Un article publié dans son édition du 19 août mérite le détour.
Dans un courant qui s'est inscrit dans la logique du Front de Gauche les grandes lignes de l'article de Bernard Teper rassurent sur la possibilité d'un sursaut mobilisateur sur la base d'une véritable prise de conscience de la situation.
"... Nous savons depuis longtemps que l’oligarchie néolibérale marche sur une jambe de droite et une jambe de gauche. N’empêche que lors des municipales de 2014, une partie importante du Front de gauche se trouvera dès le premier tour avec la gauche solférinienne sans contrepartie notoire (postes de permanents, marge de manœuvre politique, compromis sur la ligne, etc.)Non pas que nous défendions la ligne de l’extrême gauche sectaire qui refuse toute alliance politique pour un rassemblement populaire mais nous voyons bien que la ligne de plus grande pente de la majorité de la « gauche de la gauche » n’est que le partage des postes d’élus ! Cela n’est pas acceptable.
..."
Les options politiques de l'auteur comme du journal en ligne peuvent ne pas faire l'unanimité, Dans les colonnes de l'Huma Bernard Teper avait débattu de façon intéressante avec le responsable du Secours Catholique" sur la réforme de la politique familiale du gouvernement. Et à cette occasion il avait défendu le principe d'universalité comme un des éléments primordiaux de lutte contre les inégalités sociales.
C'est un point d'idéologie fondamental à mettre en avant pour expertiser l'efficacité des politiques sociales. La mise sous conditions de ressources des systèmes d'aide a-t-elle ou non contribué à la réduction des inégalité ? Et si au bout du compte la réponse était négative...
Sur le chantier de la démocratie représentative et des alliances électorales une question similaire peut se poser à propos de la stratégie dite "d'union de la gauche" dont on a pu user en trente ans plus d'une demi douzaine de variantes avec ou à côté du Parti Socialiste. Sans condamner A Priori des stratégies souvent réduite à l'état de tactiques électorales très contingente des contextes nationaux et internationaux, l'examen de leur efficacité pose question.
C'est ainsi que la perspective du prochain printemps électoral commence de faire frémir le bouillon dans la marmite de gauche.
Et les recettes sont différentes aujourd'hui comme elles ont pu l'être au temps d'élections régionales passées, listes d'union au premier tour avec les socialistes, listes autonomes du Front de Gauche, listes autonomes des écolos...
Rien de très sérieux dans tout ça - ni politiquement responsable d'ailleurs pour remobiliser les abstentionnistes de plus en plus nombreux -, si ce n'est pour valider l'hypothèse de Bernard TEPER dans son article de ResPUBLICA : se partager les postes d'élus.
Cette tendance élitiste à la marginalisation professionnalisante des élus tend à ouvrir une nouvelle fissure dans l'édifice républicain sur le modèle publicitaire d'une grande marque de cosmétique : la justification du "parce que je le vaux bien !".
Désormais, si l'important c'est d'être élu, qu'importe si le parti socialiste est inspiré par la pensée sulfureuse de Strauss Kahn à la tête du FMI avant une égérie de droite qu'il fallait écarter des miasmes politiciens nationaux, ou d'un Pascal LAMY autre socialiste qui a opéré à la tête de l'Organisation Mondiale du Commerce au plus grand profit du capitalisme mondialisé...
Est-ce dans ce marigot qu'on va retrouver la couleur d'une gauche respectée parce que respectueuse des valeurs qui l'on fondée, entre autre depuis la Révolution Française et ses ricochet valeureux de la Commune de Paris, de la Résistance ou des luttes anti coloniales ?
Alors il n'est pas illégitime de se poser la question du sens politique de ceux qui sont prêts à tout pour être élus, fusse au prix de quelques entourloupes, d’étiquetage de la vingt-cinquième heure dont la sincérité n'est éprouvée ni par le temps ni par les faits. Toutes les constructions dites de "rassemblement" de ces dernières années n'ont eu de cesse de dilapider le potentiel idéologique de la gauche et en particulier de son pilier communiste en mettant le PCF à la remorque d'une foultitude d'opportunismes dont la cohérence ne s'est jamais imposée.
Sauf à un revirement assez peu probable au vu des positions actuelles, l'épisode électoral du printemps prochain verra s'approfondir la crise politique de la gauche française, creusant le fossé entre la gauche d'apparence du PS et les gauches dont les vingt six lettres de l'alphabet ne suffisent pas à identifier les différences et qui auront toutes aux lèvres du discours l'exigence du rassemblement quand ses rabatteurs en terrasse exacerberont la concurrence...
Pour les communes , et peut-être bientôt pour les départements, dans le secteur de la "république de proximité", cette dérive d'une démocratie réduite à sa dimension électoraliste laissera le champ libre à la droite dont le modèle de république des notables ne différera guère d'un héritage de gauche similaire. C'est autour de cette capitulation idéologique que s'est joué le dépérissement de la gauche jadis capable d'animer le mouvement de la paix et d'orienter les perspectives de progrès social autrement qu'en exécutant en sous-traitance des orientations adverses.
De cette façon, une organisation politique qui soumet tous ses niveaux à l'encadrement du niveau supérieur ne peut que satisfaire l'appétit totalitaire des champions du bipartisme qui se satisfont d'une alternance au pouvoir plutôt que de proposer de véritables alternatives mobilisant la fibre partisane des citoyens acteurs.
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