jeudi 23 janvier 2014

à côté de la plaque

Une petite bricole, encore une loi de circonstance, vient marquer d'une pierre blanche la dérive libérale du gouvernement.
ML Lebranchu a fait passer à l'Assemblée une loi confiant aux communes la charge de lever l'impôt pour financer la lutte contre les inondations.
Au vu des actualités météorologiques depuis quelques mois l'évidence du mal ne fait aucun doute, le risque inondation n'est pas conjuré, loin s'en faut.
Deux questions viennent alors à l'esprit : 

  • a-t-on fait le nécessaire en amont en terme de prévention ?
  • Peut-on endiguer tous les risques ?

A la première quelques réponses viennent porter le doute, en filigrane dans quelques reportages qui évoquent la légèreté dans la détermination des zones constructibles en zones inondables, l'amoindrissement des travaux d'entretien qui suit l'affaiblissement des services publics, le bétonnage-goudronnage-drainage à outrance qui accélère le ruissellement...
A la seconde peut répondre une autre question concernant une évolution pilotée en coulisse par le monde de la finance et qui propose à notre société de ne plus accepter de vivre avec le risque... tout danger devrait être conjuré, et surtout "assuré" car là, il y a du blé à moissonner. Plus l'économie est calée sur des modèles qui précarisent les acteurs, qui les fragilisent au moindre aléas, et plus l'inquiétude grandit face au risque que l'on mesure mieux pour soi que pour les autres quand les effets dévastateurs sont mis en scène dans le spectacle télévisé pour amplifier l'appréhension.
La stade de l'extension de la couverture assurance est dépassé aujourd'hui que les sociétés d'assurance n'acceptent plus nécessairement d'assurer. L'assurance n'a aujourd'hui d'importance et de sens que pour l'assureur : le profit.
La couverture solidaire du risque à l'origine des système de protection collective aurait bien besoin d'être ré apprise ; mais ce n'est pas gagné, ne serait-ce que dans le monde agricole quand on voit le bonheur de l'esclavage heureux perché toujours plus haut et loin de la terre dans les cabines climatisées des monstres mécaniques financés profitablement par les banques à coup de déductions fiscales et d'aides publiques.
A la troisième question qui n'est pas posée... ne faudrait-il pas cependant chercher à répondre de tous les dommages liés à l'activité humaine dont les dérèglements sont gouvernés par les marionnettistes de la finance. Terres abandonnées ou terres maltraitées, friches agricoles ou industrielles, urbanisation incontrôlée, etc.
Quant au dérèglement climatique, il n'est pas inutile de s'y intéresser, à condition seulement qu'on fasse en sorte que ce ne soit pas le pompier pyromane qui soit chargé de sa surveillance.
Les dégâts écologiques sont souvent facilement repérables mais c'est à l'échelle des phénomènes qu'il est utile de penser les réponses, ce que font trop peu souvent les écologistes eux mêmes, oubliant que le bon principe "penser global, agir local" est aussi indissociable de ses racines dans le "penser local" de la première échelle dans l'appréhension du monde et de "l'agir global" indispensable à la garantie démocratique de l'action politique.
En ce sens le gouvernement fait fausse route en confiant aux communes la responsabilité des actions de prévention des inondations. Elle laisse aussi aux inondés le soin de se prémunir des misères dont il ne sauraient être seuls tenus pour responsables. C'est oublier la responsabilité dans l'entretien des cours d'eau des communes d'amont qui ne feraient pas le nécessaire pour garantir un bon niveau de sécurité à l'aval. Les conditions météo ne sont pas seules responsables de la fragilisation des sols... Et si les régions exposées connaissent des sinistres trop répétés et trop graves de conséquences économiques et sociales, c'est bien à la puissance publique de se pencher sur le problème à l'échelle du pays pour assurer la plus juste péréquation dans la charge des coûts induits.

Un monde dans lequel les pauvres seraient en charge de la lutte contre la pauvreté au fond du caniveau serait confortable pour laisser les riches gonfler leur matelas en haut du pavé... en sommes-nous véritablement bien loin ?

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