(lire l'article de l'Huma)
C'est sous ce titre que Lionel VENTURINI évoque le comportement du PS dans le débat budgétaire et les spéculations d'alliance avec le centre.
Sur ce point comme sur bien d'autres, le changement n'est pas pour maintenant et on attend toujours en vain une réorientation à gauche de la politique gouvernementale. Le ministère de l'intérieur n'est pas en pointe dans cette perspective avec un texte sorti aujourd'hui que des commentateurs auraient bien vu imprégné des relents de "l'avant changement".
Sans désespérer de pouvoir ajouter à l'éviction de la droite du pouvoir une orientation véritablement ancrée à gauche, force est de constater que le PS s'en tient à une ligne social-libérale héritée de Delors, oubliant bien vite que sans les suffrages mobilisés à gauche par le Front de Gauche avec Mélenchon, François Hollande n'aurait pas le loisir aujourd'hui de faire le tri dans les organisations qu'il invite à sa table. C'est ainsi que le nouveau chef des socialistes, Harlem Désir, reçoit les responsables du PCF, des radicaux et des écologistes... mais pas le Parti de Gauche qu'il considère dans l'opposition.
Outre la mesquinerie d'une telle démarche, ce comportement illustre bien comment l'hégémonie socialiste au pouvoir entend s'installer dans la durée, sélectionnant à l'occasion ceux qu'il convient de circonvenir ou de fustiger pour arriver à ses fins.
Comment faire vivre un Front de Gauche utile dans de telles conditions ? Soit il est durci en organisation pour être un interlocuteur à part entière, soit il reste conglomérat d'organisations et dans ce cas de figure il est à la merci de discriminations qui ne peuvent qu'en affaiblir le discours et la portée dans les débats internes à la gauche.
Que les socialistes n'aient guère de tendresse pour leur ex camarade Mélenchon peut se comprendre ; leur velléités de hiérarchiser leurs interlocuteurs de gauche laisse plus à penser qu'ils souhaitent en neutraliser l'influence pour mieux profiter de l'instabilité que la crise de l'UMP déclenche à droite et au centre.
Quant à la question que pose Lionel VENTURINI en conclusion de son article sans y répondre : "Le centre existe-t-il en fait ?", si elle reste posée, ce n'est que par commodité pour les deux camps qui s'opposent. Le centre est le lieu de toutes les nuances les plus subtiles, parfois centre-droit, parfois centre-gauche ; les radicaux qui ont occupé cet espace se sont bien déchirés en "de droite" et "de gauche"... C'est surtout l'espace privilégié de l'opportunisme qui monnaye son appui à qui a besoin de sa force d'appoint. S'il est parfois étiqueté à gauche, le centre ne sera jamais que la force qui tire la gauche sensible à son charme vers la droite. Et François Hollande aujourd'hui se sent vraisemblablement plus à l'aise dans le costume de Schroeder que dans celui de Père Noël des travailleurs, chômeurs, précaires, miséreux de tout poil qui attendent encore maintenant, le changement.
Le retour des vieux démons ? les ont-ils jamais quitté ?
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