mardi 30 novembre 2010

"Partenariat" public-privé

Il y a une certaine indécence à parler de "partenariat" public-privé quand il ne s'agit que d'abandon du public et de son pillage au profit du privé. De la même façon qu'un patron voyou assèche la trésorerie de son entreprise en mettant ses valeurs à l'abri ailleurs, l'état transfère notre richesse commune aux coffres privés des privilégiés de la fortune et des banques via de multiples dipositifs budgétaires et fiscaux, service de la dette, bouclier fiscal, exonérations en tous genres...

L'Etat organise sciemment son insolvabilité et le bal des faux-culs ne manque pas de danseurs avec tous ceux qui crient haro sur la dette publique quand ils sont sur la piste et qui s'empressent en rentrant au vestiaire de la gonfler un peu plus. N'oublions pas que la dette publique inventée depuis qu'en 1973 l'Etat a renoncé à sa maîtrise monétaire (situation aggravée avec l'euro monnaie ) permet aux puissances capitalistes nationales ou étrangères de s'enrichir encore sur le dos de l'Etat qui leur sert des intérêts substantiels avec le fruit de l'activité des travailleurs. Actuellement les capitaux étrangers détiennent près des deux tiers de la dette française.
Et bien sûr dès qu'un projet d'équipement ou de service exige un financement important la puissance publique affiche son impuissance, les caisses sont vides, comment voulez-vous... Ça prendrait un temps fou avec les faibles moyens de l'impuissance publique. Pour parvenir à la réalisation, plus qu'une solution : faire appel au privé.

On avait déjà connu ça en de multiples occasions, mais voilà que la démarche se systématise.
Hier les prisons concédées à quelques grands groupes capitalistes, ailleurs le service de l'eau, les collèges en Seine Saint Denis à l'initiative du Conseil Général, la perspective des fonds de pensions douce au frère de Monsieur, qui vient de fiancer sa compagnie d'assurance privée avec la Caisse des Dépôts, bientôt pourquoi pas la couverture du risque dépendance avec assurance obligatoire... Et pourquoi pas la privatisation de la Route Centre Europe Atlantique au prétexte d'accélérer sa sécurisation avec la mise à 2 fois deux voies par le biais d'une concession autoroutière...

Dans tous les cas on peut repérer les mêmes symptômes avancés comme autant de faux prétextes :
  • un défaut de financement
  • l'urgence d'une situation humainement difficile

Le défaut de ressources financières n'en est pas un dès lors que ceux qui l'invoquent concourent à son organisation.
La situation humainement difficile ne se résout pas en convoquant un concert de pleureuses et la conduite des affaires publique n'est pas digne dans l'exercice ostentatoire de la compassion sensé exonérer des responsabilités du fond.


Tous les sujets d'actualité sont englués dans les toiles de la privatisation.
Le vieillissement accru des populations et le handicap mettent à mal une organisation sociale basée jusqu'il y a peu sur les trois temps d'une vie d'abord consacrée à la formation, puis sur l'activité et enfin sur une retraite, généralement encore active du troisième âge.
Depuis la notion de quatrième âge est apparue, la dépendance pose d'autant plus de problèmes que les tenants du marché y voient un gisement d'activités profitables dans les solutions qu'ils proposent. Et là il y en a pour toutes les bourses, résidences sécurisées pour les plus fortunés, maisons de retraite à des prix de journée trois ou quatre fois supérieurs aux ressources des pensionnaires, sans oublier la solution miracle du maintien à domicile qui va mobiliser la ressource publique transitant par le biais associatif pour mieux précariser les personnels mobilisés à bon marché.
La solution est ailleurs avec une véritable maîtrise publique de la solution mise en oeuvre de façon universelle. Après, si certains veulent échapper au lot commun et s'ils en ont encore les moyens, les solutions privées peuvent les satisfaire.
Le caractère accidentogène de certaines infrastructures routières est connu et reconnu depuis des lustres. Plutôt que de se lamenter à chaque sortie des pompiers conduisant à la morgue, ne faudrait-il pas resituer les responsabilités là où elles se trouvent, en l'occurrence pour les routes nationales au niveau de l'incurie de l'Etat; et pour ce faire peut-être faut-il commencer par empêcher les représentants de l'Etat et les politiques qui les soutiennent de se dédouaner de leurs responsabilités en évitant de les rejoindre sur des propositions qui les servent.

La santé, la vieillesse, l'énergie, les transports, l'éducation, la sécurité, le logement... etc.
Face à une gouvernance de l'Etat confinée dans l'arrière cuisine du Fouquet's, la seule urgence qui vaille aujourd'hui, face au déferlement des mesures dévastatrices du pouvoir en place, c'est bien de redéfinir les exigences de politiques publiques qui servent l'intérêt général.

Les maux de la société ne seront pas guéris par les oeuvres de charité, qui au mieux servent de sédatifs et de cache-misère. La saison du Téléthon et la campagne des restos du coeur ne sont-elles pas des illustrations emblématiques du désengagement d'un l'Etat tout accaparé au service des puissances d'argent.

La solution n'est pas ailleurs qu'à gauche; mais c'est où la gauche ?
Communiste je sais où j'en suis dans tout ça, et c'est la condition première pour être "ouvert" comme ils disent... mais je n'ai pas particulièrement envie de délivrer des brevets de gauche de complaisance à qui veut simplement profiter du gîte et du couvert dans ces temps difficiles pour mieux se faire valoir que ses hôtes du moment.

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