Une proposition de loi pour "instituer un enseignement dans le cadre scolaire des religions et de leur pratique." a été déposée à l'Assemblée Nationale par une brochette de députés de droite soucieux de remettre notre jeunesse dans le droit chemin de la bien pensance.
Les attendus de la proposition expriment la délicatesse d'une pensée toute en nuances. Nous avons à faire à des poètes, à de fins philosophes :
"Notre société ne doit pas se résigner à voir ses enfants régler leurs différends à coups de couteaux. Elle a la responsabilité de les aider à maîtriser leurs instincts violents et à les éduquer à la courtoisie."
Toute inquiétude quant à la signification d'autres intentions est levée dès lors qu'ils affirment :
"La présente proposition de loi s'inscrit aussi dans le cadre du débat sur l'identité nationale voulu par le Président de la République".
Et, cerise sur le gâteau", les auteurs invoquent la crise et font référence sans le citer cette fois à la "moralisation du capitalisme" de Sarkozy !
Démagogie ou insigne faiblesse intellectuelle, je vous laisse le choix... Toujours est-il que nous avons là un exemple de ce qui contribue à la perte des repères fondamentaux et des valeurs républicaines. Sans que cela soit dit explicitement, cette proposition fait écho à l'affaire de la burka.
De cet aveu implicite on peut au moins déduire les intentions peu louables d'une pollution de nos institutions avec l'introduction de la religion dans la règle commune. Giscard avait tenté la chose avec son projet de constitution européenne.
Que viendrait faire cet enseignement à l'école, au collège, au lycée et jusqu'à l'université, sinon encourager les quelques foyers d'excitation communautariste à la surenchère et à l'affrontement. Non ces grands penseurs considèrent qu'on ne peut apprécier les valeurs de la littérature, des sciences et des arts, « les débats intellectuels et les luttes qui ont jalonné notre histoire », qu'avec la tête pleine de culture religieuse.
Des croisades aux guerres de religions et à l'inquisition, en passant par la complicité plus ou moins discrète de l'église envers les criminels nazis, la religion officielle dont les auteurs de cette proposition de loi envisagent honteusement de faire la promotion en fustigeant les copains de Ben Laden, ne s'est pas lavé les mains qu'à l'eau bénite.
Les religions ont émaillé l'histoire de trop de carnages, elles contribuent trop à l'anesthésie des consciences des peuples les plus pauvres et exploités, elles sont trop en concurrence dans l'activité intellectuelle de millions de femmes et d'hommes avec l'exercice ordinaire de la raison, trop encombrantes dans les capacités d'apprentissage de millions d'enfants…
Attribut ordinaire de l'ignorance et de l'aliénation des hommes (et encore plus des femmes), c'est déjà beaucoup de supporter la religion (quelle qu'elle soit) dans l'exercice de la vie privée. L'instituer comme une composante de l'enseignement public et en imposer ne serait-ce que le spectacle aux autres est plus surement ruineux pour la liberté de tous et de chacun.
La croyance est paresseuse, elle est le carcan de l'imagination et dresse le mur de la finitude des choses et des êtres dans sa prétention à tout expliquer, elle enseigne la peur. La curiosité et le courage de la découverte sont ailleurs.
Qu'on me donne un exemple, un seul, qui ait jamais fait d'un fait religieux le moteur de la liberté ou de l'égalité... Ah si, je me souviens, Moïse et la sortie d'Egypte, la libération d'un peuple esclave... Mais non, l'esclave n'avait que changé de maître.
- Je ne crois pas, je crée et j'apprends.
- Je ne crois pas, je comprends.
- Je ne crois pas, je sais...
Ni dieu, ni maître !
3 commentaires:
Qui a dit :
Je ne crains rien
Je n'espère rien
Je suis libre
Níkos Kazantzákis qui écrivait aussi « Un homme véritable est celui qui résiste, qui lutte et qui n'a pas peur au besoin de dire Non, même à Dieu. » (Lettre au Greco).
Ce grand penseur grec de la première moitié du XXème siècle était soit-disant chrétien et bouddhiste à la fois... mais aussi disciple de marx et grand humaniste.
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