mardi 5 novembre 2013

4 et 2

Quatre vivants reviennent de trois ans de captivités.
Deux dépouilles reviennent de trois jours de morts.
Et toujours le même président. Va-t-en guerre au Mali il y a deux matins pour bouter hors des sables du désert la gente terroriste qui menaçait l'intégrité du Mali, le président de la République à peine a-t-il fini d'accueillir quatre otages de retour peu bavards, qu'il doit rendre les hommages à deux cercueils de journalistes désormais bien muets. Un lien dans tout ça ? 
Une évidence, peut-être, la France n'est pas à l'aise dans le costume mal taillé pour elle de gendarme du monde. Quels intérêts sont en jeu qui font l'enjeu des armes ? 
Le "terrorisme" est évidemment condamnable dès lors qu'on en est victime. Mais rien n'interdit de chercher à comprendre pourquoi certains en viennent à considérer que la violence extrême exercée sur les hommes devient l'évidence incontournable... et par là même chercher à éradiquer la cause plutôt qu'à fustiger la conséquence.
Lorsqu'on parle d'Afrique et de "françafrique", doit-on confondre "les intérêts de la France" aux intérêts bien compris des multinationales capitalistes qui pillent le continent africain de ses ressources naturelles pour leur plus grand profit ?
Lorsqu'on parle d'Afrique, sans se perdre dans les considérations insultantes qui évoquaient un retard des civilisations africaines, doit-on livrer des modes d'emploi de la démocratie que nous avons tant de peine à faire vivre chez nous ?
La promotion d'une politique de coopération et d'entraide a-t-elle besoin de chars, d'uniformes et de poudre à canon ? L'examen banal de tous les théâtres d'opération militaire montre à l'envie les ravages de la guerre dans les corps d'abord, et dans les esprits durablement ensuite.
Il est donc si difficile de se dépouiller du costume puant des colons qui considéraient si injuste que leurs sujets ne se confondent pas en remerciements pour tous les bienfaits que le sabre blanc leur apportait sous la bénédiction du goupillon missionnaire : alcoolisme, maladies vénériennes, cupidité en prime.
Que la rage imbécile fleurisse sur tant de misère et de mépris accumulés au cours des siècles n'a rien d'étonnant ; mais ce n'est ni l’imbécillité ni la rage qu'il va falloir corriger là-bas (il y a trop à faire chez nous), mais bien la misère qu'il faut combattre pour imposer le respect. 
Pour inspirer le respect, encore faut-il être respectable, et d'abord respectueux.
Ce sont toutes ces questions qui valent pour le Mali comme elles valaient pour l'Afghanistan, la Somalie ou l'Ethiopie, la Libye ou la Mauritanie... la Bretagne ou la Corse !

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