mardi 5 octobre 2010

Tiens toi bien !

"Tenue de classe"
L'objet de ma honte est présenté par mon dernier établissement, le CNDP (Centre National de Documentation Pédagogique - réseau SCEREN) dans lequel j'ai eu le plus grand plaisir à diriger la structure départementale de l'Allier pendant quelques années avec une petite équipe formidable.
De quelle "tenue" s'agit-il ?
Du costume sobre et élégant de Roselyne Bachelot ?
De l'uniforme des jeunes recrues de jadis dans un documentaire antimilitariste à la mémoire des fusillés de Vingré ?
Que nenni !


Il s'agit de TENIR, reTENIR, celles et ceux, jeunes garnements confiés à l'école de la République, et qu'on devra plus tard entreTENIR, voir même pour certains déTENIR, leur apprendre à s'absTENIR ou leur déconseiller, en un mot obTENIR d'eux qu'ils grandissent, les mainTENIR sans doute encore un peu dans l'illusion de démocratie qui nous reste.
Il s'agit de prendre en main, de maîtriser, de TENIR en un mot, la classe, cet objet singulier et pluriel à la fois qui ferait d'une collection de gentils bambins une horde de petits monstres dès lors qu'ils ont franchi la porte de l'école et quitté le giron familial...
Tenue de classe... Vous imaginez le geste de cette main qui se tend, qui se ferme en un poing qui se tourne... c'est ça la tenue de la classe, ce tour de vis dérisoire et lamentable, cette posture de méfiance inculquée aux jeunes enseignants qu'on jette aux " fauves " dans l'arène pédagogique sans formation aucune.
Et, pour TENIR lieu de formation on leur assène un bréviaire indigeste et quelques morceaux de bravoure en vidéo en ligne. Comme si le savoir-faire enseignant s'apprenait en trois clics dans un karaoké piteux sur Internet...
J'ai honte pour celles et ceux qui osent se prêter à cette mascarade, à ce déni d'intelligence. C'est le degré zéro de la formation, l'ère glaciaire de la pédagogie. A l'évidence, les bons services chez L'Oreal  ne prédisposent guère à une conduite éclairée des affaires éducative du pays.
Ne soyez pas étonné si dans quatre matins une voix enfantine se lève, encore ensommeillée, pour réclamer qu'on entonne "... nous voilà".
Au train où vont les choses hier c'était déjà demain.

Aucun commentaire: