mardi 4 octobre 2011

Non à la fatalité du déclin

"Jean-Paul Diry raye de la carte le Pays de Chevagnes en Sologne Bourbonnaise (englobé dans les intercommunalités périphériques), mais aussi celles de Bocage Sud et de Marcillat en Combraille. Là aussi pour un manque de polarisation." (extrait de la page que le quotidien régional La Montagne consacre à la réunion organisée par le Conseil Général vendredi 28 septembre à Saint Pourçain sur Sioule.
En appui d'expertise au Conseil Général de l'Allier sur le chantier de refonte de la carte de l'intercommunalité, la sentence du professeur est lourde et le verdict sans appel pour plusieurs intercommunalités faibles.
Pour prendre le problème par le petit bout de la Communauté de communes Bocage Sud, ce verdict renvoie à l'histoire et à d'autres études du même professeur à la fin du siècle dernier. 
Que s'est-il donc passé en quelques années pour qu'un espace polarisé sur un bourg-centre bicéphale, Tronget-Le Montet, soit aujourd'hui en défaut de polarisation ?
Le sacrifice est-il consommé ?

N'y aurait-il plus rien à entretenir dans nos communes que les allées des cimetières ?
Les communes du canton du Montet ne font pas exception parmi les victimes de la politique de dévastation territoriale conduite depuis bien longtemps par les gouvernements de droite comme de gauche. La faiblesse du tissu économique, le peu d'emploi offert dans l'artisanat et le commerce, les restructurations du monde agricole, tout concourt à une perte de substance et de ressource en même temps que les populations vieillissantes voient leur  cadre de vie se dégrader. Les lois de décentralisation et les premières vagues de l'intercommunalité n'ont fait qu'accompagner la déchéance territoriale sans en retendre aucun ressort.
Mais les responsabilités du déclin et de la situation de défaut de polarisation de Bocage Sud ne sont pas à mettre exclusivement au passif d'une politique gouvernementale dévastatrice pour le monde rural. Les responsables politiques locaux y ont aussi pris une part très importante.
Le problème du renforcement de la polarisation de cet espace cantonal était déjà posé dans les années 90. Mais les réponses, ou le plus souvent l'absence de réponse, des élus en responsabilité depuis une quinzaine d'années ont plus aggravé la situation qu'ils n'ont remédié à des problèmes qu'ils appréhendent avec beaucoup de difficultés.
Sur le double bourg-centre la quasi totalité des services cités en référence existaient. Depuis certains établissements commerciaux ou artisanaux ont disparu et les services publics ont souffert d'une grave dégradation. La Poste, la Gendarmerie ont sont de bon exemples. Les écoles ont perdu de leur importance et les regroupements pédagogiques font figure de cache-misère. Le collège de Tronget reste le pivot fédérateur d'un ensemble de communes réunies en syndicat intercommunal.
Considérant la non superposition des cartes du canton, du secteur du collège, des RPI, de l'intercommunalité, l'impératif était ben alors de conforter le rôle polarisant du bourg-centre bicéphale en l'équipant au moins de ce qui dispersait alors (et toujours aujourd'hui) les populations sur au moins cinq pôles voisins, sans compter le lien sur Moulins, ville préfecture. L'équipement manquant était une moyenne surface commerciale de l'ordre de celles qui se trouvent sur Montmarault, Cosne d'Allier, Bourbon l'Archambault, Souvigny ou Saint Pourçain. Depuis elles ont toutes connu un développement notable (sauf celle de Souvigny qui souffre de la proximité de Moulins). Le manque était si évident que même les enseignes l'avaient identifié et proposaient une implantation. Depuis très longtemps la commune du Montet s'était montrée réticente à ce type d'implantation, craignant vraisemblablement pour son tissu de petit commerce. Mais Tronget n'a pas accepté l'offre qui lui était faite, préférant investir l'argent public dans un bâtiment commerce sans ambition abritant l'activité déjà existante d'une petite succursale commerciale, La Poste qui se désengageait ainsi à bon compte de sa propriété foncière et un troisième commerce. Cette réalisation sans ambition contrastait singulièrement avec le grand Marché Couvert démoli à défaut d'être rénové et restructuré. L'équipement ainsi financé par la collectivité ne peut que satisfaire ses locataires à bon marché, mais dans la gamme des multiples ruraux des plus petites communes, en aucun cas équipement de bourg-centre.
La grande distribution n'est pas philanthrope et chacun le sait bien, mais l'hypothèse d'une installation de moyenne surface, pour répondre aux critères de rentabilité exigée ne pouvait pas compter que sur la zone de chalandise restreinte; elle induisait nécessairement des flux des communes limitrophes.
Et c'est cet effet polarisant qui pouvait ainsi être construit à bon compte avec un petit apport d'emploi en complément, et, comme les expériences voisines l'avaient montré, plutôt une redynamisation du commerce local que le tarissement de leur clientèle.
Il y a bien longtemps, Le Montet avait refusé la gare... Tronget l'avait acceptée et c'est tout un quartier et des activités qui s'étaient développés. Au début des années 60 Le Montet déclina l'offre d'implantation du collège ; Tronget l'accepta et il fait toujours aujourd'hui figure d'équipement structurant et polarisant.
En ratant le dernier train des équipements polarisants Tronget a rejoint Le Montet dans une vision étriquée du développement local, accentuant le déclin en s'engluant dans des opérations de soutien à la sphère privée bien incompatible avec une quelconque perspective de développement local.
Qu'il s'agisse de méconnaissance, d'incompétence ou de défaillance politique, peu importe, le résultat est là : l'inaction, l'action désordonnée ou inappropriée des élus a produit le résultat inévitable du déclassement du potentiel local.
Ce ne sont là que quelques éléments dans l'analyse qu'on peut faire de la situation conduisant le professeur Diry à sa conclusion euthanasiante. D'autres phénomènes y ont apporté un formidable coup de pouce en bas. Les Centres Médicaux François et Marie Mercier pouvaient figurer comme des pièces maîtresses parmi les structures polarisantes du canton. Malheureusement leur fusion avec l'Hôpital de Saint Pourçain pour former l'Hôpital Coeur du Bourbonnais a été déstabilisatrice. Toute la partie administrative et la gouvernance étant déménagées à Saint Pourçain les "pavillons" François et Marie Mercier ne font plus figure que d'annexes auxilliaires souvent malmenées par quelques vagues de restructuration. Peu d'élus locaux participent à l'administration de cet établissement, mais bien peu de propositions contribuent au renversement de cette dynamique régressive.
Etc.
Alors oui, Monsieur Diry, la communauté de communes Bocage Sud qui a cherché au nord quelques garanties politiques pour son président va peut-être disparaître sous les auspices d'un conseil général dirigé à gauche par un communiste. Ce serait une illusion bien audacieuse pour régler son compte à bon compte à un ex député UMP, ex conseiller général du canton. Le remède serait alors pire que le mal car l'éclatement de Bocage Sud entre au moins trois communautés voisines signerait au moins la perte à court terme du collège de Tronget. Toutes les communes se trouveraient alors marginalisée à la lisière d'entités plus grandes sans un réseau d'affinités fortement structuré.


Il y a là beaucoup à dire, encore plus à faire en bien... à condition d'y réfléchir sur le terrain au moins autant que d'un balcon du conseil général ou d'un laboratoire d'université clermontoise. 


Le pire n'étant jamais certain, l'espoir existe si les mandats électifs ne sont plus de simples hochets et si une bonne compréhension de la situation pousse à agir pour le bien commun des populations.



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