jeudi 13 octobre 2011

L'équation libyenne

Approche-t-on de la fin de la guerre en Libye ? Que les président français ait accompagné le premier ministre anglais pour une visite éclair il y a quelques semaines tendrait à le prouver. Les visites plus récentes des ministres des finances ou du commerce allemands, anglais et français flanqués de quelques escouades d'entrepreneurs le confirmeraient également. Cependant les combats continuent dans de petites poches de résistance des partisans de Khadafi.
Combien ça coûte ?
Cette question serait bien indécente au regard des milliers de libyens passés de vie à trépas depuis le début du conflit à la mi-février 2011.
Pour insupportable qu'elle soit, ce sont les informations de ces derniers jours qui en soulignent l'horreur.
Aujourd'hui, l'heure est à la reconstruction, et pour que les affaires reprennent, les affairistes s'affairent...
Le gouvernement français minimise considérablement l'impact budgétaire de la guerre en Libye. En l'évaluant à 320 millions d'euros, il est certainement loin de la réalité. Les anglais pour leur part l'évaluent dans une fourchette de un à deux milliards d'euros. L'effort de guerre des français n'est pas moindre.

Le ministre de la défense a précisé que ce coût n'était pas supporté par le budget de la défense, mais par le budget général qui mutualise ainsi la dépense de guerre (cela revient à dire que nos jeunes générations payeraient la guerre avec la politique d'austérité budgétaire imposé à l'école... ).
Beaucoup s'en inquiètent ; il suffit de lire quelques articles de tous bords pour s'en convaincre :









L'équation est donc simple :

  1. de 320 millions à plusieurs milliards d'euros de dépenses pour faire la guerre et détruire dans les bombardements les infrastructures du pays.
  2. une visite politique éclair pour se faire applaudir par la foule du pays "libéré"
  3. une visite économique avec les politiques pour guides afin de prendre sa part du gâteau de la reconstruction et de l'exploitation des richesses (hydrocarbures en particulier), reconstruction évaluée à 146 milliards d'euros.



Vu sous cet angle abject la guerre de Libye est un bel investissement qui devrait rapporter plus de dix fois la mise ; sans compter que les dépenses sont au compte des Etats et donc des contribuables, et les profits attendus dans les poches des multinationales qui vont maintenant reconstruire et exploiter la Libye.


A propos, quels étaient donc les buts de guerre ?
L'exemple de l'Irak est encore chaud...


A droite la guerre n'est qu'un argumnt de campagne. Sarkozy essaie vaille que vaille de redorer son blason en faisant le fier à bras à l'ombre de son grand frère américain. Et si le parti socialiste d'aujourd'hui avait été fidèle à Jaurès, n'est-il pas quelques guerres qui auraient évité d'endeuiller des familles françaises ?

116 ans ont passé...

"Tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, malgré tous les congrès de la philanthropie internationale, la guerre peut naître toujours d’un hasard toujours possible… Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme une nuée dormante porte l’orage. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)
Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie — qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille — un régime de concorde sociale et d’unité. Et voila pourquoi si vous regardez non aux intentions qui sont toujours vaines, mais à l’efficacité des principes et à la réalité des conséquences, logiquement, profondément, le Parti socialiste est, dans le monde, aujourd’hui, le seul parti de la paix."

Jean Jaurès, 7 mars 1895, à la Chambre des communes, dans Jean Jaurès : Textes choisis, éd. sociales, paru en 1959, p. 88.

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