jeudi 24 décembre 2020

Bonne année...

 

C’est l'histoire d'un drame...

Le grand épicéa est mort !

Le vent a eu raison du grand cadavre encore debout, tout nu.

Dans le fracas de sa chute de grands lambeaux d'écorce ont découvert sa chair exsangue, et un mystérieux réseau de traces sombres incrusté dans le bois blanc veiné de brun. Tel le dessin de curieux insectes aux innombrables pattes, ou figurant les grands dessins des géoglyphes de Nazca… Qui avait gravé là une trace de son passage témoignant d’un si bel appétit ?

Les scolytes en sont coupables.

Et plus précisément l'artiste de la famille, le bostryche typographe dont les larves creusent le réseau de galeries asphyxiant l'épicéa en rompant la circulation de la sève. Le monstre s’est fait artiste.

Et, pour que la vie s'obstine, quelques virgules colorées soulignent là leurs funestes forages...




lundi 16 novembre 2020

L’humeur chagrine du confiné

Glas et tocsin. 

Insécurité générale, n’importe qui, n’importe quand et n’importe où… 
Terrorisme et virus, deux plaies, entre traitement et soins palliatifs, en traite-t-on les causes ou les effets ? 

La France se réveille chaque matin avec les chiffres des contaminations tartinés à la table du petit-déjeuner et se couche chaque soir dans l’incertitude inquiète des résultats du lendemain… 

La France s’est à nouveau réveillée, pétrifiée par l’horreur, depuis la basilique de Nice. Un lieu de culte théâtre d’un acte de barbarie motivé par un l’instrumentalisation mortifère d’une autre religion… 

Radicalisme islamique et islamisme radical, islamisme politique… Dans ces déchainements aussi barbares envers les citoyens qu’ils sont dévastateurs pour la démocratie dans les Etats qu’ils constituent, tous les observateurs voient bien les agissements de fanatiques dont l’intolérance dogmatique justifie tous les crimes. 

A chaque nouveau crime, la société se renferme un peu plus derrière les hauts murs sans cesse rehaussés de son « Etat d’urgence » … À la façon de la fuite éperdue à l’abri des fossés, d’une cour de château, pont levis relevé, herse baissée et soldatesque postée aux créneaux devant l’invasion barbaresque. 

Fossés et pont-levis, herses et sentinelles des temps modernes ont-ils mis à l’abri les valeurs de la République, la liberté, l’égalité, la fraternité, dans une République sociale et laïque, et tous ses citoyens ? Un peu comme jadis la Ligne Maginot, grande débauche de moyens et de discours, véritable chef-d’œuvre d’une défense qui prétendait dicter sa stratégie à l’adversaire s’est évanouie sous la déferlante hitlérienne venant d’ailleurs et autrement… Les dernières forteresses n’ont jamais protégé personne dès lors que l’adversaire, eût-il été connu, n’est pas tel qu’on se l’imagine. 

Faut-il se souvenir du soutien américain aux islamistes instruments de la reconquête de l’Afghanistan avec les talibans… 

Faut-il passer par pertes et profits l’incapacité qui persiste en France à solder dans le discours raisonnable et apaisé de l’histoire ce que fut son siècle d’aventures coloniales dont les mitrailles continuent de ricocher aujourd’hui ? 

Notre nouveau siècle serait-il définitivement voué à l’affrontement sanglant des croyances comme l’humanité en avait déjà tant connu par les siècles passés sur tous ses continents. 

Le développement des intégrismes religieux au début du siècle dernier s’était manifesté chez les catholiques français dès 1907 ou chez les protestants aux Etats-Unis une douzaine d’années plus tard… L’intégrisme islamiste fonctionne sur les mêmes ressorts du repli idéologique d’une confession qui prétend étendre l’application intégrale des textes religieux à la vie publique. 

Et c’est bien là que se noue l’origine du drame, dans la confusion du religieux et du politique, du champ de la croyance installée dans l’intimité de la sphère privée et qui vient s’immiscer dans le domaine du collectif social, faisant fi de la laïcité régissant la vie publique dans notre République en lui imposant le passage sous les fourches caudines d’une loi divine particulière. 

Le seul fait de se revendiquer adepte d’une foi n’autorise en rien qu’on en impose le partage à tout un chacun. La laïcité reste la seule garante du respect de toutes les croyances que seule la puissance publique peut et doit garantir. Elle garantit même, et c’est aussi important le respect de la non-croyance. 

Par ailleurs les innombrables variantes déclinées dans chacune des grandes religions monothéistes soulèvent autant de conflits internes en querelles de chapelles quelles nourrissent la prolifération d’extrémistes dont l’intégrisme se justifie sur la fidélité au dogme originel que d’autres trahiraient… 

La spécificité française de l’Etat laïque ne doit pas nous faire oublier que ce n’est pas la chose la plus partagée autour du monde. 

Nombre d’Etats ont une religion officielle, ce qui par nature exclut les autres d’une reconnaissance équitable et les conduit à une existence plus ou moins clandestine, voire à des persécutions. 

Nombre d’Etats, sans avoir de religion officielle en favorisent ouvertement une, au détriment de toutes les autres là aussi mises en difficulté. 

En frappant la France les « islamistes radicalisés » qui mettent leur interprétation du Coran au-dessus des lois de la République visent la division de notre société sur le critère religieux encourageant les replis communautaires et la cristallisation des tensions. 

Que se soit avec le projet de loi initialement dit « contre les séparatismes » ou avec les mesures « anti-terrorisme » le pouvoir privilégie les gesticulations politiciennes qui relèvent plus des agissements du pompier pyromane que d’une responsabilisation rassembleuse de la nation tout entière face à l’agression. 

Le dernier avatar en est certainement le développement du concept de « l’islamo-gauchisme ». La droite et son extrême, parti de « l’ordre » comme disait si bien De Gaulle, affuble la gauche d’une complaisance avec le terrorisme. En étiquetant une frange plus ou moins définie autour du soutien à la cause palestinienne elle contraint celles et ceux qui sont plus largement visés à se départir d’une traitrise vis-à-vis de la République et de la protection de notre société citoyenne qui n’est pas la leur. 

La ficelle est grosse, mais elle tire un peu plus loin le char de la discrimination, de la ségrégation, et dans l’amalgame terrorisme-islam-musulman-arabe fait bouillir la marmite mortifère du racisme. 

Au prétexte de la sécurité que l’Etat doit garantir à ses citoyens, l’action gouvernementale donne l’impression, tant dans la lutte contre le terrorisme avec l’Etat d’urgence de novembre 2015 prorogé jusqu’en 2017 qu’avec l’Etat d’urgence sanitaire dans la crise du Covid, que la protection des populations est d’abord résolue par la privation de liberté qu’on leur impose. Mesures de surveillance généralisée, développement de la vidéo-surveillance, patrouilles militaires, élargissement des moyens d’investigation des forces de l’ordre, limitation des déplacements dans le temps et dans l’espace, limitation des contacts sociaux, limitation des activités culturelles, syndicales, associatives en tous genres… Toutes mesures qui peuvent se montrer efficaces aussi bien pour déjouer un projet d’attentat que pour limiter la propagation d’un virus, mais qui, astreignant le plus grand nombre peuvent générer un sentiment d’injustice dès lors que la règle est aussi déterminée par les exceptions qu’elle supporte. Il en est ainsi des contrôles policiers qui peuvent être vécus comme autant de vexations par tout un chacun qui n’a rien à se reprocher dès lors qu’ils deviennent trop systématiques. Il en est ainsi des exceptions faites à l’ouverture de la grande distribution quand les petits commerces sont fermés… ou de l’autorisation donnée aux chasseurs quand les promeneurs sont enfermés dans l’heure-kilomètre… ou l’usage de transports en commun bondés pour aller au travail permis quand la visite de petits-enfants à grands-parents ne l’est plus… 

Il est vrai qu’on ne sera jamais mieux protégé qu’en prison et qu’on ne constate plus de morts accidentelles sur une route fermée à la circulation. Et ceux qui nous gouvernent prennent bien souvent le costume de garde-chiourme culpabilisant un troupeau tout entier présumé coupable des mauvaises intentions de quelques-uns. 

Cette religion de la méfiance et du contrôle est un marqueur assez constant de la droite au pouvoir depuis que ce clivage existe. 

La grande différence repose d’abord sur la représentation qu’on se fait du réel, donné d’un côté, construit de l’autre, à conserver d’un côté, à transformer de l’autre, à vénérer d’un côté, à questionner de l’autre, à implorer dans la croyance et l’éternité ou à explorer avec la science et l’histoire… C’est aussi sur la représentation qu’on donne de soi que le clivage s’exprime quand la soumission obéissante satisfait aussi bien le fidèle que son directeur de conscience dans une communauté d’individus ou quand une éducation citoyenne construit le libre arbitre indissociable de la tolérance, la liberté partagée en société. 

Malraux n’avait jamais dit que ne nouveau siècle « serait religieux ou ne serait pas… ». 

Par contre quand Montusès écrivait « la fin des religions » en 1906, un an après que notre République ait déclaré son Etat séparé des églises, dans la marmite où les socialistes cuisinaient les ingrédients de Marx et Hegel, de Proudhon et de tant d’autres il ignorait encore qu’on assassinerait Jaurès pour décimer les peuples paysans et soumettre un peu mieux le peu qu’il en reste à l’appétit capital de l’industrie puis à l’appétit industriel du capital. 

Et Dieu dans tout ça ? goupillon du sabre, missionnaire des colonies ou aumônier des troupes coloniales, maison d’hôtes pour quelques rescapés vert-de-gris en Amérique latine après 45… 

Mais il serait bien injuste de ranger toute une communauté religieuse complice d’abominations ; chez les chrétiens, comme chez les juifs, les musulmans ou les bouddhistes, et même chez croyenrienistes, on peut faire l’hypothèse que la grande majorité des individus forme un peuple bienveillant et respectable… 

Le tout pour être juste est de refuser l’amalgame tout en identifiant et en caractérisant bien les choses. Les terroristes d’aujourd’hui peuvent être différents de ceux d’hier, mais ils relèvent toujours du même modèle : 

Une violence qui frappe à l’aveugle et sans rationalité apparente.
Une forme de légitimation de la lutte contre un ennemi intérieur
Un objectif de déstabilisation
Un mécanisme enclenché entre deux forces A priori disproportionnées 
… mais qui fonctionne aussi bien du fort envers le faible (terrorisme d’Etat pour 

Si tant est que la Paix reste telle, le terrorisme menace et tue en temps de paix aussi bien qu’en temps de guerre. 

Il peut être le fait d’individus (voir les attentats anarchistes en France à la fin du XIXème siècle, avec le mouvement nationaliste Irlandais au siècle dernier, ou plus largement associés aux processus de décolonisation contrariés, Algérie par exemple avec la France). 

Il peut être le fait du plus fort, le pouvoir en place, qui conforte sa domination par la force en réduisant toute velléité d’opposition ; la répression sanglante de la Commune de Paris, les fusillés pour l’exemple de la guerre de 14, les pratiques staliniennes ou celles de la gestapo et de ses supplétifs pétainistes, les exemples n’en manquent pas dans l’histoire ! 

Il peut être le fait du plus faible qui veut desserrer le carcan oppressif de contraintes irréductibles au dialogue comme les Brigades Rouges en Italie ou la Bande à Bader en Allemagne, ou encore le conflit Irlandais. 

La composante religieuse n’est pas toujours présente, mais elle s’invite assez systématiquement depuis quelques décennies dans les mécanismes terroristes. L’opposition catholiques – protestants en Irlande du Nord, juifs – musulmans dans le conflit israélo-palestinien… 

Les musulmans sont persécutés avec la répression des Ouigours en Chine, des Rohingyas en Birmanie, mais aussi en Ouzbékistan, en République Centre-Africaine, au Tadjikistan ou en Thaïlande… 

Et, à défaut de se trouver suffisamment de persécuteurs chez leurs mécréants, les communautés religieuses sont friandes de dissensions internes génératrices de principautés particulières. A côté d’une chrétienté dont l’arborescence des déclinaisons n’a cessé de se diversifier en une dizaine de siècles l’islam n’est pas en reste partagé entre sunnites, chiites, alaouites, alévis, druzes… 

Pour ce qui est des persécutions envers les chrétiens, si on s’en tient à la douzaine des pays les plus affectés, Corée du Nord, Afghanistan, Somalie, Libye, Pakistan, Érythrée, Soudan, Yémen, Iran, Inde, Syrie, Nigéria ou Arabie Saoudite, on peut noter une forte majorité de pays musulmans, mais pas seulement… Et les intégristes catho ne manquent pas de se manifester encore aujourd’hui pour réclamer leur messe à la République autant que pour faire pression sur une révision de sa laïcité… 

L’étymologie de la « religion » renvoie au « lien » qui relie… En fait elle ne relie bien des individus qu'à la représentation divine de leur croyance particulière ; et c’est bien là l’origine des divisions qui en émanent. Toutes les croyances ne conduisent évidemment pas à l’intolérance et à la barbarie… Mais l’irrationnel de la croyance leur ouvre un champ du possible ; les croisades parmi toutes les « guerres saintes » jalonnent l’histoire de l’humanité… Quelle ambition aussi peu respectueuse et raisonnable que citoyenne que de vouloir faire de sa croyance une contrainte universelle ! 

Sur le terrain de la barbarie terroriste, la « nouveauté » avec le phénomène actuel autour d’Al Caïda ou Daesh porte sur la dimension transnationale de l’action terroriste qui vise à déstabiliser l’ensemble de la planète en s’attaquant aux puissances dominantes repérées par leurs interventions dans des zones de tensions extérieures qui peuvent menacer leurs intérêts (Etats-Unis au Moyen-Orient, France en Afrique…). 

Une constante subsiste avec la symbiose du politique et du religieux qui contraint la cible visée par le terrorisme à se hasarder sur le terrain du religieux, pour soutenir la confession visée et par ce biais être entraîné par son adversaire dans une zone de fragilité suscitant amalgame et confusion des genres. 

C’est ce qui fait la particularité du cas Français autour du concept de laïcité qui en vient à être mis à mal dans ce contexte. 

L’objectif du terrorisme est toujours de déclencher un sentiment d’insécurité générale qui doit pouvoir atteindre n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. C’est cette psychose généralisée que cherche le terroriste, qu’il soit au pouvoir ou qu’il le combatte. Seule différence : le terrorisme contre l’Etat cherche à déstabiliser le pouvoir, alors que le terrorisme d’État cherche au contraire à le stabiliser tout en déstabilisant la population. (Voir travaux de Gérard Chaliand et Arnaud Blin dans « Histoire du terrorisme de l'Antiquité à Daech »). 

Avec le Covid 19, la crise sanitaire et son traitement, nous retrouvons des mécanismes aux ressorts comparables dans la genèse de la psychose et dans la gestion de crise liée au terrorisme… 



Penser avant de communiquer. 

Pour en réchapper, dans une situation comme dans l’autre, ne faudrait-il pas s’en remettre à la raison en travaillant dans le champ de la science, des sciences humaines, de l’anthropologie sociale et de l’histoire, plutôt que de grenouiller dans le bénitier des croyances à force de réactions conjoncturelles déstabilisantes et imprévisibles dans leur devenir ?

Attention à ne pas se laisser berner par les discours démagogiques de l'extrême droite et de quelqques autres qui profitent de la gestion chaotique de la situation pour flatter des souffrances qu'ils ne sauraient qu'aggraver s'ils exécutaient leurs intentions premières. 

L'Etat d'urgence, sanitaire ou pas, est par nature privatif de libertés...
La liberté n'est pas plus celle d'un "petit" commerçant irrité par les faveurs faites aux grands qu'elle ne serait celle de catholiques réclamant leur retour à la messe au prétexte que les fidèles fréquentent bien les grands marchands du temple... 

Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité.
La liberté, premier terme de la devise républicaine est la condition de toutes les autres, comme toutes les autres en sont aussi consubstancielles... 
Ni absolue, ni particulière, elle est "sociale", elle n'est pas réductible à la personne autrement que dans la garantie qu'elle offre à chacun de l'exercer parmi tous les autres pour "faire société".

Ensemble

 

« Qui suit tout le monde fait mal ; qui ne suit personne fait pire. »
Le proverbe semble condamner la terre entière ! Et pourtant n'est-il pas très juste dans ses deux extrémités...
Combien de fois peut-on vérifier les effets délétères du suivisme aveugle des troupes béates derrière la bulle d'apparence de quelque chef de file. Et c'est bien à cette illusion construite que s'accroche la troupe.
Que vous les appeliez "fidèles", "fans" ou "supporters"...
Qu'ils se signent en rentrant à l'église ou qu'ils se prosternent à la mosquée, qu'ils se pressent devant les murs de son des scènes dont les projecteurs grillent aussi vite les vedettes éphémères qu'un tue-mouche électrique occit bruyamment les insectes, ou qu'ils vocifèrent des insanités depuis les tribunes d'un stade au doux nom d'un grand groupe capitaliste, tous ne sont là que parce qu'ils y sont tous, liés par la croyance et l'icône.
De la raison dans tout ça, nul n'en a besoin pour être gouverné à l'émotion.

Du sens, de l'esthétique, du geste ou de sa valeur à partager ? Les foules panurgiennes n'en n'ont pas besoin ; pire, elles les piétinent dans l'ombre de leur aveuglement.

Curieusement la foule des "qui suit tout le monde" n'est qu'un amas d'ego s'imaginant chacun qu'il n'est important que d'y être soi.


dimanche 15 novembre 2020

Elu ou militant ?

La chaîne parlementaire fait écho à l'initiative d'un eurodéputé socialiste qui fait une grève de la faim pour obtenir du parlement (et de l'exécutif) européen la mise en place d'une taxe sur les transactions financières pour alimenter le budget consacré à l'emploi, à la lutte contre le réchauffement climatique et à la santé.

Prise de conscience tardive dans un courant politique qui, en France, a choisi le camp de l'argent contre celui des travailleurs depuis son revirement de 1983 ! Le mandat présidentiel de François Hollande en est la plus dérisoire des caricatures qui le fait passer de son discours du Bourget à la loi El Komri... une telle "performance" qu'il ne peut même pas proposer sa candidature à sa succession...

Passons sur ces éléments de contexte pour s'arrêter sur le propos de plusieurs journalistes et élus commentant l'initiative du gréviste de la faim : il se comporterait "comme un militant plutôt que comme un élu" !

Quel aveu !

Les grands intérêts financiers qui gouvernent le monde capitaliste auraient-ils plus besoin d'élus à la merci de leurs lobbyes que de militants engagés dans l'organisation politique des partis ?

Les convictions les embarassent ; y compris parfois même celles de leurs soutiens qui peinent à comprendre les acrobaties des équilibristes du pouvoir pour qui le plus important est de rester sur leur fil, bien au-dessus de la vraie vie, là où convergent tous les regards des spectateurs...

Militer, c'est agir, combattre pour ou contre quelqu'un, quelque chose, constituer l'argumentation, le raisonnement qui va soutenir un point de vue, une parti pris... 

Comment l'engagement politique d'un élu peut-il l'exonérer du militantisme ?

L'élu n'est-il pas (ne devrait-il pas être) justement le plus militant des militants puisque c'est lui qui, portant la voix de ses mandants est comptable de leur soutien pour faire passer dans les faits les promesses de son programme s'il est dans la majorité, ou s'opposer utilement et résolument à une majorité contraire...

vendredi 30 octobre 2020

Bric-à-brac

Des sujets qui me sont passés par la tête hier ou aujourd’hui, en lisant, en butinant, en écoutant, toutes écoutilles grandes ouvertes dans le brouhaha médiatique qui conditionne plus qu’il n’informe.

L’idée d’étaler ici le désordre de mes réflexions du moment sans entrer dans le détail m’est venue en m’intéressant à la loi ASAP - un prototype de « bric-à-brac »- qui passe en procédure accélérée au parlement, à l’abri d’un débat digne de ce nom.

La vie n'est-elle pas faite que de bric-à-brac ?

Des lois fourre-tout sous la semelle des parlementaires godillots.

Loi Asap (Accélération et Simplification de l’Action Publique) : macronistes et sarkosistes se mettent d’accord pour déloger la misère de ses squats… Macron avait bien affiché l’objectif de « zéro sans-abri » … il est en passe de réussir avec « zéro sans-abri » à l’abri !  Il est vrai qu’il est urgent de surprotéger les propriétaires de plus de 3 millions de logements vacants pour bien entretenir la spéculation immobilière et mettre un peu plus de pression sur le secteur locatif en manque.

La même loi Asap conduit à la privatisation de l’ONF… Il serait urgent de se souvenir de ce qui avait fondé la création du statut de la fonction publique pour résister aux pressions privées et défendre l’intérêt général ! Les marchands de bois pourront financer la prochaine campagne présidentielle…

Dans cette même loi il est question des migrants, des pharmacies et du dossier médical, la définition des personnels naviguant et les révisions de prix des produits contenant plus de 50% de produits agricoles, des sites internet de vente de médicaments et des dommages causés à l’occasion d’un sport de nature ou d’une activité de loisirs ne peuvent engager la responsabilité du gardien de l’espace, du site ou de l’itinéraire dans lequel s’exerce cette pratique…

Et des scoubidou bidou Ah !

L’eau, c’est la vie ! mais hélas l'eau est aussi le profit des boursicoteurs...

L’ONU avait reconnu, encore en 2010 que « le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit fondamental, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme » …

Mais que ne voit-on pas se développer dans les grandes manœuvres entre Veolia, Suez etc pour faire du fric dans ce secteur !  Et les américains, grands précurseurs en matière d’excellence capitalistique, viennent de développer en Californie le marché à terme de l’eau : de cette façon vendeurs et acheteurs -tous les deux également spéculateurs- vont pouvoir négocier aujourd’hui le prix de l’eau demain… en la matière, toutes les transactions de ce genre sur des produits en tension font naturellement grimper leur prix, l’acheteur d’aujourd’hui au prix fort achète cher ce qu’il envisage de revendre encore plus cher demain au spéculateur suivant… L’eau dans tout ça ? Ils s’en foutent ! Tout comme les céréaliers se foutent du blé sur lequel ils boursicotent en direct dans la cabine climatisée de leur engin guidé au GPS.

La faim et la soif du monde sont entre de bonnes mains, ne pensez-vous pas ?

Attentat, terrorisme, l’enchainement mortifère des drames ne se tisserait-il qu’au fil de fatalités asphyxiant la raison, la pensée, la vie citoyenne ? Le terrorisme est là, et ses manifestations toujours aussi insupportables, ne conduisent pas toujours à l’expression de perspectives susceptibles d’en éradiquer les germes. Le processus de réaction est plus guidé par l’écho médiatique qu’on en attend que par l’accompagnement d’une réflexion de fond pour s’en protéger. Il en est ainsi de l’usage qui est fait de l’islamisme politique à l’origine des dérives terroristes de Al Quaida, DAECH… L’amalgame facile entre islamistes radicaux et musulmans fait d’un islam bouc émissaire l’étendard d’une extrême droite pétrie d’intégrisme catholique. Les exemples américains autour de Trump, en Pologne ou même en France avec des mouvements qui s’étranglent contre l’IVG, le mariage pour tous, et qui assimilent la délinquance à l’immigration.

« Laïcité », j’écris ton nom… Je crie ton nom !

 « En matière d’enseignement, l’Etat ne peut être que laïque » … C’était en 1850 que Victor HUGO député prononçait un discours sur la liberté de l’enseignement qui préfigurait la loi de 1905…

« L’idéal de cette question de l’enseignement, le voici : l’instruction gratuite et obligatoire… un grandiose enseignement public, donné et réglé par l’Etat… »

Notre pays avait fait le choix de la laïcité pour bâtir les fondements républicains de son organisation politique.

Pas plus qu’elle ne les nie, la laïcité n’est pas une religion particulière parmi d’autres. Telle qu’elle s’est affirmée au fil des siècle comme une des conditions premières de l’expression de la citoyenneté, elle garantit l’exercice des religions dans la sphère privée tout en préservant la chose publique de l’affrontement de leurs influences et de leur instrumentalisation dans l’appréhension des choix politiques.

Mais depuis quelques années, et c’est un phénomène cyclique, le fait religieux, au prétexte de la liberté, a refait une intrusion dangereuse dans la conduite des affaires publiques au point de déclencher des réécritures de la « laïcité » qui devrait s’adapter à cette pression nouvelle.

Yom Kippour, carême ou ramadan ne sauraient justifier qu’on privatise des piscines pour les femmes musulmanes ou qu’on communautarise des menus de cantine. Ce serait abonder dans le sens de ceux qui font de la religion une idéologie politique qui de fait s’appliquerait à toute la société.

C’est une perspective d’affrontements perpétuels de communautés concurrentes dans des sociétés ghettoïsées fonctionnant en silos et dans lesquelles la maîtrise politique est concédée au gestionnaire des divisions. Tous les foyers d’affrontements qui embrasent la planète encore aujourd’hui sur fond de tensions ethnoreligieuses en sont la triste illustration.

La laïcité française modèle 1905 n’est-elle pas le meilleur antidote au mal qui nous frappe ? à insuffler sans trêve dans les médias sous respirateur artificiel élyséen quand TF1 fait un reportage sur l’hommage rendu à Samuel Paty pour évoquer la laïcité, avec ses « journalistes » dans une école catholique et dans une autre musulmane !

Salaires en hausse

En Allemagne les 2,3 millions de travailleurs de la fonction publique ont obtenu une augmentation de salaire de 4,8% (150 euros minimum par mois) et les personnels soignants un peu mieux avec une augmentation de 8,7%... Le temps de crise que nous traversons peut aussi bien servir d’accélérateur à la dérive libérale comme en France qu’à une prise de conscience de la nécessité impérieuse d’une réorientation de la distribution des richesses.

Les tétons du capitalisme

Cachez ce sein que je ne saurai voir…

En Angleterre le ministère de l’éducation interdit aux enseignants « d’utiliser les ressources d’organismes ayant exprimé le désir de mettre fin au capitalisme » ! L’anticapitalisme est ainsi rangé parmi les « positions politiques extrêmes, …contraire à la liberté d’expression, …assimilé à de l’antisémitisme et au soutien d’activités illégales ». Rien que ça !

Si Victor Hugo a mis du temps à s’affirmer démocrate pour faire de la liberté et du « droit au pain » les meilleurs remèdes pour conjurer sa prime jeunesse catho-monarchiste, ses « Misérables » arrachaient à Lamartine des lamentations qui ne seraient pas dépaysées dans les discours des « libéraux » d’aujourd’hui : « ce livre est dangereux, car il fait peur aux puissants et donne de l’espoir aux malheureux » !

Si le monde et les temps changent, les conservateurs se conservent bien outre-Manche.

Les toutous du capital ont leurs niches dorées

Ah la niche ! en 2017 le budget de l’Etat recelait 451 « niches fiscales » qui privent l’Etat d’environ 40 milliards de recettes fiscales par an… après trois années en macronie, le projet de budget pour 2021 en totalise 25 de plus… en matière de justice fiscale, l’exemption va devenir la règle pour ajouter un peu de piment aux cinq milliards de baisse d’impôts pour les entreprises. Les SDF vont pouvoir isoler leur carton pour 1 euro.

Du sabre et du goupillon

Dans la France d’aujourd’hui à la carte de Stéphane Berne, la Nuit du 4 août qui signa l’abolition des privilèges de la noblesse et du clergé en monarchie et la loi de 1905 qui cimentait notre laïcité républicaine ne sont plus qu’en filigrane dans les pages de nos livres d’histoire… C’est sous ce ciel réactionnaire qu’est en projet le classement en monument historique du Sacré Cœur de Paris qui trône sur la butte Montmartre. C’est le symbole de la victoire des Versaillais sur la Commune de Paris et du réjouissement contre révolutionnaire de l’évêque Fournier qui conjurait dans la construction de l’édifice néo-byzantin la conjuration d’un siècle de déchéance morale depuis la Révolution de 1789 ».

N’est-ce pas là une insulte à la Commune de Paris qui avait eu le courage de proclamer la séparation de l’Eglise et de l’Etat, d’instituer l’instruction laïque et obligatoire (bien avant Jules Ferry !) et supprime la guillotine…

Crise sanitaire

Covid, reconfinement, hôpital aux urgences… ce n’est pas le moment d’être malade ! Et, au fait, s’il faut reconfiner et mettre les libertés publiques en sourdines, n’est-ce pas aussi pour faire face à une situation non maîtrisée, faute de moyens et d’organisation efficace. Ministère de l’Intérieur, Ministère de la Santé, ARS… chacun y va de sa cellule de crise… Le virus a bon dos très opportunément… 

Violence

Attentats, terrorisme… va-t-il falloir égrener plus longtemps un sempiternel chapelet de drames ?

Et comme la vox populi s’en satisfait en termes de soulagement, la « neutralisation » des auteurs de ces crimes abjects prive aussi le peuple de l’exercice de la justice qui seule permet d’établir les responsabilités, de clarifier les faits et de « rendre justice ». 

SOS retraites

Quand plus de 7 millions de français sont écartés d’un véritable emploi et que le gouvernement exonère à tout va les entreprises de leurs cotisations sociales… il va falloir trouver environ 25 milliards pour équilibrer le système des retraites… Ça fait beaucoup ! mais l’Etat a bien su en mobiliser 450 pour « sauver les entreprises », alors pour la retraite des vieux on fait comment ?

Médias propagandistes : la mesure des orientations dans les invitations des matinales radio fait état de 86% de « libéraux », droite et extrême droite sur les deux mois de mars et avril…  Après comment faire pour ne pas considérer une présence de gauche comme une incongruité ? Pas normal


Et une petite lecture qui m’a bien plu !

Chronique de Pierre SERNA dans l’Humanité du 30 octobre 2020

REPLI, DIVISION, ISOLATION

Peu de films de Science-fiction, pourtant riches en inventions de futurs catastrophiques, ont imaginé le cauchemar du présent que nous vivons. Certains pourtant ont pensé un monde décimé par la pandémie causée par un virus animal. L'air serait devenu irrespirable, par exemple dans l'Armée des 12 singes. Quelques années auparavant, le réalisateur de ce film, Terry Gilliam, avait déjà conçu un futur horrible, clivé entre riches et pauvres, dans son film Brazil Le monde serait devenu un régime totalitaire traquant la moindre manifestation de Liberté ou de dissidence. Le réel aujourd'hui nous prouve pourtant la nécessité vitale d'un État fort investissant dans le bien commun, la santé, l'éducation, la solidarité collective.

Mais, non, l’Hôpital demeure saccagé, de l`avis de tous ses professionnels, et tout est fait pour que les écoles privées prospèrent davantage. Ce sont les petites entreprises qui souffrent le plus, les plus grands groupes se restructurent, voire profitent de cette crise en s'y adaptant ou en inventant de nouvelles formes de profit justifiant des plans de restructuration et donc autant de casse sociale. Le rapport avec l’extrême centre ? Il est bien visible et la maladie le sert bien au-delà de ce que l'on pourrait imaginer. L'idéologie sécuritaire de la peur dépolitisée se forge, en ce moment dramatique, de belles armes pour le futur. 

Par définition apolitique, le danger médical et les conséquences de survie qu'il entraîne, impose un type de vie métro, boulot, Covid, qui n'est pas pour déplaire, quelles que soient les mines de circonstance, aux plus habiles penseurs théoriques de l’extrême centre. Toutes formes de manifestation éradiquées, la cellule familiale comme lieu de repliement identitaire, créant les conditions intellectuelles de la méfiance de l'étranger-migrant, le rabougrissement de la culture pu sa diminution et sa dévastation sans que cela soit la faute du pouvoir, la vie numérique, des gladiateurs télévisés dans des stades vides pour donner leur part de rêve sportif à tous les enfermés du télétravail désocialisant...

Une jeunesse entière se retrouve sans sa sociabilité qui construit les consciences et les solidarités collectives. La dérive djihadiste, bien réelle et surmédiatisée à la fois hélas, sert à plein cette idéologie sécuritaire, liberticide de l’extrême centre. La décérébration du corps social pointe. Résister c'est nommer, parler, écrire, manifester, se manifester, sortir, jouer, dire, faire, avec l'Autre, avec les Autres. C'est redonner sens à l'Humanité et ne rien céder à l'invisibi1ité de l’extrême centre qui avance derrière la maladie.




samedi 17 octobre 2020

Sidération

Horreur, épouvante, monstruosité, atrocité, répugnance, l'éclat de notre conscience n'en finit pas de ricocher dans les pages du dictionnaire du crime.

L’abomination du crime, l’insupportable banalité de son annonce et du manège médiatique qui en prolonge la monstruosité illustrent à quel point notre République est aujourd’hui menacée. Non pas seulement face à la menace terroriste qu’aucun prétexte d’ordre religieux ne saurait jamais justifier, mais aussi dans un contexte où les gesticulations gouvernementales autour de projets législatifs opportunistes ne font que jeter de l’huile sur le feu en laissant prospérer la stigmatisation et la victimisation, la peur et la menace dans l’indécente mise en scène d’une pré-campagne présidentielle d’ores et déjà préfigurée comme la revanche de l’affrontement caricatural de notre démocratie en 2017.

Invoquer la laïcité ne suffit pas ; et encore moins au jour de son assassinat.

7, 8, 9 janvier 2015, ils étaient 12 à Charlie, 1 à Montrouge, 4 à la Porte de Vincennes…

Et le 13 novembre de la même année 130 à tomber sous les balles assassines au Bataclan et alentour.

Hier il n’était qu’un.

Mais un citoyen emblématique de notre République, un professeur d’Histoire Géographie dont la mission d’enseignement des sciences humaines est adossée à une éducation morale et civique pour faire des jeunes -TOUS LES JEUNES- des citoyens instruits et éclairés…

Il n’était qu’un, victime ravivant dans son sort funeste la mémoire de toutes les autres victimes qui l’on précédé.

Mais il les était tous.

Dire aujourd’hui qu’il en allonge la liste, qu’avec lui un drame ajoute un acte à la tragédie, serait laisser supposer qu’il en vienne encore d’autres…

NON.

Que vienne le soulèvement massif d’un peuple citoyen d’une République que l’article premier de sa constitution proclame « indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances… ».

C’est LA Liberté qui les garantit toutes qui l’exige.

mardi 14 juillet 2020

le modèle sarkozy

Darmanin épouse le modèle de son mentor... passage par Bercy aux finances puis par l'intérieur pour maîtriser le monde des élections, de l'ordre et du renseignement...
Si le nouveau premier ministre a rendu sa carte des Républicains pour prendre celle d'En Marche, Darmanin ne l'a pas fait... Une réserve pour 2022 au cas où le candidat de droite devrait en affronter un autre et son extrême...
Ces branquignols de la démocratie ont tellement oublié le peuple des citoyens, que ce peuple là les a aussi oubliés, oubliant tout simplement d'aller voter.

vendredi 19 juin 2020

Au courant ?

Dans cette période d'anniversaire de la Résistance, il n'est pas inintéressant de s'interroger sur les réalisations liées au programme du CNR à la libération pour voir ce qu'il en reste...
Le film documentaire de Gilles Balbastre consacré à la casse du service pulic de l'énergie est riche d'enseignements sur le sujet.

samedi 13 juin 2020

7 millions de smicards...

Ce qu'ils gagnent en une année représenterait la fortune de Bernard ARNAUD...
105 milliards d'euros... c'est à la fois l'estimation de la fortune de Bernard ARNAUD, richissime patron de LVMH, et le coût approximatif annuel du chômage en France...
Choc de civilisation autant que de fortune entre ces millions d'hommes et de femmes privés d'emplois pour qui la calculette n'a pas besoin d'afficher bien des caractères en écrivant en rouge dès le 10 du mois... et cet individu qui va devoir entretenir une armée mexicaine de comptables experts en optimisation fiscale pour que sa fortune grossisse d'autant plus vite qu'il se soustraiera à la contribution au financement de la chose publique.
Liberté - Egalité - Fraternité
Que valent ces trois termes de la devise républicaine pour l'un comme pour les autres ?
Pas étonnant que les forces dites "de l'ordre" ne donnent plus le sentiment au plus grand nombre d'être leur protection républicaine ; l'ordre qu'elles préservent est celui d'une société d'ordres, de castes, de classes, une société d'ancien régime puant de privilèges et d'inégalités, miné par un communautarisme bien propice aux divisions des plus faibles et où la liberté n'est pluis que celle du loup dans la bergerie.
Rêve d'évolution, c'est la Révolution.

mardi 2 juin 2020

l'après pire

2S2C : à lire dans l'expresso du Café Pédagogique...
Avec le pire ministre de l'éducation nationale que notre République ait connu depuis des lustres de droite la crise sanitaire offre une formidable oppportunité dans l'accélération du dépecage de notre système éducatif...
2S2C, le sigle barbare identifie une nouvelle barbarie : sortir éducation sportive, éducation à la santé, éducation artistique et éducation civique du champ scolaire pour en confier la mission aux collectivités locales dans un champ d'activité périscolaires.
Au prétexte d'occuper la part des jeunes privés d'école par un déconfinement sous protocole le ballon d'essai est lancé ! Et ne doutons pas que nombre d'élus vont se sentir pousser des ailes comme ce fut le cas avec les activités mises en place à l'occasion de la refonte des rythmes scolaires...
D'une éducation Nationale -certes très inégalitaires aussi bien dans l'espace social que dans l'espace territorial- va succéder une éducation locale livrée au hazard des opportunités et des incompétences locales... 
Côté sport, à Pau les gamins ne manqueront pas de faire du kayak avec le beau parcours du grand Stade des Eaux Vives... Mais au Theil ou à Deux-Chaises ?
Côté santé... il est assez difficile d'imaginer le service de santé scolaire dépouillé jusqu'à l'os faire oeuvre utile ; quant aux personnels de santé accaparés par des tâches qui les épuisent, peut-on imaginer qu'ils soient une ressource mobilisable ?
Côté culture, quand on sait que la plupart des gamins des quartiers hors du périphérique ne connaissent pas la couleur de la Tour Eiffel ou la pyramide du Louvre autrement qu'à travers la télé, il est assez probable que les gamins de nos térritoires ruraux abandonnés depuis des décennies aux seules ressources de la débrouillardise de survie ne sentent guère de changement à la nouvellle donne des panseurs du capital.
Côté civisme... Quelles ressources municipales vont bien pouvoir être mobilisées pour pourvoir à l'encadrement d'activités propres à l'éducation des jeunes générations quand on voit l'état des cohortes d'élus en place et la vie citoyenne qu'ils suscitent... Pire encore dans les municipalité de droite ou d'extrème droite, les dogmatiques de l'ordre vont pouvoir recycler quelques militaires à la retraite pour faire antonner "Président nous voilà !" ddans les cours de récréation.
Mais le pire n'est-il pas dans l'amputation du champ d'intervention des professionnels de l'éducation que sont les enseignants.
Grands laudateurs des neurosciences, les pontes de l'éduvcation nationale macronienne en oublient quelques fondamentaux en matière d'éducation ; la complexité des mécanismes d'apprentissage et l'infini des interactions sociales dans la construction des savoirs mettent l'école aux antipode des ateliers robotisables de l'industrie dans un monde ou la sous-traitance est devenue la règle pour optimiser les profits. Nombre de missions sont externalisées au point que la hiérarchie des tâches accentue celle qui morcelle déjà la société.
Le constat des difficultés accrues pour l'école avait déjà été fait avec le développement des activités périscolaires assurées sous la responsabilité des collectivités ; les enfants ne manquaient pas de jouer sur les ressorts d'une concurrence faussée entre les deux mondes, des activités ludiques avec de gentils animateurs prenant le pas sur les préoccupations plus exigentes de l'activité scolaire. Pour peu qu'un encadrement défaillant en formation exploite des ressources grapillées ici ou là sans maîtrise et le hiatus entre les activités pouvait rapidement tourner au désastre en matière d'apprentissage...
Les enseignants devenus professeurs des écoles sont d'abord des "instituteurs" et des "institutrices", celles et ceux qui posent les fondements préfigurant le développement des trois grands savoirs : savoir, savoir-faire et savoir être.
D'autres y contribuent évidemment : la famille en premier lieu dans l'ordre de la transmission intergénérationnelle et des interactions sociales de la microsociété familiale, et plus largement de façon pluis diffuse le cadre social dans lequel vont se transmettre les particularismes territoriaux  et s'expérimenter les pratiques citoyennes.
Mais l'école  reste le lieu incontournable où vont se fonder les bases d'une éducation commune dans des apprentissages partagés.
La singularité de l'enseignant de l'école maternelle ou primaire se charpente autour d'une pluridisciplinarité fort utile au service des interdépendances des apprentissages fondamentaux. Et cette singularité permet de mieux servir celle des élèves en les repérant pour mieux les exploiter.
Plus tard dans la solarité, les disciplines séparées dans les filières prennent  le pas pour spécialiser les formations ; mais au niveau de l'école le saucissonnage des apprentissages donnant à penser que les spécialistes servent mieux la généralité des apprentissages de base constitue une erreur préjudiciable aux plus fragiles.
Une telle pratique ne peut qu'exacerber les différences et encourager les plus jeunes à concentrer leurs efforts dans leurs domaines de prédilection, négligeant la nécessité de l'établissement d'un socle intégrant tous les champs de l'expression comme de l'appréhension  du monde.
Le sport ou la santé sont indissociable des sciences biologiques ou physiques. Le culture et l'éducation artistiques sont intimement liées au couple lire-écrire qui se nourrit de textes en littérature, de mélodies en musique ou d'harmonies colorées et de formes en arts plastiques. Ce sont tous ces liens que les enseignants établissent à l'école de la citoyenneté dans le collectif de leur classe.
Les objectifs ministériels poursuivi avec les 2S2C ne sont rien d'autre que de poursuivre dans la voie du "moins d'école", pendant du "moins d'Etat" dans le domaine éducatif.
L'appel au périscolaire en lieu et place des temps d'enseignement est ancré dans ses réflexions. L'avenir de l’École pourrait être moins d'école. Le 2S2C s'installe.
Nous ne devrions pas être étonnés de voir s'y ajouter un autre vestige du temps de la crise sanitaire avezc le travail à distance dont il est question qu'il prenne sa place dans le secondaire et le supérieur de façon plu ample et régulière.
Décharger les professeurs des écoles de l'enseignement des sports, de la santé, des arts et de la culture, de la citoyenneté va leur dégager du temps pour un enseignement distanciel qui pourrait utilement remplacer les remplacements de professeurs absents... Sans compter les bouleversements dans les conditions de travail d'enseignants soumis aux exigences des services extérieurs assurant les enseignements que l'institution leur retire...
Une telle perspective sonne le glas de l'institution de l'EDUCATION NATIONALE.

Sans compter que le défaut de compétences dans les collectivités sollicités pour assutrer les missions nouvelles devrait se croiser avec un  défaut des moyens matériels et financiers souvent avancé par les élus et qui laisse présager des solutions bricolées à la fortune du pôt territorial... 

"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens..." (extrait de l'article premier de la constitution de notre République).

Qu'en reste-t-il ? une liberté très surveillée quand la loi d'exception devient l'ordinaire, des inégalités croissantes de Fauchon-Wuitton à Lidl-Tati, et une fraternité confinée dans les replis communautaires d'un archipel social éclaté par la montée des peurs.

Pour saisir un exemple concret de réponse favorable du local à la demande gouvernementale des 2S2C on peut se rendre par ICI . Cherchez les contenus de l'offre et l'affichage des moyens mis en oeuvres qui pourraient déterminer le choix des parents...

jeudi 14 mai 2020

Le monde d'après ?

Derrière l'enfumage d'une communication sensée faire l'actualité, c'est un monde d'avant en pire qui se profile...
Déjà des pistes sont ouvertes pour que l'Etat d'urgence nourrisse de ses mesures d'exception l'état normal d'après... La chronique de Gérard Filoche dans l'HD de cette semaine est éclairante sur les perspectives d'une sortie de crise dure pour les travailleurs...

mercredi 13 mai 2020

L'archipel des solitudes

Les jours, les semaines, les mois passent dans l'air lourd de la norme anormale...
Le grand charivari étourdissant de la communication H24-7/7 donne le tournis...
Et nous sommes tous là, confinés déconfinés, masqués, distanciés, apeurés, à ne plus savoir très bien comment vivre et survivre à la calamité.
Presque honteux d'être épargné, ne faut-il pas à tout moment s'en assurer et considérer le péril chez les autres ? ... et encore pas si sûr qu'on ne soit pas soi-même pire péril pour les autres !
Tous les visages se fondent et se confondent ; tout juste la stature, l'allure d'une démarche vont trahir silencieusement la connaissance qui ne pourra pas lire pas sur les lèvres de l'autre le signe de la reconnaissance. Des visages dévisagés, des humains déshumanisés, des citoyens déresponsabilisés dans la contrainte obéissante à des règles aussi improbables que variables... La pandémie meurtrière a jeté sur le monde une chape de plomb.
Et les foules obéissantes se confinent, puis se déconfinent, ne se masquent pas hier quand l'épidémie se propage à toute allure... mais le font aujourd'hui quand la vague se calme...
Et les grandes consciences d'appeler à la rescousse au secours scientifique avec le vaccin miraculeux qui va faire la fortune de ses fabricants avant de se trouver honteusement impuissant face au prochain virus qui aura eu l'idée maligne d'être un peu différent du précédent... Tout à fait comme le pouvoir politique dégaine une loi nouvelle au lendemain de chaque fait-divers... c'est ainsi qu'on se donne de l'importance en réagissant bien plus qu'en agissant.

Au-delà de la maladie, de son origine comme de ses ravages mais aussi de son traitement par les autorités politiques, deux ou trois choses ne manquent pas de tracasser :
  1. Communication plutôt qu'information.
    Il a bien fallu constater la volatilité des discours tenus pour caractériser l'actualité ; ils ont sans cesse oscillé entre l'affirmation péremptoire masquant l'ignorance et démentie sitôt dite ou le mensonge calculé pour masquer l'incurie d'un système dans lequel la prévoyance et la précaution ont fait partie des cibles des chasseurs de coûts étalant à pleins carniers les économies budgétaires... et prompts à se dédouaner des difficultés qu'ils avaient eux-même engendrées...
  2. L'homme "animal social" disparait au profit de l'individu.
    Confinement et distanciation sociale sont venu encadrer des comportements dont le naturel était devenu coupable par nécessité : à défaut de pouvoir enrayer la contagion épidémique par une prise en charge sanitaire -hospitalisation et tests diagnostics- on arrête les gens plutôt que le virus. Et si des gestes barrière relèvent de l'hygiène de base, les mesures de distanciation dite "sociale" et le port du masque sont venus troubler l'ordre normal des choses dans les relations humaines de quelque type qu'elles soient. La proximité des êtres devient dangereuse, le nombre d'êtres rassemblés est désormais mesuré chichement par la loi. Insidieusement les mots qui créent les choses font qu'une prise de distance physique est dite "sociale", ce qui recouvre un tout autre champ conceptuel.
  3. "Le métier de surveiller rend stupide et ignorant ; cela est sans exception"
    Cette maxime du philosophe Alain n'a rien d'inquiétant pour les champions de la surveillance d'aujourd'hui, ils en étaient déjà frappés.
    Enfin, déjà banalisée après les périodes d'attentats passées de quelques années, la surveillance policière accrue et la présence militaire en surveillance de rue, sont entrées dans l'ordre normal des choses, et de la loi... Effet cliquet, la surveillance policière de l'observation rigoureuses des mesures édictées dans 'Etat d'urgence sanitaire", et ce n'est pas sous les balcons des hôtels particuliers du 16ème arrondissement, mais bien dans les "quartiers" turbulents que les forces dites "de l'ordre" viennent faire briller les gyrophares. La pauvreté et la misère sociale seraient-elles aussi contagieuses que le méchant virus ? S'y ajoutent aujourd'hui sans trop de réactions indignées quelques outils de fichage numérique... C'est un peu comme si la surveillance des citoyens était naturelle dans une démocratie citoyenne... Et dans un monde où des solutions techniques auraient la capacité de fournir une solution à tout problème,  aujourd'hui les systèmes de surveillance vidéo capables de détecter les infractions aux règles (port du masque, distanciation...) font recette dans les collectivités, dans les transports. 
Au bout du compte malades et soignants sont dans la même communauté des victimes de la pandémie et de sa gestion réunies, hier manifestants victimes du mépris du pouvoir et aujourd'hui noyés sous les larmes de crocodiles de la bienpensance gouvernementale...
Au bout du compte l'autoritarisme dont il est fait preuve et qui fait peu de cas de la conscience citoyenne et du civisme d'un peuple républicain, n'est qu'une manifestation de la faiblesse d'un pouvoir pris au piège de ses propres avanies, rattrapé par les effets directs ou indirects de sa politique dans les grands champs de l'action sociale, de la santé, de l'éducation, de la justice ou de la culture.

Dans cette espèce de "temps-mort" de la démocratie de l'Etat d'Urgence, le silence de l'importance devient d'autant plus insupportable que le bruit de l'insignifiance et du camouflage sont assourdissants.
Et les femmes, les hommes et leurs petits sont posés, là, les pieds joints sur les marques bleues, blanches ou rouges, comme autant d'îlots inaccessibles, 
Dans l'agonie du système capitaliste, submergé par les vagues successives de ses  dévastations, notre univers n'est plus qu'un immense archipel de solitudes.

NB :  Il fut un temps où les policiers de l'Etat Français raflaient sans trop d'état d'âme pour le compte de l'occupant... L'étoile jaune cousue au revers de la blouse suscitaient-elle l'inquiétude de tant d'autres... Maréchal nous voilà dans les cours d'écoles... Imaginez un seul instant ce dont seraient coupables les instruments d'aujourd'hui,,, Réalisez ce dont ils SONT capables.

lundi 20 avril 2020

Lazaret

La crise sanitaire que nous traversons, qui  est aussi mondiale (et dont le temps nous apprendra qu'elle n'était pas aussi imprévisible qu'il y parait dans sa nature comme dans ses conséquences), met à mal la vie de tous les peuples de la planète. A l'échelle mondiale comme à celle de notre pays ou dans notre proximité immédiate, tout montre à quel point ses effets délétères accroissent les inégalités du monde en ajoutant aux difficultés des plus vulnérables des tracas trop lourds à supporter.
Familiales, sociales, économiques, toutes les dimensions de la vie sont touchées ; la "distanciation sociale", les "mesures barrières", le "confinement" et un matraquage médiatique permanent font peser sur les personnes, des enfants jusqu'à nos aînés une chape de plomb sous laquelle les angoisses se cultivent sur un terreau mêlant l'incertitude à l'inconnu ; et ce malgré les éclosions régulières d'initiatives solidaires et bienveillantes qui sont autant de bouffées d'oxygène.
Les plus jeunes sont perturbés dans leur monde de l'éducation, les actifs bousculés dans leurs vie professionnelle désorganisée, les retraités écartés d'une vie sociale à l'utilité trop souvent négligée... Et on assiste à des éruptions d'attentions qui ne sont pas sans rappeler des élans citoyens post-attentats plus fugaces que les mesures d'exceptions qui s'en suivirent. Comment les consciences peuvent-elles ne pas être intriguées quand on voit personnels soignants ou pompiers noyés sous les lacrymogènes de la répression policière un jour passé pas si lointain quand ils revendiquaient des moyens qui font tant défaut aujourd'hui... maintenant qu'ils sont aussi bruyamment que justement congratulés !
La perspective du déconfinement à dater du 11 mai prochain ouverte à point pour faire patienter n'apporte guère de soulagement dès lors qu'on s'attarde sur les mesures envisagées. Il est question de tester... et d'isoler les cas positifs dans une nouvelle phase de confinement particulier au domicile ou à l'hôtel...
Voilà qu'on réinvente le lazaret ! à défaut de pouvoir soigner on isole le malade pour éviter qu'il ne contamine son entourage.
Ca parait logique !
Serions-nous attachés au temps de la peste et du choléra ?
Mais devrions nous oublier que nous sommes au 21ème siècle ? Quand des abrutis multi milliardaires sont capables de mettre en orbite autour de la terre une voiture de luxe... Après que la banque Rothschild ait placé un de ses commis à l'Elysée... Quand la démocratie vacille en bien des coins du monde sous les coups redoublés du monde de la finance nous ne serions plus à même de protéger la population en proie aux assauts d'un malheureux virus...
Et pourtant tant de "grands" cerveaux ne nous ont-ils pas préparé les scénarios macabres de quelques guerres des étoiles, concoctés les plans de quelques armes bactériologiques, expérimenté la pratique du massacre à distance du bout des doigts sur un joystick attaché par les ondes au drône meurtrier ?
Et Pourtant dans un temps déjà bien lointain, au milieu du siècle dernier, quand la pacification allait devenir la guerre d'Algérie je me souviens des oreilles attentives aux infos de la TSF... mais aussi d'une primo infection de la  tuberculose qui m'avait contraint à la fréquentation d'un dispensaire public dans ma ville préfecture pour m'en guérir. Aujourd'hui la tuberculose doit encore être la maladie la plus mortelle de la planète avec plus d'un million de morts par an. Elle n'est pas virale, c'est un bacille, petite bestiole bactérie, qui la cause. Il est vrai que concentrant ses victimes chez les plus malheureux, on y porte que bien peu d'intérêt...
Un demi million de morts sont à mettre au compte du paludisme, un autre fléau sanitaire frappant la ceinture intertropicale de la planète... Un enfant de moins de 5 ans en meurt toutes les deux minutes...
Les statistiques courantes attribuent aujourd'hui au Covid19 la responsabilité de près de 170 000 décès. C'est beaucoup, beaucoup trop ajouté aux près de 9000 victimes de la grippe de cet hiver...
Derrière tous les chiffres des statistiques et comme autant de drames, il y a toujours eu des vies, les unes brutalement interrompues et tant d'autres tourmentées à jamais pour ceux qui restent...
Mais dans notre beau pays l'attention portée aux disparitions est à géométrie variable ; plus de 3000 victimes des accidents de la route, c'est dramatique et insupportable. D'ailleurs les pouvoirs publics et quelques organismes porte voix se chargent de culpabiliser les fauteurs de morts sur les routes, inconscients chauffards confiés aux bons soins de la maréchaussée et des percepteurs automatiques... Quand dans le même temps les accidents de la vie courante vont faire sept fois plus de victimes, peu nombreux sont ceux qui s'en émeuvent. Il est vrai qu'un gamin qui s'ébouillante près de la gazinière bancale de quelque taudis, ou des vieux écrabouillés dans l'effondrement d'un immeuble insalubre, ça n'émeut guère.
Sans minimiser en rien la gravité de la situation actuelle, ne peut-on pas cependant se poser la question de savoir si, celles et ceux qui président à la destinée des peuples ne gesticulent pas d'autant plus que l'inconséquence de leurs orientations politiques a précipité les difficultés à faire face.
Comment le pouvoir politique en place aujourd'hui en France peut-il sans trembler évoquer le résultat  miraculeux de l'engagement des soignants dans un contexte où, de la droite sarkosyste à la gauche socialiste qui ont accouché de Philippe, de Macron et de beaucoup d'autres, ils sont comptable d'avoir pendant tant d'années sacrifié les besoins de santé publique à une rigueur budgétaire qui conduisait à fermer des lits, des services, des établissements...
Comment les mêmes qui envoyaient il y a quatre matins des légions policières en cuirasses gazer les manifestants des hôpitaux ou les pompiers qui réclamaient simplement les moyens de faire leur travail osent-ils aujourd'hui venir les félicitér et leur octroyer quelques centaines d'euros pour leur boucher le bec ?
Les nippons ou les coréens mettent des masques... Pas nous, puisque la porte parole du gouvernement en causait si bien... parce que c'est inutile, voire même dangereux... A aucun moment on a dit tout simplement que c'est parce qu'on n'en avait pas, tout simplement ! D'ailleurs en 2018 une usine bretonne qui en fabriquait avait fermé faute des commandes publiques abandonnées par le gouvernement... Et après ça, il faudrait donc entendre sans broncher nos politiques se féliciter du pont aérien  avec la Chine pour en apporter quelques uns quand les américains ne nous les subtilisent pas avec quelques poignées de dollars supplémentaires !
Il n'y a pas si longtemps que nos grands élus ont dû légiférer pour interdire de sortir manifester dans la rue en se dissimulant le visage, au risque de verbalisation à la clé... Les même gaziers ne vont-ils pas bientôt devoir nous verbaliser si nous déambulons sans masque ? Intellectuellement, ça doit être terrible de devoir sans cesse réviser ses modes d'emploi...

La crise sanitaire est un symptome supplémentaire de l'agonie du système capitaliste ; elle souligne les effets délétères des choix politiques qui conduisent la planète en réanimation et mettent les peuples en danger au seul prétexte d'un meilleur profit pour les tenants de la finance mondialisée. Le désastre écologique fragilise aussi les équilibres sanitaires dans tous les ordres du vivant. Qu'on soit plante, animal ou humain, aujourd'hui chacun peut signer de ses saignées : "le fric m'a tué !".

Les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets, dès que ce satané virus sera réduit à la raison c'est d'un grand changement dont le monde et les peuples ont besoin, un changement dont ils devront prendre en main la composition en renvoyant aux vestiaires les équipes qui les ont conduit au désastre.

mercredi 25 mars 2020

Cuba Si

C'est pas beau ça ? Attention aux risques d'apoplexie quand les médecins cubains vont se pencher sur le sort de ceux qui, porteurs malsains du virus de l'anticommunisme,  ont toujours rêvé de voir couler la grande Île Caribéenne de Castro ; il vaudrait mieux les ranger parmi les victimes suicidaires du capitalisme que dans celles du corona virus...

La coopération médicale internationale de Cuba en pointe contre le Covid-19
Publié le 25 mars 2020 par Front de Gauche Pierre Bénite


La coopération médicale internationale de Cuba en pointe contre le Covid-19
Jusqu'ici méconnue du grand public, la coopération médicale internationale cubaine se révèle, dans la lutte mondiale contre la pandémie du Covid-19, une actrice incontournable de la solidarité internationale.


Face aux replis nationaux et l'hétérogénéité de stratégies des pouvoirs publics qui caractérisent pour l'heure la situation et les actions des gouvernements des pays membres de l'Union européenne, plusieurs pays comme la Chine et Cuba font figure d'exception en s'engageant sur le plan international.

La coopération médicale internationale est un axe essentiel de la politique internationale de Cuba depuis les années 1960.

Elle a permis de former à La Havane des milliers de praticiens de nombreux pays, de porter assistance aux populations de pays ravagés par la guerre ou privés d'infrastructures sanitaires. En 2016, Cuba comptait plus de médecins et personnels médicaux en mission dans le monde que la seule Organisation mondiale de la santé (OMS).

Déployées au Brésil jusqu'à l'arrivée de Jaïr Bolsonaro qui les a expulsés, au Venezuela, au Nicaragua ou en Bolivie, là aussi jusqu'à la prise de pouvoir de l'extrême droite en novembre dernier, les missions médicales cubaines ont permis de renforcer la solidarité régionale latino-américaine sans pour autant délaisser les autres continents, l'Afrique notamment, et de sauver des millions de vie.

L'expertise médicale cubaine mais aussi ses équipes de recherche scientifique comptent aux premiers rangs internationaux et ont contribué à assurer au peuple cubain l'accès gratuit et universel à un système de soins performant. Cela a - au passage - permis à Cuba d'atteindre quelques-uns des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) énoncés par l'ONU dans la lutte mondiale contre les inégalités sociales et économiques entre les peuples.

Longtemps cet état de fait a été minimisé en Occident; à présent il s'avère que ce choix de la santé pour tous était le bon... pour tous.

« La solidarité internationale, la situation l'illustre avec force, est indispensable »

Aujourd'hui et malgré le blocus américain imposé par Washington depuis 1962 qui entrave Cuba dans son développement, c'est en Italie que se sont déployés, à la demande des autorités italiennes, les personnels médicaux de l'Île afin d'aider les Italiens qui vivent un cauchemar.

À Cuba même, dont les frontières n'ont pas été fermées par les autorités, la situation est maîtrisée malgré l'embargo économique et commercial, et 10 cas étaient recensés au 18 mars et suivis (pour l'essentiel, des touristes ou des Cubains revenant d'Espagne ou des États-Unis), le pays déplorant son premier mort, un touriste italien. Tout en maintenant la priorité de sa politique à la protection de sa population, Cuba répond aux demandes de solidarité et aide internationales.

À côté de l'Italie, c'est encore la Grande-Bretagne, dont la stratégie du Premier ministre Boris Johnson a livré à eux-mêmes ses concitoyens pendant des semaines, qui appelle elle aussi à l'aide la coopération médicale cubaine. Ainsi, c'est Cuba qui, il y a quelques jours, a autorisé l'entrée au port d'un bateau de croisière de plus de 1000 passagers, et plusieurs cas de contaminés, alors qu'il avait été refoulé par La Barbade et les Bahamas.

Alors, combien de temps, encore, faudra-t-il attendre, combien et quelles épreuves pour le peuple cubain et les peuples du monde entier pour décider de lever immédiatement et définitivement le blocus contre Cuba qui répond présent à toutes les demandes d'aide, y compris des pays industrialisés.

Dans cet esprit une vingtaine de parlementaires Français de tout bord rappellent «l'expertise» de l'île dans la gestion des crises d'épidémie sanitaire».

Dans un courrier envoyé samedi, ces députés s'adressent solennellement au premier ministre Édouard Philippe. Les signataires réclament «l'aide médicale» des Cubains pour faire face à la crise du coronavirus en France.

«Effectivement, Cuba a développé une expertise rare dans la gestion des crises d’épidémies sanitaires sur tous les continents. Cuba dispose de moyens humains experts prêts à partir», souligne François-Michel Lambert, député et président du groupe d'amitié entre les deux pays. Certains médecins caribéens étaient en effet déjà sur le terrain lors de la crise liée à Ebola en Afrique en 2013, et lors du choléra en Haïti au début des années 2010.

Le gouvernement de Cuba se déclare prêt
«Le gouvernement de Cuba se déclare prêt à envoyer une brigade médicale (en Franc) pour renforcer nos effectifs, notamment dans nos régions les plus affectées», assurent les signataires.

«Nous vous enjoignons de solliciter sans délai le gouvernement cubain pour disposer de ces moyens supplémentaires dans le cadre d'une collaboration internationale pour faire face à l'urgence», réclament-ils enfin.

La solidarité internationale, la situation l'illustre avec force, est indispensable pour aider ici à produire ou pour acheminer masques, tests, appareils respirateurs, denrées de première nécessité à toutes les populations touchées par la pandémie.

La solidarité internationale est un engagement réciproque et c'est le moment de mettre fin au blocus de Cuba dont le rôle dans l'éradication du virus s'avère crucial.

Il en est de même, dès aujourd'hui, quant aux sanctions économiques et embargos qui frappent des populations d'Iran ou du Venezuela comme pour les territoires palestiniens.

Comme à l'échelle nationale, on ne sort pas d'une épidémie en sacrifiant froidement une part de la population. Nous ne sortirons pas de cette pandémie mondiale si des peuples entiers subissent la double peine des sanctions et du Covid-19.

mercredi 4 mars 2020

L'imposture

49.3
La république en marche est prise d'une grosse fièvre en pleine épidémie sociale. Largement majoritaire en soutien parlementaire, le gouvernement utilise le verrou constitutionnel du débat pour passer une réforme dont l'impopularité est largement majoritaire dans le pays.
Cet épisode illustre au mieux l'imposture de l'OPA lancée sur le pays en 2017 par les maîtres de la finance pour qui la droite ordinaire et la gauche ramollie n'étaient plus d'aucun secours pour passer les turbulences d'une mondialisation sauvage. L'opération en France, dans un pays au passé encore assez présent pour retarder l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir comme dans nombre d'autres états européens, visait à discréditer les deux versants concurrents traditionnels du jeu politique hérité de la Révolution Française. Macron, biberonné au cabinet de Hollande, élevé dans les couloirs de Bercy avec Valls à Matignon, arrive à point nommé en sortant de chez Rothschild pour brandir l'étendard d'un "en même temps", "ni de droite ni de gauche", qui va vite se révéler, dès les lampions de l'élection éteints sur le parvis du Louvre comme un "à droite en même temps".
Cet "ailleurs" séduisant pour nombre de nouveaux venus en politique tout comme pour quelques escouades d'opportunistes recyclables de droite comme de gauche a fait le reste pour enclencher le starter de la "start-up nation" du banquier des riches.
La faiblesse de la base électorale du "nouveau monde" emportant un duel bien millimétré avec l'extrême droite, ne corrige en rien l'extrême faiblesse de la base électorale des battus dans une joute électorale qui tient plus d'une course à handicap que de la démocratie directe.
Mais cette faiblesse, masquée derrière une armée de députés idolâtres soumis qui sont en marche au pas, refait surface à chaque passage de gros temps.
Les Gilets Jaunes, l'interminable chapelet des affaires, de la saga Benalla à la litanie des ministres exfiltrés du gouvernement, Ferrand, Bayrou, Goulard, De Sarnez, Flessel, Nyssen, De Rugy ou Delevoye, tout porte à croire que le "nouveau monde" perfectionne furieusement les travers de l'ancien...
L'autoritarisme, manifesté par un accroissement d'une instrumentalisation policière au service d'un Etat fébrile face à l'hostilité populaire à l'égard de ses orientations, ne fait que s'affirmer de jour en jour au point que quelques macronistes commencent à décrocher.
Jupiter obéit à ses commanditaire.
Et la démocratie républicaine souffre à en mourir sous les coups de l'imposture.

jeudi 13 février 2020

Longtemps après

Il est tout à fait possible aujourd'hui de démonter pour en mieux comprendre les rouages la machine de l'histoire qui a conduit Hitler au pouvoir en Allemagne...
Aucune fatalité, ni génération spontanée dans cette abominable aventure.
Comme la grenouille mise à cuire à l'eau froide, les consciences embrumées par les crises, encombrées d'amertumes, secouées dans la tourmente des tensions internationales de quinze années d'après-guerre, se sont laissé séduire dans l'embellie des années 30 en "marchant avec le courant"... ils sont devenus les "mitläufer", disciples panurgistes dans la descente aux enfers...
De la même façon, le même rouleau compresseur du capitalisme dont la dictature fasciste n'est qu'un avatar, s'est relancé dans les dernières décennies du dernier siècles. Les atermoiements et les reniements des socio-démocrates d'ici comme d'ailleurs ont fait le lit de la droite, et banalisé une extrême droite rendue fréquentable dès lors qu'on l'instrumentalise en adversaire repoussoir...
La dictature de la finance, balayant sur son passage un siècle de conquêtes sociales s'installe tranquillement malgré quelques soubresauts de la bête humaine, gilets jaunes et autres luttes...
Le moindre mal n'a toujours conduit qu'au pire.
Et dans quelques décennies, après qu'un nouveau cataclysme aura résolu la fièvre capitaliste comme à plusieurs reprises au siècle dernier, on se dira : "s'ils avaient su..."
Or nous devrions savoir, c'est la leçon élémentaire de l'histoire.

mardi 28 janvier 2020

Start-up du nouveau monde


Dans la période de grande mutation engendrée par la crise d’un système à bout de souffle, ce n’est pas de solution alternative que l’ancien monde accouche, mais de sa survivance maquillée.
La « start-up nation » de Macron n’échappe pas à la logique qui l’a fait naître, et, contrairement à ce que beaucoup auraient tendance à penser, il ne s’agit pas là d’un prototype encore mal réglé de la nouvelle machine politique. Ce n’est que le triste avatar de l’interminable agonie du capitalisme, une figure qui rejoue bien maladroitement la petite musique du petit chaperon rouge.
Pour s’en convaincre, rien ne vaut l’usage de la réflexion qui anime cette démarche : un cabinet de conseil en stratégie d’entreprise la ferait sienne, mais elle vaut aussi bien pour une formation politique, une association, ou toute formation en équipe.
Le propos d’appuie sur une situation dans laquelle chaque stade de développement d’un projet se construit sur la base d’un précédent incontournable : les 5 doigts de la main.
Premier temps : le rassemblement.
C’est la confiance qui va sceller la formation d’un ensemble, le lien primordial qui doit s’établir dans un collectif susceptible de produire.
2ème temps : la tension
Dans les débuts d’une formation de groupe, l’observation réciproque des parties fait osciller entre confiance et défiance sur la seule base de l’interrogation sur la motivation du rapprochement et de la préfiguration de l’étape suivante qui va susciter l’établissement du leadership.
3ème temps : l’engagement
C’est le moment où le « faire » va catalyser les énergies, nécessiter naturellement l’organisation, la détermination des rôles, et donner à voir une forme d’équipe en action. Le choix d’un chef n’a rien d’anodin entre la satisfaction d’une ambition et le choix d’un homme de paille…
4ème temps : la responsabilité
Dans sa phase de maturité l’équipe renvoie chaque acteur à son positionnement dans le collectif. C’est le moment où peut se dessiner le bénéfice individuel des interactions dans l’action : faire ensemble accroît la capacité de chacun (cf. la dialectique de l’école et du préceptorat).
5ème temps : le résultat
Ce dernier temps de la marche n’est pas une fin en soi, mais plutôt un aboutissement d’étape qui en se partageant va constituer la base d’un nouveau cycle basé sur la confiance.
Si on s’accorde sur cette grille de lecture du fonctionnement collectif, deux cas de figure peuvent se profiler, celui d’un cercle vertueux conduisant à la réussite, et celui du cercle vicieux de l’échec.
Si l’échec pour finir peut intervenir après un dysfonctionnement intervenant à n’importe quel temps du cycle, la réussite n’est possible qu’au terme d’un parcours sans accroc.
Au premier temps du processus de la formation du groupe, si la confiance ne s’installe pas durablement la vulnérabilité est assurée et le second stade ne produira qu’une harmonie artificielle pour masquer les tensions plutôt que les résoudre en communiquant.
Au second stade, l’affichage d’une entente artificielle ne fera qu’exposer des ambiguïtés qui seront autant de freins à l’action. Pourquoi faire quelque chose si on n’a pas d’objectifs clairement partagés ?
Au troisième stade, la résolution des ambiguïtés s’opère dans la fuite ou dans la composition de postures de complaisance. A défaut de faire, on fait semblant, et personne n’est redevable à personne de quoi que ce soit, aucune responsabilité n’est prise.
Au quatrième temps la situation se fige sur des résultats le plus souvent maquillés et que personne ne voudra assumer et partager en se réfugiant derrière son statut. C’est le temps du repli sur l’ego.
Quand on observe la macronie, le premier temps de la confiance a occupé toute la campagne présidentielle avec une teinte d’acceptation qui caractérise l’adhésion aux tribuns populistes. Venus de nulle part à défaut de savoir d’où l’ensemble se forme en donnant une existence à chacun avec une forme de revanche pour ceux qui désertent un autre camp moins reconnaissant…
Depuis, le fonctionnement jupitérien du président a fait basculer la start-up politique dans le cercle vicieux de l’harmonie artificielle de « l’en même temps carpe et lapin ». Cette culture assumée de l’ambiguïté affichée cache de plus en plus mal une orientation à droite désormais aussi bien assumée qu’elle s’impose à des troupes de « godillots » obligés
Fuite ou complaisance sont les deux mamelles du pouvoir dans les périodes pré-électorales avec dissidences et ralliements qui obscurcissent le paysage et qui réduisent la perception des enjeux à la seule dimension des ego et à l’artificialité d’une légitimité élective contestable.
Se croire invulnérable et se prévaloir d’une image, cultiver l’ambiguïté en étant faible et flou sur l’organisation au seul bénéfice d’une figure tutélaire d’apparence auto-proclamée, mais le plus souvent promue par les forces occultes qui l’exploitent, tous les ingrédients de l’échec.



vendredi 24 janvier 2020

Pour ou contre

De la réforme des retraites à l’installation d’une porcherie, ou la réforme du Bac… Les sujets de polémique ne manquent pas dans l’actualité !
L’observation des faits et comportements conduit assez systématiquement au constat que les commentateurs décrivent comme un processus de radicalisation. Et les plus "radicaux" ne sont pas nécessairement les opposants qui tentent de se défaire des pièges qui leur sont tendus !
Et tout aussi systématiquement on a l’impression que l’expression du désaccord éclot à retardement, alors qu'il serait trop tard, après un temps de flou ou d’occultation qui éloignait la préoccupation du champ d’une réflexion concertée.
La divergence des opinions n’a rien d’inquiétant, bien au contraire ! C’est bien dans la confrontation des idées que s’affûtent les arguments et que se solidifient les convictions qui sont les moteurs de l’engagement et de l’action.
Alors, comment se fait-il qu’il faille aujourd’hui, dans nombre de conflits, en arriver à un constat de désaccord indépassable ?
L’éveil de l’opposition à un projet conduit d’autant plus à cette situation qu’il survient brutalement dans le paysage, un peu comme un vice caché. Ce fut le cas de phénomène Macron qui a défié la marche ordinaire d’une alternance centre gauche-centre droit et qui s’est imposé dans la logique du moindre mal du « tout sauf Le Pen » tout en affichant l’image d’une nouveauté balayant un vieux monde politicien déconsidéré par ses errements.
A vouloir bousculer le vieux monde des acquis sociaux bâti à force de luttes récurrentes depuis des siècles, et qui toutes peuvent s’inscrire dans une volonté d’émancipation des peuples des oppressions qui les corsètent, le pouvoir se heurte à des oppositions de plus en plus larges et fortes tout en durcissant la protection policière de ses projets. C’est une forme de repli derrière les remparts du château ou des institutions, laissant au peuple l’occupation des faubourgs, comme ronds-points aux Gilets Jaunes.
L’expression de l’opposition ne s'inscrit plus dans l’équité du débat démocratique, mais dans un affrontement existentiel qui met en péril la nature même du lien social. Sur la petite musique de l’individualisme et du communautarisme qui l’accompagne si bien, la légitimité de toute opposition se heurterait désormais aux exigences nouvelles d’une liberté circonscrite à soi-même.
Ce phénomène se double d’une recrudescence de l’instrumentalisation des masses par des groupes de pression qui masquent leurs véritables commanditaires et leurs intentions aux yeux de ceux qu’ils circonviennent pour aboutir à leurs fins.
C’est ainsi que les peuples européens élisent des députés siégeant dans leurs parlements…  Mais ce sont des milliers de lobbyistes au service des grandes puissances économiques qui font la loi en dictant aux parlementaires la plupart des termes de la loi.
L’actualité, de Davos à Versailles, n’est pas avare d’exemples du lien indéfectible du monde politique et des intérêts économiques particuliers qui s'accaparent les richesses de la nature et le fruit du travail des hommes.
A une autre échelle, mais sur le même modèles, les marchands du temple de la consommation aujourd’hui se paient le service d’armées d’influenceurs actifs sur les réseaux sociaux pour conformer les comportements des consommateurs aux appétits de leur marché.
Par ailleurs, les travailleurs, celles et ceux qui vont le devenir, ou ceux qui n’en sont plus pour une raison ou pour une autre, ne disposent d’aucun de ces conseils utiles au développement de leur cause pour mieux vivre, ou tout simplement exister.
Les lois inspirées par les lobbys ne conduisent pas seulement à faire parcourir les mers du monde aux containers de pacotilles chinoises vers l’Europe ou des poubelles de plastiques européennes vers la Malaisie… elles ne conduisent pas seulement à augmenter de plus de 20% la consommation agricole de pesticides en 2018 quand on aurait dû la réduire drastiquement depuis 20 ans… elles ne conduisent pas seulement à faire travailler les gamins d’Inde ou d’Afrique orientale pour fringuer les gamins français à bon marché… Elles ne conduisent pas seulement les normes européennes à s’assouplir pour autoriser l’élevage des cochons bio sur caillebottis ou pour tolérer la présence de pesticide en label Bio avec une diminution des contrôles quand la société attend mieux…
Elles conduisent parfois à l’engrenage d’un cercle vicieux où les acteurs directement concernés sont conduits à contribuer activement aux dégradations qui les touchent. C’est ainsi qu’avec une des manifestations du réchauffement climatique, les agriculteurs ont été amenés à réclamer l’assouplissement de règles communautaires fixant les dates limites de semis l'été dernier… tout ça à cause du manque d’eau dans des parcelles drainées à grands coups de subventions… Favoriser l’écoulement de l’eau, et se plaindre qu’elle ne soit plus là… Ne  devrait-on pas supprimer l'ENA agricole ?
Et il arrive un jour que les puissances économiques gravitant autour du monde agricole arrivent à leurs fins en asservissant l’ensemble du processus de production ; la terre et les hommes qui la travaillent ne sont plus alors que les accessoires d’objectifs qui les dépassent, réduit à l’état de ressources dans un dispositif dont ils ne maîtrisent plus la conduite. Les contrats liant agriculteurs et groupes de l’agro-alimentaire leur laissent généralement la charge des investissements dont l’amortissement est calculé au plus juste pour limiter la part de profit revenant au producteur.
Le terme même de « ressources » humaines » n’a rien d’anodin, il signe l’exploitation des uns par les autres dans une relation sociale de domination attribuant aux uns les devoirs et aux autres les droits.

C’est dans le chaos d’un tel paysage que les tensions s’exacerbent et qu’à défaut de réflexion on mobilise à l’affect en suscitant des émotions faciles à partager. Les réseaux dits « sociaux » sont les vecteurs privilégiés de ces emballements sollicités pour tenir lieu d’argumentaire.
C’est ainsi que des salves d’applaudissements vont souligner tel ou tel propos ou déclencher une bronca désapprobatrice… Dans un cas comme dans l’autre la seule certitude porte sur l’incapacité des uns à écouter les autres qui au mieux les auraient entendus.
Et, dès lors que l’effort de tout échange est condamné à l’échec, ce ne sont alors qu’expression de postures et recherche pressante du prétexte à la dérobade en déplaçant le sujet : information trop tardive, absence de contact, cible inappropriée, respect de normes, attentes sociétales, choix d’un moindre mal, responsabilités extérieures…
Au bout du compte il se dégage une masse d’approbateurs béats faite de ceux qui « marchent avec le courant ».
En d’autres temps ce sont aussi ces « Mitläufer » dont les rangs s’étaient grossis dans les années 30 pour accompagner la montée du nazisme qui confortèrent la position d’Hitler au pouvoir jusque dans ses pires agissements.
Cette forme de panurgisme insupporte toute opposition aux évolutions contestables, c’est la base d’un « populisme » mortifère pour la démocratie.
Face à la force qui impose et s’impose comme une évidence incontestable, c’est la résistance qui doit s’organiser et prendre la responsabilité d’agir.
Cette dialectique de l’autorité et de son opposition a toujours suscité des vocations de collaborations face à l’émergence de la résistance. L’histoire en est aussi pleine que les bribes de l’actualité conflictuelle du moment, qu’il s’agisse de la réforme des retraites, un projet de grande porcherie, de la réforme du bac...
Le confort paresseux de la collaboration expose malgré tout au désagrément du désaveu quand la force du nombre en prise avec l’intérêt général vient à bout des mercenaires des intérêts particuliers.
Les nostalgiques de la monarchie, comme ceux du pétainisme ou du temps des colonies en sont encore les preuves vivantes.
Des « grands » projets comme Europa City, le Center Parc de Roybon, l’aéroport de Notre Dame des Landes, la ferme des mille vaches ont suscité des résistances… Beaucoup d’autres l’auraient dû pour le bien de l’humanité et de la planète qui la porte dans le microcosme local comme à l’échelle de la planète.
Le bon sens suffit : il suffit de dire NON à la démesure et à l'accaparement particulier, de s’assurer de l’innocuité de l’action dans son environnement pour l'intérêt commun, c'est le prix du bien public porté par toutes les révolutions populaires comme en avait accouché la Résistance...
Il ne faut pas désespérer de la jeunesse, et les vieux grisons pourfendeurs de Greta Thunberg feraient bien de soigner leur ankylose intellectuelle dans les coulisses des chaines d'info qui les nourrissent.

Résister, c'est créer... Résister c'est exister...