vendredi 16 août 2013

et un, et deux, et trois...

ZERO pour la démocratie.
La réforme territoriale est à l'oeuvre depuis une trentaine d'années et aujourd'hui on parle de "l'acte III" de la décentralisation pour couvrir le silence complice de beaucoup des politiques à la manœuvre, aujourd'hui, comme hier.
Les socialistes l'avaient engagée avec Deferre, la droite l'a poursuivie avec Raffarin, Sarkozy avait envisagé de la parfaire et les socialistes aujourd'hui s'y emploient.
Dans tout ça une même et unique perspective : le moins d'Etat et l'établissement d'une République de baronnies ancrée dans le dogme des "territoires" que les élus de TOUS bord s'emploient à imposer.
Tout se passe comme si, oubliant le préambule d'une constitution qui proclame notre République UNE et INDIVISIBLE, les charcutiers de toutes les assemblées ne vouent de culte qu'au dieu de leur quartier : le particularisme local, la gestion de proximité, et bla-bla-bla... tout se passe comme si l'ère de l'individualisme roi avait aussitôt engendré le règne de la territorialisation mettant en pièce un territoire national au prétexte que la globalisation des approches devenait incongrue pour servir également bien les citoyen de partout. L'équitable remplace avantageusement l'égal pour tous les tenants de la différentiation qui va bien pour confier aux profiteurs privés les quartiers profitables et le reste à qui voudra bien s'en préoccuper si ses moyens lui permettent...
Depuis des décennies toutes les mesures dites de "décentralisation" ont d'abord alimenté la réponse obéissante des pouvoirs publics aux injonction européennes et des marchés confondues pour livrer aux appétits spéculatifs du privé des pans entiers de l'activité des services publics. Et dans cette aventure aucune force politique ne s'est radicalement opposé au processus insidieux de démantèlement de l'Etat et par-delà de la nation qui le fait.

Affaire d'élus, des assemblées parlementaires jusqu'au plus modeste conseil municipal, tous ont vu dans ce processus grandir le champ de leurs "compétences" et par là même ont nourri l'illusion de l'accroissement de leur importance.
Acteurs infatigables de leur propre perte ils ont participé à cette course à l’échalote  se plaignant tout au plus de temps en temps d'une délégation de moyens insuffisante comme d'une mauvaise ampoules.
Et, les réformes s'empilent les unes sur les autres anéantissant au passage les systèmes de coopération construits patiemment depuis des décennies pour faire face aux problèmes qui dépassaient le périmètre des communes. Communautés de communes ou d'agglomération, Pays, etc et maintenant métropolisation ! Les lycées aux régions, les collèges aux départements... Mais combien de départements et de régions n'ont pas investi pas au niveau de l'enseignement supérieur dans des université devenues depuis autonomes...
Pendant le même temps on explose la SNCF pour que les régions soient fières de s'occuper de leurs TER et qu'on revienne au temps des compagnies de chemin de fer du siècle dernier dans un capharnaüm de sociétés (SNCF, Thalis, Eurostar, etc) et de tarifs complètement découplés de la réalités du service.
Pendant ce temps on privatise la Poste pour que les communes soient fières de conserver un service postal au rabais dans leur agence postale communale qui fera bien dépôt de pain pour rendre service...
Pendant ce temps on fait fleurir les "agences" au niveau régional qui seront de redoutables machines de guerre pour imposer aux élus des communes ou des départements qui y siègent des mesures drastiques de réduction de voilure du service public de santé au profit des cliniques privées...
Pendant ce temps les investissements publics vont régulièrement alimenter le secteur privé en fournissant les infrastructures immobilières nécessaires au commerce, à l'artisanat ou aux professions de santé libérales, et parfois aussi sous forme d'aides directes.
L'air et les paroles de l'hymne national qui accompagne toutes ces danses macabres sont toujours les mêmes :

  • il faut réduire les dépenses de l'Etat
  • il faut moins de fonctionnaires
  • il faut moins d'impôts
  • il faut moins de "charges"
  • il faut moins...

... au bout du compte, c'est moins de puissance publique, moins de protection pour les faibles (hommes comme territoires) et plus de latitudes pour les marchands du temple qui s'approprient chaque jour un peu plus de la richesse commune à leur seul profit.

Sortir de la dictature économique suppose qu'on soit capable de dire que les transports, l'énergie, la santé, la communication, l'éducation, la défense et la sécurité pour le moins ne sont pas des biens marchands ; et, quand bien même ils auraient un coût différencié susceptible d'être pour tout ou partie assumé par l'usager, il ne saurait l'être qu'au terme d'une péréquation garante de l'égalité des citoyens devant les services.

Commençons donc par dénoncer le projet de loi ouvrant la dérégulation du tarif de amendes de stationnement gênant... il restera beaucoup à faire ensuite !
Possible ? pas sûr tant qu'on n'aura pas compris qu'au jeu des chaises musicales de leurs compétences les collectivités construisent les bases d'une privatisation facile es secteurs rentables creusant encore le gouffre qui grandit entre les prus riches et les plus pauvres (des personnes comme des territoires).

Moins d'Etat c'est aussi moins de citoyenneté nationale que ne saurait compenser les effets d'un clientélisme local qui réduit la République à celle des notables revenant plus d'un siècle en arrière.

Le respect des deux premiers termes de la devise républicaine réclame beaucoup plus de déconcentration que de décentralisation. Mais aujourd'hui ce qui fait le commun de la société n'est pas à la mode, la culture de la différence fait toujours recette, même à l'intérieur des prisons nouvelles de la globalisation ; c'est moins de militantisme syndical, politique ou associatif et plus de réseaux sociaux. Cette communauté des particularismes se retrouve d'ailleurs dans les organisations d'élus, des petites et des grandes villes, des villes thermales ou balnéaires, des maires ruraux, etc.

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