Un milliard d'euros, c'est la masse salariale annuelle des footballeurs de "ligue 1" en France...
Non compris les revenus publicitaires et autres accessoires...
Non compris les dépenses associées de leurs clubs, personnels, fonctionnement des installations...
Non compris les dépenses des collectivités locales en matière d'infrastructures et de services...
Non compris les dépenses de l'Etat, en matière policière par exemple pour canaliser les ardeurs au travail des "supporters"...
Non compris le coût des médias en charge de catéchiser les foules adoratrices du ballon rond...
Non compris...
La seule masse salariale des joueurs ne représente qu'un peu plus de deux cents emplois supplémentaires d'enseignants ou d'infirmier dans chaque département de France.
Sept euros, ce serait déjà beaucoup trop !
Sept euros et quelques centimes, ce serait le prix d'un cent d'oeufs au cul des poules...
Et les éleveurs, blancs de rage et riant jaune, manifestent leur mécontentement en cassant les oeufs en place publique...
Quand au consommateur, pour le prix du cent, il aura tout au plus une omelette de trente oeufs !
Mais où sont donc passés les SOIXANTE-DIX AUTRES ?
Un, deux exemples, trois ou quatre, ou dix et plus sont faciles à trouver ; les fruits et légumes, l'énergie, le logement... Tout ce que le citoyen doit payer pour vivre, et parfois même simplement tenter de survivre, augmente dans des proportions qui n'ont rien à voir avec les ressources communes. Les difficultés à faire face au quotidien pour beaucoup, les arrangements de toutes sortes, tout témoigne de la dissociation du pays de terre et du pays d'écran.
Jadis la religion tirait les ficelles des marionnettes politiques qu'elle consentait à mettre au pouvoir ; et les rois se prenaient à régner à l'ombre des cardinaux pour tenir en respect des peuples soumis par la force et la misère entretenue du plus grand nombre au seul profit de quelques uns.
En d'autres temps des président vivaient dans l'illusion de gouverner à l'ombre des généraux du ministère de la guerre en tenant en respect des peuples obéissant au catéchisme nationaliste méprisant le reste du monde.
Les guerres de religion, les grands conflits coloniaux et néo-coloniaux, toutes les ardeurs antagonistes entretenues par les puissants au détriment des peuples soumis n'ont eu de cesse de mettre la planète à feu et à sang.
De la gouvernance religieuse, à la gouvernance militaire et aujourd'hui à la gouvernance économique, les mêmes ressorts et les mêmes ambitions font les faibles plus faibles et plus nombreux à être faibles sous la férules des plus puissants qui font en sorte d'être plus forts.
Toutes les régions de la planète n'ont pas abandonné l'idée de s'en remettre à la puissance divine ou à celle des armes, le Moyen Orient ou l'Afrique en sont de tumultueux exemples ; mais toutes sont aujourd'hui soumises aux ravages de l'économie dite de marché mondialisée dans une forme dramatiquement aboutie du capitalisme.
Que les politiques soient aujourd'hui sous la tutelle totalitaire de "l'économie" ne suffit pas à des gouvernements qui consolident leur pouvoir en instrumentalisant le fait religieux autant qu'en allant guerroyer en gendarmes du monde à la légitimité autoproclamée. La présence militaire américaine autour du monde tout autant que les interventions françaises récentes en Libye ou au Mali peuvent en témoigner. La propagation inquiétante de comportements islamophobes, tout comme ceux d'intégristes radicaux illustrent les mêmes dérives d'effacement du fait politique dans une démocratie de façade.
Aujourd'hui le pouvoir est dans les mains des lobbys et dans les clubs bien fermés des think-tanks beaucoup plus que dans les urnes.
Ce n'est pas en augmentant de quelques centimes les oeufs payés aux producteurs aujourd'hui, les porcs ou le lait demain que les problèmes seront résolus ; surtout si on oublie de s'interroger sur la bourse plate des consommateurs qui se rationnent à l'autre bout de la chaîne.
C'est bien d'une mise en chantier générale d'un choix de société et des modèles d'organisation associés que notre pays a besoin comme tant d'autres. Et les choix sont heureusement simples, ne serait-ce qu'autour de trois grands principes :
- un peuple de citoyens libres ou d'individus asservis à leurs maîtres ?
- un peuple de citoyens égaux ou d'individus partagés entre ceux qui disposent des droits et ceux qui sont assignés aux devoirs.
- un peuple de citoyens coopérants pour faire société ou d'individus exacerbant leurs différence dans la compétition et la concurrence.
Et dès que le débat politique sur ces grandes orientations sera tranché il faudra s'interroger sur ce qui relève de la puissance publique et de qui reste de l'initiative privée pour assurer au peuple les moyens et le cadre de son développement le plus pérenne et le plus harmonieux.
Sauf à s'engager dans une démarche résolument révolutionnaire nous sommes condamnés à subir toujours la même domination, modulo quelques réformettes anesthésiantes, et à souffrir du grand écart permanent entre le discours et les actes. A défaut de ligne idéologique n'entend-on pas communément réclamer la mise en concession au privé d'une autoroute à construire dans le même temps où on s'insurge des profits insupportables des sociétés concessionnaires qui pillent à la fois le patrimoine national et la bourse des usagers devenus clients.
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