samedi 30 avril 2022

tout compte fait

 L'élection présidentielle de 2022 s'inscrit dans la suite logique des précédentes en enfonçant le pays encore plus profondément hors de portée de toute respiration démocratique. En l'espace d'un peu plus d'une génération la République a perdu ses marques dans la tourmente d'une industrialisation de la politique dont la maîtrise échappe aujourd'hui au peuple, un peuple de citoyens dépossédés du débat de la raison politique et entrainé dans l'exacerbation des passions déchainées par quelques vedettes autoproclamées.

Jadis, dans le modèle républicain aussi imparfait qu'il fut difficile à établir et à préserver, les forces politiques organisées en partis structuraient l'espace et formaient la chaîne des courants traversant toutes les couches de la société, depuis les observateurs attentifs, les sympathisants, les militants engagées et ceux encore plus investis qui assuraient le pilotage des organisations. Et, lorsque l'élection se présentait les organisations choisissaient dans leurs rangs celles ou ceux qu'elles imaginaient être les meilleurs porte-drapeau de leur formation... Ce qui n'excluait pas quelques "parachutages", mais qui étaient vite transformés en adoption pour mieux servir la cause...

C'était au siècle dernier... Avant que la chose politique soit accaparée par les nouvelles générations d'élus, le plus souvent autoproclamés candidats, et rassemblant autour d'eux, au seul service de leur ambition, quelques cohortes de supporters qui ont rangé le militantisme au rayon des accessoires.

Débats d'idées... Idées simplement d'ailleurs ? La "gestion" des "territoires" n'exige désormais plus guère qu'une obéissance béate à ce que le pouvoir décide de plus haut, fut-ce en contradiction totale avec ce qu'aurait pu être l'orientation politique affichée sur l'étiquette... Ne dit-on pas que dans les communes on "ne fait pas de politique" !!! La carotte du fric des subventions suffit au bonheur des petits maîtres du monde.

Il y a un demi siècle il était encore possible de repérer une veine un peu plus sociale dans la conduite des affaire publiques des communes de gauche, équipements publics, logement sociaux et parc locatif, etc... Aujourd'hui elles sont devenues les championnes de la dépense publique orientée vers le privé et l'accompagnement de la casse des services publics avec les maisons de santé ou les maisons "France services", le hard-discount de la fonction publique qui finit de déshabiller les secrétariats de mairie et voit disparaître le Trésor ou se ratatiner La Poste...

Il est vrai que depuis longtemps les communes ne logent plus ces privilégiés d'instituteurs qui désormais vivent généralement ailleurs et bien loin, bien à l'abri de tout investissement dans l'espace social de leur exercice professsionnel... Il est bien plus glorieux de fournir le gite aux professions libérales ou aux activités commerciales ou industrielles.

A défaut d'encadrement idéologique, les couches les plus modestes de la société écrasées par la difficulté sociale, rendues à l'aumône d'aides conjoncturelles, l'exclusion et l'absence de perspectives n'ont plus trouvé de boussole pour orienter leur colère... et les marchands de la peur, de la haine, les professionnels du bouc-émissaire  brandis domme un épouventail repoussoir par le pouvoir n'ont eu qu'à ouvrir les mains pour récolter les fruits de l'abandon. Tous les électeurs de l'extrême droite ne sont pas fascistes, mais ils forment la masse dangereuse des forces supplétives des nostalgiques de Pétain ou de l'OAS, des héritiers de la Cagoule et de tous les factieux : un peuple d'égarés.

Le délabrement social, les profondes divisions d'une société clivée par la crise économique, sociale, politique et morale, nourrissent les ambitions des nouveaux maîtres du temps et de l'espace, les "mouvements", des organisations asujetties à des personnages et dont le fonctionnement mine les dernièrs restes de la démocratie.

Mélenchon, Macron ou Le Pen ont dynamité le paytsage politique traditionnel en achevant l'euthanasie des partis traditionnels (sans doute trop rigides, sclérosés ou ringards...) au profit de nouvelles formes d'organisations qui ont le culot de prétendre rénover la démocratie qu'ils assassinent.

L'idolatrie de Jupiter, d'un hologramme ou d'une progéniture ne fait pas la démocratie.

Mais dans le monde du jeu vidéo et des programmes TV on fait plus facilement l'apprentissage de la guerre que la culture de la paix. Et la guerre en Ukraine brille plus que tant d'autres qui éclaboussent de sang tous les continents, elle permet de dissiper une part des stocks d'armes et de munitions qui prenaient la poussière, et qui vont pouvoir être remplacées par quelques belles nouveautés que tous les marchands d'armes s'impatientent de voir sur le marché pour trucider encore, étriper toujours... et accessoirement faire du fric 

C'est à désespérer de l'humanité de voir à quel point les peuples du monde sont insensibles au fait qu'il est toujours plus glorieux d'investir pour précipiter la fin du monde que pour éradiquer la faim dans le monde.