Les bretons sont en colère...
...l'Ecotaxe, le dernier calvaire breton !
Le grand déclencheur de l’ire bretonne fut l'installation des portiques percepteurs d'écotaxe par "Ecomouv", la société privée conçue sous Sarkozy pour lever l'impôt et en profiter grassement au passage.
N'y auraient-il donc pas pensé plus tôt ? N'avaient-ils pas des leurs dans les représentations démocratiques issues des élections, municipales, cantonales, régionales ou nationales qui connaissent un petit peu la situation de leur "territoire" pour comprendre qu'une Bretagne ne représentant qu'un quinzième à peu près du territoire national, mais qui produit près des deux tiers des cochons, près de la moitié des oeufs, un tiers des volailles et un cinquième du lait... sans compter les produits de la pêche des bretons pêcheurs... sans oublier les artichauts et les choux-fleurs qui ne servent pas toujours à l'élévation des barricades routières... pour comprendre simplement que cette Bretagne a besoin d'infrastructures d'un transport massif, et non pas seulement pour écouler sa production agricole brute ou transformée vers les zones de consommation, mais aussi pour approvisionner une agriculture du pire des modèles productivistes densifiant le hors-sol au point de mettre en cause les plus élémentaires des équilibres naturels. Alors, s'imaginer que le transport routier doive un jour contribuer à la santé des routes comme tous les citoyens contribuables ordinaires le font avec leur taxe d'habitation pour leur petit bout de trottoir ou de fossé, ou avec leur impôt sur le revenu pour l'éducation de leurs petits, leur santé publique et leur bout de route nationale jusqu'au Caveau de la République où les chansonniers singent si bien les gens importants, il y a bien la place pour la révolution conservatrice des benêts rouges dont les bonnets de la même douleur ont été fabriqués en Ecosse !
La crise bretonne n'existe pas ; pas plus que celle du piment à Espelette, des bretelles à Remonter ou du nougat à Montélimard ! La crise est celle d'un système que d'aucuns répugnent à nommer par son vrai nom, la crise capitaliste. Et en parlant de crise capitaliste, on aurait tort de l'envisager comme une maladie qui l'affaiblirait, comme un dysfonctionnement qui le mettrait en danger. Voyons la bien pour ce qu'elle est, consubstantielle de son système.
N'attendez pas d'amélioration, de répit, et encore moins de guérison, c'est le capitalisme en pleine santé qui fait sa crise, c'est parce qu'il est en pleine forme qu'il ruine autant les uns en saignant les autres jusqu'à la dernière goutte.
On vous parle de filières et de contrats... En omettant bien d'expliquer au citoyen lambda ce que ces mots recouvrent de sa vraie vie...
Des paysans bretons ? en existe-t-il encore un seul ? Pour le trouver il faudrait chercher celui qui a réussi à échapper aux quotas laitiers, qui n'a pas plus de contrat en cours avec les distributeurs qu'il n'en a avec ses fournisseurs d'intrants... et qui ne soit pas endetté jusqu'au cou par les deux catégories précédemment citées au point d'en être esclaves 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Par contre des transporteurs... et des descendants de l'épicier de Landernau, ils sont venus, il sont tous là, même ceux du Finistère et le dernier des bournicans pour réclamer la peau de la République. L'autonomisme breton refait surface pour contester l'Etat derrière des élus pas toujours carrés quand leur position est aussi stable que les vents bretons, un jour à droite, un jour à gauche.
Dans cette aventure l'économie, dite de marché, dicte sa loi de l'étranglement des masses pour assurer l'épanouissement de quelques privilégiés. L'exemple breton montre bien la manipulation totalitaire qui est à l'oeuvre sur le modèle de la conquête des consciences par le Front National : les victimes doivent devenir les propres acteurs de leur perte : les paysans bretons, comme les travailleurs de l'agro-alimentaires qui ont été conduits à se battre il y a quelques jours entre exploités d'une même entreprise, les uns licenciés, les autres en sursis, illustrent bien le risque pour la démocratie à l'échelle du pays. Un paysan en contrat pour son poulailler, sa porcherie ou ses quotas laitiers n'est plus un paysan. C'est tout au plus une variable d'ajustement à un rang subalterne à celui des matières premières qu'il génère ou qu'il utilise et qui, elles, sont considérées comme des valeurs, au moins dans les salles de marchés de la spéculation capitalistique.
La révolte bretonne, d'apparence sympathique est d'abord celle des fossoyeurs de la République qui trouvent que ça ne va pas assez vite à leur goût.
C'est d'autant plus facile quand la République n'est plus que fantôme blafard dans le courant d'air des agissements de la droite de Sarkozy hier ou Blanche-neige chez les Mickey de Marne la Vallée avec la soit-disant gauche d'aujourd'hui.
Ramener les bretons à la raison passerait peut-être par l'explication de leur misère prochaine pour au moins qu'ils comprennent ce qui leur arrive et pourquoi.
Et puisque la République bonne fille autorise l'enseignement dans une autre langue que le français en Bretagne -le particularisme régional a-t-il servi un jour autre chose que le pire des conservatisme à l'ombre des crucifix et des goupillons ?- qu'elle invite les bretons à consommer leur charcuterie sans aller faire abattre leurs cochons en Allemagne et en sachant pourquoi, qu'elle invite les bretons à produire les aliments de leurs élevages hors-sol sans embarrasser la circulation des poids lourds livrant céréales d'ailleurs ou soja du bout du monde... etc, etc. Les autres régions de France peuvent aussi espérer autre chose que des autoroutes en concession en attendant le TGV d'après-demain ; elle peuvent espérer faire vivre la ruralité en harmonie avec l'urbanité, simplement vivre, comme la Bretagne a le droit de vivre.
Un jour viendra, douleur étrange, un jour où les hommes retrouveront l'appétit de la vérité et le gout de la liberté.
Alors peut-être les radios, télés et autres journaux pourront moins impunément poursuivre l'épandage de leurs infos infestant les esprits aussi bien qu'il empoisonne la terre.
Ce qui se passe en Bretagne n'est pas à passer par pertes et profits, pas plus qu'à instrumentaliser.
Ce n'est qu'une raison supplémentaire de lutter, et accessoirement de voter pour des solutions plutôt que pour des rentes de situation.
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