jeudi 23 février 2012

Les maux des mots

Gérald Dahan victime du syndrome Stéphane Guillon après son canular téléphonique imitant Eric Cantona et piégeant Nicolas Dupont Aignan, candidat à l'élection présidentielle... 


 Les échanges de la confrontation politique n'ont jamais été les plus châtiés des discours. La première moitié du siècle dernier regorge d'exemples dans lesquels la violence des mots rendait bien compte de la vivacité de la lutte idéologique.
Aujourd'hui la mode serait plutôt orientée vers le "politiquement correct", une forme de modulation doucereuse dans l'apparence cachant mal les plus vils comportements dans un jeu et un usage médiatique essentiellement destiné à faire "bonne figure", marketing politique oblige.
Dans la vie politique récente, Sarkozy a beaucoup contribué à l'ouverture des vannes, mais dans le pire des sens, celui de la vulgarité et d'un discours démagogique encore plus misérablement méprisant pour le peuple qu'il veut flatter.
Du trop célèble "casse-toi, pauv'..." du Sarkozy d'antan au "je l'emmerde ! d'Eva Joly hier à l'endroit de Corinne Lepage, bien peu de distance pour qui prétend à la représentation suprème.

Et il ne s'agit pas là de vouloir asseptiser le discours en en gommant toutes les aspérités, bien au contraire. Ce qui est respectable, dans les saillies du langage imprimé au débat, c'est ce qui porte le sens et les idées, ce qui en nourrit la réflexion, en articule l'idéologie. En cela la violence du verbe de Mélenchon est bien différente des autres cas cités. Dans la ligne du respect des personnes qui a fait la force des communistes, le candidat n'épargne rien à ses adversaires, reste sans complaisance pour ses concurrents, et sait trouver les mots justes pour caractériser les choix et les comportements des uns et des autres. Il villipende à bon escient.
Le "capitaine de pédalo", le "pistolet à bouchons" sont-elles des expressions si excessives dès lors qu'on a entendu les propos de Hollande à l'interview du Guardian ou observé l'attitude démissionnaire des députés socialistes à l'assemblée nationale sur le vote du MES, pire même en constatant que certains changent d'avis entre le Parlement Européen à Strasbourg et le Palais Bourbon à Paris...
Que les amuseurs s'en amusent, n'a rien de trop étonnant, la matière ne manque pas.
Après la caisse de résonnance des médias fait que la réalité peut dépasser l'affliction : Récemment un humoriste vient de se faire virer d'une radio pour un canular réussi. Gérald Gahan qui s'était déjà fait remercier par France Inter l'an dernier après avoir succédé à un autre viré, Stéphane Guillon.
Dans la "république des guignols" les nouveaux chansonniers nous ont habitué à des prestations spectaculaires et leurs interventions sont propagées sur les ondes radio, à travers des écrans avec un autre impact que le spectacle hilarant des petites scènes des "Deux Anes" ou du "Caveau de la République". Les nouveaux "fous du roi" jouent un peu le même rôle que les cartes à gratter de la Française des Jeux face à la misère. Ils font rire entre deux sanglots. Ils sont devenus aussi indispensable à la République délabrée que les jeux du cirques dans la Rome décadente.
Mais il ne vous aura pas échappé que rares sont les amuseurs qui grattent au fond des idées ; ils restent habituellement à la surface des comportements et des personnages, à tel point qu'ils accompagnent fort bien en contrepoint la superficialité des échanges d'un débat politique pré mâché. La dérision est aussi superficielle que son modèle.
Dès lors les médias ont bien tort de se priver ainsi de leurs amuseurs acides, l'excès superficiel ne change rien au fond.

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