C'est un peu la même chose en prenant un billet de train ou d'avion...
En terme de communication, généralement, on va d'un point à un autre, on appelle d'ici vers là-bas... Plus rien aujourd'hui dans l'offre de service ne tient compte des paramètres physiques de la communication, la distance, la charge ou le temps par exemple. Tout est question d'optimisation, faire sortir le plus de profit possible des tuyaux posés et dont on ne se préoccupe guère de l'état.
Beaucoup de clients, billets plus chers, c'est le moment d'en profiter !
Peu de clients, ce n'est même pas la peine d'y aller !
C'est ainsi que la carte de France des liaisons ferroviaires s'est considérablement détricotée et que, sur la même banquette du même voyage personne ne paye plus le même prix.
C'est ainsi que la carte de France de la réception téléphonique mobile comporte encore des "zones blanches" et que les technologies les plus avancées et juteuses sont réservées aux fortes concentrations de clientèle potentielle.
La nouvelle ruralité est d'abord celle des nouvelles inégalités et de leur aggravation. Jadis, au siècle dernier, aux temps du progrès dans l'accès aux services que les progrès de la sciences mettaient à la disposition des populations, la puissance publique, garante de l'égalité des citoyens de son Etat avait fini par prendre en charge les infrastructure et la gestion du trafic. La SNCF avait succédé aux compagnies privées qui s'étaient partagé le territoire national et il était facile de connaître le prix du voyage au kilomètre; les PTT faisaient courir les fils le long des routes jusqu'aux postes de téléphone public avant d'alimenter les foyers jusqu'au fond des campagnes ; les syndicats d'électrification distribuaient la lumière de l'électricité, puis la force des moteurs...
Tout naturellement, ce qui n'est pas du ressort du particulier générait des initiatives publiques au niveau de l'Etat ou de la coopération intercommunale pour que le service soit également accessible aux citoyens avec les péréquations tarifaires indispensables.
Aujourd'hui, ces dispositions seraient devenues ringardes au point que, jusque dans la conscience des gens l'hypothèse même d'une telle approche n'est plus envisageable. C'est ce gommage de principes élémentaires dans la mise en oeuvre du deuxième terme de la devise républicaine -l'égalité- qui sert d'alibi à toutes les dérives issues du "moins d'Etat".
L'Etat ne peut plus, faute de moyens...
Cette région là ne peut pas, faute de moyens... une autre peut peut-être !
Ce département ne peut plus faute de moyens... un autre peut peut-être ! Quand l'un s'apprête à remettre en cause la gratuité des transports scolaires pour les familles l'autre va doter les collégiens d'un ordinateur portable... l'un garantira la gratuité aux usagers de l'autoroute quand l'autre en fera les clients d'un concessionnaire privé...
Cette commune ne pourra pas, faute de moyens "mettre en place les nouveaux rythme scolaire" (sic)... etc.
Ne faudrait-il pas s'interroger sur le dénominateur commun :
Faute de moyens ?
En produisant sans cesse plus de richesses, certes à des rythmes parfois ralentis comment expliquer qu'il manquerait toujours plus de moyens pour le bien commun autrement que par le truchement d'un accaparement sans cesse plus conséquent de la richesse produite par la rente du capital ?
Depuis des décennies la part de la rémunération du travail dans les salaires diminue et la part des dividendes rémunérant le capital rentier explose.
Les actionnaires revendiquent 12 ou 15% d'augmentation l'an tout en imposant le gel des salaires et les plans dits "sociaux".
Faut-il aller chercher bien plus loin les clés de difficultés populaires exposées aujourd'hui face à l'indécente opulence des nantis ?
Faut-il l'exemple de Nanofi qui augmente les salaires de 0% et dorlotte ses actionnaires avec 3,6 milliards d'euros cette année. La valeur de l'action ayant été multipliée par 2,5 en 8 ans, et les salaires ?
En faut-il beaucoup plus pour considérer que le plan annoncé par François Hollande qui allège la charge du patronat de 10% de la masse salariale va dans la droite ligne de droite des politiques de droite.
A terme c'est moins de dépenses publiques (Etat et collectivités confondues), des dégradations accentuées dans la vie des gens qui vont devoir affronter une nouvelle vague austéritaire...
Aux deux bouts de la société, les joailliers de la place Vendôme et les Restos du Coeur vont voir leur clientèle augmenter.
Aux deux bouts du pays les inégalités d'équipements et de service vont encore s'accroître...
Et nous verrons aussi, n'en doutons pas, des élus des collectivités revendiquer de nouvelles "compétences" pour s'inquiéter en même temps de leur manque de moyens... justifiant ainsi des regroupements pour économies d'échelle...
communes, interco, départements, régions... Pour ce qui est des cantons, ça n'a rien à voir, c'est juste pour avoir autant de filles que de garçons sur les bancs des conseils départementaux.
De l'exigence d'une reconquête de l'espace étatique de la République, nul ne parle, chacun étant bien plus attaché à la gouvernance de sa pièce de puzzle -les territoires comme ils disent- que du sens et de la valeur de l'oeuvre commune.
Liberté du renard dans le poulailler, égalité des chances comme au loto, et fraternitude institutionnalisée avec la fête des voisins...
Elle n'a pas bien bonne mine, notre France défigurée badigeonnée de rose en attendant la prochaine couche de peinture bleU MP, ou vert de gris F haine...
Demi-teinte et demi-mesures, le demi panaché ne se commande qu'à demi-mot, c'est tout le mystère du culbuto socialiste au centre qui ne trouve son équilibre qu'après avoir versé à droite...
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