lundi 18 juillet 2011

Commémoration de la Résistance

Dimanche 17 juillet, le comité local Meillard-Le Montet organisait la commémoration des combats du maquis Danièle Casanova à la stèle du Parc à Cressanges et à celle de La Vivère à Besson.
A Cressanges, les dépôts de gerbe de Jean Mallot, député, Marie-Françoise Lacarin, conseillère générale et Michel Moret pour l'ANACR et le moment de recueillement se jouèrent d'une pluie battante.
La cérémonie de Besson se présenta sous de meilleurs auspices ! Comme à Cressanges, un public nombreux avait répondu à l'invitation. Jean-Paul DUFREGNE, président du Conseil Général a rejoint la nombreuse assistance avec une délégation de la municipalité qui a réservé à toute l'assistance le meilleur accueil pour finir avec un pot de l'amitié partagé à la salle polyvalente autour de nombreux échanges.

Prise de parole au nom de l'ANACR devant la stèle de la Vivère à Besson :



"Monsieur le député, Monsieur le Président du Conseil Général, Madame la Vice-présidente et conseillère générale du canton, Messieurs les maires, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les responsables d'associations, Mesdames et Messieurs, 

Au nom du Comité Local de l'ANACR, je tiens tout d'abord à vous remercier d'avoir répondu nombreux à notre invitation. 

Votre concours est important à la fois pour pérenniser nos manifestations et surtout pour initier au devoir de mémoire les plus jeunes générations qui devront bientôt prendre le relais comme nous l'avons déjà fait. 

Si nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer la mémoire de Roger BELIEN et de Marc BONNOT. 

Rappeler l'importance de la Résistance dans la libération du joug nazi et la réinstallation de la République sur les terres de France reste toujours utile. 

De l'appel de De Gaulle le 18 juin 40 à Londres quand Laval et Pétain était en train de liquider la République, le 17 juin 1940, à ceux de Havez, Guingouin, Thorez et duclos, les appels à la Résistance . Dans le droit fil de la stratégie du Front populaire, l'appel de Charles Tillon à tous ceux qui refusent le «fascisme hitlérien » est lancé depuis le territoire français et invite à la résistance « armée » sur le sol français. 

Il est donc important pour les jeunes générations de savoir que face à l’agression fasciste des hommes et des femmes on su s’organiser pour riposter. La mémoire des Résistances est une marque de la démocratie française, héritée du siècle des lumières, de 1789 et de tous les mouvements révolutionnaires qui ont émaillé les siècles suivants. 

Choisir de vivre plutôt que d’exister. 

Tel était le choix de ceux qui s’engageaient dans les combats de la Résistance. Comme ceux dont nous honorons aujourd’hui la mémoire, ils ont été nombreux a le faire au péril de leur vie. 

1940... 1943, 1944 ! Chaque jour qui passe fait passer de l'idée de résistance à l'action. 

1943 : l’unité de la Résistance est scellée par le Conseil National de la Résistance le 27 mai 43 dont le programme, mis en œuvre pour une bonne part à la Libération, a fondé bien des bases des acquis démocratiques et sociaux mis à mal aujourd’hui (services publics et nationalisations, sécurité sociale ou retraite...). 

1943-1944 : à l’échelle de l’histoire les camps Hoche et Danielle Casanova, leurs quelques mois d’activité pourraient paraître de peu d’importance. Ils sont cependant des maillons indispensables de la grande chaîne de la reconquête de la liberté et de la dignité de la France. Ils manifestent aussi l’engagement progressiste depuis longtemps enraciné en terre bourbonnaise. Il fallait avoir un certain culot pour s’installer à deux pas du Vichy de Pétain et de sa milice. 

Le maquis Hoche s’est installé dans les bois près du village des Champs, Georges Bavay et Georges Gavelle savaient qu’ils pouvaient compter sur le soutien local et l’engagement actif des familles pour leur ravitaillement comme pour grossir leurs rangs. 

Il aura fallu une dénonciation pour que les GMR l’attaquent au matin du 25 septembre 43. C’est après que naîtra le camp Danièle Casanova. 

Jean-Marie LIVERNAIS et Lucien DEPRESLE, tous deux lieutenants FTP, ont témoigné de cet épisode auprès de Robert FALLUT pour son dernier ouvrage "Hoche, la résistance du tract à la lutte armée en Allier". 

Voilà ce qu'en dit Jean-Marie LIVERNAIS 

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires. 

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !». 

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde. 

Avec Jean AMEURLAIN , la première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80. 

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin. 

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente. 

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost. 

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Renaudière, à Meillard. 

Lucien DEPRESLE se souvient : 

« Le 10 juillet, il quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard. 

Rigal », Chef de camp, Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire. 

« Le 14 juillet, il reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de ses camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent le camp. C’est là qu'ils étaient cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule. 

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) ils ont dû se disperser. en décrochant. Avec sa connaissance du terrain, Lucien entraine un groupe d’au moins 40 de ses camarades par les bois. Ils traversent la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp pour aller se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16. 

Dans la nuit du 16 au 17 juillet, Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe pour gagner Bost, sur la commune de Besson. 

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire. 

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O. 

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald. 

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu. 

Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe à grand bruit sur la route Besson Cressanges, avant de revenir vers 11 heures. Les G.M.R. et les miliciens encerclent les maquisards : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage Marc BONNOT et Roger BELIEN sont tués. CUISSINAT est blessé au pied ; Il sera caché et soigné chez CHALMIN au Village à Cressanges. Roger MAGNIERE, blessé grièvement par des miliciens est abandonné dans un fossé, conduit à l’hôpital de Moulins il sera soigné et amputé d’une jambe. 

En saluant leur mémoire nous célébrons le combat de tous ceux pour qui les valeurs de la République se payent au prix du sang. 

Nous mesurons difficilement aujourd'hui les difficultés, les peines et les risques qui accompagnaient chaque instant de l'engagement des résistants, qu'ils soient combattants armés de la clandestinité ou soutiens actifs dans la population. 

Leur combat fut victorieux, mais aucune victoire n'est jamais définitive. 

Alors il nous faut nous souvenir du processus qui conduisit hier nazis et fascistes au pouvoir, et la vigilance reste de mise. 

Anciens résistants, déportés, victimes de la barbarie, l’exemplarité de vos luttes et de vos sacrifices reste d’actualité. Celles et ceux qui ont animé les combats de la Résistance, celles et ceux qui les ont accompagnés et soutenu dans leur lutte ne se sont pas trompé de combat. 

Le monde d’aujourd’hui est encore si plein de misère et de peines, de peuples opprimés, décimés par les guerres ou affamés par quelques tyrans que nous devons plus que jamais faire ensemble que vive l’idéal de la Résistance. 

Il reste des batailles à livrer, à poursuivre, à gagner, et des libérations à gagner. 

Les hommes font l'histoire ; il est important d’en conserver la trace juste dans le respect des faits, des omissions, voire même parfois des réécritures peuvent trahir le sens de l’histoire. C’est pourquoi nous insistons tant sur la nécessité de rassembler tous les témoignages, de conserver tous les documents susceptibles d’éclairer la connaissance de faits qui auront bientôt passé trois générations. 

Ce qui est souvent évoqué comme étant le devoir de mémoire est au cœur de nos préoccupations et de notre action. Les commémorations comme celle d’aujourd’hui prennent trois grandes significations que nous partageons en les préservant : 

· L’hommage aux combattants de la Résistance fait que leur nom gravé sur les stèles et les plaques en préserve le souvenir. 

· Le second point fait de notre rassemblement le trait-d’union entre hier et aujourd’hui, c’est le sens du combat, les valeurs défendues et l’idéal de la Résistance qui se propage ainsi de génération en génération. 

· Le troisième sens de cette initiative relève d’une autre forme de résistance. Dans un monde où seul le présent a droit de cité il est toujours important de préserver des moments et des actions qui font le lien entre les générations, entre les temps de l’histoire pour en comprendre les ressorts. 

Travailler sur notre histoire, pour pouvoir comprendre le passé, appréhender le présent, construire et affronter l'avenir, telle est la volonté qui nous anime au sein de l'ANACR dans le respect des valeurs de la Résistance que le Programme du Conseil National de la Résistance rendait si bien. De ce fait la commémoration d’aujourd’hui fait partie de l’exercice de vigilance citoyenne dans le combat pour les Droits de l’Homme, pour la Liberté et pour la Paix. 

Besson, Dimanche 17 juillet 2011 

Daniel Levieux 

Président du Comité Local de l'ANACR Meillard-Le Montet

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