lundi 22 novembre 2010

RCEA et développement local

Le dossier du débat sur le projet d'accélération de la mise à 2 fois 2 voies de la RCEA comporte des éléments intéressants. On peut s'attarder en particulier sur les activités du territoire traversé. La carte produite par l'IGN avec les données de l'INSEE est particulièrement claire.


Deux grandes situations peuvent être repérées selon que la RCEA traverse des territoires d'activités fortes ou faibles. Dans la traversée de l'Allier et sur la branche sud en Saone et Loire, la desserte d'activités en proximité est assez insignifiante. Par contre sur sa branche nord en Saone et Loire, la densité des implantations industrielles est telle qu'on peut associer à cet axe routier un rôle beaucoup plus important tant dans les flux de marchandises en approvisionnement de matière première et en issues de produits finis qu'en usage pour les populations du secteur.
Il est normal de voir évoqué le développement économique dès lors qu'il est question de création ou d'amélioration 'une voie de communication. Le projet de mise à 2 fois 2 voies de la RCEA n'y échappe pas. 
Mais, faut-il rappeler que cet axe existe depuis plus de trois décennies dans sa partie la plus ancienne. Et force est de constater que cette artère n'a pas généré d'évolutions marquantes dans l'environnement qu'elle traverse. Elle figure comme une saignée transversale dans le Bocage et la Sologne Bourbonnaise, croisant au passage les circulations naturelles sur l'axe nord-sud de la vallée de l'Allier.
De la même façon l'axe autoroutier de l'A71 assurant la jonction RCEA pour l'ouest de Montluçon reste une forme de tunnel dont la traversée de l'Allier n'a en rien enrayé le déclin industriel de Montluçon, pas plus qu'il n'a généré d'importantes activités nouvelles sur le "carrefour" de Montmarault.
Si la mise en sécurité d'un axe routier inadapté au trafic qu'il supporte est une nécessité d'évidence, le seul angle de vue de sa réalisation et des conditions de son financement ne sauraient suffire à la détermination du choix de la mise en concession.
La question du rôle qu'on assigne à cet équipement est primordiale.
Si le but est d'en faire une liaison européenne privilégiée pour un trafic de marchandises longue distance, alors la concession pourrait se concevoir  dans une économie spéculative qui tire plus de profit des flux que de la production et des stocks et où on ne rechigne pas à délocaliser les activités de toutes sortes, générant ainsi des circulations très abusives (ne voit-on pas des noix du Périgord voyager jusqu'en europe de l'Est pour se faire casser avant de revenir en France bien écalées...).
Par contre si l'objectif est de faire de cet équipement un des moyens du développement local, alors la concession est à proscrire pour privilégier une desserte fine du territoire et accroître son attractivité par son libre usage.

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