Quand bien même la neige et les frimas paralysent bien facilement la « modernité » d'un monde qui savait fort bien s'en accommoder hier, ce n'est pas des cartes de vigilance de météo France qu'il s'agit, mais d'une carte d'adhérent de l'ANACR, de celle des anciens résistants, de celle des ami(e)s qui s'engagent pour passer la mémoire et conserver intacte la vigilance salvatrice de leurs ainés.
Et de vigilance il en est encore besoin aujourd'hui.
Il ne s'agit pas de l'inquiétude conduisant le plus souvent au repli des victimes à la soumission au fatalisme de leur sort.
Il ne s'agit pas du pessimisme amoindrissant les capacités d'action face au danger et enfermant dans le cercle vicieux du défaitisme.
La vigilance permet de reconnaître l'obstacle et d'envisager les solutions qui permettent de le vaincre et de le dépasser pour poursuivre son chemin.
Aujourd'hui de nombreux pays européens ont cédé aux sirènes de l'extrême droite dont la démagogie, le racisme et la xénophobie remettent en cause les fondement de la démocratie et les droits de l'homme. En Hongrie, aux Pays-Bas et en Suède l'extrême droite obtient des résultats impressionnants. Plus du quart des électeurs autrichiens ont porté leurs suffrages sur les candidats du FPÖ, doublant leur score en cinq ans.
En passant par le Danemark et la Norvège, par la Belgique ou l'Allemagne, on retrouve régulièrement les mêmes ressorts xénophobes aujourd'hui principalement concentrés contre « l'islamisation », les mêmes manifestations néo-nazies, les mêmes profanations de sépultures ou de lieux de culte...
Et en France, me direz-vous ?
Las, notre pays n'échappe pas à cette gangrène qui met en danger la démocratie en Europe et la paix dans le monde. L'extrême droite française ne manque pas d'écho médiatique pour instiller le poison de ses thèses racistes et de ses prétentions au pouvoir. Plus grave encore ses thèses sont récupérée par la droite qui voit dans ces ressorts populistes un moyen facile de conforter son résultat électoral.
La création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, mission récupérée à l'occasion du dernier remaniement au ministère de l'Intérieur, les camps de rétention et les reconduites à la frontière des « étrangers en situation irrégulière », l'épisode dramatique et scandaleux des expulsions de Roms l'été dernier, des propos de députés de la majorité affirmant que le parti au pouvoir « n'a pas d'ennemi à droite », l'affichage indécent des nostalgiques de Pétain qui veulent réhabiliter sa mémoire en portant ses restes à Douaumont, jusqu'au vote de la loi LOPPSI 2 qui renforce encore la politique du tout sécuritaire, le détricotage systématique des acquis sociaux datant du programme du CNR à la libération, la liste pourrait être bien longue... Cette dérive dangereuse qui encourage de nombreuses tentatives de réécriture de l'histoire doit nous alerter.
A la fin des années 30, les mêmes thèmes faisaient le terreau du pétainisme et de la collaboration. Si la Résistance a porté sa contribution déterminante dans la lutte victorieuse contre la barbarie nazie et son cortège de crimes, elle ne doit pas être abandonnée sous la poussière d'une étagère à souvenirs. Le respect que nous devons aux combattants de la liberté et de l'honneur retrouvé de la République à la libération nous impose un devoir de vigilance et d'action pour combattre toute tentative de banalisation et de réhabilitation des thèses criminelles des ennemis d'hier qui resurgissent aujourd'hui.
Devoir de mémoire et devoir de vigilance, le renforcement de l'ANACR avec de nouveaux amis doit être au cœur des préoccupations des démocrates défenseurs des libertés et de la paix.
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