Dans le débat sur l'accélération de la mise à 2 fois deux voies de la RCEA dans son tronçon central Allier et Saone et Loire, la question de la concession à une société autoroutière et le péage associé est une question centrale.
Le Conseil Général de Saone et Loire est contre, celui de l'Allier pour... Les argumentaires s'affutent sur un constat : la faiblesse du financement de l'Etat, et l'affichage d'un échéancier de réalisation qui mettrait l'achèvement de cet équipement à près d'un siècle de son premier coup de pelleteuse dans la campagne trongétoise au début des années 70, au siècle dernier.
Un Etat qui est en capacité de ristourner à une poignée de grandes fortunes 700 millions d'euros par an de leurs impôts, un Etat qui investit moins d'argent sur ses routes qu'il ne fait de cadeau fiscal à une dame dont la fortune est estimée à 17 milliards d'euros et qui reçoit bon an mal an un peu plus de 30 millions d'euros au titre du bouclier fiscal... Un tel Etat ne peut qu'être trop riche, pour être capable de telles largesses !
Est-il supportable de considérer que dans un tel pays, le nôtre, l'Etat vienne expliquer que ses caisses sont vides au point d'être incapable d'investir un milliard d'euros sur un axe routier en moins de 40 ans ?
NON.
La concession au privé de ce simple complément de réalisation serait la solution... bien sûr c'est le seul moyen pour qu'une société d'autoroutes fasse fructifier son capital sur le dos des usagers devenus clients. Les sociétés d'autoroutes ont d'ailleurs été privatisées, ce qui prive l'Etat de très importants moyens en recettes pour la maintenance de son réseau routier, qu'il a, de ce fait, transféré aux départements.
Si une société d'autoroute est en capacité de financer un tel chantier, ce n'est évidemment pas sur ses fonds propres; elle aura recours à l'emprunt -tout comme l'Etat pourrait se porter emprunteur- pour couvrir la dépense.
Dans le cas de la concession, l'usager devenu client va devoir payer un droit d'usage suffisant pour que la société privée rembourse capital et intérêt des ses emprunts, avec en plus la marge nécessaire à ses frais d'exploitation, mais aussi, et ce sera incontournable, la part de profits promise à ses actionnaires ! Si le niveau de recettes de péage s'avère insuffisant le concessionnaire va bien sûr se tourner vers la puissance publique pour rétablir le profit de son exploitation avec une subvention d'équilibre, et là, le citoyen pas nécessairement usager et à, l'insu de son plein gré, participera sur ses impôts au service des dividendes des actionnaires.
Au bout du compte, l'arithmétique en témoigne, il n'y a pas de solution plus coûteuse pour la nation que la concession au privé, elle participe activement du transfert de la richesse commune dans les coffres de quelques uns. Elle est encore plus coûteuse qu'un service de la dette - dite publique - faite au privé depuis que l'Etat a abandonné la maïtrise de sa monnaie en 1973.
A titre d'illustration et sur la base incertaine des informations produites par la Maîtrise d'ouvrage lors de la réunion du Débat Public de Montmarault le tableau suivant donne une idée des redevances que les usagers seraient amenés à payer dans le cadre d'un système à péage ouvert réservant quelques créneaux d'usage gratuit pour les circulations locales (zoness vertes).
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