jeudi 30 janvier 2014

Diversité ?

La biodiversité a fait des émules dans le monde politique !
Ce qui dans la nature présente de grands équilibres évoluant avec le temps et l'histoire de l'univers a pu inspirer celles et ceux qui flattent l'opinion.

Depuis plusieurs siècles, et en France essentiellement depuis le siècle des Lumières et la Révolution de 1789, les grands courants frictionnaient leurs idées pour triompher d'une adversité alliée ou concurrente, pour construire des entités toujours plus rassembleuses.

Ce n'est pas un fait du hasard si Sarkozy se faisait le chantre de la diversité au prétexte de masquer toute dérive raciste ou xénophobe. La diversité a toujours été le prétexte des aspirants au pouvoir donnant l'illusion du respect pour mieux dominer tous les autres, qui, de fait et diversité oblige ne sont plus des pairs mais des obligés assujettis.

"La connaissance conduit à l'unité comme l'ignorance mène à la diversité."

Cette pensée de Ramakrishna qui dépassait avec l'hindouisme les velléités universalistes de toutes les autres religions peut aussi valoir pour l'athée mécréant !

Ce n'est pas non plus par hasard que Gracchus Baboeuf prit parti pour les Jacobins contre les Girondins dans les temps où la Révolution française vacillait. Le fondateur des "Egaux" prônait bien l'insurrection pacifique et n'allait pas au Vatican pour dire que « Le christianisme et la liberté sont incompatibles ». 

Rien à voir avec les élections municipales ? Encore que...


C'est sur ce fil de l'unité que s'était jouée au début du siècle précédent l'unité du courant socialiste. Des trois partis de Vaillant, Guesde et Jaurès de 1900, les fusions successives des congrès d'Ivry, de Commentry et de Paris feront la SFIO de 1905. Après l'assassinat de Jaurès, mis rudement à l'épreuve de la guerre dans la tergiversation entre l'Union sacrée avec la droite et la contestation révolutionnaire du conflit, l'union des socialistes fissurée éclate au congrès de Tours. La révolution russe et la révolution socialiste allemande qui fait taire le vacarme meurtrier de la guerre sont passées par là. De la création des deux grands mouvements communistes et socialistes entre noël et l'an fin 1920 jusqu'à aujourd'hui la gauche française jouera la partition du changement à deux voix, tantôt défilant avec la fanfare des cuivres des communistes à la Libération, tantôt dans le salon feutrés du quatuor à cordes d'un Guy Mollet renvoyant les réservistes en guerre d'Algérie pour mieux préparer le retour de la droite avec le coup d'Etat de De Gaulle en 58. Rarement les instrumentistes de la gauche française joueront en grand orchestre philharmonique, sinon en 81 ou plus récemment pour chasser le petit rappeur de droite, mais dans les deux cas, passées les premières mesures le premier violon reste seul en scène pour interpréter sa berceuse.


Rien à voir avec les élections européennes ? Encore que...

Un siècle après, la diversité des courants "socialistes" est-elle entrée dans une phase d'unification pour la multitude de ceux qui se posent à la gauche de hégémonique PS ? 
Les enjeux de pouvoir ne sont pas seuls à gouverner les évolutions des alliances. Et aujourd'hui, avec la préparation des élections européennes et l'épisode préalable des municipales, le grand foutoir des arrangements locaux conditionnés par la nécessité de préserver la sinécure d'élus très "professionnels" ne présage en rien d'une unité retrouvée sous la bannière du "Front de Gauche" où les tensions concurrentielles ne font que s'amplifier sur des bases idéologiques trop fragiles.
De ce fait, la stratégie du chien crevé au fil de l'eau regagne du terrain, et, en feignant de satisfaire à la diversité des opinions supposées des gens on propose une diversité tiédissant considérablement le potage ; dans le meilleur des cas on va présenter aux municipales une liste "majoritairement à gauche..." ou "progressiste...", au grand jamais "communiste". Rien d'étonnant dans un monde ou un comité des fêtes remplace avantageusement un parti politique.

C'est dans ce contexte que la confusion prend le pas sur la fusion et que le "front de gauche" n'est pas prêt de refaire le "congrès de Commentry ou celui de Paris.
L'instrumentalisation du politique aux seules fins de la conduite des affaires n'a jamais fait porter la gauche au pouvoir dont la droite de sang bleu se croit seule héritière. 
Les grandes crises du siècle dernier ont offert des opportunités de clarification des options des gauches avec des socialistes ramollis quand il fallait soutenir la République Espagnole, prendre parti dans la guerre froide ou choisir le camp de la paix dans les guerres coloniales. Dans tous ces épisodes, et dans bien d'autres, c'est la présence d'un parti communiste fort qui avait pu redonner à la gauche quelques espoirs et quelques sursauts d'audience. On le cherche aujourd'hui, effacé, gommé, complètement déstructuré depuis qu'il est aux seules mains d'élus qui depuis des années n'ont pas manqué de le quitter pour fabriquer leur petite chapelle d'à côté.
C'est dans ce contexte qu'il est de bon ton aujourd’hui de faire de la diversité vertu ; encore faudrait-il qu’elle ne soit pas diversité de défaillances...
L'ancrage de la gauche à gauche qui pourrait contrarier la dérive droitière d'un parti socialiste assumant son social-libéralisme ne se fera pas sans courant idéologique fort à sa gauche. Le bouts de ficelles du "front de gauche" n'y suffiront pas tant que l'effacement du parti communiste en sera le moteur.

L'épisode pathétique offert récemment dans l'Allier avec une organisation départementale du PCF qui subordonne l'expression de sa prise de position à celle de ses élus départementaux sur le redécoupage cantonal n'est guère rassurant.
L'avis des militants, celui des citoyens dont on fait grand cas dans les fameuses démarches de "démocratie participative" ne vaudraient-il que pour être conformes à ceux de leurs nouveaux maîtres à penser ?

La montée de l'extrême droite, les manifestations du week-end dernier, la folie en tête des rumeurs sur l'école de la République, devraient pourtant alerter celles et ceux dont l'horizon plafonne à hauteur d'un mandat. 
Le détricotage de la République et de l'Etat Nation par les socialistes sous prétexte d'une "décentralisation" flatteuse pour ses barons locaux conduisant à un modèle fédéral calqué sur le voisin d'outre-Rhin ne déplaira pas à la droite qui pourra en parachever l'ouvrage.

L'unité des socialistes de 1905 n'avait pas empêché l'assassinat de la paix avec  Jaurès...
Comment imaginer que l'armée mexicaine du Front de Gauche, dont tous les généraux comptent leurs troupes en se regardant le nombril désigne son Jaurès et porte l'espoir quand l'Humanité décompte hier les situations face aux municipales dans les villes de plus de 20 000 habitants :
  • 210 (51,7%) : PCF sur listes avec le PS (dont 28 conduites par un communiste)
  • 160 (39,2%) : PCF sur listes avec Front de Gauche sans PS (dont 2 communes avec maire PCF ou FASE et 56 avec maire PS ou autre gauche)
  • 24 (5,8%) : pas de candidature PCF
  • 5 (1,2%) : pas encore de décision
  • 5 (1,2%) : Liste PS face à un sortant communiste
  • 4 (0,9%) : PCF seul à l'initiative de listes

C'est cette situation que l'Humanité décrit comme étant "l'état des lieux de la concrétisation de ces choix de rassemblement sur les communes de plus de 20000 habitants".

Dans l'Allier aussi tout est possible, tout est réalisable dans la "diversité" (cf. la situation dans les trois plus grandes villes et dans quelques plus petites), avec "la même volonté de défendre les mêmes valeurs émancipatrices, la même ambition de construire des rassemblements majoritaires à gauche sur des luttes, des projets et des programmes, afin de redonner le pouvoir aux citoyens et d'organiser la résistance aux politiques d'austérité."
C'est sans doute avec les mêmes préoccupations qu'un maire PCF négocie à priori un peu plus de place pour des adjoints PS afin d'éviter d'avoir à affronter une liste socialiste. On est au moins sûr comme ça de conforter l'influence de l'allié concurrent... diversité oblige.

S'est-on jamais posé la question de savoir pourquoi les socialistes seraient si utilement fréquentables à l'échelon local et si condamnables au plan national ?
Au parti socialiste, comme au PCF et dans toutes les formations politiques les directions nationales et leurs émanations dans les représentations électives ne sont ce qu'elles sont qu'émanant de leur base ; c'est généralement la règle dans une démocratie représentative.

La diversité ? non !
Aujourd'hui, c'est plutôt désordre et gâchis !

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