lundi 20 avril 2020

Lazaret

La crise sanitaire que nous traversons, qui  est aussi mondiale (et dont le temps nous apprendra qu'elle n'était pas aussi imprévisible qu'il y parait dans sa nature comme dans ses conséquences), met à mal la vie de tous les peuples de la planète. A l'échelle mondiale comme à celle de notre pays ou dans notre proximité immédiate, tout montre à quel point ses effets délétères accroissent les inégalités du monde en ajoutant aux difficultés des plus vulnérables des tracas trop lourds à supporter.
Familiales, sociales, économiques, toutes les dimensions de la vie sont touchées ; la "distanciation sociale", les "mesures barrières", le "confinement" et un matraquage médiatique permanent font peser sur les personnes, des enfants jusqu'à nos aînés une chape de plomb sous laquelle les angoisses se cultivent sur un terreau mêlant l'incertitude à l'inconnu ; et ce malgré les éclosions régulières d'initiatives solidaires et bienveillantes qui sont autant de bouffées d'oxygène.
Les plus jeunes sont perturbés dans leur monde de l'éducation, les actifs bousculés dans leurs vie professionnelle désorganisée, les retraités écartés d'une vie sociale à l'utilité trop souvent négligée... Et on assiste à des éruptions d'attentions qui ne sont pas sans rappeler des élans citoyens post-attentats plus fugaces que les mesures d'exceptions qui s'en suivirent. Comment les consciences peuvent-elles ne pas être intriguées quand on voit personnels soignants ou pompiers noyés sous les lacrymogènes de la répression policière un jour passé pas si lointain quand ils revendiquaient des moyens qui font tant défaut aujourd'hui... maintenant qu'ils sont aussi bruyamment que justement congratulés !
La perspective du déconfinement à dater du 11 mai prochain ouverte à point pour faire patienter n'apporte guère de soulagement dès lors qu'on s'attarde sur les mesures envisagées. Il est question de tester... et d'isoler les cas positifs dans une nouvelle phase de confinement particulier au domicile ou à l'hôtel...
Voilà qu'on réinvente le lazaret ! à défaut de pouvoir soigner on isole le malade pour éviter qu'il ne contamine son entourage.
Ca parait logique !
Serions-nous attachés au temps de la peste et du choléra ?
Mais devrions nous oublier que nous sommes au 21ème siècle ? Quand des abrutis multi milliardaires sont capables de mettre en orbite autour de la terre une voiture de luxe... Après que la banque Rothschild ait placé un de ses commis à l'Elysée... Quand la démocratie vacille en bien des coins du monde sous les coups redoublés du monde de la finance nous ne serions plus à même de protéger la population en proie aux assauts d'un malheureux virus...
Et pourtant tant de "grands" cerveaux ne nous ont-ils pas préparé les scénarios macabres de quelques guerres des étoiles, concoctés les plans de quelques armes bactériologiques, expérimenté la pratique du massacre à distance du bout des doigts sur un joystick attaché par les ondes au drône meurtrier ?
Et Pourtant dans un temps déjà bien lointain, au milieu du siècle dernier, quand la pacification allait devenir la guerre d'Algérie je me souviens des oreilles attentives aux infos de la TSF... mais aussi d'une primo infection de la  tuberculose qui m'avait contraint à la fréquentation d'un dispensaire public dans ma ville préfecture pour m'en guérir. Aujourd'hui la tuberculose doit encore être la maladie la plus mortelle de la planète avec plus d'un million de morts par an. Elle n'est pas virale, c'est un bacille, petite bestiole bactérie, qui la cause. Il est vrai que concentrant ses victimes chez les plus malheureux, on y porte que bien peu d'intérêt...
Un demi million de morts sont à mettre au compte du paludisme, un autre fléau sanitaire frappant la ceinture intertropicale de la planète... Un enfant de moins de 5 ans en meurt toutes les deux minutes...
Les statistiques courantes attribuent aujourd'hui au Covid19 la responsabilité de près de 170 000 décès. C'est beaucoup, beaucoup trop ajouté aux près de 9000 victimes de la grippe de cet hiver...
Derrière tous les chiffres des statistiques et comme autant de drames, il y a toujours eu des vies, les unes brutalement interrompues et tant d'autres tourmentées à jamais pour ceux qui restent...
Mais dans notre beau pays l'attention portée aux disparitions est à géométrie variable ; plus de 3000 victimes des accidents de la route, c'est dramatique et insupportable. D'ailleurs les pouvoirs publics et quelques organismes porte voix se chargent de culpabiliser les fauteurs de morts sur les routes, inconscients chauffards confiés aux bons soins de la maréchaussée et des percepteurs automatiques... Quand dans le même temps les accidents de la vie courante vont faire sept fois plus de victimes, peu nombreux sont ceux qui s'en émeuvent. Il est vrai qu'un gamin qui s'ébouillante près de la gazinière bancale de quelque taudis, ou des vieux écrabouillés dans l'effondrement d'un immeuble insalubre, ça n'émeut guère.
Sans minimiser en rien la gravité de la situation actuelle, ne peut-on pas cependant se poser la question de savoir si, celles et ceux qui président à la destinée des peuples ne gesticulent pas d'autant plus que l'inconséquence de leurs orientations politiques a précipité les difficultés à faire face.
Comment le pouvoir politique en place aujourd'hui en France peut-il sans trembler évoquer le résultat  miraculeux de l'engagement des soignants dans un contexte où, de la droite sarkosyste à la gauche socialiste qui ont accouché de Philippe, de Macron et de beaucoup d'autres, ils sont comptable d'avoir pendant tant d'années sacrifié les besoins de santé publique à une rigueur budgétaire qui conduisait à fermer des lits, des services, des établissements...
Comment les mêmes qui envoyaient il y a quatre matins des légions policières en cuirasses gazer les manifestants des hôpitaux ou les pompiers qui réclamaient simplement les moyens de faire leur travail osent-ils aujourd'hui venir les félicitér et leur octroyer quelques centaines d'euros pour leur boucher le bec ?
Les nippons ou les coréens mettent des masques... Pas nous, puisque la porte parole du gouvernement en causait si bien... parce que c'est inutile, voire même dangereux... A aucun moment on a dit tout simplement que c'est parce qu'on n'en avait pas, tout simplement ! D'ailleurs en 2018 une usine bretonne qui en fabriquait avait fermé faute des commandes publiques abandonnées par le gouvernement... Et après ça, il faudrait donc entendre sans broncher nos politiques se féliciter du pont aérien  avec la Chine pour en apporter quelques uns quand les américains ne nous les subtilisent pas avec quelques poignées de dollars supplémentaires !
Il n'y a pas si longtemps que nos grands élus ont dû légiférer pour interdire de sortir manifester dans la rue en se dissimulant le visage, au risque de verbalisation à la clé... Les même gaziers ne vont-ils pas bientôt devoir nous verbaliser si nous déambulons sans masque ? Intellectuellement, ça doit être terrible de devoir sans cesse réviser ses modes d'emploi...

La crise sanitaire est un symptome supplémentaire de l'agonie du système capitaliste ; elle souligne les effets délétères des choix politiques qui conduisent la planète en réanimation et mettent les peuples en danger au seul prétexte d'un meilleur profit pour les tenants de la finance mondialisée. Le désastre écologique fragilise aussi les équilibres sanitaires dans tous les ordres du vivant. Qu'on soit plante, animal ou humain, aujourd'hui chacun peut signer de ses saignées : "le fric m'a tué !".

Les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets, dès que ce satané virus sera réduit à la raison c'est d'un grand changement dont le monde et les peuples ont besoin, un changement dont ils devront prendre en main la composition en renvoyant aux vestiaires les équipes qui les ont conduit au désastre.