Après s'être fait rare pendant quelques années – ne dit-il pas qu'il s'est économisé – Guy BEART revient sur les airs d'un nouvel album. En marquant ses quatre vingt printemps « le meilleur des choses » résonne comme une leçon de vie de poésie et d'engagement.
Chapeau l'artiste !
La tendresse et la malice courent toujours sur les cordes de la guitare ; mais la gravité vient aussi rimer dans un couplet sans concession sur notre société. Quel beau texte pour les écoliers !
Télé Attila
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
Pas la télé à bretelles
Celle de Papa
La télé toute en lamelles
D'éclairs et d'éclats
Qui te tranchent la cervelle
Comme un coutelas
C'est pourquoi elle s'appelle
Télé Attila
{Refrain:}
Là où elle passe et trop passe
L'esprit ne repousse pas
Le cœur dans ce passe-passe
Passe de vie à trépas
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
Celle qui donne des ailes
À nos cancres las
Qui fait croire à la culture
Du n'importe quoi
Sans écrit et sans lecture
Areu, areu ah !
Des bébés dans la nature
Bébés Attilas
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
La télé qui te harcèle
De cris, de hourras !
Qui sépare ta famille
Durant les repas
Les garçons d'avec les filles
Maman de Papa
Qui s'engueulent et s'égosillent
Télé Attila
{au Refrain}
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
En dents de scie ou dentelles
Jingles et flaflas
Ses jeux à fortes poitrines
Aux nichons pas plats
Que l'on suit jusqu'aux latrines
Jusqu'aux trous lala
Avec pour seule doctrine
De faire du gras
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
De faux gentils interpellent
De faux méchants gars
Ses aboyeurs s'assourdissent
D'un public de choix
Joyeux, ils nous étourdissent
De louanges à tout va
Ils s'embrassent et s'applaudissent
Gentils Attilas
{au Refrain}
Attila !
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
Aux informations-poubelle
Poubelle et coups bas
Des présentateurs très drôles
Qu'on ne comprend pas
Ils vous coupent la parole
Pendant les débats
Et se donnent le beau rôle
Ces grands Attilas
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
Celle des vies virtuelles
Pas ta vie à toi
Comme une mante insatiable
Tue l'amour, tue-la
Quand elle s'invite à ta table
C'est la razzia
Fléau de Dieu et des diables
Tel est Attila
{au Refrain}
Sainte Geneviève priez pour nous !
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
Celle des polichinelles
Ou des fiers-à-bras
Voilà qu'ils se déshabillent
Corps et âme à poil
Pour cause de thérapie
Ou d'apostolat
Pas pour qu'on les glorifie
Gloires d'Attila
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
La pub est son escarcelle
Le look son appât
T'éblouit en cataractes
Bling-bling et bla-bla
Le look plus fort que les actes
Sous les caméras
Un "look d'enfer" c'est le pacte
Avec l'Attila
{au Refrain:}
Attila !
L'as-tu la télé nouvelle
L'as-tu, l'as-tu là ?
Avec les chevaux sans selle
Du fier Attila
Le roi des Huns et des Hunes
Défile à dada
Toujours premier à la une
De nos écrans plats
Pour mieux nous piquer nos thunes
Heureux et gagas
En nous promettant la lune
Dans sa bamboula
Attila
Halte-là !
Interview Jean-Baptiste Drouet
Vous avez accepté de revenir à la télévision aux côtés de Laurent Gerra, un imitateur qui ne vous épargne pas… Pourquoi ?
Quitte à apparaître à la télé, autant que ce soit avec quelqu'un qui me fait rire. Laurent Gerra est un artiste drôle et talentueux, surtout quand il m'imite. Il me rappelle Thierry Le Luron , formidable, qui ne m'épargnait guère. Gerra m'a rendu service : alors que j'étais absent des médias, je restais présent grâce à ses parodies…
Dans votre dernier album, on découvre Télé Attila, une chanson féroce qui étrille le petit écran et ses animateurs. Auriez-vous des comptes à régler ?
Qui aime bien châtie bien : je suis un homme de télévision qui possède sept récepteurs chez lui dont trois dans la chambre à coucher. Dans Télé Attila, j'ai voulu dénoncer ses dérives, comme celle d'Internet et de notre civilisation de l'image. Et je rigole de ce veau d'or, de ce cirque païen soumis à la pub et obsédé par l'audience. Qu'est devenue la création télévisée ? La plupart des jeux proposés sont des copies de programmes anglo-saxons. J'aimais beaucoup jouer avec Jean-Pierre Foucault devant Qui veut gagner des millions … Avant de découvrir qu'il s'agissait d'une adaptation d'un jeu anglais. Nous vivons le règne de la copie de copie et de la promotion. Si les artistes viennent dans des talk-shows, c'est toujours pour se vendre. Même Le Grand Journal , sur Canal +, fait l'éloge publicitaire du parfum Chanel…
Mais la télévision n'a-t-elle pas toujours été un instrument promotionnel ? Vous-même, dans Bienvenue à sur la Une, vous receviez Duke Ellington ?
Oui, mais cette émission, le premier talk-show au monde, était une création originale, pas une adaptation d'un format étranger. Aujourd'hui, où est Jacques Martin et sa télévision qu'il savait réinventer en permanence ? Je suis aussi très sensible aux couleurs des décors : elles sont actuellement plus agressives, violentes, racoleuses, pour capter le téléspectateur. Voici quelques années, j'ai réalisé une expérience passionnante : je mettais un tissu devant l'écran et je me contentais d'écouter les paroles en m'endormant. Enfin, je redécouvrais le verbe…
Vous devez être un ennemi farouche de la télé réalité…
Pas du tout ! J'apprécie, par exemple, la Nouvelle Star , plus authentique que la Star Academy … Dites-vous que je ne suis l'ennemi de personne et, qu'avec l'âge, j'ai décidé de me marrer du spectacle télévisuel. Je me m'indigne plus : cela donne des ulcères. Je pense qu'il existe des gens très bien dans toutes les émissions, mais ces malheureux sont obligés d'obéir aux dures lois du système économique.
Au fond, vous reprochez à la télé d'être le reflet de l'époque actuelle…
Absolument : elle est le miroir d'une époque pressée, frénétique de sons et d'images, qui délaisse la poésie et se désintéresse de la magie des mots. Les gens de télévision devraient s'inspirer de la simplicité des chanteurs : pour faire une belle chanson, il faut enchanter les enfants, émouvoir les femmes et intéresser les hommes avec une belle mélodie. Rien de plus…
Le meilleur des choses
"Le meilleur des choses ? Un rire d'enfant, le bras d'une mère" fredonne, sur une mélodie jouée à la guitare acoustique, Guy Béart dans son dernier album. En douze titres, de L'amour passant à Paix à la guerre, il renoue, à 80 ans, avec le répertoire poétique qui a jadis fait son succès.(Sony Music).
Guy BEART en 7 dates
16 juillet 1930 : naissance au Caire
1963 : naissance de sa fille Emmanuelle
1966 : Vive la rose
1967 : installation dans sa maison de Garches qu'il ne quittera plus
1968 : La vérité
1985 : Demain je recommence
1994 : Grande médaille décernée par l'Académie Française pour son œuvre
16 juillet 1930 : naissance au Caire
1963 : naissance de sa fille Emmanuelle
1966 : Vive la rose
1967 : installation dans sa maison de Garches qu'il ne quittera plus
1968 : La vérité
1985 : Demain je recommence
1994 : Grande médaille décernée par l'Académie Française pour son œuvre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire