vendredi 30 août 2013

Penser marxiste au présent

Dans un article récent, Greg Oxley, camarade parisien animateur du courant de La Riposte met les deux options du réformisme et du marxisme à l'épreuve de la crise. Son argumentation forte s'illustre d'entrée d'une citation de Marx vieille d'un siècle et demi, mais qui n'a pas pris une ride lorsqu'on l'expose à la lumière de l'actualité 

« Le résultat général auquel j’arrivai et qui, une fois acquis, servit de fil conducteur à mes études, peut brièvement se formuler ainsi : dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. A un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. »

préface de sa Critique de l’économie politique (1859)

Le modèle initié par Marx lorsqu'il écrit que c’est leur être social qui détermine la conscience des hommes entre en résonance avec l'analyse qu'on peut faire aujourd'hui du paysage politique et des débats qui l'animent.
La crise du capitalisme, consubstantielle de sa propre existence, en arrive à un point de développement où elle touche à l'épuisement de ses ressources pour encadrer la contrainte imposée aux peuples pour sa survie. Passée la "belle époque" de la gouvernance bourgeoise de la révolution industrielle il a fallu mettre à contribution le moindre mal du réformisme, dogme de la social démocratie, dont les copeaux du Congrès de Tours avaient alimenté le feu pour fonder le courant faible de la gauche française. Et, depuis plus d'un siècle, les socialistes français ont ainsi fait figure de "roue de secours" des gouvernements bourgeois, apportant quelques gages conservatoire de leur image de gauche sans jamais se donner les moyens d'une véritable conduite alternative à gauche de tous les champs politiques.
Le souvenir de l'abandon des Républicains espagnols face à Franco et aux appétits fascistes, l'engagement dans la guerre d'Algérie sont des exemples anciens, l'actualité en porte d'autres. En politique intérieure, le bradage de la richesse nationale dans les privatisations, ou l'absence de remise en cause des politiques de droite l'illustrent aussi de la plus belle manière.
Le réformisme n'a jamais été et ne peut pas être l'introduction à la révolution, il n'en est que l'éteignoir, l'ultime outil du capitalisme aujourd'hui mondialisé pour assurer sa survie.
C'est dans ce paysage que la tactique électorale du parti communiste, en totale contradiction avec la part révolutionnaire de son discours, conduit à sa désaffection. L'électorat potentiel du courant révolutionnaire, très volontairement démobilisé du courant politique est conduit à l'abstention. Depuis une bonne trentaine d'années, le principe selon lequel la représentation élective est plus importante que le travail militant a décalqué le modèle réformiste sur le parti révolutionnaire.
C'est cette dérive qui a aussi conduit à l'accentuation de l'émiettement des forces de gauche. La création du mouvement écologiste en a été une des premières manifestations. Ensuite la séparation régulière de quelques tendances à la marge du PS ou du PC en ont multiplié les chapelles. Après l'épisode Chevènement ou Hue, le dernier épisode marquant a bien été l'opération Mélenchon et la création du Parti de Gauche.
Les louvoiements de la direction communiste entre la séduction des miettes qui s'éparpillent (création du Front de Gauche) et accompagnement du Parti Socialiste n'ont fait jusqu'à présent que brouiller la vision sur des perspectives clairement révolutionnaires d'un changement durable à gauche.
C'est bien à la reprise d'une construction idéologique solide sur des bases claires que nous invitait Marx en son temps. Ses leçons d'hier vaudraient d'être encore entendues aujourd'hui par les nouveau notables qui gouvernent.

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