vendredi 8 juillet 2011

La révolution territoriale


Le préfet et les élus frémissent à la perspective des changements de périmètres des communautés de communes ou d'agglomérations. 
Le lundi 11 juillet l'expertise commandée par le Conseil Général va permettre aux élus de nourrir leurs discours de justifications savantes pour décrire ce que le bon sens et la simple observation  livrent aux citoyens ordinaires. Les bassins de vie de l'Allier de la dernière décennie perdurent avec quelques évolutions à la marge; les constats qui présidaient à l'élaboration des communautés au début des années 2000 perdurent.Certains pôles secondaires sont morts-nés comme celui du canton du Montet dans les années 90. Des études du même géographe quelques années plus tôt soulignaient l'opportunité de développer un bourg centre autour du Montet et Tronget. Raté !
Le centre de l'Allier, espace du bocage au carrefour des trois espaces d'influence des trois villes fortes est passé à côté de son accession au grade de pôle secondaire. En refusant l'implantation d'une moyenne surface commerciale, la commune de Tronget à abandonné l'idée de concentrer les flux qui s'éparpillent dans cinq directions principales pour l'ensemble des services. 

C'est dans les années 90 que s'est scellé le déclin et le rangement fatal du petit village au niveau de ses voisins, dépendant de l'environnement et incapable de concentrer flux et activités. Au début du siècle dernier, Le Montet refusait l'installation de la gare au passage de la voie ferrée... le progrès fumant faisait peur au petit bourg bourgeois ! C'est Tronget qui l'accueillait et pendant un demi siècle c'est le quartier de la gare qui s'est fait avec deux hôtels restaurants, plusieurs dizaines d'employés et un trafic qui faisait qu'on venait de partout alentours pour recevoir ou expédier marchandises et bestiaux ; et les voyageurs descendaient à Moulins en une demi-heure avec la Micheline, le lien existait entre Moulins et Montluçon.
Un demi siècle plus tard c'est d'éducation qu'il s'agissait avec l'implantation des collèges. Le Montet, chef lieu de canton n'en voulut pas ; les petits du petit bourg bourgeois préféraient peut-être la pension chez les frères ou les soeurs des établissements privés de Moulins que la fréquentation des enfants de métayers qui allaient désormais accéder à quelques études au-delà du certificat d'études. Et c'est Tronget qui accepta l'implantation du collège. Cet équipement structurant a servi de moteur du développement local pendant presque un demi siècle. 
Au moment où l'opportunité d'installation d'un autre équipement structurant se présente à la charnière des deux siècles, Le Montet ne veut toujours pas de moyenne surface commerciale. Les élus deTronget font alors l'erreur de refuser de la même façon cet équipement au même moment où des structures artisanales et commerciales sont fragilisées. Boulangerie, distribuition de carburant, petit bazar... toutes les structures fragiles sont encore plus fragilisées par l'absence de structure d'appel dans la zone de chalandise. Les populations confortent des comportements de fuite vers les cantons limitrophes tous équipés.
Dans le même temps le mauvais sort fait aux centres médicaux de Rocles et Tronget dont toutes les structures décisionnelles sont concentrées sur St Pourçain avec la création de l'hôpital Coeur du Bourbonnais accentue le déclin local.
Qu'il s'agisse des services concurrentiels ou non, le territoire cantonal, tout comme celui de la communauté de commune qui l'élargit un peu, ne fait que se disperser chez les voisins des gros bourgs ou petites villes voisines. 
Le voyage de Châtel de Neuvre, Meillard, Meillers, Gipcy ou Saint-hilaire vers Tronget Le Montet n'est quasiment le fait que des élus de la com com qui rejoignent le conseil communautaire. Il en est de même des habitants du Theil dont la commune a opté pour le rattachement à Saint Pourçain depouis longtemps.
Tout naturellement le sort de la com-com "bocage sud" taillée sur mesure pour récompenser un candidat malheureux à quelques élections devrait être scellé, tout comme celui du canton qui n'a aucune charpente commune dans quelque domaine que ce soit.
Tout naturellement Meillard et Treban penchent vers Saint-Pourçain, déjà précédés par Le Theil dans cette direction. Châtel de Neuvre a parfois hésité entre l'attrait de la ville préfecture et le charme plus discret de la capitale du vignoble.
Deux-chaises a toujours versé vers Montmarault, Saint-Sornin vers Cosne, Rocles partagé entre Cosne et Bourbon, Châtillon et Cressanges inclinés vers Moulins. Au centre de l'ensemble Le Montet et Tronget, le pseudo bourg-centre bicéphale se partage entre ces cinq destinations et ne concentre plus grand chose des flux de son environnement cantonal, encore moins des communes plus éloignées. L'expérience de la Com Com Bocage Sud qui a aspiré Saint-Hilaire, Gipcy et Meillers pour assurer une majorité confortable à son président ne modifie en rien les flux commerciaux ou professionnels des populations de ces  communes partagées entre Cosne et Bourbon.
Celles et ceux qui vont s'émerveiller de telles évidences pour réfléchir aux prochaines versions de la carte des EPCI du département n'auront plus qu'à tordre le cou aux mouvements naturels pour mijoter les petits plats de la cuisine politicienne qui garantira aux uns et aux autres les présidences qu'ils méritent.


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