Le débat sur la pertinence du découpage intercommunal commence à animer les conversations. A peine une dizaine d'années après la première phase le besoin de rajustement se fait sentir. Quelles peuvent bien en être les motivations ? S'agit-il de faire un constat d'échec et de viser un nouveau cadre de réussite ? S'agit-il d'ajuster les frontières à de nouvelles couvertures partisanes ? S'agit-il de parachever l'oeuvre déstabilisatrice du grand chambardement dicté par le libéralisme européen et mondial ?
Les élus d'aujourd'hui s'inquiètent de la disparition programmée des départements dans la réforme territoriale.
Que ne se sont-ils pas fâchés très fort avec l'établissement des intercommunalités qui ont tari l'espace d'initiative des communes. C'est bien dans cette perspective de la fantomisation de l'espace communal que le nouveau découpage va pousser. A terme la perspective qui se dessine instituerait les entités intercommunales remplaçant dix ou quinze communes avec des compétences en matière d'éducation (collège et groupes scolaires concentrés), une fonction de relais opérationnels pour l'action économique et sociale (prétexte de la proximité et de la "taille humaine")... Plus besoin des communes qui sont réduits au rang de lieudits, les conseils municipaux rangés au rôle de comités de quartiers pour régler la divagation des chiens peuvent être conservés dans un premier temps, ne serait-ce que pour assurer une désignation éloignée des citoyens des "élus" de l'intercommunalité.
Dans cette logique aussi libérale qu'anti démocratique, la véritable simplification des cartes européennes gommerait aussi les états pour ne conserver que les trois espaces utiles à la prolifération du profit capitaliste, la communauté locale suffisament élargie pour ouvrir tous ses service jadis dits publics au marché, des région pour aiguiser la concurrence dans la perfusion d'argent public au privé et l'europe posée en interface avec le monde...
Quand bien même ils ne concerneraient que quelques unes des 320 communes du département, les changements proposés aux 22 EPCI créés de 1996 à 2004 ne seront pas anodins. Un nouvel état des lieux mériterait l'attention des bourbonnais, avec en particulier un bilan exhaustif des effets de ces quinze dernières années d'expérience des politiques locales. Sauf à considérer que le débat est biaisé par avance, il serait bon d'évaluer les politiques communautaires dans leurs domaines de compétences et d'en mesurer les effets dans le communes concernées. Ces évaluations qualitatives et quantitatives fourniraient une belle opportunité de l'exercice démocratique en y associant activement les citoyens.
Les changements qui se dessinent seront lourds de conséquences. Des argumentaires d'expertise peuvent séduire et engager les populations sur la voie d'un consensus dont personne ne connaîtra les motivations profondes. Une petite couche de démagogie flattant quelques penchants dits naturels en faisant oublier qu'ils se construisent parachèvera le dispositif.
Il est aussi important de considérer les équipements structurants existants ou projetés. Très souvent, pour ne pas dire toujours, les extensions de regroupement sont l'occasion d'économies d'échelles, de réduction de la diversité des offres. Qu'en serait-il par exemple du maintien de deux petits collèges sur l'espace d'une communauté où Tronget Le Montet rejoindraient Montmarault ? Au-delà des compétences des collectivités recomposées les services de l'Etat et tous les opérateurs reconsidèrent l'espace d'intervention dans ses nouvelles frontières qui créent par la même de nouvelles interactions avec les espaces limitrophes.
Dans tous les cas, l'échéance de la décennie passée pour bousculer un état de fait à peine installé dans les consciences et encore peu producteur d'effets semble prématuré... sauf s'il s'agit de corriger quelques anomalies comme on a pu en observer à la mise en place de Bocage sud qui intégrait des communes entièrement tournées vers le nord au seul prétexte qu'elle confortaient la majorité de droite de son président.
Il ne s'agit pas de promouvoir la méfiance et l'immobilisme; il s'agit bien plutôt de rendre aux citoyens l'exercice ordinaire de leur intelligence pour que l'avenir qui se dessine soit véritablement le leur.
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