Arnaud Montebourg signe une lettre aux deux candidats qualifiés pour le second tour de la primaire socialiste.
Il ne manque plus que sa réponse aux échos renvoyés par le débat d'hier soir.
Les comportements de François HOLLANDE et Martine AUBRY sont vus comme assez similaires :
une allusion pour reconnaître les propositions de l'autre
un affirmation du maintien de sa propre cohérence
Après ça tout est possible :
- soutien à l'un ou à l'autre au prétexte d'une différenciation dans la forme de la reconnaissance
- renvoi dos à dos au mépris des propositions faites à demi mot pour l'après gouvernemental d'une victoire espérée
La première hypothèse signerait l'ambition à terme d'une prise de pouvoir sur le parti socialiste d'Arnaud MONTEBOURG.
La seconde pourrait annoncer la perspective d'une autonomisation du mouvement d'Arnaud MONTEBOURG par rapport au PS. Il tirerait alors les leçons des dernières décennies dans une république présidentielle qui avait vu Mitterrand faire du PS son outil de conquête du pouvoir comme Sarkozy fera plus tard l'UMP sur les cendres du RPR vieillissant.
CLIC ICI pour lire la lettre d'Arnaud de Montebourg à Martine AUBRY et François HOLLANDE.
Les quelques réflexions qu'elle m'inspire me vaudront bien quelques volées de bois rose !
Toujours la même litanie du moindre mal et de
l'accommodement. Que ce soit Martine ou François, le propos d'Arnaud les
rangeant en pile et face de la même pièce tombe sous le sens. Tous les deux
sont bien dans la continuité du parti socialiste issu du virage de 1983 : le
changement dans les discours et le renoncement dans les actes face aux
exigences du capital.
Y avait-il - comme on l'avait entendu - un programme socialiste
?
Si oui et si Arnaud Montebourg en tire ses propositions, les autres
impétrants, comme il dit, auraient dû les inscrire dans leurs propositions, ne
serait-ce qu'en Post-Scriptum. Si au contraire les candidats à la primaire
socialiste avaient toute liberté pour sortir du cadre du programme de leur
parti pour s'égayer à droite (la dette, etc) au centre ou à gauche
(remontrances aux banques, etc), alors on assiste bien à un jeu politicien qui
valide l'option présidentialiste initiée par Jospin avec l'inversion du
calendrier législatives-présidentielles et le grand tapage médiatique auquel on
vient d'assister relève plus du casting sur posture et tempérament que du débat
démocratique dans une République respectueuse de tous les courants d'opinion.
Que le positionnement d'Arnaud Montebourg fasse le pendant à
gauche de celui d'Emmanuel Valls à droite ne faisait qu'illustrer l'illusion
unitaire d'un parti déchiré entre des options thérapeutiques qui relèvent
toutes des soins palliatifs. Aucun des candidats ne s'attaque aux racines du
mal, aucun ne condamne les privatisations qui ont complètement démantelé les
services publics, et les gouvernements socialistes des dernières décennies n'en
ont été avares ! Et quand Martine Aubry fait mine de comprendre le NON au
référendum sur le traité constitutionnel, elle se garde bien de confesser une
faute politique de la gauche socialiste qui s'est accommodée des options
libérales des droites européennes affirmées de Maastricht à Lisbonne en passant
par l'indépendance de la BCE.
Au bout du compte les temps ne changent guère ; il a
toujours fallu un fou au roi pour accaparer l'attention de la foule dont on
convoite l'assentiment.
La générosité et l'enthousiasme du candidat à la candidature
Arnaud Montebourg restent entachés de cette hypothèse de
"faire-valoir" tant les allusions des deux qualifiés au second tour
de la primaire se limitaient hier soir à une forme d'offre d'emploi pour
l'après 2012 plutôt que d'affirmer une inflexion de leurs propositions intégrant
celles de Montebourg.
Inutile d'évoquer la punition infligée à Ségolène par ses
propres amis... La fidélité n'est plus ce qu'elle était ! Pas plus que
l'humiliation faite au Parti Radical renvoyé aux 7 dixièmes de Baylet...
Le jour n'est peut-être plus très loin où on verra "le
monde de Montebourg" s'émanciper d'un parti socialiste à la dérive au
centre. Son ex camarade socialiste Mélenchon avait franchi le pas. Et
l'histoire du siècle dernier nous montre assez les errements socialistes dès
qu'ils ont franchi les frontières de la gauche, un score de Gaston Deferre à 5%
en 1969 en signait le désaveu (Jacques Duclos pour le PCF avait réuni 21 % des
suffrages).
Pour l'instant la préoccupation première reste la prise du
pouvoir, et pour le parti socialiste la réduction de la gauche à son seul
périmètre.
Cette démarche toujours aussi hégémonique prive le pays en
souffrance d'une perspective de changement progressiste à court terme pour ne
lui proposer qu'une alternance à l'américaine qui ménage la domination des
maîtres du monde. L'expérience récente de la prise du sénat par les socialistes
(avec le soutien de leurs alliés écologistes et communistes) montre bien les
limites de l'exercice dans le discours et les propositions du nouveau
président. Qu'il soit envisagé de donner à la droite une présidence de
commission comme Sarkozy l'avait fait à l'Assemblée, qu'il soit dit que le
Sénat ne serait pas un "bastion", tout porte à croire que cette
victoire ne porte pas le germe du pôle de Résistance que pourrait figurer le
Sénat jusqu'au printemps prochain pour donner à voir aux citoyens ce que gauche
veut dire. La proximité Bel - Hollande n'est pas étrangère à la promotion de
cette image racoleuse au centre.
Il n'y a pas de fatalité à tout ça, sinon Martine Aubry
n'agiterait pas son hochet de la "gauche molle" pour conjurer ses
propres faiblesses.
Pour ma part je préfère les visées de la "Conspiration
des Egaux" à celles de la guéguerre des égos que nous serions invités à
trancher.
Il fut un temps où François à la tête du Parti socialiste
n'avait pas fait triompher Lionel ; Martine fera-t-elle mieux demain si elle
devait porter François jusqu'au perron de l'Elysée ?
Au fait, et DSK...
Quant à Arnaud Montebourg, ne pourrait-il pas trouver sa
place dans la recomposition à venir de la gauche française ? Ce serait fort
utile pour peu qu'il n'adopte pas la stratégie mitterrandienne de configuration
de son organisation politique au service de ses seules ambitions.
Dans le contexte d'une crise économique, politique et
sociale d'une rare violence tant à l'échelle du pays, de l'Europe ou du monde,
la mobilisation des deux millions et demi d'électeurs au premier tour des
primaires socialistes serait un signe encourageant si elle préfigurait l'éveil
de la conscience collective à l'exigence d'un véritable changement à gauche,
dans la reconnaissance et le respect de TOUTES les composantes de la gauche.
La coopération vaut mieux que la concurrence, l'une est
valeur de gauche quand l'autre règle à droite.
... à suivre !
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