L'assemblage du Front de Gauche est une nouvelle fois mis à l'épreuve de ses dissensions internes entre trois principales tendances sur les orientations stratégiques à donner au mouvement.
La direction du Parti Communiste sous la houlette de Pierre Laurent privilégie l'option du rassemblement de toute la gauche avec les socialistes en vue des prochaines échéances électorales, et en particulier des municipales du printemps 2014. La conservation des positions électives des communistes est à ce prix. C'est bien l'option idéale à long terme que de rassembler la gauche, encore faut-il que ça ne se fasse pas au prix de concession incompatibles avec tout véritable changement progressiste. Et l'expérience des trente dernières années n'a prouvé qu'une chose : l'hégémonie socialiste a laminé la composante communiste et le travail est parachevé par l'opération Mélenchon.
A l'opposé, Jean-Luc Mélenchon joue la carte de la dénonciation du parti socialiste coupable à ses yeux de conduire une politique de droite et d'exiger une réorientation à gauche dans la conduite des affaires du pays. Sa dénonciation s'appuie justement sur les faits, mais le brouillage entretenu à gauche du parti socialiste le préserve de tout risque ; pire, c'est la droite et son extrême qui en profitent dans leurs approches simplistes et démagogiques.
Entre les deux, d'autres petites composantes du Front de Gauche, et en particulier celles et ceux qui n'appartiennent à aucun parti établi réclament une forme de consensus...
Tout se passe comme si on découvrait l'eau tiède après s'être brûlé, c'est bien plus chaud qu'il n'y paraît !
Ces différences stratégiques, un temps mises en sourdine le temps du grand élan d'une campagne présidentielle, resurgissent nécessairement à l'épreuve de la vie.
Elles ne peuvent se résoudre à si peu de temps des élection du printemps 2014 qu'au prix de quelques contorsions dans les discours et surtout -comme on l'a déjà vu à d'autres occasions- avec l'éloge de "la diversité qui fait la force"...
Les limites de l'exercice risquent fort d'être vite dépassées dès lors qu'il va falloir traiter des candidatures ; la diversité va devenir différence et incompatibilité de perspective. Tous les ingrédients sont réunis pour que l'électorat de gauche soit encore un peu plus déboussolé, perdu entre les renoncements des socialistes au pouvoir, les incantations velléitaires de Mélenchon et l'éleveur de chèvres cultivateur de choux cherchant à conserver un équilibre incertain entre ses deux penchants.
Au bout du compte dans cette infernale machine à laver les consciences politiques il est plus qu'urgent d'utiliser "décolor STOP" et de redonner à la gauche et aux communistes en particulier les couleurs d'antan avec une panoplie d'idées claires, bien clairement révolutionnaires.
Serait-on incapable aujourd'hui de produire autre chose qu'un discours socio-libéral compatible ?
Pour ce qui est de la valeur et de l'importance d'avoir des élus communistes, quoi de plus évident ! Encore faudrait-il qu'il soient communistes avant d'être élus. La couverture de l'étiquette du "front de gauche" bien plus "moderne" sera toujours plus facile à porter pour ceux qui n'ont d'autres exigence que d'être élus en ratissant large pour être "élus de tout le monde". C'est un usage à contre emploi de l'effet narcisse qui construit le discours politique en renvoyant aux gens le reflet de leurs idées reçues, pour déclencher le choix du vote.
Ça marche avec l'extrême droite dans son projet démagogique ; ça ne peut pas fonctionner pour promouvoir le changement que les communistes devraient porter et qui demande un énorme effort de décontamination des consciences.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire