samedi 30 mai 2015

Exemple

En "lettre ouverte au Président de la République", cette réaction d'élu communiste illustre bien le sentiment partagé par des milliers de nos concitoyens. 
Un coup d’œil dans le rétroviseur de l'histoire  serait-il propre à nourrir l'espoir quant à la considération des socialistes pour les communistes autrement que dans le rôle ingrat de marchepied pour le pouvoir ?
Une fois qu'on y est... tirez l'échelle !



" Monsieur le Président de la République.


J'ai suivi avec attention et avec émotion les cérémonies d'entrée au Panthéon des 4 grandes personnalités qui font l'honneur de notre pays et qui sont à mes yeux incontestables.
Cette cérémonie m'a tout à la fois ému et empli d’un malaise que je n'arrive à dissiper. Ce malaise tient à l'exclusion que votre choix induit envers une part cardinale de la résistance française, celle de la résistance communiste. Un choix dont je vous sais trop intelligent pour l'assimiler à un oubli.
Je ressens cet ostracisme comme une humiliation envers les idées qui m'animent depuis longtemps, envers ma famille, envers les militants qui ont donné leur vie ou leur santé. Sacrifice jugé certainement par vous insuffisant. Georges Politzer, fondateur du 1er réseau de résistance universitaire en septembre 1940, le Colonel Fabien, auteur du 1er attentat de la Résistance en août 1941, Marie-Claude Vaillant-Couturier dont Germaine Tillion (que vous avez justement honorée), disait elle-même qu’elle était « la plus grande résistante française », Guy Môquet, Henri Rol-Tanguy, Gabriel Péri, Roland Leroy, Henri Krasucki, parmi tant d’autres et notamment les 20 000 fusillés, n'ont certainement pas assez fait pour l'honneur de notre pays. Missak Manouchian, résistant communiste et étranger, eut été aussi l'occasion d'un choix judicieux dans ce contexte de xénophobie et de développement de la haine envers les différences. 
Alors que notre pays a besoin de rassemblement et de fraternité, vous avez choisi d'exclure ceux qui, selon Jacques Chaban-Delmas, représentaient 70% des résistants de la première heure. Que vous coûtait-il de rajouter une cinquième grande figure à ceux honorés hier ? D'autant que le choix ne manquait pas.
Sarkozy avait fait le choix de la récupération historique éhontée de la mémoire de Guy Môquet. En déchirant le tiers rouge de notre drapeau national, vous avez fait le choix, vous, de l’'exclure de la nation. Vous n'’en n’avez donné aucune raison ni aucune justification. Celle-ci serait bienvenue et il n'’est jamais trop tard pour réparer le mal occasionné et les blessures infligées.
Puisse un jour, cette faute historique, morale et politique resurgir dans votre conscience.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes respectueuses salutations.
Jean-Pierre Charles
Maire de Graçay
Conseiller départemental du Cher
Président de l'Association Départementale des Elus Communistes et Républicains.
"

jeudi 28 mai 2015

Bleu-Blanc-Rose

Il y avait bien une 5ème place de libre au centre de la façade du Panthéon !
Charlotte y aurait fait bonne figure ! Mais aussi Marie-Claude, Suzanne, Danielle ou tant d'autres...
Commémorer la Résistance aujourd’hui est une action citoyenne respectueuse, une façon simple et tranquille de se proclamer héritiers dignes de ceux qui ont redonné sa liberté et sa dignité à la France. Nombreux sont ceux qui n’ont pas tant attendu que la revendication de l’ANACR de faire du 27 mai de chaque année la « Journée Nationale de la Résistance » soit enfin satisfaite l’an dernier pour y penser sur une terre où nombre de pierres sont dressées depuis plus d’un demi-siècle à la mémoire du sacrifice de l’Armée des Ombres.
La « Journée Nationale de la Résistance » a réuni partout en France des foules, modestes ici et considérables là-bas, au même moment qu’à Paris, Jean-Marc Todeschini –secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire- rendait hommage à Marie-Claude Vaillant-Couturier à l’Espace Niemeyer, Place du Colonel Fabien, avec une représentation théâtrale consacrée à cette grande femme de la Résistance, en avant-première du festival d’Avignon.
Ne voyez pas malice dans cette évocation furtive d’une manifestation dont personne n’entendra parler demain dans le fracas médiatique de la panthéonisation de quatre héros de la Résistance : Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay.
Ces quatre-là, chacun à leur façon, sont bien des figures emblématiques de la Résistance et de sa diversité. Mais si leur accueil aujourd’hui devait refermer le cercle de la Résistance aux côtés de Jean Moulin au Panthéon Républicain, c’est la mémoire communiste de la Résistance qui en serait exclue.
Kriegel-Valrimont, Rol-Tanguy, Péri, Charlotte Delbo, Suzanne Bloch ou Danielle Casanova, Lucien Sampaix ou Pierre Villon... Peut-être les communistes résistants étaient-ils trop nombreux pour être reconnus et qu’on puisse en choisir une ou un au détriment des autres !
Il est vrai que l’écriture du roman national par les politiques qui font  de l’histoire un instrument  ne manque pas d’interroger celles et ceux qui s’emploient à préserver la mémoire des faits, des engagements des acteurs, de l’idéal et des valeurs de la Résistance.
Le triste épisode de la « lettre de Guy Môcquet » en 2009 est encore dans nos mémoires…
Se mettre sous la lumière des autres ne rend pas nécessairement brillant, et instrumentaliser la mémoire des héros des autres pour camoufler ses forfaits ne trompe guère que les nigauds de sa cour.
Dans un Panthéon pavoisé de Bleu-Blanc-Rose, l’amputation de la mémoire de la Résistance de sa composante communiste n’est pas glorieuse ; et elle l’est d’autant moins que pour faire bonne figure l’évocation dans les mots du discours présidentiel ou la présence d’un secrétaire d’Etat à l’initiative des communistes Place du Colonel Fabien pour célébrer la Journée Nationale de la Résistance avec la mémoire de Marie-Claude Vaillant-Couturier illustrent la volonté patente d’en exclure la représentation là où les générations futures pourrons s’en approprier la connaissance.
Toutes les entorses à l’histoire doivent aiguiser notre vigilance.
Le gouvernement aujourd’hui, soucieux de réduire l’éventail politique à son petit milieu du consensus libéral ne manque pas une occasion de nier l’existence d’une gauche de Résistance dans laquelle le courant communiste existe encore.

La méthode Coué leur suffira-t-elle ?

jeudi 21 mai 2015

Citoyens ?

Cito-riens disait un internaute au détour d'une conversation...
En est-on si loin qu'on puisse s'offusquer d'une telle gifle à la République ?
Pas si sûr... L'élite politique d'aujourd'hui a un comportement qui ressemble assez à celui des maîtres de jadis "aquitoutédu", Les nobliaux d'hier plaçaient bien leur descendance.

samedi 9 mai 2015

Quand les mots ont un sens

Depuis quelques jours la ritournelle de l'armistice revient en boucle sur les ondes... à propos du 8 mai.
Quel échec manifeste de l'enseignement de l'histoire chez tous ces porte-voix de médias toc peu regardant avec le respect de la vérité historique et de la mémoire des combattants d'alors.!
Quel travestissement de l'histoire, et de la gloire douloureuse de la victoire sur le nazisme et le fascisme au printemps 1945 !
Les 7 et 8 1945 c'est de capitulation de l'Allemagne nazie qu'il s'agit. La première capitulation est signée à Reims à 2 h 41 le 7 mai 1945, la seconde à Berlin à 23 h 1 le 8 mai 1945 à l'heure de Berlin (avec le décalage horaire, c'est déjà le 9 mai à Moscou, ce qui explique la date de la commémoration russe fixée au 9 mai).
La victoire des forces alliées occidentales et soviétiques associées aux mouvements de Résistance est scellée dans "l'acte de reddition militaire" signé par le général Jodl le 7 mai à Reims et par le général Keitel le 8 mai à Berlin.
De la même façon ce sont des actes de capitulation que le japon signera le 2 septembre 1945 sur le pont du Missouri avec tous les représentants des autres forces belligérantes.
Certains peuvent ne voir dans cet usage approximatif du vocabulaire qu'une banale erreur de langage. Ce serait contribuer à la banalisation d'un escamotage du sens des combats de la libération après ceux de la Résistance.
La victoire sur la barbarie nazie dont le crime abominable continue d'alimenter quelques nostalgies n'est pas la victoire ordinaire d'une manche d'un affrontement qui perdure.
Le premier devoir d'humanité serait de la déclarer définitive : reddition, capitulation, le vaincu s'avoue vaincu, rien à voir avec l'accord partagé de la fin du conflit dans un armistice qui n'est pas la paix pour autant.
Si les mots ont un sens, c'est bien l'usage qui leur doit le respect.