lundi 18 janvier 2010

TGV ou TGP

Quand le Train à Grande Vitesse devient le Train à Grand Profit... 
Le monde moderne du transport ferroviaire, c'est d'abord le grand écart entre le discours et les actes, entre la pub et la galère des usagers.
Concernant le transport de marchandise, les plans fret de la SNCF ont toujours conduit à réduire le service -quite à en laisser au privé qui use les rails du réseau ferré de France avec du vieux matériel polluant et une accumulation de risques dans la circulation - tout en renforçant l'activité de ses filiales de transport routier !
Chez ces gens là, on bavarde d'environnement, de ferroutage... mais quand on discute sérieusement c'est de profitabilité et de dividendes qu'il s'agit.
Pour ce qui est du transport de voyageurs, les évolutions conduites depuis des années, et en particulier dêpuis l'arivée des TGV, donnent aux clients l'illusion d'un progrès, aller plus vite, payer moins cher... Pour ce qui est d'aller plus vite, c'est le privilège des destinations du TGV qui a une allure de navette entre Paris et Bordeaux ou Lyon quand il faut toujours plus de trois heures pour ralier l'Auvergne à la capitale ! Et pour ce qui est des tarifs, si quelques uns paient moins cher, c'est la petite compensation des tarifs pleins des usagers ordinaires.
Fallait-il en arriver là pour comprendre que la logique capitaliste qui préside  aux destinées du pays ne sert pas les populations mais le capital. Fallait-il en arriver là pour comprendre que, si la droite libérale au pouvoir aujourd'hui pousse les feux de son avantage au maximum, la dérive libérale de la conduite des politiques publiques, au nombre desquelles le transport constitue un axe fondamental, avait été largement engagée par la dérive libérale de la social-démocratie.
On a bien flatté les élus locaux, bien souvent pour les faire cracher au bassinnet, en leur faisant miroiter la desserte à grande vitesse. La chose est toujours en débat dans le centre et l'Auvergne. Mais les liaisons interrégionales utiles au drainage équitable des régions françaises, amorcées avec des relations transversales comme Lille-Strasbourg, Nantes-Strasbourg ou Bordeaux-Strasbourg, sont aujourd'hui promises à l'abandon, parce que trop peu profitables ! est des rames de TGV sont d'ores et déjà stockées sur des voies de garage !

Le traité de Lisbonne est passé par là; l'Europe du fric prospère même sur les cendres de la crise qui carbonise le progrès social et la vie des travailleurs.
Tout en maîtrisant la direction des affaires de  régions, les socialistes se sont bien gardés de résister à cette dérive désespérante, se contentant de jouer la concurrence avec leur prérogative en matière de transport ferroviaire.
En fait ils n'ont qu'obéi aux attentes du pouvoir et on commence à prendre conscience aujourd'hui que le "mieux faire chez soi" en se saignant aux quatre veines pour dépasser les insuffisances de l'action de l'Etat ne fait pas le mieux à l'échelle du pays.
Nos politiques experts en matière d'économie, auront peut-être quelques difficultés à démontrer qu'il est plus économique de passer vingt marchés différents avec les fournisseurs de matériels ferroviaires pour quelques rames de TER dans l'échéance d'une mandature, plutôt qu'un marché d'Etat dans le cadre d'un plan d'équipement qui pourrait courir sur 15 ou 20 ans...
Le pouvoir est un Très Grand Flatteur et pollue considérablement la conduite des affaires publiques, à quelque échelon que l'on soit. Le processus de décentralisation et de déconcentration entamé depuis des décennies a semé beaucoup d'illusions dans la perspective d'un pouvoir rendu au local. Tous ses laudateurs y ont bien vu l'opportunité d'une prise d'importance, oubliant de mesurer l'impuissance promise dès lors que les moyens et la capacité de l'autonomie de décision n'existaient pas.
Aujourd'hui, la plainte permanente du désengagement de l'Etat dans la non compensation des charges de ses transferts de charges en atteste un peu plus.La démocratie en a pris un coup en même temps que les fondamentaux de la République.
Education, transport et communication, santé, démocratie locale...
Il faut engager une dynamique de Résistance, certes; mais plus encore de reconquête et de reconstruction face à la dévastation capitaliste du dernier quart de siècle.

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