Les uns dépassent les bornes quand les autres veulent dépasser la chose.
Et si les retraités de la fonction publique revendiquaient un dépassement de pension en même temps que les salariés du privé un dépassement de retraite... sans oublier les travailleurs réclamant leur dépassement de salaire !
Utopique ! et pourtant, si la vie a un prix, avant d'avoir besoin de recourir aux professionnels de santé gourmands de dépassements d'honoraires, il serait utile d'opérer en bonne médecine préventive un relèvement radical et conséquent des salaires, des retraites et des pensions pour que, des plus jeunes enfants aux plus âgés des vieux, la faim, le froid, le stress de l'inexistence, la marginalisation à tous les degrés, ne ruinent pas des santés aussi précaires que leurs vies.
La peur au ventre ne nourrit pas. Celle du lendemain non plus, et le sentiment confusément partagé par beaucoup que le pouvoir ne fait que changer de mains de nantis démobilise celles et ceux dont l'engagement sera toujours indispensable au véritable changement, maintenant comme demain.
La revendication, dans l'action syndicale comme dans l'engagement politique, est au coeur de tout projet progressiste.
Pour parvenir à l'envisager le dépassement le plus important à considérer réside peut-être dans l'émiettement des forces, dans la concurrence organisationnelle entretenue et développée par des directions dépassées.
L'unité syndicale, l'unité politique, ne sont pas que des perspectives fuyantes dont l'horizon s'éloigne au fur et à mesure qu'on avance. Ce sont des passages incontournables pour construire chez nous les fondations d'une autre société dans une autre république. Pour y parvenir il est certainement illusoire de vouloir passer par l'étranglement du consensus imparfait réunissant des différence sur leur plus petit dénominateur commun. L'efficacité passe plus vraisemblablement par la conviction du plus grand nombre et le ralliement des forces initialement les moins exigeantes sous la bannière commune des plus radicaux. Le passage obligé de l'expérience fait encore notre présent. Et l'expression des désillusions vis-à-vis du pouvoir socialiste succédant à la droite en est la preuve.
Une autre condition est vraisemblablement nécessaire, et qui n'est pas vérifiée aujourd'hui : c'est celle de l'alternative supportant le changement.
Le Parti communiste est sur ce point dans son rôle à la fois historique et idéologiquement légitime. Mais son engagement dans un Front de Gauche dont le périmètre est aussi flou que sa diversité difficile à accommoder le prive de cette opportunité. Les rebellions foisonnent plutôt que de fusionner et se fondre dans l'unité.
Si la diversité fait la richesse du pouvoir (qui se perd d'ailleurs souvent dès qu'on veut l'asservir sur une seule option), l'unité fait l'efficacité d'une contestation. La diversité entretenue dans la multitude des composantes du Front de gauche n'inquiète pas plus la droite que le parti socialiste, et ce d'autant plus que c'est un jeu d'enfant pour eux de jouer sur le cas Mélenchon pour mieux ignorer et affaiblir d'un parti communiste qui se débat depuis plusieurs décennies dans la nasse de l'union.
Peut-être lui faudrait-il dépasser le caractère essentiellement électoraliste de sa stratégie comme de ses tactiques pour y remédier.
Peut-être faudrait-il consécutivement dépasser la propension des élus à garnir leurs cartes de visite comme les maréchaux soviétiques médaillaient leurs vareuses avec nombre de présidences de ceci ou de cela, s'imposant ainsi un surcroît de tâches en même temps qu'ils se privent du concours actif d'autres militants...
... mais dans la vie très codifiée d'aujourd'hui, beaucoup de dépassements sont interdits, ligne blanche oblige ; heureusement qu'il nous reste la désobéissance !
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