samedi 23 novembre 2019

Le rare est cher

Producteurs de "terres rares" et "métaux rares" et pollution
Il y a 90 matières premières indispensables au développement d'un pays moderne. Or Pékin produit 44% de l'Indium, 55% du vanadium, 65% du spath fluor et du graphite, 71%  du germanium, 77% de l'antimoine, 61% du silicium,  67% du germanium, 84 % du tungstène et  95 % des terres rares, consommés dans le Monde. Le Congo produit 64% du cobalt. L'Afrique du Sud produit 83% du platine, de l'iridium et du ruthénium. Le Brésil fournit 90% du niobium. Enfin, les USA fournissent 90% du béryllium. La Russie contrôle 46% du palladium et la Turquie 38% du borate. Enfin, l'Argentine pourra bientôt produire jusqu'à 165 000 tonnes/an de  lithium (soit 45 % de la production mondiale). On voit bien qu'il n'est jamais question de nos pays européens comme potentiellement producteurs? Cela signifie que nous sommes, à la fois des furieux défenseur de l'environnement, parmi les champions de technologie "propres" et totalement dépendants politiquement et économiquement dans toutes les techniques innovantes.
Il faut aussi parler des consommateurs qui, avec les producteurs, font les prix de ces matières rares et, ainsi, déterminent les mines à ouvrir. Et si nous revenons à la pollution engendrée par les activités minières, voici des exemples:  au Kazakhstan Sud (14 % du chrome),  le Syr-Daria, le plus long fleuve d'Asie centrale (2 212km de long) est tellement pollué qu'il est devenu impropre à la consommation humaine et animale sur plus de 70 % de son parcours. Pour les puits, c'est pareil. Et ces eaux sont, souvent, même impropres à la simple irrigation agricole. Les Chinois, dans leur course effrénée au développement industriel et technique, ont pollué tant et plus. La Chine: 1er émetteur mondial de CO² (28%), avec 10% de ses terres agricoles contaminée par les métaux lourds, 80% de ses puits contaminés par la chimie et 5/500 seulement des plus grandes ville de Chine ayant une atmosphère conforme aux normes internationales.  On estime que 3 millions de Chinois meurent chaque année à cause (directe) de la pollution de l'air et de l'eau. Attention si des Congolais meurent, eux aussi, de la pollution imposée par l'exploitation minière du cobalts, c'est aussi pour nous permettre d'installer des batteries sur nos voitures électriques. Nous refilons les sales boulots aux peuples en voie de développement. "But not in my back-yard" comme disent et comme font les Américains. 
"Avant même leur mise en service, un panneau solaire, une éolienne, une voiture électrique ou une lampe à basse consommation, portent tous le "péché originel" de leur déplorable bilan énergétique et environnemental. C'est bien le coût écologique exorbitant de l'ensemble du cycle de vie des "green tech" qu'il nous faut mesurer- un coût qui a été  calculé avec une incontestable précision" (G. Pitron). 
Infos en provenance du Québec...

Et si c'était vrai !


Les « Terres Rares" désignent 17 métaux : le scandium, l’yttrium, et les quinze lanthanides. Alors que les" métaux rares" concernent d'autres métaux rares. Jusqu'à la renaissance (1515 François 1er) les hommes utilisaient 7 métaux. En 1970 : 20 métaux différents. Aujourd'hui 86 métaux sont utilisés (tableau de Mendeleïev). Et l'explosion de l'extraction de ces métaux rares vient essentiellement de leurs caractéristique thermiques, magnétiques, conductrices, mécaniques, catalytiques, optique... Les progrès scientifiques et techniques des domaines comme ordinateurs, téléphones portables, avions, voitures électriques, domotique... font appel à de plus en plus de terres rares et métaux rares. Nous y reviendrons.

Le problème environnemental que crée l'extraction de ces métaux est le suivant : ils sont le plus souvent en quantités très réduites dans les roches.

Des exemples :
  • 1 kg de vanadium = 8,5 tonnes de roches extraites
  • 1 kg de césium = 156 tonnes de roches extraites
  • 1 kg de gallium = 50 tonnes de roches extraites
  • 1 kg de lutécium = 1200 tonnes de roches extraites

Voilà qui est pire que le charbon et que le pétrole. Et, pour des raisons un peu longues à développer ici, ces déchets minéraux et ces mines elles-mêmes deviennent radios actifs au fur et à mesure de l'extraction.   Vous imaginez bien les dégâts sur l'environnement, dans le secteur de ces gigantesques mines. Rajoutez à cela que pour extraire ces métaux de la roche il faut d'énormes quantités de produits chimiques comme les acides sulfurique, chlorhydrique ou fluorhydrique ou encore du mercure. Et où partent ces produits hautement toxiques ? Dans les fleuves les plus proches ou dans les nappes phréatiques. C'est ce qui se passe en Chine devenue le producteur n°1 de ces métaux. Et les Chinois rachètent des gisements de terres rares, à tour de bras et notamment en Afrique (mines de Cobalt au Katanga).

Et, soit dit en passant, les américains qui sont en train de concevoir l'avion furtif de toute dernière génération, le F-35 ont un fort besoin de métaux rares et notamment pour des micro-aimants d'une efficacité ahurissante. On n’en fabrique pas aux USA, non plus qu'en Europe. Alors d'où viennent-ils ? De Chine qui produit 90 % des métaux rares. Donc la puissance militaire américaine est dépendante, en grande partie tout au moins, de la Chine. Du reste le gouvernement chinois a décidé de n'en exporter pas plus de 60%. Le reste doit, maintenant, venir d'Afrique, d'Australie, de Russie...Et voilà pourquoi, aussi, Donald Trump a proposé de racheter le Groenland : il serait assez riche en terres rares (7 à 10 % des réserves mondiales).  Et la Chine, championne de la batterie électriques et des panneaux solaires (silicium, lithium, cobalt), fabrique déjà 4 batteries sur 5 et va probablement fabriquer la majorité des futures voitures électriques dans le Monde.

Voilà la clef du "capitalisme vert": nous remplaçons des ressources qui rejettent  des milliards de tonnes de gaz carbonique par d'autres qui ne brûlent pas.  Mais les conséquences de l'extraction des métaux lourds (en quantité de réserves beaucoup plus limité que pétrole et charbon) pour les moteurs, l'informatique, les alliages conducteurs... d'une part vont vite se raréfier et d'autre part, si l'on explore ta totalité de la chaîne de production, plus raffinage et mise en œuvre, s'avèrent très polluants. Le bilan "pollution" d'une voiture électrique apte à parcourir 600 km (Tesla = Elon Musk) sera tout à fait comparable à celui d’une voiture diesel de la même puissance. Enfin la récupération de ces métaux rares dans les objets modernes est très compliquée et très coûteuse car ils sont utilisés, le plus souvent, en alliages.

Le bouquin dont j'ai extrait ces informations : "La guerre des métaux rares" de Guillaume Pitron chez "LLL Les liens qui libèrent, " collection "Poche". 
...& des Infos en provenance du Québec...