vendredi 30 novembre 2018

Plus belle la vie...

... en Macronie !

L'histoire se passe en 2018, en France, mais en France rurale s'entend, celle des périphéries, que d'aucuns pensent des oubliés...
Oubliés ? pas du tout ! Les "âgés" comme ils disent - puisqu'il n'est plus question de "retraite" en Macronie, mais de "perte d'autonomie liée à l'âge"- sont toujours connus des services de impôts.

La perception d'à côté est fermée les trois quarts du temps, mais le Centre d'encaissement des finances publiques de Lille les connait bien de si loin.
Ce couple d'anciens paysans, métayers aux temps les plus anciens puis fermiers sur une grande exploitation d'une soixantaine d'hectares où travaillaient trois générations avec quelques commis aux champs et les femmes pour la basse-cour... Une vieille histoire qui leur valut, et non sans mal, d'obtenir la retraite à 60 ans, 5 ans plus tôt que la génération précédente... 
Quel privilège diraient en cœur Bernard Arnault, Carlos Ghosn et leur petit Gérald Darmanin...
Usés de partout et un peu cassés par des années de dur labeur, à 93 et 91 ans passés, ils leur faut bien de l'aide pour profiter toujours chez eux de leur petite retraite... Mais c'est encore leur bonheur, et celui de leur famille !
Bons citoyens, ils n'oublient pas de payer leur dû au Trésor Public. Mais s'ils ont découvert au fil des années l'eau courante et l'électricité à la maison, plus tard le téléphone public avant qu'il ne vienne se poser sur le coin du buffet, la télé d'une chaîne en noir et blanc au florilège éblouissant d'aujourd'hui avec BFMTV pour entretenir leurs angoisses, ils n'ont pas franchi le pas d'Internet... Ni smartphone ni tablette... Pas de profil Facebook ni de gazouillis sur Twitter... Leur réseau social se rétrécit avec l'âge qui en a tant vu disparaître de leurs vrais amis en chair en en os, mais le leur n'a toujours rien de virtuel autour de la table de la belote ou du café-brioche avec les voisins !
Or donc, ce couple de retraités s'acquitta en temps et en heure de ses taxes foncières avec un chèque bancaire que le la perception voisine accepta sans rien dire, sinon merci.
Or voici que le service lointain de Lille et son comptable public leur réclame le paiement d'une majoration pour n'avoir pas satisfait à une procédure de paiement dématérialisée...
Pénalité qu'on leur demande de régler dans les 30 jours, en ligne sur impots.gouv.fr ou par smartphone ou tablette...
Quant au montant, il est dit que la pénalité s'élève d'abord à 0,2% de la contribution (ce qui ferait dans le cas en question deux euros quarante centimes...), mais le guichetier de la taxe réclame un forfait minimal de 15 euros, ce qui correspondrait à un montant de taxe s'élevant à 7500 euros !

Bien sûr la loi est là, gravée dans les articles 1738.1 et 5, article 1681 sexies 2 du code général des impôts.
Et nul n'est censé ignorer la loi.

Personne ne doute d'ailleurs du bien fondé de toutes les écritures législatives au service des intentions du législateur ; pas plus qu'il ne faut douter de leur contrainte et nuisance appliquée au législaté dans notre nouveau monde en marche. 
Jadis la loi de la République pouvait être la garantie d'une protection des plus faibles en proie aux tyrannies des puissances politiques, religieuses, sociales ou économiques. Dans le nouveau monde, véritable révolution copernicienne; la hiérarchie des normes s'est inversée... Et la loi vient encadrer en garde-chiourme les écarts des manants dangereux depuis qu'ils sont passés du statut de "sans-dents" à celui "d'illettrés". Les lois Macron avant son ère présidentielles, et toutes les soupes législatives servies depuis n'ont eu de cesse de saigner les services publics au prétexte d'économies pour réduire le "déficit public" et de gratifier les plus riches de largesses supplémentaires avec la suppression de l'ISF, la flat-tax, le nouveau CICE, etc.
Le dématérialisation conduite à marche forcée pour désosser les services publics et les écraniser passe par là, on ferme les perceptions et on ouvre des "maisons de service au public"... Plus de professionnalité, ni de garantie d'un cadre statutaire... tout est dans "l'accompagnement" pour faire soi-même sa carte grise ou payer ses impôts... en ligne !
Le citoyen ne serait plus que numérique ; et bourrique qui ne l'est point !

Que viennent faire les 15 euros d'un vieux couple dans ce paysage ?

  1. Ils sont le signe d'une déshumanisation de la relation citoyenne au service de l'impôt (mélangé dans le dictionnaire macronien avec tout et n'importe quoi sous l'étiquette générique des "prélèvements"), si vous avez froid tapez un, si vous avez faim tapez deux, si vous avez compris revenez demain...
  2. Ils manifestent le peu de considération des décideurs, élus comme administratifs, pour la condition des gens les plus modestes pour qui 2,40 euros ne se confondent pas avec 15 et pour qui parler tablette fait penser chocolat.
  3. Ils manifestent le mépris des promoteurs d'un modernisme prétexte à de nouvelles humiliations et à l'asservissement des plus faibles dans un processus d'exclusion où il est aussi difficile de garder la fibre républicaine que d'être branché en fibre optique.

Combien sont-ils, les désobéissants à qui le comptable public réclame 15 euros ?
Combien de temps de travail est confisqué aux agents des centres des impôts qui sont pendus au téléphone pour répondre à ceux qui s'étonnent d'avoir reçu la missive punitive ?
Combien ça coûte en courrier postal ?
Et... combien ça va rapporter en regard du sur travail engendré quand les services consultés renvoient vers la trésorerie locale qui "va certainement arranger ça" en annulant la majoration...

A côté de ça, Carlos Ghosn se fait épingler au japon pour avoir peut être dissimulé la moitié de ses revenus au fisc... Mais ce n'est pas en France qu'il aurait pu faire ça ! parole de ministre des finances... Avec un salaire limité à un peu plus d'un million d'euros par mois on ne peut qu'avoir envie de servir le bien public !
A côté de ça, Bernard Arnault gagne à peu près un SMIC à la seconde pour être désormais 4ème fortune mondiale...
A côté de ça, le montant estimé de la fraude fiscale en France couvrirait l'ensemble des déficits publics...
... Si les services fiscaux étaient aussi efficaces qu'au recouvrement des pénalités pour défaut de dématérialisation chez nos Vieux pas encore tout à fait déshumanisés !




mardi 27 novembre 2018

En marche

Les gilets jaunes sont en marche... à leur façon autour des ronds-points, pour lever les barrières des péages, et parfois sur les ondes radio ou télé.
Et ce mouvement, dont l'importance pourrait dépasser l'ampleur, mobilise tous ce que le pays compte de commentateurs.
Alors ? Révolte ou Révolution ?
Pour l'instant, le mouvement ne se répand guère que dans les frontières du premier terme. Le mouvement qui se veut horizontal, sans maître ni guide, sous les seuls auspices de la propagation de sa vague sur les réseaux sociaux, affiche la bannière rassembleuse du "ras-le-bol" de la société des oubliés, 
Le pouvoir est en train de découvrir une nouvelle masse d'étrangers, une masse considérable qu'il ne considère pas, le grand tapis du peuple sur lequel il s'essuie les mocassins à pompons et qui désormais se révolte : contre la hausse des carburants, contre les taxes, leur multiplication et leur augmentation, contre le pouvoir en place, président et gouvernement confondus... mais aussi contre les institutions en générales, institutions politiques et organisation syndicales confondues...
Il est assez simple de voir ici la conjonction d'un ras-le-bol citoyen manifesté depuis longtemps et de plus en plus fort dans l'abstentionnisme et malheureusement récupéré par la démagogie d'une extrême droite à l’affût de tout ce qui peut faire basculer la démocratie.
Le mouvement des gilets jaunes souligne d'un lumière crue la fracture qui n'a de cesse de s'approfondir entre un peuple qui commence à prendre conscience de l'existence dans laquelle on le confine et une couche des élites républicaines qui ne le sont plus guère.
La situation du moment, transitoire par nécessité, débouchera sur quoi ?
Bien malin qui peut en préjuger aujourd'hui !
Pour l'instant deux mondes s'opposent, une base en mouvement et un sommet "en marche". Les uns comme les autres ont renié les organisations politiques et syndicales qui, avec d'autres structures, forment la colonne vertébrale de la démocratie représentative qu'est sensée être notre République. Et du coup leur dialogue est difficile.
Certains disaient parfois qu'en 1968, les syndicats avaient récupéré le mouvement pour l'achever... Mais ce sont bien les organisations syndicales représentatives qui étaient à la table des négociations Pour arracher les accords de Grenelle au gouvernement et au patronat réunis quand même !
Certains commentateurs trépignent aujourd'hui en entendant des manifestants réclamer la démission du Président de la République, la suppression du Sénat, de nouvelles élections, des référendums... en un mot une "nouvelle donne", comme si la contestation de l'ordre établi n'avait sa place que les jours d'élection...
C'est cette pierre d'achoppement qui est au cœur du débat ; la révolte d'aujourd'hui est bien nourrie des promesses non tenues, de "mon ennemi c'est la finance" au Bourget, à toutes celles de Macron en campagne en passant par la litanie des reniements de la gauche accumulés depuis 1983... depuis près de quarante ans la République divorce d'avec son peuple au point qu'aujourd'hui une opposition parlementaire ne sert plus à rien qu'au faire-valoir en contre-point des injonctions du monde de la finance relayées par l'homme de paille qu'il s'est choisi pour président. C'est tout au moins le ressenti des manifestants d'aujourd'hui.

Réduire le fait syndical en matraquant les organisations combatives pour mieux flatter les complaisantes...
Réduire le fait politique à la toute puissance présidentielle en asphyxiant le débat idéologique dans la bouillie centriste au point d'en confondre les deux bords...
Ce couvercle pesant sur la marmite est-il prêt à sauter ?
Peut-être.
Encore faudrait-il, pour que la révolte trouve une issue utile et bénéfique au peuple qui frémit, qu'un cadre idéologique trace les perspectives mobilisatrices du progrès social plutôt que l'embrigadement dans des ligues de factieux comme on le voit parfois ailleurs en Europe, ou comme on l'avait vu dans les années 30 avec la montée des fascismes et du nazisme...

Cette issue s'appelle Révolution ; elle n'a pas nécessairement la couleur ou le gout du sang, elle n'a que le bonheur et la paix à joindre à la devise républicaine pour en garantir les trois grands principes : liberté, égalité et fraternité.
Pour ça il va falloir réveiller les idées et celles et ceux qui les portent partout et en tous temps, et pas seulement à la veille des échéances électorales, et mettre des mots sur les choses comme nous sommes quelques uns à n'avoir jamais cessé de le faire sur les terrains de lutte du pouvoir d'achat, de s salaires, des retraites, des droits du travail, des services publics, de la fiscalité, des libertés, etc. etc. 

Révolution ? c'est un gros mot pour "ces gens là"... Leur président Macron aurait d'ailleurs été bien inspiré de souligner dans les célébrations du centenaire de l'armistice de 1918 le rôle déterminant qu'avait eu la Révolution allemande, renversant son empereur pour instituer la République le 9 septembre avant de mettre fin à la grande boucherie de la guerre mondiale deux jours plus tard... ça lui aurait épargné l'éloge d'un Pétain frappé d'indignité nationale et le passage en revue grotesque de "figurants poilus" déguisés bleu horizon...
Mais il est vrai qu'il avait aussi oublié de ponctuer son discours de "Vive la République" en restant sur un "Vive la France".





vendredi 23 novembre 2018

Bonne feuille

La lecture de l'Humanité ne manque pas d'éclairer l'actualité. Et, ce vendredi, la chronique de Pierre SERNA est ciselée de la plus belle manière pour traiter de la situation face à la crise dite des "gilets jaunes"...

jeudi 22 novembre 2018

le bal des débutants

Les gilets jaunes, pour beaucoup, sont en mouvement à la condition expresse que les syndicats et les politiques n'en soient pas. Ni droite, ni gauche... tout juste un peu à l'extrême droite comme Poujade en son temps. Et tout ça sur les réseaux sociaux, lieu emblématique de la démocratie horizontale...
La république dite en marche a usé et abusé du même modèle, ni droite, ni gauche sur l'affiche... ni gauche, ni gauche dans les faits...
Et ces deux mondes se retrouvent aujourd'hui face à face, les uns en grande souffrance dans les couches sociales les plus matraquées par les politiques libérales consécutives au virage à droite des socialistes en 1983, les autres enfants gâtés des couches les plus épargnées des crises et qui s'imaginent qu'ils n'ont rien à apprendre pour mettre le monde à leur mesure, un univers d'esclaves du fric, les uns pour en manquer beaucoup, et les autres pour en avoir trop.

mardi 20 novembre 2018

Gilet d'humour



Guillaume Meurice fait de l'humour pédagogique, et ça aide à saisir quelques grosses ficelles du mouvement dit "des gilets jaunes".
Il serait aussi un peu niais de réduire ce mouvement aux gesticulations de l'extrême droite, car si la cote de sympathie du président n'est plus au beau fixe que chez un français sur 5 ou 6, il serait bien excessif de croire que 75% des français sont nostalgique de la cagoule et du pétainisme réunis.
Mais il ne faut pas non plus oublier que le fascisme, outre l'arrivée en force comme au Chili sous les auspices des USA qui avaient installé Pinochet, s'installe au carrefour des intérêts des grands possédants et du désespoir d'une population asphyxiée par une rigueur de crise économique, sociale, politique et morale.

L'histoire ne se répète guère ; mais il arrive qu'elle bégaie.

Hitler s'est installé dans les draps de la république allemande. Comment est-il arrivé au pouvoir en 1933, cette période d'entre-deux guerres à laquelle le président Macron comparait récemment la situation d'aujourd'hui ?
La révolution allemande avait précipité la fin de la grande boucherie de 14-18 avec la proclamation de la République le 9 novembre 1918, deux jours avant que ne soit signé l'Armistice mettant fin aux combats sur le front franco-allemand.
Dés août 1919 le mouvement spartakiste à Berlin et la Républiques des Conseils de Bavière étaient effacés par la répression anti-communiste qui voulait à tout prix éviter la contamination de la révolution soviétique(tout comme le gouvernement Français qui envoya l'armée française soutenir les Russes blancs dans le grand nord ou sur le front d'Orient). Une fois la République de Weimar installée avec les socialistes alliés aux conservateurs et aux nationalistes, et jusqu'à mettre un monarchiste, Hindenburg à la présidence de la République en  mars 1932.
Le Parti socialiste allemand avait refusé de proposer un candidat commun avec le Parti communiste et avait soutenu le candidat de droite, Hindenburg, au prétexte de battre Hitler.
Dans cette période l'Allemagne eut d'abord à surmonter les extrêmes difficultés consécutives aux clauses du Traité de Versailles qu'ils vivent comme une humiliation, puis les dégâts de la crise économique de 1929 qui va finir, d'une guerre à l'autre, de mettre l'Europe à genoux pour consacrer plus tard la suprématie américaine...
Le 30 janvier 1933, Le président Hindenburg nomme Hitler Premier ministre sur la proposition du parti nazi qu'il dirige. 

Dans cette démarche prônant le moindre mal les allemands avaient eu Hitler neuf mois plus tard, ET une guerre 6 ans après qui aura fait 70 millions de victimes...

Gilet jaune sur chemise noires, brandir l’épouvantail de l'extrême droite a-t-il jamais suffi à éradiquer le risque du fascisme ?

Pour plus de détail un article d'Erwig Lerouge publié par l'INEM  (Institut d'études marxiste de Belgique) ne manque pas d'intérêt.


lundi 19 novembre 2018

Législative partielle

Pour être partielle, l'élection législative destinée au remplacement de Manuel Valls dans sa circonscription de l'Essonne est effectivement partielle :
moins d'un électeur sur 5 a jugé bon de marcher jusqu'aux urnes...
... et encore les 18% d'électeurs qui ont voté ont dû répartir leurs suffrages entre 11 candidats !
Au soir du premier tour le maire d'Evry qui avait succédé à Manuel Valls et candidat de la majorité présidentielle arrive en tête à peine 30% des voix, moins de 6 électeurs sur 100 ont glissé son bulletin dans l'urne.
... Et ça ne rend pas glorieuse la performance de celles et ceux qui suivent :
un peu plus de 3 pour la candidate de la France Insoumise
2 pour les écologistes
1,7 pour les communistes
...
Le monde de l'abstention ne goûte guère au confort feutré des velours rouges de la République ; le peuple de France est depuis longtemps partagée entre ceux qui continuent de jouer le jeu -de moins en moins nombreux- et ceux qui s'en sont détournés, d'abord spectateurs, puis indifférents le dos tourné, insensibles à tous les changements d'étiquettes de la soupe de plus en plus indigeste qu'on leur sert.
Et aujourd'hui, affublés de gilets jaunes, ils trépignent en criant leur colère à la figure des institutions qu'ils ne reconnaissent pas.
A-t-on jamais gagné un match en vociférant derrière la main-courante ?
A-t-on jamais gagné un match en envahissant le terrain ?
A-t-on jamais gagné un match autrement qu'en jouant ?

Sauf que la démocratie républicaine n'est ni un jeu, ni un spectacle ; elle fut conquise -là où elle est établie- au termes de lutte parfois bien longues et souvent difficiles pour que les peuples acquièrent le droit de se gouverner librement...

Mais il est vrai qu'en politique aujourd'hui, comme dans les sports les plus gangrenés, la "professionnalisation" et le fric confondus ont changé la donne... Le grand mercato transfère Valls de l'Hôtel Matignon à la mairie de Barcelone en repassant par l'assemblée nationale... Comme Moscovici à la commission européenne, Strauss Khan à l'hôtel, certains par la présomption d'innocence;;; et jusque dans la France profonde de nos plus petits villages, l’honnêteté et le désintéressement ne sont plus vertus majeures pour qui prétend s'occuper de la chose publique.

Elections législatives partielles, gilets jaunes, autisme gouvernemental ne sont jamais que quelques symptômes du même mal profond qui ronge la démocratie française au point de la menacer d'asphyxie : la soumission totale de la puissance publique aux intérêts particuliers du monde de la finance, ça peut s'appeler libéralisme ou ultralibéralisme, ce n'est jamais que du capitalisme.
Pour le reconnaître, rien de bien compliqué, il suffit d'observer l'intensité du transfert des richesses produites du monde de ses producteurs vers celui de ses profiteurs. Si les premiers sont riches de leur nombre, les seconds savent qu'on réussi toujours à prendre un peu à ceux qui n'ont rien pour faire beaucoup...
Quelques villes des Etats Unis acceptent de payer AMAZON pour que l'entreprise s'installe sur leur territoire : 3 milliards à New-York, 2,5 milliards à Crystal-City. La promesse de créer 50 000 emplois, si tant est qu'elle est tenue, fait payer par les contribuables une prime de plus de 100 000 dollars par emploi... Pour un sous-traitant d'APPLE le Wisconsin avait déboursé plus de 200 000 dollars par poste...
A la petite échelle de la France les cadeaux aux entreprises privées, dont on a vérifié depuis bien longtemps qu'ils remplissent plus surement les poches des actionnaires que les caddies des employés, ne cessent de croître, en pure perte pour la masse des travailleurs et en gain juteux pour la poignée de milliardaires qui en profitent.
A la toute petite échelle d'un département les dizaines de milliers d'euros de bourses offerts aux étudiants en médecine avant qu'ils ne viennent installer leur activité libérale dans des maisons médicales construites aux frais des contribuables ne les incitent même pas à la pudeur quand ils justifient la nécessité de l'aide publique pour pouvoir "s'acheter une imprimante ou un ordinateur"...
Que n'en fait-on pas autant pour attirer et fidéliser des enseignants dans nos campagnes ou pour... la liste est trop longue.

Si les abstentionnistes d'Evry ou les gilets jaunes des ronds-points en sont arrivés à réclamer moins d’impôts ou de taxes, ce qui est une hérésie dans une démocratie développée, c'est qu'ils n'ont pas compris que ce n'est pas le prélèvement fiscal qui est à mettre en cause, mais l'usage de sa collecte en même temps que son assiette.

Elire le promoteur de moins d'ISF ne pouvait qu'allonger la queue aux Restos du cœur, à Evry comme ailleurs.





samedi 17 novembre 2018

Lettre ouverte


Aussi bien le président Macron que son gouvernement ne parlent d'ailleurs plus de "retraités" mais uniquement des "âgés" et de leur perte d'autonomie... le temps de la retraite suivant la période d'activité ne serait plus pour eux que celui d'une forme de maladie évolutive dont chacun devra se prémunir à la mesure de ses moyens.
Il est vrai que pour être "en marche", ils étaient nés avant leur grand mère ; ceci explique cela.

Le "Groupe des 9", organisations des retraités, CGT, FO, CFTC, CFE CGC, FSU, Solidaires, FGR FP,, LSR, Ensemble et Solidaires, ont essuyé le refus du président de la République et du gouvernement de les recevoir pour discuter des revendications des retraités.
Ils adressent cette lettre ouverte au président du groupe parlementaire des élus macroniens.


Montreuil le 5 novembre 2018



M. Gilles Le Gendre

Président du groupe La République en Marche





Monsieur le Président du groupe de la République en Marche,



Nos organisations ont demandé par courrier du 10 septembre à vous rencontrer le 3 octobre afin de vous remettre les 250 000 pétitions de retraités protestant contre la hausse de la CSG. On nous a fait savoir que vous n’aviez pas reçu cette demande. Faute de réponse, nous nous sommes adressés à votre assistant parlementaire, à qui nous avons renvoyé le courrier. A ce jour, nous restons sans réponse.

Une grande majorité de retraités a la conviction que, de réforme en réforme, ce gouvernement et la majorité parlementaire ont fait un choix inique, celui d’appauvrir l’ensemble des retraités et de mettre en cause la retraite comme un droit acquis par des années de cotisations.

Jamais le divorce des retraités avec un gouvernement n’a été aussi fort. Pour preuve, l’importance du nombre de syndicats, et associations ayant appelé à la journée d’action des retraités du 18 octobre. Jamais autant d’associations de retraités n’ont relayé la journée nationale d’action organisée par nos 9 organisations pour appeler leurs adhérents à participer aux différentes mobilisations. Cela allait des syndicats de retraités aux organisations agricoles ou associations d’artisans et commerçants retraités. Elles représentaient ainsi des centaines de milliers de retraités.

Nous ne comprenons pas que le gouvernement et votre groupe parlementaire restent sourds face à cette colère.

Dans notre lettre du 10 septembre, nous vous rappelions tout ce que les retraités ont subi :

  • Le 0,5 % de la CRDS. 
  • Le 0,3 % de la CASA. 
  • La suppression de la 1/2 part fiscale pour les personnes vivant seules ayant élevé au moins un enfant. 
  • La fiscalisation de la majoration familiale de pension. 
  • Plusieurs années de gel des pensions. 
  • L’augmentation de la CSG de 1,7 point au 1er janvier 2018 pour la majorité des retraité-e-s. Contrairement à vos propos, seul un petit nombre de retraités seront exemptés à partir de 2019 de la hausse de la CSG. 
  • Le report de la revalorisation des pensions de base du 1° octobre au 1° janvier. Cette revalorisation aurait dû intervenir au 1er octobre. Ainsi le gouvernement a supprimé cette augmentation pour les trois derniers mois de 2018, abaissant un peu plus le pouvoir d’achat des retraité-e-s. 
  • Le journal « Les Echos » évalue à 380 millions, l’économie sur ce dernier trimestre. Depuis 2009, ces « nantis » de retraités ont perdu un an de revalorisation, soit plus de 1,5 milliard € pour les 4 trimestres de 2018 ! 
  • L’annonce des 0,3% de revalorisation des pensions pour 2019 et 2020, inférieures à l’inflation officiellement établie à 1,6%, bafouant les mesures gouvernementales antérieures. 
  • Par ailleurs, ils appréhendent les conséquences du « Reste à charge zéro ». 
  • Autre découverte : l’augmentation des mutuelles due au désengagement de la Sécurité Sociale. 
  • Nous avons également toutes les raisons d’être inquiets de ce que sera le PLFSS 2019. 

Le Premier Ministre transforme des millions de retraités en variable d’ajustement budgétaire ! C’est le marché qui décide. Nos organisations constatent que les retraités perdront 1/3 d’un mois de pension en 2018, 1/2 mois en 2019 et 2/3 de mois en 2020, de plus en plus chaque année.

Plus d'un million de retraités ont un revenu inférieur à 1 000 euros par mois. Nous ne comprenons pas qu’on puisse laisser dire qu’il est normal que les retraités participent à l’augmentation du pouvoir d’achat des salariés, ils voient bien que le développement de la pauvreté des retraités, ne remédie pas à la faiblesse du pouvoir d’achat des salariés, ou à l’ampleur du chômage. Elle ne profite qu’aux plus riches, sans résultat positif pour l’économie du pays. L’injustice est flagrante.

Et, bien qu’on les assure que la future réforme des retraites ne concernera pas les retraités, ils voient mal comment la transformation en un régime universel par point pourrait ne pas avoir d’impact sur la valeur de service des points acquis. Et la future réforme aura bien un impact sur les pensions de réversion à venir faute de savoir dans quelles conditions se ferait leur liquidation.

C'est aussi une nouvelle bombe lancée par le gouvernement contre la Sécurité sociale : après la menace de la suppression de la Sécurité sociale dans la Constitution, cette fois, Emmanuel Macron souhaite mettre fin au principe défini par l'article L. 131-7 du Code de la Sécurité sociale, selon lequel l'Etat se doit de compenser à la Sécurité sociale toute perte de recettes que lui occasionnerait une décision prise par l'exécutif. Une première depuis la création de la Sécurité sociale.

Parvenant avec mal à rencontrer les députés dans les circonscriptions, beaucoup de retraités sont ulcérés des propos tenus par nombre de vos collègues, par leur mépris déclaré ou même leur ignorance de la situation de millions de retraités.

L’augmentation de la CSG, comme l’annonce de désindexer les pensions avec les 0,3% de revalorisation ont été le détonateur qui a fait exploser la colère des retraités, dont près de 300 000 ont signé les pétitions qui ont été remises ce 3 octobre au Premier ministre.

En conséquence, nous réitérons notre demande d’une entrevue, pour faire suite à vos propos, dimanche 28 sur France Inter sur : « la capacité d’écoute du Président de la République et du Premier Ministre est absolument incomparable ».

Dans l’attente d’une réponse positive à notre demande d’entrevue, recevez, Monsieur le Président, nos salutations les plus respectueuses.



Pour nos organisations,

Olivier JOUCHTER secrétaire général adjoint UCR-CGT


  • François Thiéry-Cherrier secrétaire général (UCR-CGT, 263 rue de Paris, 93515 Montreuil cedex) 
  • Didier Hotte (UCR-FO, 141 avenue du Maine, 75680 Paris cedex 14) 
  • Jacqueline Valli (UNAR-CFTC, 128 avenue Jean Jaurès, 93697 Pantin cedex) 
  • Daniel Delabarre (UNIR CFE-CGC, 59 rue du Rocher, 75008 Paris) 
  • Marylène Cahouet (FSU, 104 rue Romain-Rolland, 93260 Les Lilas) 
  • Gérard Gourguechon (UNIRS-Solidaires, 31 rue de la Grange aux Belles - 75 010 Paris) 
  • Michel Salingue (FGR-FP, 20 rue Vignon, 75009 Paris) 
  • Francisco Garcia (Ensemble & Solidaires - UNRPA, 47 bis rue Kléber, 93400 St Ouen) 
  • Michel Deniault (LSR, 263, rue de Paris, 93515 Montreuil)
Dans l'Allier les retraités de l'agriculture de l'ex FDSEA sont aussi partie prenante du "groupe des 9".

Gilets Jaunes ou carton rouge


Après des semaines de matraquage intensif de l'initiative des gilets jaunes dans tous les médias, il serait dommage que cette mobilisation déçoive dans son ampleur.
Les deux journées de mobilisation des 9 et 18 octobre derniers, interprofessionnelle pour l'une et spécifique aux retraités pour l'autre, n'avaient pas bénéficié d'une telle promotion... pas plus d'ailleurs que de compte-rendu explicatif des intentions des manifestants d'alors !
Pour que le mouvement social, tout comme la vie politique, ne soient pas réduits à des jeux de cour de récréation qui s'achèvent au coup sifflet du gouvernement, peut-être  faudrait-il autre chose que les gesticulations de celles et ceux qui prennent soudain conscience qu'ils n'ont pas fait leur travail de mobilisation sur des bases idéologiques claires qui suscite le débat plus que le commentaire.

Si la mobilisation "spontanée" d'aujourd'hui devait servir d'initiation formatrice à une prise de conscience citoyenne, les gilets jaunes pourraient effectivement se retrouver dans les rues comme dans les urnes avec celles et ceux qui, depuis des décennies n'ont de cesse de combattre les effets catastrophiques des politiques libérales conduites par la droite ou la gauche réformiste... et du coup nous y serions beaucoup plus nombreux et exigeants pour obtenir de meilleurs salaires, un meilleur niveau des pensions et des retraites, une révision radicale des politiques fiscales pour assurer une redistribution juste de la richesse produite aujourd'hui accaparée par une petite poignée d'ultra-riches...
Il faut payer des impôts pour que la puissance publique assure sa mission première en démocratie de protection des plus faibles ; encore faut-ils que la fiscalité soit juste et que la contribution de chacun soit proportionnelle à ses capacités...
Le pays a besoin de plus d'enseignants, plus d'infirmières et d'aides soignantes, plus de personnels de justice, de meilleures routes et de plus de trains, de plus de services publics présents sur tout le territoire...
Et accessoirement, si l'ISF n'avait pas été supprimée, les milliards qui ont été rendus aux comptes des milliardaires, l'argent public dilapidé dans le CICE... Tous ces milliards auraient peut être pu être utilisés pour soulager la misère et rendre le pays un peu moins invivable !
Sans jamais s'interroger sur les causes réelles du mal il n'est guère de guérison possible, tout au plus les soins palliatifs à la poudre de perlimpinpin ou les belles prières d'une cohorte de fidèles agenouillés autour des rond-points pour quémander l'indulgence gouvernementale.
De la négation d'organisation, qu'elle soit politique ou syndicale, ne peut sortir qu'une poussée de l'extrême droite qui ne manque pas d'en profiter.
Ma très ancienne expérience de 1968 m'avait enseigné qu'il n'était pas facile de monter dans un train en marche;;; et qu'il était aussi compliqué d'arriver à destination sans savoir d'où l'on part.

vendredi 9 novembre 2018

La République de la honte

Ce billet paru hier dans l'Humanité éclaire d'un jour cruel la descente aux enfers de la République y entraînant jusqu'à son école. Il y a deux ou trois jours on apprenait la nomination d'un gendarme en poste de chef d'établissement adjoint au prétexte de la sécurité... Ou encore les médias se faisaient l'écho de la référence du chef de l'Etat à la gloire de Pétain...

Quand le gouvernement va-t-il lancer le grand concours de "rénovation" de la devise républicaine sur les réseaux sociaux pour parfaire un modèle de la honte que dessinaient déjà des recruteurs de foot en faisant le tri dans leurs caniveaux du fric confondus : blanc, gris, noir.
Tout aussi indigne que la récupération de l'image de Guy Mocquet par Sarkozy, le geste de Macron pour la famille de Maurice Audin ne saurait masquer des gesticulations insensées oublieuses de l'histoire et irrespectueuse de ses acteurs mêlés sans discernement dans un passé embrouillé.

Il ne reste plus guère qu'une révolution pour redonner l'honneur de ses couleurs à la République, du bleu, du blanc  et du rouge, de la fierté de tout l'arc-en-ciel !