la beauté du geste

Bientôt, ce sera au tour des régions...
Dans le récent exercice de géographie politique auquel s'est livré le ministère de l'intérieur pour déterminer les frontières des nouveaux cantons il est une dimension intéressante à examiner maintenant : celle des EPCI... Depuis quelques temps il est de bon ton et même de rigueur de contester les frontières des communautés. Car chaque "territoire" revendique d'autant plus la justification de sa cohérence qu'il l'argumente au détriment de celles qui l'entourent.
Les plus féroces détracteurs d'aujourd'hui sont généralement les laudateurs d'hier... mais qu'importe. L'important reste la querelle intestine des zélus zélés et de leurs ambitions qui sur un même "territoire" commencent par se disputer l'hypothèse de la victoire à la direction d'une communauté de communes avant même d'avoir à envisager celle des municipales, un canton et, ça va de soi, la lune d'une circonscription législative décrochée avant le coucher du soleil...

Régionales et européennes feront le reste pour s'assurer d'une place sur la photo. Pour faire la fête du cumul des mandats, on verra plus tard, foi de sénateur !
Nouveaux cantons dans des départements dits obsolètes... Bientôt nouvelles communautés dans de nouvelles régions...
Tout ça pour annoncer bientôt le deuil des communes de France.

Depuis quelques temps les circonscriptions électorales n'ont plus guère à voir avec un espace du "travail" d'élu qui ne serait que le juste effort consacré à l'exercice de son mandat, c'est tout au plus l'espèce de pré carré mis à la garde de quelques courtisans besogneux. Il sera donc de bon ton de s'inquiéter de la malfaisance du découpage cantonal... dans le monde de "plus belle la vie" plus surement que dans celui de l'encyclopédie des sciences sociales ou politiques.

L'annonce du redécoupage régional ne manquera pas de sel non plus d'ici quelques temps... Les six ou sept régions qui vont disparaître seront ravies de se voir rangées au rayon des accessoires marginaux de la grande soeur d'à côté, dont il faut conforter l'électorat de circonstance. Au moment même où les grands penseurs élus en région commencent à découvrir l'imbécillité de l'éparpillement des "compétences" dès lors qu'il s'agit de services qui se vivent à l'échelle du pays on va envisager de bouger les frontières... le transport ferroviaire en est le plus bel exemple. Débarrassée du transport de proximité la SNCF a pu sans trop d'encombres pousser les feux du tout TGV et de la privatisation rampante avec son éclatement et l'ouverture à la concurrence. Pendant ce temps la disparité régionale et les problèmes de connexion aux frontières régionales ramenaient aux délices des réseaux privées de l'entre deux guerre du siècle dernier.

Les paris vont pouvoir s'ouvrir sur le sort réservé à l'Auvergne dont les bourbonnais occupent le septentrion. Va-t-on coloniser la creuse et la Corrèze et annexer le Limousin ou la grande région Rhône Alpes nous accueillera-t-elle pour faire du Saint Pourçain le petit frère des Côtes du Rhône et de la Loges des Gardes la petite soeur de Courchevel...
Les idées ne manquent pas dans les allées du pouvoir.
Quant à ce que chacun peut en penser... comme pour le découpage cantonal, quand les élus auront donné leur sentiment bien mesuré à l'aune de leur espoir de ré-élection les citoyens seront autorisés à penser la même chose.

Indignez-vous donc, ce n'est jamais que de l'auto-flagellation pour les masochistes de l'illusion social-démocrate.
Quand la Révolution avait délimité les départements et dessiné leur organisation administrative, il y avait une autre épaisseur d'idées ; la préfecture joignable dans la journée peut faire réfléchir au tracé du TGV, mais aussi à l'entretien ordinaire des routes départementales.
Territoire ou bassin de vie, il faut choisir. Le territoire est pour le maître, qu'il soit chat qui pisse autour ou petit marquis. Le citoyen, lui est là pour vivre.
A chacun ses bons morceaux !