dimanche 31 janvier 2010

auto entreprenez mes frères !

Un des reportages de "Capital" était consacré ce soir sur M6 au phénomène du nouveau statut d'auto entrepreneur qui a séduit des dizaines et des dizaines de milliers d'hommes et de femmes en quête de quelques sous pour vivre ou survivre.
Belle pub pour l'action gouvernementale, éloge du n'importe quoi, le niveau n'excédait guère celui du bitro de Sarkosy l'autre soir dans son show politique de café du commerce.

Quand bien même on nous montrait quelques bons bougres qui prétendaient devenir professionnels de domaines qu'ils  n'abordaient qu'avec un amateurisme inquiétant, l'impression qui ressort constamment, c'est qu'on est en face de situations difficiles qui se laissent éblouir par un miroir aux alouettes. L'illusion du travailler plus pour gagner plus, -et plus souvent moins- est ici éclatante. Dans le meilleur des cas c'est une régularisation du travail au noir avec la fierté d'une carte de visite d'entrepreneur... N'est-il pas grand de s'approcher du MEDEF ? ça en jette un peu plus qu'une vieille carte de la CGT des années 70 !
Plus sérieusement, et les journalistes peuvent en être félicités, il leur a fallu aussi illustrer les autres facettes de l'arnaque.
En devenant auto entrepreneur les salariés constatent qu'ils n'ont plus les "avantages", pour ma part je parle plus volontiers de droits et d'acquis sociaux des salariés, comme les congés payés, la participation de l'employeur à la protection sociale du travailleur, les heures supplémentaires...
N'est-ce pas justement ces droits et acquis des luttes sociales passées que la droite au pouvoir massacre à la tronçonneuse ! Alors pensez donc, si les salariés acceptent d'eux-même de s'en défaire au profit du titre ronflant d'auto entrepreneur Nicoléon rigole !
J'ai d'ailleurs une pensée à ce point pour mon camarade Jean-Claude DEPOIL qui porte autant que moi les "agri managers" dans son coeur. Tout comme les nouveaux auto entrepreneurs qui ont l'impression de maîtriser leur situation, de dominer le monde qui les entoure, et parfois la nature avec... A y regarder de plus près ils sont tous sous le joug du banquier qui, comme le marionnettiste de Guignol, les fait gesticuler à sa guise avant de tirer le rideau.
Quant aux dérives qui conduisent nombre d'entreprises à n'offrir de travail qu'à des auto entrepreneurs, c'est bien là la preuve de la nocivité du système qui détache le travail de son cout humain véritable, l'employeur rejette tout le risque de l'entreprise sur l'employé sans en assumer les charges. L'auto entrepreneur qui vend son service rejoint la condition ancienne précédent le salariat où la l'homme était confondu à son potentiel d'activité dans une relation individuelle avec son donneur d'ordre. Cette confusion était celle de la condition d'esclave, de toutes celles et tous ceux dont l'existence se confondait à leur terre dans l'appartenance à leur maître.
La dimension collective s'effiloche; syndicats, comités d'entreprise, mutuelle ... de quelles vieilleries s'agit-il ? Dans le monde de l'auto entrepreneur, de la liberté d'entreprendre, de la libération de l'initiative, comme ils disent, on a quand même mis quelques garde-fous ! Pas trop de chiffre d'affaire, pour pas trop de revenus, juste pour donner envie les textes évoquent des plafonds qui, lorsqu'ils sont ramenés du niveau "chiffre d'affaire" (qui fait envie) au revenu disponible (qui fait déchanter) doivent faire réfléchir.

selon une dépèche de l'AFP reprise dans le Figaro :
"Le chiffre d'affaires moyen déclaré par les personnes qui se sont inscrites au régime de l'auto-entrepreneur est d'"un peu moins de 4.000 euros par trimestre", selon un bilan intermédiaire de l'Acoss, l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, qui fédèrent les Urssaf."

Faites le calcul, avec 1300 euros de chiffre d'affaire par mois, le revenu dégagé, certainement très inégal sera de combien ? Jamais de quoi faire vivre décemment, c'est sûr, tout juste un complément de salaire pour ceux qui conservent leur emploi ordinaire mal payé, un complément de retraite pour aider les petits enfants à payer leurs études...

Finalement l'auto entrepreunariat c'est un peu comme le PMU et la Française des jeux, ça doit faire oublier leur misère à ceux qui se prennent au jeu, à leur faire oublier les causes de leurs difficultés, avec au moins autant de chances de réussir qu'en achetant un billet de l'euro million !



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