samedi 22 juin 2019

Le bruit qui court...

"Comme un bruit qui court" : une respiration citoyenne sur la radio de service public !
Un travail de journalisme à écouter et ré-écouter, tout simplement courageux, tout simplement professionnel !

jeudi 20 juin 2019

49+1

Capital, comme son nom l'indique, s'intéresse au fric !
A en croire un article publié le 19 juin dernier, les "maires des petites villes" aussi...

... à lire par ici.

Revendiquer 49% d'augmentation, ça classe, ça met tout de suite dans la catégorie "manager", celle de ces patrons de grosses boîtes qui vont mégoter 0,5% d'augmentation à leur piétaille salariée tout en s'autorisant des retraites-chapeau décoiffantes ou des rétributions de quelques SMIC... à l'heure.

Par ailleurs, le 9 avril 2019, les 8 organisations syndicales et associations de retraités réunies dans l'intersyndicale de l'Allier envoyaient à  297 mairies du département ce courrier électronique :



Madame la maire, Monsieur le maire,
Vous n'êtes pas sans savoir la difficulté dans laquelle beaucoup de retraités se trouvent face au renchérissement du coût de la vie, comme à bien des aléas de la vie d'aujourd'hui.
La dégradation continue de leur sort constatée depuis des années réunit sur les mêmes bases revendicatives un nombre important d'organisations syndicales et d'associations de retraités. Le "groupe des 9" constitué au niveau national se retrouve dans l'Allier formé par huit organisations représentant un large éventail de sensibilités et d'orientations.
Unies par-delà leurs différences elles vont à nouveaux être ensemble dans les rassemblements du 11 avril prochain ; et c'est dans le cadre de cette initiative du "Printemps des retraités" qu'elles sollicitent votre soutien à leurs revendications.
C'est tout l'objet du courrier que vous trouverez en pièce jointe à ce message.


Merci de l'attention que vous porterez à notre sollicitation et du soutien que vous nous apporterez.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, Madame la Maire, l’assurance de nos plus sincères salutations républicaines.

avec ce courrier joint :
"Monsieur le Maire, Madame la Maire,
Nos 8 organisations prennent la liberté de s’adresser à vous pour attirer votre attention sur la situation particulière faite aux personnes retraitées.
Nos 8 organisations travaillent ensemble depuis maintenant 5 ans sur différents projets et, malgré des orientations et des parcours différents, nous nous retrouvons sur la défense de la situation de celles et ceux qui représentent un quart de la population de ce pays.
Vous n’ignorez pas que depuis 2013, aucune revalorisation des pensions n’a été décidée par les pouvoirs publics qui se sont succédé, si l’on excepte quelques mesures symboliques. L’indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires a conduit à une paupérisation des retraités.
Cette attitude des gouvernements qui se sont succédé, couplée avec d’autres décisions (suppression de la 1/2 part, imposition des majorations familiales, création de la taxe de 0,3% sur les retraites…) et dernièrement, la hausse de la CSG, aboutit à un constat partagé et confirmé par le Conseil d’Orientation des Retraites, l’INSEE, etc. : le pouvoir d’achat des retraités est en chute libre.
Jamais, depuis des décennies, une catégorie aussi substantielle de la société française n’avait fait l’objet d’une telle attaque frontale. Plus d’un million des 17 millions de retraités sont des retraités pauvres.
Les autres voient, chaque année, leur situation se détériorer.
A cette donnée économique s’ajoute le sentiment que les retraités sont rejetés aux marges de la société. Vous aurez d’ailleurs remarqué qu’il n’existe aucun secrétariat d’Etat en charge de la situation des retraités et des personnes âgées. Il est par ailleurs très difficile d’être reçu dans les ministères traitant de notre situation, à telle enseigne que Mme Buzyn ne nous a reçu qu’une seule fois depuis le début de son ministère et le président de la République, comme le Premier Ministre, pas une seule fois.
Le mépris affiché de certains hommes et femmes politiques, les commentaires défavorables de certains médias, donnent à penser que les retraités sont trop couteux, trop riches, trop nombreux, voire égoïstes et renfermés sur eux-mêmes (alors que la retraite est un droit acquis par des années de cotisations, pendant leur activité professionnelle).
Or, rien n’est plus faux : dans la mesure de leurs moyens et de leur temps, nonobstant leurs choix personnels familiaux ou autres, les retraités constituent une part active de la population, intégrée dans la société et les structures locales de la République, à commencer par les communes :
- Ils siègent dans les instances associatives,
- Ils participent aux actions de prévention,
- Ils participent à la vie politique locale : conseils, municipaux, départementaux, quand ils n’assument pas eux-mêmes des fonctions de maire.
Nos organisations n’acceptent pas qu’on leur dise, en substance, vous êtes des « nantis », vous êtes trop nombreux, bref, vous coutez trop cher.
Quels bénéfices, au plan social, au plan économique et au plan humain peut-on tirer de telles accusations ?
Au plan social, les retraités représentent 25% de la population et 30% du corps électoral. Comment expliquer à ces électeurs qu’on préservera leur pouvoir d’achat et faire le contraire ?
Au plan économique, leurs activités bénévoles ont été estimées à un demi-point de PIB. Quel intérêt y a-t-il à appauvrir 17 millions de personnes dans une économie qui repose essentiellement sur la consommation intérieure ?
Au plan humain, on les désigne comme la génération du « baby-boom » oubliant que la démographie a été encouragée après la guerre par une politique nataliste afin de reconstruire le pays, oubliant que les « 30 glorieuses » ne l’ont été que pour les grands groupes qui ont pu renaître ou se constituer pendant cette période, oubliant que les salaires progressaient au rythme de l’inflation, oubliant qu’il a fallu des décennies pour que les revenus des retraités rattrapent ceux des actifs, oubliant enfin que la génération actuelle de retraités sera la première à devoir s’occuper à la fois de leurs parents et de leurs enfants, voire petits-enfants.
Dès lors, le malaise s’installe.
Peut-on à la fois critiquer les retraités, les solliciter toujours plus au portefeuille et trouver normal qu’ils se dévouent sans compter dans les collectivités ? Peut-on, comme le président MACRON, leur dire qu’ils sont une part indispensable de la société et leur retirer, petit-à-petit, les moyens de leur autonomie, qu’ils consacrent en partie aux activités collectives, la commune, le village, le canton, la ville ?
Les retraités ont largement été impliqués dans les gilets jaunes, ce qui n’a surpris que ceux qui ne connaissent pas les liens associatifs, militants, de solidarité, qui lient les populations locales. Les retraités sont souvent les premiers à établir ces chaînes d’entraide, avec ou sans gilets jaunes.
Nos 8 organisations ont donc décidé de vous solliciter en vous demandant de signer ou de faire voter la motion-pétition jointe. Nous savons que les maires sont en 1ère ligne pour la défense de leurs administrés, pour la défense des services publics locaux et qu’ils se soucient des plus anciens. Car si la suppression des services publics locaux affecte toute la population, c’est encore plus vrai pour les retraités, en particulier pour ce qui touche l’accès aux soins et la proximité des EHPAD.
De même, nous avons décidé de solliciter les présidents et vice-présidents de l’Assemblée des maires de France pour leur demander de faciliter nos démarches.
Dans l’attente du soutien que votre conseil municipal peut nous apporter en adoptant le texte que nous vous proposons ou tout autre en soutien à nos revendications à votre convenance, nous vous remercions de l’accueil que vous réserverez à notre sollicitation.
Merci de bien vouloir nous communiquer à l’adresse électronique de l’Intersyndicale de l’Allier votre soutien à notre mobilisation (Intersyndicale.groupe.des.9.03@gmail.com ).
Certains que vous comprendrez la colère et la détermination qui nous animent, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, Madame la Maire, l’assurance de nos sincères salutations républicaines.
UCR-CGT
UCR-FO
UNIR CFE-CGC
FSU
LSR
FGR-FP
Ensemble & Solidaires - UNRPA
ADRA-03

& cette motion jointe :
Motion de soutien 
à la population retraitée

Nous, élus de la (commune) (de la ville de) dénonçons la situation faite à la population retraitée du fait de :
la quasi non-revalorisation des pensions depuis 6 ans,
la hausse de 25% du montant de la contribution sociale généralisée (CSG) pour des millions de retraités,
Cette situation contribue à l’appauvrissement de la population âgée, ce qui entraîne notamment une hausse des demandes d’aide auprès de (la ville) (commune de) et réduit les capacités d’action des retraités en faveur des activités bénévoles au bénéfice de la collectivité.
Nous demandons la prise de mesures d’urgence (hausse des pensions) en faveur de l’ensemble des 17 millions de retraités.


Le maire de ……
Le conseil municipal de …….

Nota : Ce texte est une simple suggestion. Naturellement, il est également possible d’évoquer la situation et les difficultés propres à la ville ou la commune.

Combien de réponses à cette sollicitation pensez-vous qu'il arriva deux mois et demi plus tard ?

Cinq!
... guère plus de 1% des maires; de leurs conseils municipaux de l'Allier.
Merci à eux !


49+1=50


50% c'est à peu de chose près la proportion des citoyens qui votent désormais avec leurs pieds en s'abstenant...

mercredi 19 juin 2019

Ça cloque, ça s'écaille...

Les vieilles peintures avaient parfois la fâcheuse habitude de se désolidariser de leur support sans rien dire et de "cloquer"...
Dans un premier temps ça ne se remarque guère, de loin ; mais au premier petit choc c'est fichu, il en part un morceau, tout est défiguré par cet accroc ridicule qui laisse apercevoir ce qu'on avait soigneusement voulu cacher.
La république d'aujourd'hui en est un peu réduite à cet état qui trahit une certaine insalubrité citoyenne révélée au fil des rendez-vous électoraux.
Vue de loin la république est encore rutilante avec un président qui avait commencé par faire de l'ombre à la pyramide du Louvre un soir de printemps 2017. Elle frémit dans les tribunes de ses grands stades qui portent désormais le nom de grands groupes financiers. Elle se pâme devant la réussite de ses industries d'armement qui rivalisent avec les autres grands semeurs de morts d’Amérique ou d'ailleurs. Les autres réussites ne manquent pas... Faites-en la liste.
A propos de liste, avec les municipales en ligne de mire pour l'an prochain, un article d'Annick Berger dans "Capital" peut retenir l'attention :

"LES MAIRES DES PETITES VILLES RÉCLAMENT UNE AUGMENTATION DE 49% DE LEURS INDEMNITÉS
L’Association des petites villes de France (APVF) demande une reconnaissance de la difficulté de la fonction.
Faut-il revaloriser les indemnités des maires des petites communes ? C’est en tout cas ce que demande l’APVF alors que le projet de loi pour améliorer les conditions d’exercice des mandats locaux doit être présenté en juillet. L’Association des petites villes de France dénonce ainsi des "indemnités non seulement très disparates d’un mandat ou d’une commune à l’autre, mais surtout déconnectées de la charge de travail réelle induite". Un sujet sensible alors que le mouvement des "gilets jaunes" a montré la défiance de nombreux Français à l’encontre de certaines catégories d’élus.
Dans ses 10 propositions pour les conditions d’exercice des mandats locaux, l’association estime qu’il n’est pas normal "qu’un maire d’une commune de 9.000 habitants soit rémunéré à hauteur de 2.128 euros par mois […] quand un conseiller départemental d’opposition, sans aucune responsabilité exécutive, est, lui, indemnisé à hauteur d’au moins 2.280 euros par mois". Face à cette situation, l’Association demande que "l’indemnité du Maire soit égale au salaire brut d’un Directeur général des services en fin de carrière", soit 3.172 euros bruts par mois pour les communes entre 2.000 et 9.999 habitants contre 2.128 aujourd’hui."

Qu'en pense l'association des "maires tout court" ? 
... l'association des maires ruraux ?
... l'association des maires des grandes villes ? 
... l'association des maires des villes thermales ?
... l'association des maires de droite de la huitième circonscription de Seine-et-Marne ?
... l'association des maires adjoints délégués à la culture du département des Yvelines ?
... l'association des maires des villes desservies par la ligne b du R.E.R. ?
... l'association des maires des communes girondines périurbaines rurales ?
... l'association des maires des communes de sports d'hiver et d'été de l'Isère ?
... l'association des élus libéraux et indépendants des Hauts-de-Seine ?
... l'association des élus vétérinaires ?
...

Rien à voir avec la peinture qui cloque ? Pas si sûr !
Tout se passe comme si la "politique", tout ce qui touche au gouvernement des affaires publiques à quelque niveau que ce soit, de l'Etat aux communes, s'était détachée de son support, qu'on l'appelle peuple, nation, pays, gens tout simplement.
Quand la moitié des citoyens du pays se désintéresse du choix des couleurs et du pot comme du pinceau, les "politiques" ne sont plus que placage plaqué sur un support sans accroche.

C'est ce qui ressort massivement des réponses de ceux qui ont voté comme de ceux qui n'ont pas voulu ou pas pu : "tous les mêmes", "de toute façon ça ne changera rien", "ah oui, il n'y a que ceux là qu'on n'a pas essayé... alors pourquoi pas...".

C'est ce qui ressort nécessairement dès lors qu'on analyse les résultats d'un scrutin en fonction des catégories sociales, des pauvres ou des modestes, des classes moyennes supérieures, des ruraux ou des urbains... comme si la citoyenneté se mesurait au thermomètre des comptes en banque.

Nier le concept de classe sociale pour le remplacer par des murs de casiers où ranger les uns et les autres en fonction de critères qui les isolent et exacerbent leurs concurrences internes a conduit à ce résultat dramatique qui fait qu'un travailleur pauvre survivant difficilement avec 1000 euros par mois s'insurge plus des "privilèges" d'un bénéficiaire du RSA que de l'indécence des grandes fortunes.
Nier le concept de classe sociale pour le remplacer par l'éloge du communautarisme et de l'individualisme qui fait son meilleur complice a conduit à ce que les travailleurs n'inscrivent plus leur travail dans la dialectique qui le lie au capital, mais plutôt au mérite particulier des uns ou des autres et à la conduite personnelle d'une carrière déconnectée des emplois dès lors qu'elle passe par "l'autoentreprise" ou les boîtes d'intérim...

Au début de ce nouveau siècle un premier ministre socialiste avait affiché l'impuissance de l'Etat face à un industriel "dégraisseur"... Une génération plus tard personne ne s'indigne des gesticulations d'un gouvernement qui brade un grand secteur industriel à  des capitaux étrangers avec la promesse de création de 1000 emplois  jamais tenue, pour ensuite en supprimer plus de 3000 ! Bien sûr, sur place tout le monde s'indigne sur la scène politique, toutes opinions confondues, promoteurs du capitalisme triomphant et opposants confondus ! ... et pendant ce temps là en coulisse, le capital tricote son gilet de profits en baptisant Plan de Sauvegarde de l'Emploi le plan de licenciement de plus de 3000 vraies personnes !

La couche des "politiques" en charge du bien public et celle des "maîtres de forges" d'aujourd'hui se confondent désormais dans ce qu'elles obscurcissent ensemble le ciel des peuples, l'une comme l'autre au seul service "exploitation" qui doit s'interdire les "déficits" pour mieux dégager son profit.
Les uns se chargent de pressurer les services publics pour faire le jus du privé et les autres mettent les peuples de la planète en concurrence autour d'un bol de riz.

Si l'existence des classes sociales persiste, le concept en est comme toujours âprement combattu par la classe dirigeante, et avec d'autant plus de succès aujourd'hui qu'elle en a perturbé la conscience chez ceux qu'elle exploite.
N'est-ce pas cette perte de conscience qui autorise aujourd'hui toutes les constructions politiques hors-sol dont les ressorts ne sont en tension que dans la couche de peinture qui s'écaille. La "grande victoire" des écologistes, les résultats piteux de tant d'autres aux dernières élections l'illustrent bien quand la gauche comme la droite s'étonnent de pertes abyssales au profit des nouvelles têtes de gondole... A bien y réfléchir, c'était un peu comme au supermarché :

  • une quantité pas possible de référence en rayon
  • des produits bien positionnés à hauteur des yeux avec de belles étiquettes promo (et une liste d'ingrédients écrite en si petits caractères qu'elle en est illisible).
  • des produits classés bas de gamme sur le rayon d'en-bas sans qu'on y voit le prix au kilo... de la pitance de pauvre.
  • et puis les bonnes affaires en tête de gondole, un ou deux produits pas plus, c'est le moment d'en profiter... même si au final on le paye plus cher qu'en rayon !

Il y a marché et super marché. Au marché on sait encore ce que c'est qu'un boucher ou un marchand de primeur, comme dans la rue commerçante on prend son pain chez le boulanger et ses sandales chez le marchand de chaussures... 
Dans les allées du centre commercial les rayons sont finalement les mêmes, les travailleurs accessoires des produits... et les comptables devant leurs écrans à l'étage surveillent à la fois la ronde des fourmis travailleuses et le défilé pressé aux tapis des caisses qui fait tourner les roulettes de la machine à sous.
Et pendant ce temps là d'autres vont aux Restos du cœur, les un devant, les autres derrière, les deux ensemble dans le même ailleurs.
Et pendant ce temps là d'autres sont sous les ponts du périphérique vou à faire la manche au feu du carrefour...

Ah oui, j'oubliais ! pendant ce temps là il reste aussi quelques clients chez Fauchon et dans les joailleries de la Place Vendôme... Mais là on ne fait pas la queue en caisse, on encaisse.

Alors, lorsque aujourd'hui les maires réclament aux parlementaires l'augmentation de leurs indemnités, ils se rangent bien dans la catégorie de ces grands dirigeants qui négocient dans l'entre-soi des conseils d'administration le niveau de leur bonus, de leurs stock-options ou de leur "retraite chapeau". Leur république est devenue leur entreprise, TPE pour les petites communes et multinationales pour les grandes métropoles, les ressorts de leur "gouvernance" sont désormais bien voisins, que la peinture soit rose ou bleue, qu'elle soit appliquée au pistolet ou au rouleau, quand elle se décolle c'est le vieux badigeon qui ressort qu'il est urgent de rénover avant que le vert de gris ne s'impose pour empoisonner la démocratie.

lundi 17 juin 2019

Les vieux


n'est-il qu'un seul talent
dans ce gouvernement
qui des vieux plein les yeux
n'en soit pas oublieux
de tout ce qu'il leur doit
plus occupé sans doute
à compter quatre et trois
ce qu'il prétend qu'ils coûtent
prétentieux lamentables
aux vanités rentables
qui ne voient chaque vieux
qu'en fardeau des vivants
pressé les voir gisant
l'âme rendue à dieu
et fortune aux envieux
avec lui saltimbanques
avaricieux des banques

laissez-les vivre vieux
faites-les vivre mieux

leur est compté le temps
de tant d'heures escomptées
de vies escamotées
de tant de biens précieux
bientôt si loin des yeux

Imaginons demain
les jours heureux des vieux
dans la leur notre main
les retenant précieux
pour mieux conter le temps
plutôt que tant compter

samedi 15 juin 2019

Cet homme voit juste

C'est une belle invitation à la réflexion.
Article paru dans L'humanité Dimanche 662 Idées 
Extraits Parution Pierre Serna L'extrême Centre Ou Le Poison Français 1789 2019.

Le soit-disant nouveau monde de la macronie fait montre de bien des stigmates de l'ancien régime ; de la surdité et de l'aveuglement, de l'obsession de l'exclusion de la différence maquillée sous la forme hypocrite de la lutte contre l'extrême droite, cette nouvelle génération réduisant le monde à son petit quant-à-soi, fait chanter petit coq au milieu de sa basse-cour. Dans la campagne bourbonnaise des temps anciens, c'est souvent juché en haut du tas de fumier sorti des étables que le coq chantait fort...
C'est un peu la génération selfie-réseau (dits) sociaux, celle qui réduit le monde à un aréopage de spectateurs béats autour de l'individu déifié dans son totalitarisme d'opérette. Regardez moi, je suis le maître du monde au premier plan de celui qui m'entoure, que ce soit sur fond de Tour Eiffel, du sourire de la Joconde, ou d'une petite poignée de faire-valoir supposés importants... Comme si le génie d'un bâtisseur en fer ou du pinceau s'incarnait désormais dans un "moi" naturellement grandi.
Le "en même temps" de Macron et sa fixette sur l'amputation des extrêmes qui en feraient le pivot d'un édifice aux marges molles n'est pas une nouveauté dans l'histoire ; les faiblesses des démocraties face à l'agonie de la République espagnole, la figuration honteuse des démocraties à Munich face au péril nazi et fasciste... Dans toutes ces circonstance c'est la préservation d'un vieux monde accouchant des monstres qui se jouait.
Aujourd'hui le péril fasciste n'est pas à exclure avec une extrême droite qui ne prend plus guère de masque pour avancer ses idées funestes, mais le ressort le plus fort reste bien l'enjeu du pouvoir du fric dans un régime capitaliste à l'agonie, qui épuise la terre comme les hommes qui la peuplent.
Marx le théorisait déjà fort bien avant que tant de guerres et de catastrophes aussi bien sociales qu'écologiques nous le confirment aujourd'hui.
L'illusion de ce nouveau monde résiste tant que ses mots menteurs ne sont pas détrompés. Ils se prétendent "progressistes" et n'ont de cesse de démolir ce que des décennies de luttes sociales ont arraché de progrès sociaux à la rapacité des maîtres du fric... Services publics, bien commun, santé, éducation, justice sont désormais en proie facile aux prédateurs locataires de salles des coffres.
Ils émettent désormais des "avis de sagesse du gouvernement" quand les parlementaires amendent un texte sans grande conséquence ;  peut-être bien que oui, peut-être bien que non, on n'en sait rien, allez-y comme vous l'entendez... On ne veut pas se fâcher avec le camp du oui, ni "en même temps" avec celui du non... 
Qu'il est brillant intellectuellement cet extrême centre !
La crise d'urticaire des Gilets Jaunes fut une éruption salutaire pour faire prendre conscience de la capacité du pouvoir en place à générer de la conflictualité et de la violence, une opposition irréductible, de celles qui conduisent à l'affrontement dès lors que tous les ressorts du débat démocratique sont verrouillés au seul usage du pouvoir en place : le simulacre du Grand débat, le résultat pitoyable des élections européennes sont autant de signes inquiétants de cette dérive autoritaire dans une voie sans issue pour une démocratie défigurée chaque jour un peu plus.
Et s'il suffisait de cinq années pour rétablir un toit à Notre Dame, j'ai bien peur qu'il en faille beaucoup plus pour que notre République retrouve les "jours heureux" qui mettraient son peuple à l'abri.