samedi 30 novembre 2013

La mémoire se conjugue au pluriel.


Mémoire, histoire, grimoires expiatoires, attention avant de tourner la page, avec le temps le papier du passé est devenu fragile…
Des plus réactionnaires d’hier à d’autres aujourd’hui, l’éloge de la confusion fait toujours recette au prétexte de la disparition des témoins.
Aujourd’hui,  plus aucun « poilu » à afficher en cérémonie… Aujourd’hui les rangs des acteurs de la Résistance ou des survivants revenus des camps de déportation sont aussi clairsemés…
C’est dans ces conditions que certains aimeraient voir réunies toutes les mémoires de guerres sous le même fanion du souvenir indistinct de toutes leurs victimes. 
Au prétexte de l’affaiblissement de l’activité militante des organisations mémorielles dont les survivants faisaient l’outil du respect des victimes et de la reconnaissance des valeurs de leur engagement, certains préconisent l’amalgame dans un même objet de tous les souvenirs. Ce serait oublier que la mémoire et l’histoire ne se confondent pas. 
Chronique partagée -et autant que faire se peut commune- du temps et des peuples, l'histoire est une construction des hommes, inscrite dans son époque pour jouer un rôle social, ne serait-ce que par le biais éducatif ; et elle est souvent utilisée pour soutenir, accompagner ou juger des actions des hommes d’aujourd’hui à la lumière de celles du passé. L’historien construit son récit, sa description des faits, sur la base des sources de son enquête, en quête d’une vérité historique que l’évolution des méthodes, l’élargissement et la confrontation des sources lui permettent d’envisager.
La loi sur la mémoire historique en Espagne en 2007, et d’autres manifestations plus récentes comme le projet mort-né de la « Maison de l’histoire de France » montre bien combien l’usage public du passé par les politiques est important et risqué.
C’est bien là qu’il faut faire preuve de la plus grande vigilance sur le plan de la mémoire dont les citoyens doivent préserver le droit au même titre que le devoir d’histoire.
La mémoire de la Résistance dont les fondateurs de l’ANACR nous ont fait gardiens et porteurs exige que les valeurs de la Résistance soient à la fois le fond et la forme de notre action. La reconquête de la République, des instruments démocratiques de son fonctionnement et de ses corollaires économiques et sociaux qui charpentaient le programme du Conseil National de la Résistance ne saurait se satisfaire de l’écho mémoriel d’un 27 mai désormais reconnu.
Encore faut-il rester fidèle à l’idéal du CNR pour le servir ou se servir de sa mémoire. 
L’histoire a tranché ; et le geste de l’exécutif et des législateurs le prouve. Le 27 mai existe désormais au travers de ce que représente le processus unificateur des Résistances. Ce repère chronologique dans notre roman national sera bien identifié avec quelques autres entre le lâchage des Républicains espagnols avant-guerre et l’éviction des ministres communistes après-guerre.
Mais pour ce qui est de la mémoire, des idées incarnées dans la lutte des femmes et des hommes de la libération du pays occupé et de la reconquête de la République bafouée par les collabos de l’Etat Français, la confusion n’est pas possible avec le souvenir des guerres coloniales d’hier ou d’avant-hier, pas plus qu’avec les aventures gendarmesques d’aujourd’hui ou l’hécatombe de 14-18.
L’Histoire est faite d'évènements souvent liés dans une dialectique causale mais qui restent distincts dans leur production de conséquence ; la compréhension de la marche du monde passe par la discrimination des causes et des conséquences, elle exige la reconnaissance de la mémoire distincte des phénomènes qui en forment chacun des maillons.
Amalgames et fourre-tout réducteurs sont sources d’erreurs et de méconnaissance… Et chacun sait qu’un peuple d’ignorants est plus facile à conduire !

La mémoire est indissociable des hommes et des valeurs qui ont fondé leur action ; la mémoire est matière et fait leur épaisseur. Gardons-nous de ceux qui en feraient un instrument.
Autant l’histoire peut s’écrire en multiples chapitres du même ouvrage, autant la mémoire se forme en volumes distincts dont la dissociation garantit le respect…
Et dans un temps où la mode est au consensus mou, où tout le monde devrait être beau et gentil, obéissant dans le troupeau de Panurge tantôt précipité dans le précipice à droite, tantôt dans le ravin à gauche, la vigilance et la responsabilité citoyenne doivent s'exercer sans retard contre toutes les tentatives de manipulation des objets de la mémoire dont la conservation et la défense ne peuvent –et ne doivent- pas faire l’unanimité. L'opposition des valeurs d'hier ne peut disparaître que par l'abandon des défenseurs d'un camp ou leur extermination.
Le livre d’histoire peut présenter sur deux pages en vis-à-vis la collaboration pétainiste et la Résistance et la confrontation argumentée des deux options formera le jugement du lecteur.
Par contre on ne verra pas les mêmes, le même jour au même endroit déposer les mêmes gerbes pour commémorer le souvenir de Pétain à l’île d’Yeu et celui de Jean Moulin au Panthéon.
Chacun à sa place, les idées qui charpentent l’engagement d’une vie d’homme sont aussi celles qui supportent les valeurs qui forment sa mémoire.
La confusion des genres est un déni d’intelligence, elle va malheureusement bien dans l’air du temps qui voudrait que les hommes n’apprennent rien de leur histoire pour éviter qu’ils ne s’émancipent des tyrannies qui les oppressent.

jeudi 28 novembre 2013

Y'a p'us d'sous !

C'est si vrai, que c'est un bien gros mensonge.

Pas besoin d'aller bien loin pour s'en convaincre, pour peu qu'on le veuille bien.
Chez Peugeot, rien ne va plus, gel des salaires, fermeture de l'usine d'Aulnay, plan social avec milliers de travailleurs jetés comme kleenex en épidémie de grippe.
Il n'y a plus de sous dans les caisses de l'Etat, il faut donc réduire le nombre des fonctionnaires, un "plan social" qui réduit la voilure des trois fonctions publiques avec le non remplacement des départs en retraite et les restructuration... Réforme des retraites et touti quanti...

Mais dans le même temps Peugeot provisionne 60 millions d'euros pour récompenser une demi douzaine de dirigeants sur le départ...
Mais dans le même temps l'Etat fait cadeau de quelques milliards au patronat dans une multitude de dispositifs d'aides ou d'exonérations sociales ou fiscales...

Y'a p'us d'sous pour les citoyens ordinaires, leurs services publics d'éducation, de santé, de communication et l'ensemble de leur protection sociale...
Mais il n'en manque pas pour arroser les plates bandes du CAC40, grandes fortunes et parasites en tous genres qui ne cessent de s'enrichir de la misère croissante des masses laborieuses...

Trop simpliste ? Allez donc prouver le contraire !

mercredi 27 novembre 2013

Chapeau !

La retraite du même nom du patron de Peugeot a fait scandale...
C'était bien la moindre des choses après que la représentation nationale ait massacré la retraite des gens ordinaires qui vont travailler plus, chômer plus, cotiser plus, pour gagner moins et moins longtemps à la retraite.
Les fossoyeurs de la retraite des pauvres ont senti que celle des riche fleurait la poudre.
N'est ce pas là que la partie émergée de l'iceberg ? Ce grand patron méritant pour avoir jeté à la rue quelques milliers de travailleurs, fermé quelques sites industriels, a gonflé les dividendes des actionnaires qui n'hésitèrent pas, pour quatre ans de service à la tête de la direction générale à provisionner plus de 21 millions d'euros pour sa "retraite", plus de 60 millions pour les 7 dirigeants qui devaient partir...
Qu'est-ce que des sommes pareilles peuvent bien représenter sur un compte en banque ? Rien qu'au taux du livret A à 1,25%, ça fait quand même plus de 2500 euros de revenu mensuel avec les intérêts, à la louche ça fait deux SMIC... Une trentaine de kilos de filet de boeuf par jour... un peu moins si on compte les pâtes, le sel et leur eau de cuisson !
Comparaison n'est pas raison, c'est bien connu.
Et donc, pour s'assurer que ça ne reproduira pas, et pour faire passer l'envie de l'envisager aux aventuriers de la finance et du profit personnel, peut-être faudrait-il s'interroger sur l'appropriation collective des moyens de production, condition élémentaire d'une redistribution équitable des fruits du travail.

Un idéal communisque, comme on disait parfois au XIXème siècle !

40 euros, les petits ruisseaux font les grandes rivières...

Une mesure d'une convention passée entre la Sécurité Sociale et les pharmaciens a pu passer inaperçue pour la plupart des citoyens : le suivi des patients sous traitement anti-coagulant rémunéré 40 euros pour deux entretiens annuels avec le pharmacien...Evaluée à une quarantaine de millions d'euros, cette dépense nouvelle de la Sécu "devrait" être engagée à budget constant ; il faudra donc économiser l'équivalent par ailleurs !
La vigilance s'impose pour s'assurer que ce ne sont pas sur quelques déremboursements ou centimes additionnels sur les franchises qui restent à charge...
En attendant, c'est dans un article du Figaro qu'un des éléments de la problématique est avoué dans les dernières lignes :
"Par ailleurs, d'autres négociations plus globales portent sur la mise au point d'honoraires qui devraient remplacer, à terme, une partie de la marge sur les ventes de médicaments."
De débat public sur ce type de sujet ? rien de très ouvert sinon un débat parlementaire vraisemblablement bien encadré par l'action des lobby, laboratoires, pharmaciens, médecins généralistes et spécialistes...

Et, à lire les avis des uns et des autres on rejoindrait volontiers la dénomination méprisante des médecins vis-à-vis des pharmaciens qui les traitent parfois d'épiciers ; car ici ou là on se jalouse cet écot d'argent public qu'on verrait mieux dans sa bourse que dans celle de l'autre... sans compter que si celui là gagne sur ce point ce serait peut-être juste qu'on nous accorde ça par ailleurs... Rien de bien grand dans tout ça, et surtout on évite soigneusement de poser la question qui met tout le monde d'accord, puisqu'elle fâche tout le monde : et si on remettait en cause l'exercice libéral de la médecine en établissant un véritable service public de "santé publique" !

Histoire de réfléchir à tout ça voici quelques lectures intéressantes (je choisis intentionnellement des publications plutôt favorables au "libéralisme" pour montrer à quel point l'appétit ne se perd pas chez les rassasiés) :
un autre article plus ancien et qui traite d'autres mesures du même type :
Après tout ça vous pourrez toujours réfléchir au trou de la Sécu et aux moyens d'y remédier en le rebouchant...
Pour ce faire je vous propose de partager ma très modeste expérience en matière de trous :
Quand à la mêche ou au ciseau je creuse le bois ou la pierre, quand à la pioche, la bêche et la pelle je creuse la terre, j'ai toujours constaté qu'à côté je fais le tas de ce que je sors du trou !
Il serait donc peut-être utile, pour trouver une solution à ce problème du trou de la Sécu, d'entrer dans la dialectique "du trou et du tas"... Alors, découvrant que le trou des uns fait le tas des autres on comprendrait peut-être que ce problème si particulier de la satisfaction des besoins en matière de rémunération particulière des pharmaciens libéraux à force d'argent public est indissociable de la problématique plus générale des ravages du capitalisme qui, partout où il passe fait le tas d'or d'une infime minorité en creusant le trou de la tombe de l'humanité toute entière.

Alors ? Il est où le problème ?

mardi 26 novembre 2013

Idéal partagé


Certains jours d'automne valent bien le plus bel été...
Un soir de novembre les frimas étaient restés à la porte du théâtre de Saint Pourçain qui accueillait la remise du Prix Ernest Montusès au fond de la cour des Moines. La chaleur, l'humanité, la générosité était au coeur de ce petit cénacle de privilégiés qui ont pu goûter au talent de l'auteure de la biographie de George Sand, Martine REID.
La fibre républicaine de la Dame de Nohant rejoignait ainsi l'engagement de Montusès dans les évocations des uns et des autres sous la belle charpente des Bénédictins... un pur régal jusqu'aux dernières mesures échappées de la cornemuse de Jonas et de l'accordéon diatonique de Yannick qui ont éveillé la mémoire des maîtres sonneurs chers à Sand.

Le petit cénacle n'occupait guère des sièges... mais la haute conscience et le bonheur partagé ce soir là imprégnait bien l'atmosphère de ces lieux dans un grand moment où le vivre ensemble ou l'humain d'abord avaient une autre allure que slogans rabâchés dans la langue de bois des absents.

"Si, par le communisme, vous entendez une conspiration disposée à tenter un coup de main pour s’emparer de la dictature, nous ne sommes point communistes. Mais si, par le communisme, vous entendez le désir et la volonté que, grâce à tous les moyens légitimes et avoués par la conscience publique, l’inégalité révoltante de l’extrême richesse et de l’extrême pauvreté disparaisse, oui, nous sommes communistes. Si, par le communisme, vous entendez la protection accordée par l’État à l’association vaste et toujours progressive des travailleurs, oui, nous sommes communistes. Si, par le communisme, vous entendez une direction éclairée, consciencieuse, ardente et sincère, préservatrice de toutes les libertés individuelles et de tous les intérêts légitimes, oui, nous sommes communistes."

Je veux bien partager ce communisme de George Sand dans une période de sa vie où elle accordait de la place à l'utopie, comme moi encore aujourd'hui.

Tous les gens si importants qui n'avaient pas répondu à l'invitation des Amis d'Ernest Montusès ce soir là avaient bien sûr l'excuse des occupations de leur importance... Le bonheur que nous avons partagé sans eux ce vendredi soir ne leur est plus accessible, la culture -fut-elle populaire- n'est pas l'affaire du pouvoir ; tout au plus sert-elle à mieux s'émanciper de sa tyrannie de l'image et de l'ego.

lundi 25 novembre 2013

le mur du fond est peint en rose.

carte publiée par Le Midi-Libre le 23/11/2012
29 ans... c'est le temps d'une génération !
Et ça nous ramène en 1984, génération Mitterrand, juste après le virage à droite de 83 et l'entrée dans la tourmente de la rigueur à répétition. Finies les 30 glorieuses, c'était l'entrée dans les 30 laborieuses pour le peuple de France et ses cohortes de chômeurs des villes et demandeurs d'emploi  des champs, la ceinture toujours plus serrée quand le bataillon des riches crevait tous les plafonds dorés de la fortune.
Plus de pauvres toujours plus pauvres, et quelques riche toujours plus riches...
Cette INDECENCE n'est pas républicaine !
Une trentaine d'années plus tard, François Hollande n'a même pas eu besoin d'obliquer à droite après avoir mis son pas dans ceux de la droite qui traçait la route des privilèges ; les amis de Coluche et des Restos du coeur repartent à l'assaut du désespoir hivernal, de l'abri, de la faim, de l'humanité qui souffre.
Le million !
Voient-ils la vie en rose, celles et ceux qui pointent aux Restos du coeur, au Secours Pop', ou à tant d'autres repères de générosité populaire ?
Voient-ils la vie en rose, celles et ceux qui s'échinent à partager le peu qu'ils ont et au moins du temps pour soulager la misère d'alentour ?
Au fait, pour qui votent-ils -s'ils votent encore...- tous ceux qui sont des deux côtés de l'étal des Restos du coeur ? 

  • Pour les coupables de leur sort ?
  • Pour ceux qui la badigeonnent de tous les cache-misère imaginables ?
  • Pour ceux qui regardent aller les choses sans rien dire ni faire puisqu'ils ne sont pas encore tombés dans le caniveau ?
  • ... ou pour ceux qui s'insurgent et s'échinent à faire changer les choses ?
Et en plus pour parfaire le tableau, on les appelle les "bénéficiaires" ! 
Quel bénéfice ! pourquoi pas "profiteurs" tant qu'on y est !
la honte ne tue pas plus que le ridicule ; sinon ce serait l'hécatombe.


Pour vous en convaincre imaginez un instant la grève générale de tous les bénévoles du pays...

mercredi 20 novembre 2013

Un monde poltron

Depuis quelques temps le goût du débat s'est affadi et la préférence va désormais se percher sur deux branches moins franches dans les relations d'opinion.
La première est dans la conception d'auditoires partisans taillés sur mesure et présentés comme exercice démocratique exemplaire, à plus forte raison au bistrot.
Le second tend à instrumentaliser un sujet à priori technique dont le fond idéologique est soigneusement masqué pour abuser nombre de ceux qui s'agglomèrent dans la contestation.
Deux cas récents relèvent de cette seconde pratique : les bonnets rouges anti écotaxe et l'opposition à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires.
Concernant les saboteurs des portiques d'Ecomouv', à aucun moment on n'a entendu le moindre débat sur la perception privée de l’impôt. Quand au débat sur l'écotaxe en elle même il est passé par pertes et profits dans une démarche -de plus en plus commune- ou on fait avancer l'idée dans une structure étrangère à la représentation démocratique qui n'a plus ensuite qu'à la valider.
  • la privatisation de la perception de l'impôt ?
  • l'objet, la nature, l'assiette et le mode de perception de l'impôt ?
Dans la soupe médiatique servie matin, midi et soir, rien de tout ça... tout est occulté par le "ras-le-bol fiscal" et le régionalisme comme nouveau créneau. L'état n'a pas le droit de nous taxer parce que nous sommes bretons, fumeurs ou imbibés ! C'est le même comportement que l'individualisme collectif des tribunes de foot qui gagnent ou perdent par procuration : on a manqué de fond de jeu...
La manipulation des victimes par leurs bourreaux est d'autant plus efficace dans une société dont l'expérience du débat politique est réduite au spectacle du petit écran qu'elle est énorme.

Concernant la contestation de la réforme des rythmes scolaires, la problématique est la même et on voit une contestation périphérique concentrant des approches parcellaires et parfois antagonistes pour la réduire à sa seule dimension contestataire dissociée de motivations de fond dont l'incohérence serait fatale au mouvement. C'est ainsi que la question du financement fédère "à côté du vrai sujet".
  • la privatisation de l'action éducative ?
  • l'objet, la nature, l'assiette et le mode d'action éducative ?
La question éducative porte sur l'école de la maternelle à l'université et la formation professionnelle en fait partie, mais aussi sur l'éducation populaire au sens large. La question du désengagement de l'Etat avec des transferts de compétences aux collectivités territoriales comme le recours à des organisations associatives ou officines privées devrait faire débat, et tout particulièrement sur le modèle visé à terme. La misère faite depuis quelques années au tissu associatif historique tout en privilégiant l'émergence d'un nouveau monde associatif instrumentalisé  devrait questionner.

dimanche 17 novembre 2013

Les ravages du petit écran

Pour les spécialistes, tel Michel Desmurget, il n'y a plus de doute : la télévision est un fléau... Elle exerce une influence profondément négative sur le développement intellectuel, les résultats scolaires, le langage, l'attention, l'imagination, la créativité, la violence, le sommeil, le tabagisme, l'alcoolisme, la sexualité, l'image du corps, le comportement alimentaire, l'obésité et l'espérance de vie.
Redoutable poison idéologique aussi, il suffit de regarder le petit écran avec un peu de détachement et de repérer les codes véhiculés. Toute la panoplie du décervelage est en raccourci dans "Plus belle la vie" comme dans les journaux télévisés.... sans oublier les séries américaines !
Maintenant que les écrans télé sont dépassés par les autres petits écrans, ordinateurs, tablettes, smartphone... c'est pire !

Pas inquiets ? A
lors, si vous ne pouvez pas assister à la conférence de Michel Desmurget à Clermont mardi prochain, prenez une heure et demi et passez-la devant ce petit écran à l'entendre ! 
Et nous en reparlerons, après.

Sur le chemin de l'école.



Un pur bonheur sortit hier soir du pur hasard d'un moment de temps libre entre copains... Et si on allait au cinéma !
Le film documentaire de Pascal PLISSON mérite le détour. Les jeunes héros acteurs d'un jour n'interprètent aucun rôle, ils se donnent à voir vivre tout simplement. Ils sont beaux dans la misère de ce qui nous parait leur calvaire quotidien et qui, pour eux, n'est qu'espoir quotidien. Ils sont grands dans le dénuement de leurs familles qui fondent dans l'école le secret espoir d'un avenir meilleur. Ils sont tendres dans la pureté des sentiments et la proximité d'une nature rude et belle à la fois.
Jackson, Kenya, 15 km, 2 heures...
Zahira, Maroc, 22 km, 4 heures...
Carlos, Argentine, 18 km, 1 heure 30...
Samuel, Inde...
Quatre histoires se croisent dans le regard de ces enfants gourmands d'apprendre, quatre regards sur le monde d'aujourd'hui qui est celui de la vraie vie et du vrai monde, de ce monde d'ailleurs que nos boîtes à images ne nous montrent jamais, pas plus ailleurs que chez nous.
Guère plus d'une heure de cinéma... mais une gigantesque bouffée d'air pur qui redonne de la couleur aux idées et du souffle au coeur. Dans le film de Plisson nous prenons une leçon d'humanité, de la vraie.
Pas les jérémiades jésuites de ces bons messieurs et de ces bonnes dames qui pleurnichent leur absolution en disant à ceux qu'ils divisent qu'il faut "vivre ensemble" et faire passer 'l'humain d'abord".
L'humanité existe aussi chez nous, dans les campagnes et dans les quartiers qui ne sont pas peuplés que de dealers de cam ou de profiteurs sociaux comme la droite, son extrême et quelques autres voudraient nous convaincre. De soit-disant journalistes s'y emploient à toutes heures du jour et de la nuit.
L'humanité existe aussi ailleurs, au Moyen Orient comme au coeur de l'Afrique qui ne sont pas peuplés que de guerriers religieux fanatiques comme les gouvernants des "grands Etats" du monde et ceux qui les servent  voudraient nous convaincre. De soit-disant journalistes s'y emploient à toutes heures du jour et de la nuit.

Ni angélisme, ni cynisme, mais la dialectique de la domination et de l'exploitation des hommes comme des choses, exacerbe les pires tensions ; et les tenants du pouvoir capitaliste, aujourd'hui en tout point du monde comme dans trop de consciences asujetties surexploitent la peur en préservant l'ignorance, poussent les feux de la croyance contre l'intelligence et la raison, cultivent les haines qui conduisent irrésistiblement à la violence... Et l'exposition dans tous les journaux télévisés de la violence des hommes, le plus souvent individus détraqués, ne saurait dédouaner des Etats et les organisations sociales des violences institutionnalisées(Le traitement politico-médiatique du centenaire de la guerre de 14-18 n'est pas là pour rassurer les défenseurs de la paix et de l'humanité).

C'est dans ce contexte qu'un documentaire comme celui de Pascal Plisson prend tout son sens, petit caillou blanc sur le chemin de la reconquête de l'humanité par les hommes ; le regard des trois jeunes marocaines partageant la benne de la camionnette avec les moutons lors de la halte de la prière des hommes sur une piste de l'Atlas en dit long sur le chemin qui reste à faire !
Mais au moins tous ces enfants nous ouvrent leur chemin vers la liberté par l'école.

Les bonnets de toutes les couleurs qui s'agitent aujourd'hui pour ou contre l'écotaxe, la hausse de la TVA, les nouveaux cantons... tous les parents qui ont oublié que l'école est faite pour l'éducation des élèves et non pour instrumentaliser leurs lubies ou leurs états d'âme à propos d'un enseignement marchandise pour leur progéniture... et tant d'autres d'ailleurs, mériteraient d'être retenus une heure en garde-à-vue devant l'écran du documentaire de Plisson. Les plus récalcitrants de la comprenette pourraient même bénéficier d'une prolongation de garde-à-vue pour le revoir deux, trois ou cent fois si nécessaire !


samedi 16 novembre 2013

et UN... et DEUX ZEROS

D'où viennent donc les 130 millions d'euros que TF1 avait déboursé pour s'octroyer des droits télé sur le Coupe du monde ? A qui la chaîne envisageait-elle de les revendre à bon prix ?
Ingrats qu'ils sont ces benets bleus qui ne sont même pas capable d'honorer les dettes de leurs admirateurs ! Des heures et des heures d'antennes sur les radios du caniveau à faire s'époumoner les journalistes et consultants, produits dérivés du foot, et tout juste capables de faire du bruit... Tout ça pour ça !
Après allez parler de sport aux enfants et aux jeunes, c'est fric et division d'honneur à tous les étages ! La fameuse grève des clubs pro contre la taxation des hauts salaires va dvenir de plus en plus rigolotte à suivre après le résultat de ce soir !
C'est bien beau de parler d'autre chose, mais d'où viennent donc ces 130 millions d'euros que TF  avait déboursé ?
Maintenant que les bleus n'ont plus que le petit écran de TF1 pour participer au mondial, et pas du bon côté... la marchandise doit être sacrément démonétisée ! A qui TF1 va bien pouvoir fourguer ses droits d'occasion ? Au ukrainiens ? après ce qui s'est passé ce soir, je suis sûr qu'ils vont vouloir tirer les prix ! Au précédent mondial TF1 avait perdu le tiers de sa mise, 40 millions d'euros sur les 120 de la mise de départ... Et cette fois ?
A force de bavardage sur autre chose, la même chose en fait à côté, on en oublierait presque de se demander d'où viennent les 130 millions d'euros que TF1 a mis sur le tapis du casino médiatico-affairiste pour s'octroyer quelques droits télé sur 37 matchs du mondial au Brésil ?

Peut-être pourrait-on souffler aux oreilles un peu sourdes de la Présidence de la République qu'il est urgent de programmer une descente des champs Elysées en bus à impériale pour les bleus de retour d'Ukraine avec une réception dans les salons de Matignon et de l'Elysée pour l'encadrement et les joueurs... ils ont presque autant de succès sur la pelouse que la politique gouvernementale face au chômage, à la misère et à la désespérance sociale d'aujourd'hui.

Et, malheureusement, les discours du premier ministre et des siens ressemblent à s'y méprendre à ceux des joueurs devant le mur de leurs sponsors : on est sur la bonne voie... c'est difficile, mais on va y arriver si on donne le meilleur de nous mêmes... et bal, bla-bla, taratata.

Le foot, comme son nom ne l'indique pas, ce n'est pas le pied ; vivement que le sport revienne ! dès qu'on saura d'où viennent les 130 millions d'euros que TF1 avait déboursé pour s'octroyer des droits télé sur le Coupe du monde ? Peut-être après la séance de rattrapage un soir prochain "à domicile" !

mercredi 13 novembre 2013

La dérive poujadiste

Pigeons ou poussins, bonnets rouges, jaunes, verts... Printemps français, etc
Cette année 2013 aura connu tous les affronts faits à la démocratie et à l'intelligence citoyenne. Tous ces mouvements caméléons protestataires ont au moins un point commun, c'est la franchise courageuse des lettres anonymes ; ils avancent des non-bannières syndicales et des non-drapeaux politiques, alors qu'ils suintent de partout les couleurs de la droite et de l’extrême droite.
Ils fonctionnent comme le poujadisme en son temps. A ceci près que les moyens de leur communication sont aujourd'hui décuplés et leur sont offerts par une sphère médiatique dépourvue de tout jugement et de toute capacité d'analyse. C'est tout juste si quelques journaliste osent évoquer les relations avec l'extrême droite de quelques uns...
Les propos de quelques énervés au bonnet rouge glorifiant le fait que les syndicats seraient absents de leur mouvement comme tous les mouvements politiques est révélateur. C'est un secret de polichinelle que l'on "ne fait pas de politique" quand on est à droite !!! 
La faillite des partis politiques aujourd'hui réduits au rang d'accessoire électoral, celle des organisations syndicales anesthésiées dans le "dialogue social" aussi illusoire avec les patrons qu'avec le gouvernement, les partenaires sociaux étant proches aujourd'hui du rapport du maître au valet.

Redonner des couleurs aux urnes et à la rue pour redonner un peu d'espoir passe par une proposition politique mobilisatrice débarrassée de toutes les rentes de situation. C'est du neuf qu'il faut faire.

mardi 12 novembre 2013

Ne l'appelez plus jamais "grande".

La première guerre mondiale fait entrer la France, cent ans après, dans un cycle mémoriel qui va courir jusqu'en 2018. Telle que les choses commencent la célébration fait le choix très partial et partisan de la guerre gagnée, de la reconquête des provinces perdues, de l'union sacrée et de la gloire militaire...
Pour inscrire la première guerre mondiale dans son écrin historique, en débusquer les causes et en mesurer toutes les conséquences, le filtre de la gloire nationale et patriotique n'est pas des plus efficace. Mais c'est lui qui opère sur tous les médias présentant l’événement. Aucune omission n'est innocente et l'angle de vue détermine le "reste à penser".
Cent ans après ce ne sont pas seulement les 20 millions de morts civils et militaires qui manquent à l'appel ; mais aussi leurs familles impossible abandonnées à 3 millions de veuves et 6 millions d'orphelins, le fruit de leur travail et de leurs talents...
Le crime a fauché une part considérables de la jeunesse, des forces vives des pays belligérants.
Comme dans toutes les bonnes enquêtes criminelles, posons nous la question cruciale : "à qui profite le crime ?".
Dans l'histoire de l'humanité jalonnée de tant d'éruptions guerrières, la cause la plus évidente d'un conflit est souvent à rapprocher du règlement boiteux du précédent et des frustrations qu'il déclenche. La guerre de 14-18 n'échappe pas à ce phénomène et l'histoire rembobine son film jusqu'en 1871 quand la France fut défaite et amputée des départements d'Alsace Moselle par l'Allemagne désormais réunifiée sous la houlette de la Prusse avec Bismarck. Ce dernier avait auparavant réglé aussi par la guerre la concurrence avec l'Autriche en Europe centrale. Il ne serait pas inutile de retourner quelques pages et un siècle en arrière pour évoquer l'Europe napoléonienne qui, comme tous les empires qui l'avaient précédé -et vraisemblablement comme tous ceux qui le suivront- avait péri dans le plus grand désordre après être passé par une apogée guerrière dévastatrice. Les peuples sont un peu comme tous les éléments de la nature dans l'univers terrestre auquel ils appartiennent, ils gardent -parfois inconsciemment- des traces de la vie qu'on leur fait subir. Parfois ces traces sont exploitées et le sentiment patriotique en est un bel exemple quand la reconquête des territoires perdus fait chanter l'Alsace et la Lorraine... Parfois également c'est à un travail consciencieux de ré écriture qu'on assiste pour formater les opinions dans le sens que le pouvoir veut donner à l'histoire. Il est banal aujourd'hui dans le monde de l'histoire d'évoquer les deux légendes napoléoniennes ; légende dorée et légende noire, l'épopée napoléonienne peut s'interpréter d'une façon ou d'une autre ici ou là, du point de vue militaire ou à l'oeil civil, à l'échelle de la Corse ou à celle du monde...
Sans oublier que l'empereur a suivi le consul, que le consul avait succédé au jeune général  que le Directoire choya avant de s'en méfier...
De là à faire remonter la guerre de 14 aux difficultés post-révolutionnaires de la République Française il y a un pas ; mais on trouve dans le siècle qui précède le conflit ouvert en août 1914 tous les ressorts des problématiques croisées des états qui ne se gouverneraient que dans une perspective de croissance impérialiste en opposition avec des concurrents animés des mêmes ambitions. Cette loi du plus fort avait permis dans les temps plus anciens dès que les caravelle de Christophe Colomb l'avaient permis, de ruiner quelques civilisations américaines à force de barils de poudres et d'alcool sous le parapluie moral du goupillon des missionnaires. Les premières conquêtes avaient permis aux puissances européennes en particulier d'élargir leur empire chacun de son côté ; mais il fut un temps où les ambitions des uns ne pouvaient plus se développer qu'au détriment des autres et c'est ainsi que l'ère des conflits coloniaux a porté la guerre sur tous les continents. Ces conflits n'avaient rien à envier à ceux du millénaire précédent, la conquête des territoires étant indissociable de l'accaparement de ses richesses et de l'asservissement de ses populations au format du colonisateur. Après la poudre à canon du premier acte sous le signe du sabre, c'est au goupillon d'entrer en lice et la religion va parfaire et entretenir la camisole de force idéologique forçant la soumission.  Des épices d'avant-hier au minerai d'uranium du Niger aujourd'hui, la frontière est ténue.
Pour en revenir aux causes de la guerre de 14-18, sans s'en être trop éloigné dans ce raccourci du temps et de l'espace, l'Allemagne qui vivait sa crise de croissance d'état neuf ressorti du puzzle dont la reconstitution s'était accélérée avec l'unité requise autour de la Prusse en guerre contre la France en 1870, avait aussi un compte à régler avec les puissances coloniales établies en Europe,  Royaume Uni et France, en Afrique en particulier.
La période du début du XXème siècle est aussi celle d'une phase critique dans le développement de l'industrialisation et de la transition démographique qui l'accompagne à la suite de la Révolution industrielle née dans la vapeur et le charbon anglais de la fin du 18ème siècle et en France quelques décennies plus tard. L'accaparement du "progrès" dans les activités humaines par le capitalisme faisait dans le même temps de cette période celle de grands bouleversements. L'agriculture perd de son importance dans l'éventail des activités qui déploie l'industrie en première ligne et voit poindre l'importance conjointe des échanges commerciaux, mais paradoxalement elle gagne en importance dans ses capacités nouvelles à réduire le fléau de la faim (un siècle après ce n'est pas gagné à l'échelle de la planète !). L'économie, la politique, la société toute entière est en mouvement et ce n'est pas par hasard que les prémices du socialisme, ricochets des précurseurs de la Révolution et des analyses prophétiques de Marx et de ses compagnons aient accouché d'un Jaurès ou plus près de nous d'un Montusès.
La guerre arrive aussi sur ce terreau du pacifisme qui a compris que la guerre était d'abord l'outil des puissants pour préserver et accroître leur fortune et leur pouvoir, fusse au prix de la vie des hommes. La guerre de 14 n'est-elle pas le prototype de la "grande boucherie" dévoreuse de "chair à canon".
S'ils ont assassiné Jaurès, n'était-ce pas pour faire sauter le dernier verrou des empêcheurs de faire la guerre en rond en faisant de l'Union Sacrée l'arme fatale des bellicistes...
La complexité des causes de la guerre ne les rend pas pour autant compliquées à comprendre quand on regarde ce temps comme le tricot jacquart dont les motifs et les couleurs de fils sont indissociables pour former l'image contrastée de son dessin. Et comme sur le métier à tisser, il avait fallu monter les fils de chaîne sur les ensouples du métier de l'histoire pour la trame en soit tissée.
Tout se passe aujourd'hui -mais aussi depuis longtemps- comme si le mouvement pacifiste, trop conscient des enjeux du conflit, devait être évacué de la mémoire collective. 
L'assassinat de Jaurès qui voulait opposer la grève générale à la guerre pour bien signifier la volonté d'un peuple promis à être la première victime d'une conflagration d'intérêts qui lui sont étrangers va signer la perte de la paix trois jours avant la déclaration de guerre. 
Ce mouvement d'opinion contre la guerre n'avait rien d'un défaitisme poltron mais préfigurait d'autres formes de Résistance sur lesquelles le poids du tabou est encore lourd. Les mutineries ont existé et elles avaient leur justification jusque dans la hiérarchie sociale des troupes au front et à l'arrière.  Le gouvernement français et son état-major des armées n'ont pas hésité à sacrifier des morts vivants des tranchées pour ajouter la peur à l'anesthésie par l'alcool et l'aumônerie. Le seul fait que le Président  de la République ait répondu par une demi-mesure à la demande de réhabilitation collective, pleine et entière, des "fusillés pour l'exemple"  témoigne bien de la difficulté à lire l'histoire autrement que dans une logique d'instrumentalisation, s'imaginant que la gloire et la grandeur supposée d'un passé pourrait rejaillir sur un présent miraculeusement rebadigeonné...
Peine perdue ! 
La mémoire de la guerre de 14-18 est aussi celle de fusillés de Vingré et d'ailleurs. Elle est aussi celle de ceux qui s'y sont opposé corps et âme, même quand ils ne faisaient que trois avec Pierre Brizon pour refuser les crédits de guerre à l'Assemblée... Elle est aussi celle de la Révolution allemande qui conduisit à l'armistice. Elle est aussi celle des fraternisations. Elle est celle des millions de victimes dont le deuil fut impossible après que leur corps se perde avec le fer dans la terre ds champs de bataille. Elle est aussi celle des douleurs transmises en héritage des millions de blessés. Elle est aussi celle des listes trop longues des Monuments aux Morts qui signent l'arrêt de mort de 20% d'une jeunesse à jamais assassinée. Elle est aussi celle d'un Pétain dont on peut se demander s'il était tellement différent de celui de Montoire... 
L'histoire ne retient pas toutes les mémoires qu'elle déshabille des engagements qui en incarnaient les actions ; elle lisse, et ne peut guère qu'être partisane dans sa recherche d'objectivité. Pour Vercingétorix, Ravaillac écartelé ou Bertrand Du Guesclin, peu de polémiques bruyantes secoueront les mémoires, leurs cendres sont bien refroidies ; mais quand les répliques du séisme se font encore sentir la chose est bien différente !
Grande guerre, la Der des Der ?

Malheureusement pas plus grande qu'elle ne fut la dernière.

Toute ressemblance avec la  guerre économique d'aujourd'hui qui voit des Etats-Majors bouffis de profits sacrifier des bataillons de travailleurs ne saurait être totalement fortuite.

à suivre.

dimanche 10 novembre 2013

Terrils en éruption, lave rose et larme rouge

L'exemple par le Nord...
Bientôt le gouvernement français pourra proposer au CIO par l'intermédiaire de son ministre des sports d'inscrire l'élection municipale parmi les sports olympiques. Chaque semaine apporte son lot de situations et de comportements qui valent bien la préparation olympique des sports de combats.

Mais malheureusement le fair-play et le désintéressement de l'olympisme ne s'y retrouvent guère ; et on se croirait plus surement sur un terrain vague de banlieue entre bandes rivales que dans les gradins d'un stade olympique ou du tatamis rouge du débat d'idées.

On a les champions qu'on mérite... Non ! Plutôt les champions qu'on hérite, et les exigences de la démocratie devraient conduire à quelques refus d'héritage.

Jaurès, Montusès, réveillez-vous !

Le capital ne manque pas d'assurance


Hier matin, Martin Vial, grand patron d'Europe Assistance - et catalogué plutôt à gauche après être passé par le cabinet de Paul Quilès lorsqu'il était ministre de Mitterrand - participait à un entretien intéressant sur France info. Vous pouvez le ré-écouter ici, et, si vous ne disposez pas des 7 minutes  nécessaires, poussez le curseur à partir de 3 minutes et demi pour une petite partie concernant la santé et la dépendance.
Martin Vial est à la tête d'une société appartenant au groupe d’assurances privées Generali. Cette société italienne est en bonne santé financière ; elle annonçait une progression de 75% de son bénéfice au troisième trimestre de cette année et dégage globalement 5% de bénéfice sur les cotisation qu'elle collecte après avoir payé ses frais de gestion et réglé les sinistres de ses assurés. Ce n'est là que le socle du profit de la société auquel s'ajouteront les résultats des produits financiers dont l'assurance a un usage massif. Les assureurs investissent plus de 1000 milliards dans les entreprises et en tirent quelques bénéfices !










Le point crucial de l'entretien porte sur l'entrée en force des intérêts privés dans le financement de la santé et demain de la "dépendance". Et cet offensive soutenue hier sous l'ère Sarkozy n'est pas combattue maintenant avec le "changement". Le capital à les dents longues !
A voir le monde terrain de jeu du capital l'assureur fait le constat que les Etats-Unis dépensent 15% de leur PIB pour la santé quand nous sommes autour de 11%... La marge de progrès est considérable pour atteindre le taux américain... et dans le même élan retrouver le niveau d'inefficacité de son système qui, avec le privé dépense plus pour soigner moins ! Et quand les assureurs tournent leurs regards vers la Chine, ce n'est pas pour investir dans la dépollution de l'industrie à bas coût de la planète des milliardaires, mais pour reluquer les gisements de profits qui ne vont pas manquer de se dégager dès que les Chinois qui réclament déjà de meilleurs salaires vont envisager de dépasser les 5% de PIB consacrés aux dépenses de santé. Le modèle américain garantissant le surpoids de la malbouffe aux corps des pauvres en même temps que l'obésité aux fortunes capitalistes.
Et la dépendance des vieux... le monde de l'assurance ne rechigne pas à parler de dépendance plutôt que de perte d'autonomie pour cacher la même misère...
La France y consacrerait à peu près 1% de son PIB. Et les rapaces de l'assurance verraient bien le doublement de cette manne à leur profit à court terme. C'est sur ce point qu'il va falloir être particulièrement vigilant dans les mois qui viennent. La perspective assurancielle est loin d'être écartée et le lobby des assureurs n'a de cesse de mettre  à mal le secteur mutualiste. Les mesures gouvernementales et plus largement le mouvement d'ensemble qui élargit depuis des années la couverture des risques assurés par les mutuelles en même temps que la couverture commune se rétrécit conduit à la privatisation tant attendue, sanctuarisant un prélèvement accru sur la richesse commune au profit du privé, réduisant par la même le potentiel des moyens alloués aux soins et à l'accompagnement des malades ou des personnes âgées en perte d'autonomie ou de toutes celles qui sont en situation de handicap.
Ce qui est en jeu c'est bien le détricotage final de la Sécu imposée au sortir de la seconde guerre mondiale comme le formidable levier du redressement d'un pays ruiné par la guerre.
Si la gauche avait le courage politique d'écrire trois lignes de programme à l'attention des électeurs qu'elle ne voudrait plus perdre dans le néant de l'abstention, peut-être dirait-elle que les dépenses sociales, ressources utiles à la vie, santé, éducation, retraite, famille ne relèvent que de la puissance publique et doivent échapper au "marché". 
Trouver les ressources ? Pas compliqué, réorienter les flux financiers qui vident les caisses de l'Etat (exonérations fiscales et sociales, fraudes à grande échelle...) et celles des citoyens (étranglement des salaires, restriction des pensions...) vers le trésor public.
Les nationalisations du sortir de la guerre s'imposaient sans peine dans les circonstances d'alors ; la justification de celles qui seraient nécessaires aujourd'hui n'est pas moindre pour ressortir le pays  (et d'autres avec lui) des ruines de la guerre économique qui a mis la planète entière à feu et à sang.

Un ministère du redressement productif y  suffira-t-il quand il annonce la relocalisation de 25 emplois dans la semaine qui a vu l'annonce de 3000 suppressions ? La visite courtoise du ministre de l'économie et des finances au huiles du MEDEF va-t-elle effrayer les magnats de l'assurance qui y siègent ?

Plus que jamais la vigilance s'impose face aux demi-mesures et au consensus mou.
Lutte et revendications... mais attention à ne pas prendre le grand désordre organisé depuis quelques temps et bien noyauté par la droite et son extrême pour le socle d'une contestation utile. Son but premier n'est que la déstabilisation d'un pouvoir déjà fragilisé par sa propre conduite ; et le risque est grand de voir nombre de gens sans grande conscience politique se laisser prendre dans ces filets comme ils l'ont été trop souvent dans ceux de l'extrême droite.

Faudra-t-il attendre le sursaut et la clarification des orientations du monde syndical aussi longtemps que la résurgence d'un parti communiste en capacité d'éclairer la route du progrès social un peu plus loin qu'au premier virage électoral ?

samedi 9 novembre 2013

Au risque de déplaire, ils ont des chapeaux .on.s

Les bretons sont en colère...
...l'Ecotaxe, le dernier calvaire breton !
Le grand déclencheur de l’ire bretonne fut l'installation des portiques percepteurs d'écotaxe par "Ecomouv", la société privée conçue sous Sarkozy pour lever l'impôt et en profiter grassement au passage.
N'y auraient-il donc pas pensé plus tôt ? N'avaient-ils pas des leurs dans les représentations démocratiques issues des élections, municipales, cantonales, régionales ou nationales qui connaissent un petit peu la situation de leur "territoire" pour comprendre qu'une Bretagne ne représentant qu'un quinzième à peu près du territoire national, mais qui produit près des deux tiers des cochons, près de la moitié des oeufs, un tiers des volailles et un cinquième du lait... sans compter les produits de la pêche des bretons pêcheurs... sans oublier les artichauts et les choux-fleurs qui ne servent pas toujours à l'élévation des barricades routières... pour comprendre simplement que cette Bretagne a besoin d'infrastructures d'un transport massif, et non pas seulement pour écouler sa production agricole brute ou transformée vers les zones de consommation, mais aussi pour approvisionner une agriculture du pire des modèles productivistes densifiant le hors-sol au point de mettre en cause les plus élémentaires des équilibres naturels. Alors, s'imaginer que le transport routier doive un jour contribuer à la santé des routes comme tous les citoyens contribuables ordinaires le font avec leur taxe d'habitation pour leur petit bout de trottoir ou de fossé, ou avec leur impôt sur le revenu pour l'éducation de leurs petits, leur santé publique et leur bout de route nationale jusqu'au Caveau de la République où les chansonniers singent si bien les gens importants, il y a bien la place pour la révolution conservatrice des benêts rouges dont les bonnets de la même douleur ont été fabriqués en Ecosse !
La crise bretonne n'existe pas ; pas plus que celle du piment à Espelette, des bretelles à Remonter ou du nougat à Montélimard ! La crise est celle d'un système que d'aucuns répugnent à nommer par son vrai nom, la crise capitaliste. Et en parlant de crise capitaliste, on aurait tort de l'envisager comme une maladie qui l'affaiblirait, comme un dysfonctionnement qui le mettrait en danger. Voyons la bien pour ce qu'elle est, consubstantielle de son système. 
N'attendez pas d'amélioration, de répit, et encore moins de guérison, c'est le capitalisme en pleine santé qui fait sa crise, c'est parce qu'il est en pleine forme qu'il ruine autant les uns en saignant les autres jusqu'à la dernière goutte.
On vous parle de filières et de contrats... En omettant bien d'expliquer au citoyen lambda ce que ces mots recouvrent de sa vraie vie...
Des paysans bretons ? en existe-t-il encore un seul ? Pour le trouver il faudrait chercher celui qui a réussi à échapper aux quotas laitiers, qui  n'a pas plus de contrat en cours avec les distributeurs qu'il n'en a avec ses fournisseurs d'intrants... et qui ne soit pas endetté jusqu'au cou par les deux catégories précédemment citées au point d'en être esclaves 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Par contre des transporteurs... et des descendants de l'épicier de Landernau, ils sont venus, il sont tous là, même ceux du Finistère et le dernier des bournicans pour réclamer la peau de la République. L'autonomisme breton refait surface pour contester l'Etat derrière des élus pas toujours carrés quand leur position est aussi stable que les vents bretons, un jour à droite, un jour à gauche.
Dans cette aventure l'économie, dite de marché, dicte sa loi de l'étranglement des masses pour assurer l'épanouissement de quelques privilégiés. L'exemple breton montre bien la manipulation totalitaire qui est à l'oeuvre sur le modèle de la conquête des consciences par le Front National : les victimes doivent devenir les propres acteurs de leur perte : les paysans bretons, comme les travailleurs de l'agro-alimentaires qui ont été conduits à se battre il y a quelques jours entre exploités d'une même entreprise, les uns licenciés, les autres en sursis, illustrent bien le risque pour la démocratie à l'échelle du pays. Un paysan en contrat pour son poulailler, sa porcherie ou ses quotas laitiers n'est plus un paysan. C'est tout au plus une variable d'ajustement à un rang subalterne à celui des matières premières qu'il génère ou qu'il utilise et qui, elles, sont considérées comme des valeurs, au moins dans les salles de marchés de la spéculation capitalistique.
La révolte bretonne, d'apparence sympathique est d'abord celle des fossoyeurs de la République qui trouvent que ça ne va pas assez vite à leur goût.
C'est d'autant plus facile quand la République n'est plus que fantôme blafard dans le courant d'air des agissements de la droite de Sarkozy hier ou Blanche-neige chez les Mickey de Marne la Vallée avec la soit-disant gauche d'aujourd'hui.
Ramener les bretons à la raison passerait peut-être par l'explication de leur misère prochaine pour au moins qu'ils comprennent ce qui leur arrive et pourquoi.
Et puisque la République bonne fille autorise l'enseignement dans une autre langue que le français en Bretagne -le particularisme régional a-t-il servi un jour autre chose que le pire des conservatisme à l'ombre des crucifix et des goupillons ?- qu'elle invite les bretons à consommer leur charcuterie sans aller faire abattre leurs cochons en Allemagne et en sachant pourquoi, qu'elle invite les bretons à produire les aliments de leurs élevages hors-sol sans embarrasser la circulation des poids lourds livrant céréales d'ailleurs ou soja du bout du monde... etc, etc. Les autres régions de France peuvent aussi espérer autre chose que des autoroutes en concession en attendant le TGV d'après-demain ; elle peuvent espérer faire vivre la ruralité en harmonie avec l'urbanité, simplement vivre, comme la Bretagne a le droit de vivre.
Un jour viendra, douleur étrange, un jour où les hommes retrouveront l'appétit de la vérité et le gout de la liberté.
Alors peut-être les radios, télés et autres journaux pourront moins impunément poursuivre l'épandage de leurs infos infestant les esprits aussi bien qu'il empoisonne la terre.
Ce qui se passe en Bretagne n'est pas à passer par pertes et profits, pas plus qu'à instrumentaliser.

Ce n'est qu'une raison supplémentaire de lutter, et accessoirement de voter pour des solutions plutôt que pour des rentes de situation.

jeudi 7 novembre 2013

Testez vous

Parmi les OVNI (Objets Vivants Naturellement d'Internet), le site Politest est assez amusant en passant par des formulations qui s'écartent du noir et blanc, même quand elles sont bien dans la caricature médiatique ambiante... et le résultat est satisfaisant !
Allez-y juste pour rire, tentez l'expérience en toute sincérité et vous verrez :
http://www.politest.fr/
Pour ma part la déception a été grande de voir qu'au résultat qui me positionnait à gauche de la gauche je ne devais plus appartenir à l'onde du PCF, beaucoup trop modéré sur nombre de sujets !!!
Celles et ceux qui ont participé à l'éviction devaient être sacrément clairvoyant(e)s, le PCF est trop mou modéré pour moi... C'est peut-être vrai puisque Politest le dit ! 

Toutes celles et tous ceux qui ne savent pas où ils habitent peuvent utilement faire le test, au risque de se découvrir là où ils sont plutôt que là où ils s'imaginent qu'on les voit !


La gauche de droite est au pouvoir...

Non, ne craignez rien, cette affirmation n'est que celle d'un homme de culture, un écrivain et journaliste. 
OUF ! 
Ce n'est pas lui qui est chargé des négociations politiciennes qui vont permettre de sauver le mandat de quelques élus lors des prochaines échéances électorales.
Un article à lire attentivement pour bien saisir l'origine du désarroi de beaucoup de communistes qui ont quitté leur organisation et la détermination de ceux qui s'en sont fait virer à vouloir rétablir dans ce pays un parti communiste digne de son nom et de son histoire.
"un siège au conseil municipal de quelque ville que ce soit ne vaut pas d'abdiquer nos convictions..." encore faudrait-il que tous les chasseurs de mandats en aient encore, des convictions !

... cette seule page vaut bien l'abonnement à l'Huma !

mercredi 6 novembre 2013

Lettres persanes

Montesquieu prenait la précaution de situer en Perse l'incongruité l'irritant à ses pieds. Le visionnaire prenait sans aucun doute la précaution utile dans un monde ou le poète allait chanter quelques siècles plus tard :"celui qui dit la vérité, il doit être exécuté...".
Des collectivités affublées depuis quelques décennies de décentralisation d'une multitude de collaborateurs et employés subalternes se doivent bien sûr ensuite d'en assurer l'entretien, et formation incluse. Mais dans ce monde des grands la formation mérite de relever du marché, et, comme l'important est la dépense, les marchands du temple raflent les marchés à l'issue des procédures d'appels d'offre qui peuvent naturellement s'étendre aux frontières du continent. Et comme chacun sait le letton ou le maltais font de remarquables formateurs pour les bonnets bretons ou basques ou calabrais... et il est possible de découvrir qu'un organisme public titulaire d'un petit bout de marché en confie l'exécution aux bénévoles d'une association qui ne leur coûte rien... sinon un peu de considération ! Mais rassurez-vous, c'est en Perse, et chacun sait que les persans sont peu regardants sur l'économie du projet comme ils disent ; pas plus regardants d'ailleurs sur l'exécution de la tâche, son cadre ou son résultat... Pas d'inquiétude, tant que le mal est en Perse nous pouvons continuer d'en rire.
Plus tard, comme les bulgares vont lancer un grand appel d'offre pour construire le MUR qui préservera l'Europe de l'invasion des réfugiés syriens dont l'orthographe approximative nourrit la confusion entre Paris et Paradis, ne doutons pas que les grands su BTP français vont déposer leurs offres.... et le construire peut-être ; certains ne manqueraient pas alors de se féliciter du coup de pouce au commerce extérieur.

Combien de temps et de morts a-t-il fallu pour que tombe le mur de Berlin ?
Et les murs de Belfast... des murs de religion.
Combien de temps et de morts faudra-t-il pour que tombe le MUR de la honte construit par Israël ?
Combien de temps, de misère et de honte aura-t-il fallu boire avant que le mur bulgare chavire ?
De béton, brique ou pierres, ou barbelés électriques, tous aussi terriblement honteux que ceux qui bornent les cervelles malades de ceux qui les construisent les murs sont les prisons de ceux qui les construisent.
Mais un jour viendra, peut-être...

Alors peut-être le moins con des humains expliquera-t-il à ses enfants l'inutilité du Mur d'Adrien... mais ce temps n'est pas encore venu à contempler les restes encore intacts des murs d'incompétences emprisonnant le monde, et la Perse y  compris.

mardi 5 novembre 2013

4 et 2

Quatre vivants reviennent de trois ans de captivités.
Deux dépouilles reviennent de trois jours de morts.
Et toujours le même président. Va-t-en guerre au Mali il y a deux matins pour bouter hors des sables du désert la gente terroriste qui menaçait l'intégrité du Mali, le président de la République à peine a-t-il fini d'accueillir quatre otages de retour peu bavards, qu'il doit rendre les hommages à deux cercueils de journalistes désormais bien muets. Un lien dans tout ça ? 
Une évidence, peut-être, la France n'est pas à l'aise dans le costume mal taillé pour elle de gendarme du monde. Quels intérêts sont en jeu qui font l'enjeu des armes ? 
Le "terrorisme" est évidemment condamnable dès lors qu'on en est victime. Mais rien n'interdit de chercher à comprendre pourquoi certains en viennent à considérer que la violence extrême exercée sur les hommes devient l'évidence incontournable... et par là même chercher à éradiquer la cause plutôt qu'à fustiger la conséquence.
Lorsqu'on parle d'Afrique et de "françafrique", doit-on confondre "les intérêts de la France" aux intérêts bien compris des multinationales capitalistes qui pillent le continent africain de ses ressources naturelles pour leur plus grand profit ?
Lorsqu'on parle d'Afrique, sans se perdre dans les considérations insultantes qui évoquaient un retard des civilisations africaines, doit-on livrer des modes d'emploi de la démocratie que nous avons tant de peine à faire vivre chez nous ?
La promotion d'une politique de coopération et d'entraide a-t-elle besoin de chars, d'uniformes et de poudre à canon ? L'examen banal de tous les théâtres d'opération militaire montre à l'envie les ravages de la guerre dans les corps d'abord, et dans les esprits durablement ensuite.
Il est donc si difficile de se dépouiller du costume puant des colons qui considéraient si injuste que leurs sujets ne se confondent pas en remerciements pour tous les bienfaits que le sabre blanc leur apportait sous la bénédiction du goupillon missionnaire : alcoolisme, maladies vénériennes, cupidité en prime.
Que la rage imbécile fleurisse sur tant de misère et de mépris accumulés au cours des siècles n'a rien d'étonnant ; mais ce n'est ni l’imbécillité ni la rage qu'il va falloir corriger là-bas (il y a trop à faire chez nous), mais bien la misère qu'il faut combattre pour imposer le respect. 
Pour inspirer le respect, encore faut-il être respectable, et d'abord respectueux.
Ce sont toutes ces questions qui valent pour le Mali comme elles valaient pour l'Afghanistan, la Somalie ou l'Ethiopie, la Libye ou la Mauritanie... la Bretagne ou la Corse !

lundi 4 novembre 2013

Poison rouge

Des usurpateurs de couleur...
Depuis quelques temps les Don Quichotte du patronat breton montent à l'assaut des portiques de l'écotaxe aux côtés d'un monde paysan conduit par la FNSEA. Et ceux-là ont l'oreille des palais de la République ! Les médias en font des tonnes autour de ces "bonnets rouges" ! une couleur qui leur va comme chaussettes aux phoques. Le monde ouvrier et progressiste était plutôt à Carhaix qu'à Saint-Brieuc où les "affrontements avec la police en marge de la manifestation" se sont opportunément produits à l'heure du journal télévisé... le scénario est bien réglé et médias comme porte-parole du gouvernement avaient eu raison de craindre des affrontements si bien mis en image et en ondes.
Mais au bout du compte, d'analyse sur l'écotaxe, RIEN, de curiosité journalistique minimale sur la société privée en charge de lever cet impôt, RIEN, du fond des problèmes dont souffre la Bretagne, RIEN...
Les transporteurs et les patrons bretons sont mieux entendus que celles et ceux qui, beaucoup plus nombreux, se sont élevés contre la réforme des retraites !
L'important était bien d’entonner l'air du matraquage fiscal, de la nécessité d'aider les entreprises...
Tournez manège, côté peuple, y a rien à voir !
En leurs temps les Chouans avaient au moins le courage de porter le blanc de leur contre révolution.

quand les mots ne sont que des maux

Un deuil de plus,
toujours un deuil de trop... 
Il y a deux matins Henri s’en allait à 91 ans passés… à peine quelques jours plus tard c’était au tour de Robert de nous laisser orphelins des témoins acteurs de la Résistance et de la Déportation après 93 ans de lutte !

Mais hier c’est un Ami de 59 ans qui nous a quittés. Jean-Pierre était arraché à notre compagnie par la maladie ; et nous étions tous également tristes en l’accompagnant en ce matin d’automne à Vichy pour son dernier voyage. Parmi les Amis de la Résistance, il était de ceux qui savaient pourquoi il est si important de perpétuer la mémoire de celles et ceux qui ont su lutter au prix de leur vie pour la liberté… si important de militer pour que les valeurs républicaines, l’égalité et la vraie fraternité -qui n’est pas la compassion pleurnicharde qu’il ne supportait pas- aient encore droit de cité.

Compagnon de combat des luttes politiques ou syndicales, camarade et ami pour la vie, Jean-Pierre ne laissait percer aux yeux de la plupart qu’une petite parcelle de ses talents et de sa fortune de pensée. Sa discrétion et sa modestie n’avaient d’égal que l’intensité de son engagement et de son dévouement à la cause commune. Famille, amis et camarades trouvaient toujours auprès de Jean-Pierre la disponibilité, l’attention et le soutien sans calcul, souvent même trop oublieux de lui-même.

Issu d’une famille modeste de notre campagne, l’instituteur qu’il était devenu était passé, comme beaucoup à cette époque, par « l’ascenseur social » de l’Ecole Normale, dans une génération qui donnait de la couleur et de l’épaisseur à l’engagement de service public. C’est une passion dévorante pour son métier qui l’a toujours animé et qui rendaient les échanges qu’on pouvait avoir avec lui sur le thème de l’éducation d’une extraordinaire richesse. Ses élèves, leurs parents comme ses collègues ne risquent pas de l’oublier.

Tous ceux qui l’ont côtoyé garderont au coin des lèvres le sourire des bons moments de la vie partagés avec lui, des parties de pétanque acharnées, parties de pêche ou apéro-philo, des longues discussions riches et passionnées autour d’un verre, des fêtes et des chansons… Jamais rien ne lui fut indifférent, et notre mémoire commune fourmille d’une multitude d’anecdotes, toutes témoignant de l’investissement de Jean-Pierre dans tout ce qu’il touchait. Il m’en reste parmi tant d’autres que nous nous rappelions parfois comme des petits cailloux blancs jalonnant notre chemin partagé depuis l’enfance… Ce fut le voyage d’Orléans à Paris quand nous avions quitté le congrès du syndicat des instituteurs pour faire naître en quelques jours le SNUipp et l’installer dans le département dès notre retour. Précurseurs de la FSU, avec une belle compagnie de syndicalistes rebelle à la collusion nous avions rêvé si fort que la réalité s’est faite… Quelques temps plus tard, lors d’une de nos nombreuses manifestations parisiennes nous étions montés tous les deux avec l’Express verte archi pleine de fromage blanc paysan et de vin de Saint Pourçain dont nous avions fait commerce dans la manifestation afin de gagner quelques sous pour soutenir la trésorerie de notre syndicat naissant… Notre stock n’avait pas fait long feu ! Mais Jean Pierre n’était plus très rassuré au moment de quitter les grands boulevards en fin de manifestation quand nous avions dû franchir des cordons de CRS patibulaires… qui devaient soulever les chaines des barrages en curieuse haie d’honneur pour nous faire passer ! Une autre fois, revenant d’une manifestation pour la paix, la discussion était si vive dans la voiture que nous nous étions trompé d’autoroute et que notre retour nous fit passer par l’Anjou pour regagner le bourbonnais… très tard dans la nuit !

… sans compter notre participation au congrès d’Agen de l'ANACR d’où nous étions revenus en dessinant tout au long de la route les grandes lignes de la participation de notre comité local au Mémorial de la Résistance. Il ne sera plus là quand nous en achèverons quelques réalisations à l’été prochain.

Au Comité local de l’ANACR Meillard-Le Montet, avec Jean-Pierre, notre association ne perd pas seulement un secrétaire dévoué et un militant efficace ; c’est un vrai passeur de mémoire qui nous quitte, un homme qui savait servir l’histoire parce qu’il mesurait parfaitement l’exigence de son devoir de mémoire.

Jean-Pierre est parti ; son souvenir nous reste, nous ne l’oublierons pas.