine des Cafres réunionnaise ou dans quelques terres australes conservées des colonies...
Si Macron parle de l'Union européenne, comme l'empire britannique jadis, jamais le soleil ne s'y couche au dire des bailleurs de subsides communautaires, et les frontières de Lisbonne ou de Vladivostok sont du coup bien étroites.
Mais s'il se veut géographe, n'a-t-il pas tout faux, comme en choisissant son ministre de l'éducation qui n'a de cesse de déglinguer l'enseignement d'histoire-géo, une discipline qui, un peu comme la numérotation des départements repérée sur les plaques minéralogiques, fondait jadis une petite culture commune de la connaissance du monde...
Mais au fond que le maître d'en marche ait perdu le nord n'étonnera personne, la seule boussole qu'il ait conservée, c'est celle de la banque Rothschild.

dimanche 18 août 2019

Anniversaire oublié !

Le 11 avril dernier, elle a eu ses cent ans !







Née de neufs pères & mères, c'était un beau bébé !


Et pourtant personne n'a bronché pour fêter son valeureux anniversaire... Pas le moindre petit mot, ni fleurs, ni couronne !
J'imagine qu'elle a dû finir sa journée comme la veille et les autres lendemains depuis tout autant silencieux, dans sa retraite genevoise.
Les anciens s'en souviennent, en 1946 on l'avait réveillée, porteuse de tant d'espoirs, généreuse d'universelle humanité... Et sa famille s'était alors agrandie !

1919, 1946... Faudrait-il, pour rallumer l'espoir de ses créateurs, satisfaire à l'abominable rite ponctuant son existence qui font qu'elle ne sait vivre ou revivre qu'au soir cauchemardesque d'un cataclysme guerrier ?

Va-t-il falloir attendre que Trump et Poutine et Macron allument le feu qui couve en tant de points du monde et qu'un nouvel embrasement fatal soit digne des deux autres qui, après avoir saigné l'Europe des ses jeunes paysans pour les remplacer par les machines venues d'ailleurs avaient aussi consacré la fortune des maîtres de forges qui savent aussi bien la faire du fer des charrues que de celui des chars ?

La macronie, pas plus que toutes les autres sectes chez qui l'art de la photo se résume au selfie, ne fête pas le travail, ils ne se désaltèrent que la sueur essorée des travailleurs.
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Le 11 avril 1919, était née l'OIT
Pour se donner les instruments du "Plus jamais ça !", et avec une vision basée sur le principe qu'il ne saurait y avoir une paix universelle et durable sans un traitement décent des travailleurs, l'organisation s'était donné pour mission de rassembler gouvernements, employeurs et travailleurs des États-membres dans le cadre d'une institution tripartite, en vue d'une action commune pour promouvoir les droits au travail, encourager la création d'emplois décents, développer la protection sociale et renforcer le dialogue social dans le domaine du travail...

Jaurès, Barbusse, Brizon ou Montusès, votre siècle aurait-il passé sans que les hommes n'aient rien appris de leur histoire ? 

N'est-ce pas pour les mêmes indignes desseins que l'enseignement de l'histoire souffre du sort qu'on lui fait afin que les guignols du théâtre de marionnettes dans leur castelet du pouvoir l'instrumentalisent à leur guise au prétexte des commémorations.

Bonne ânée

La pensée présidentielle, -pour ce qui en est rapporté et commenté dans les médias-, confirme l'autisme du banquier qui nous gouverne. Droit dans les bottes de l'argent qui l'ont mis en marche, il a confirmé ses ambitions réformatrices visant à dégueniller la protection sociale et la fonction publique qui faisaient la charpente de notre république sociale. Et, pour faire bonne mesure il fustige les fauteurs de trouble dans le monde feutré qu'il dessine aux actionnaires de sa petite coterie.
Mais alors que diable va-t-on devoir faire de tous ces pauvres bougres délinquants en puissance, d'ailleurs souvent simplement pauvres ?
Déjà les pauvres bougres d'ailleurs ne sont pas très bien venus, y compris quand ils viennent de terres invivables où nous entretenons la guerre au prétexte de lutter contre le terrorisme.
Pour celles et ceux qui s'en inquiètent il est bon de réfléchir à l'efficacité pacificatrice des guerres que les occidentaux ont menées, ne serait-ce que depuis les épisodes afghans et l'éternel bourbier moyen-oriental.
Pour ce qui est de la pauvreté maison, Macron s'était fait fort d'éradiquer les sans-abri qui dorment à l'abri du ciel de Paris... Il s'est tellement fait fort qu'il suffit de sortir d'un ciné du forum des Halles le soir pour vérifier que rien ne change pour les pauvres bougres, jeunes ou vieux, hommes, femmes et aussi enfants qui s'affichent sur cartons et couvertures comme autant de hontes de notre république du déshonneur.
Les "gilets jaunes" manifestent, et les "casseurs cassent"... Pour le président tous ceux-là qui vocifèrent et le vouent aux gémonies ne fréquentaient guère les couloirs de la banque Rothschild ; Ils les découvre comme autant d'anomalies dans son monde... que convient-il d'en faire ?
Il avait bien pris conscience dans les grandes écoles de la République qu'il était urgent de purger les services public de tant de fonctionnaires et de services inutiles à ceux qui ont tout ; et, depuis que le dieu du fric l'a envoyé sur terre pour réaliser les 12 travaux du ridicule il s'y emploie avec opiniâtreté.
Le seul embarras pour lui, c'est de se débarrasser des restes. Il lui faut planquer la poussière sous le tapis en faisant lever le nez aux badauds qui l'écoutent.
Une maternité fermée c'est toujours ça de gagné... On prétexte le manque de sécurité pour la mère et l'enfant ! Et là où Macron passe l'insécurité trépasse : la mère accouchera au mieux dans l'ambulance des pompiers si jamais les pompiers arrivent à temps.
Les usines ferment, ça crée de l'emploi ! Les retraites baissent, ça dynamise la consommation !
Sans compter la batterie de cuisine Benalla qui frelinte à chaque occasion histoire de signaler le prochain passage à la télé de notre président Pinocchio...
Sarkozy avait peiné à finir son mandat et avait raté son refrain. Hollande n'a même pas pu entamer le second couplet...
Comment imaginer que dans le même moule dévastateur pour la République Macron puisse même arriver au bout de son CDD de cinq ans ?
Les grands chantiers de 2019, réforme institutionnelle, retraites, fonction publique, assurance chômage, PMA, laïcité et loi de 1905, avec leurs cortèges de régression sociale et démocratique vont-ils enfin ouvrir les yeux et les consciences des citoyens autrement que pour les précipiter comme moutons de Panurge dans la gueule de l'extrême droite ?
Comment l'épisode électoral du printemps européen peut-il éclaircir ou troubler les consciences ?
Autant de questions qui devraient mettre en éveil celles et ceux qui ont encore les moyens de résister, les mobiliser pour élever la barricade salvatrice de notre République. Qu'importe la casaque de ses défenseurs dès lors qu'ils y brandiront le rouge du feu stop pour protéger les trois drapeaux de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Macron charge la bourrique, aux citoyens de lever le cul pour se décharger de la misère de tous qui n'est faite que des privilèges de quelques uns.

Pas de chance ! Le ciel s'obscurcit de nouveau avec la perspective des élections municipales de mars prochain et des sénatoriales qui suivront...
Ah mon bon maire ! surtout pas de vague susceptible d'éloigner de ton bord quelques électeurs inquiet...
Le bal des prétentions va bientôt s'ouvrir, et, enfin, nos très chers édiles vont pouvoir se consacrer à la seule tâche qui vaille : leur ré-élection.
D'ici mars prochain, plus de rues en chantiers, tous les rubans seront coupés et le temps des éloges les verra tous s'acharner à repeindre couleur consensus leurs perspectives ambitieuses.
Chacun aura choisi sa veste retournable, côté imperméable à l'endroit, déperlant pour que glisse sans mouiller toutes les causes citoyennes trop engageantes et bardé de poches à l'envers pour satisfaire au rite empochiste des appétits indemnitaires.

Sans compter qu'à l'automne, les élus vont élire les meilleurs d'entre eux...
Et ainsi la vie ira son train de sénateur, Benalla, Gilets Jaunes, démissions fracassantes d'empochistes fracassés... "Plus belle la vie" dans la vraie vie, tous les codes seront respectés, et les jours ponctués des malheurs d'ailleurs ou des autres qui rendront plus douces les tortures de nos maîtres d'ici, et les récréations sifflées à l'heure dite pour quelque grande anesthésie collective olympique.

Liberté ?

Nouvelle vie, nouvelles pratiques, nouveau monde... IL semblerait que le temps soit à la rénovation, du sol au plafond dans notre vieux monde, geôle poussiéreuse et sombre... il faut absolument -disent-ils- LIBÉRER LES ÉNERGIES !
La pire des choses qu'il faudrait extirper des vieilles pratiques, l'habitude, les choses d'une norme alitée après tant d'excès. Aller à la Poste pour envoyer un courrier, dépassé... passer à la boutique SNCF ou au guichet de la gare pour prendre un billet, dépassé... passer par le secrétariat de mairie pour une petite formalité, dépassé... s'inviter dans une préfecture pour un service de l'Etat, dépassé...
L'hypermarché du service public est ouvert avec la "Maison de service au public". C'est comme au supermarché, tout y est des couches-culottes du marmot au vin cuit pour l'apéro, du stylo bleu pour le gamin au paquet de graines pour le jardin, de la carte grise de l'auto vendue à la démarche à la SECU !
Plus besoin de service de professionnels du service ; le paradigme est changé, ce n'est plus la chose qui est au centre mais l'usage, ce n'est plus la marchandise, mais le client.
On peut aisément rapprocher les partis politiques traditionnels ou les organisations syndicales des échoppes d'autrefois dans lesquelles se formait la chose et son partage, l'atelier dans l'arrière boutique et le comptoir derrière la vitrine, et les grandes rencontres des jours de foire... C'était un temps où le citoyen allait à la boulangerie acheter son pain et pâtes ou café chez l'épicier. C'était le temps de la militance et des forgerons des idées, des boutiques qui avaient un nom derrière lequel on trouvait de la professionnalité ou des convictions bien identifiées.
Aujourd'hui, l'heure est aux hypermarché et aux boutiques éphémères, à la circulation des porte-containers, et des rencontres virtuelles, réseaux sociaux, drive, flash-mob et applications.
Les choses n'allant pas nécessairement de soi dans la propagation de leur inhumanité, le système génère ses propres faire-valoir, circuits court, co-voiturage, naturel à tous les étages...
Mais au fond ce ne sont là que les derniers avatars d'un système à l'agonie qui tente désespérément de tirer profit de tout sans jamais se soucier du bonheur du monde autrement que par l'opulence de quelques uns nourrie de la misère de tous les autres.
Les nouveaux modes de consommation sont à rapprocher des nouveaux comportements citoyens ; l'individualisme tant prisé de la puissance aliénante est drapé de liberté - individuelle par nécessité - qui devient contrainte imposée ou consentie. Il en est ainsi de la "liberté d'entreprendre" tant prisée dans le temple de la modernité, celle qui a fait les auto-entrepreneurs, et "l'ubérisation" des activités...
Qu'en est-il des moyens matériels et des ressources humaines utiles à l'entrepreneur libre ? C'est la contrepartie dégradante des rémunérations dégradées, du temps et des conditions de travail dégradées... de la vie dégradée... Quand, curieusement, on en vient à constater que, pour que l'entrepreneur soit libre, il faudra en contrepartie que ceux qui sont utiles à l'accomplissement de son activité soient d'autant plus aliénés à sa conduite... Coupures et horaires décalés, temps partiels contraints, multi-activité... on prend soudain conscience de la marche inconfortable vers le progrès de l'humanité et la véritable émancipation des peuples. La lutte entre les forces antagonistes qui, de temps immémoriaux, oppose l'oppresseur et l'opprimé, l'exploiteur et l'exploité, le maître et ses esclaves, prend des formes nouvelles sans jamais s'éteindre ; et l'histoire passe par monts et par vaux au rythme des cycles tantôt favorables aux uns, tantôt souriants à l'espoir des autres.

Toujours est-il qu'aujourd'hui le paysage offert par la vie publique n'est plus guère accueillant à qui veut aiguiser sa pensée dans la confrontation des idées ; tout au plus reste-t-il quelques places en tribunes pour ajouter des badauds au spectacle codifié des marionnettes de la finance, dans les travées du Stade de France comme de l'Assemblée Nationale.

samedi 17 août 2019

L'ordre des choses

Au détour d'une visite la curiosité est parfois accrochée au mur...


Aux confins du Berry et du Nivernais, près du confluent de l'Allier avec la Loire, le village d'Apremont, -fort beau au demeurant après qu'il fut reconstruit de la fortune des Schneider- s'étend aux pieds du château, imposant édifice campé sur le talus de la rive gauche de l'Allier.
Comme dans tous les villages de France, au sortir de la Première Guerre Mondiale un monument a été érigé pour rendre hommage aux soldats "Morts Pour La France". Pour petit qu'il soit, le village d'Apremont est riche de deux objets mémoriels rendant cet hommage : une plaque est apposée au mur sud à l'intérieur de l'église, et une autre en stèle sur la place du village fait office de Monument aux Morts.
La plaque de l'église liste les victimes du grand carnage dans un ordre qui aurait un fumet d'Ancien Régime si elle ne mettait pas en tête la grande bourgeoisie des Maîtres de Forges devant le triptyque ordonné Noblesse, Clergé et "Tiers-Etat". 1793 était passé par là pour sceller le grand remplacement de l'aristocratie de la noblesse par la fortune de la grande bourgeoisie.

La plaque de la Place Publique est respectueuse de l'ordre alphabétique des patronymes.

Détail anodin ?
Pas si sûr... 
C'est un signe quand on rapproche les choses de leur temps, une génération à peine après que notre République ait légiféré sur sa laïcité, les stigmates de l'Ancien Régime resurgissent pour contester la majorité citoyenne du peuple et lui signifier sa sujétion à des forces qui lui échappent.

Ne devrait-on pas s'interroger quand, sous couvert du patrimoine, on voit se banaliser aujourd'hui l'affichage du fait religieux, ou proliférer les usages du thème de l'ordre policier ou militaire au point de faire de la violence un phénomène habituel et de la guerre notre triste ordinaire ?

Les châteaux (peuplés de chevaliers en armes...) comme les édifices religieux (des aumôniers accompagnant les morts vivants en uniforme...) ne manquent pas d'afficher leur richesse patrimoniale, tout en instillant leurs valeurs fondatrices sous le vernis transparent de l'industrie du tourisme.
Beaucoup plus rares sont les marques témoignant du travail et du génie des hommes industrieux, dans les fabriques des villes comme dans les champs des campagnes.

Les trois termes de notre devise Républicaine n'auraient-ils pas besoin d'être redorés aux frontons des édifices publics ? si tant est qu'il en reste ! 

... pour qu'enfin ils nous foutent la Paix, tant occupés qu'ils sont à faire briller leurs particules et leurs breloques.

vendredi 9 août 2019

Parenthèse estivale

Les grandes vacances font office d'éteignoir sur tous les brûlots allumés auparavant dans nombre de domaines, retraites, protection sociale, indemnisation du chômage, services publics, etc.
Le redécoupage des cantons à l'occasion du dernier renouvellement des conseils départementaux fait son chemin, les perceptions sont en sursis dans nombre d'entre eux ! et on annonce que les buralistes feront office d'agents du trésor... après le service bancaire, les billets de train, la poste et combien d'autres choses, voilà les marchands de tabac bientôt affublés de la compétence universelle du service public... Bientôt c'est là que seront opérées les consultations de télémédecine, et pourquoi pas une machine à voter Macron entre celle de la Française des jeux privatisée, celle du PMU et celle de la SNCF ! Quel progrès...
Il est vrai que dans l'ancien monde il fallait que les citoyens soucieux de servir public passent des concours pour être recrutés puis formés... avec quelques exigences en terme de professionnalisme et d'éthique !
Dépassé tout ça.
Le nouveau monde fait table rase de ces vieilleries... Les solutions qu'il profile sentent bien la naphtaline et le fric réunis.